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Editorial

Presqu’un an après

vendredi 25 février 2011 | Patrick A.

Il a déjà été souligné hier que la différence la plus spectaculaire entre les accords de Maputo et l’actuelle proposition de feuille de route tient à la répartition de sièges. Il est plus que probable que la composition des nouvelles structures qui auront à régir le pays d’ici aux prochaines élections seront bien plus favorables à Andry Rajoelina que ce qui avait été formalisé dans la capitale mozambicaine en Août 2009. Et cette différence sera particulièrement visible pour ce qui est du pouvoir exécutif, c’est à dire la composition du gouvernement.

On constate que la SADC s’apprête à donner raison à un rapport d’International Crisis Group publié il y a presque un an. Le constat que l’on peut dresser aujourd’hui est presque exactement le même que celui qui avait été fait en Mars 2010 : bien que la violence ait été contenue depuis que le régime actuel a pris le pouvoir en Mars 2009, sa légitimité est remise en question tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, alors qu’une situation économique difficile pèse lourdement sur une population déjà appauvrie. Pour éviter toute escalade, la médiation devrait cesser d’essayer de mettre en place une transition fondée sur un partage du pouvoir, et tenter plutôt d’obtenir un accord sur l’organisation rapide d’élections sous supervision internationale.

Ce qui est sous-entendu dans la feuille de route Chissano/Simão, c’est l’abandon de l’idée de partage de pouvoir au profit d’un certain équilibre des pouvoirs. Le Zimbabwe et la Côte d’Ivoire ont démontré qu’une cohabitation forcée au sein de l’exécutif pouvait déboucher sur une longue paralysie dont la classe politique semble toujours mieux s’accomoder que les populations. Et les anicroches quotidiennes qu’imposent les cohabitations forcées amènent plus souvent à un renforcement des rancœurs qu’à l’apaisement nécessaire à de bonnes élections. Pire, multiplier les malheureux précédents de Mugabe, Tsvangirai, Gbagbo et Ouattara risquerait d’accréditer dans les opinions nationales et internationales l’idée simpliste suivante : pourquoi investir du temps et de l’argent dans une élection si lorsque l’opposition gagne, il est possible de créer un climat de violence et une situation d’ingouvernabilité pour approfondir la crise ?

L’approche équilibre des pouvoirs cherche à s’éloigner de ce relativisme qui considèrerait que les normes de bonne conduite démocratique ne seraient pas applicables sur le continent africain. L’idée est de reconnaître l’existence de divergences profondes d’approche et par conséquent de chercher à s’approcher davantage d’une démocratie bipartite classique. Un courant politique est chargé d’aller de l’avant et l’opposition dispose de divers moyens pour jouer son rôle. L’arbitre serait au final la population, et au jour le jour, les instances judiciaires. Comme celles-ci dans notre pays sont dans un état plus que lamentable, il faudra leur substituer dans une certaine mesure la communauté internationale et la société civile.

La mouvance Ravalomanana a fait un pas dans cette logique. La dernière lettre de Marc Ravalomanan adressée à Joaquim Chissano (PDF) met l’accent sur le rôle de la Commission électorale nationale indépendante : elle demande que les principales parties s’entendent sur sa composition et ses compétences, afin d’en assurer l’indépendance.

Depuis la parution du rapport de l’International Crisis Group, les évènements de Côte d’Ivoire, de Tunisie, d’Égypte et de Lybie ont également démontré qu’une de ses recommandations était plus que pertinente : promouvoir un programme de réforme de l’armée et des programmes de réhabilitation de la fonction militaire. Voire mettre en place un plan social permettant aux hauts gradés et aux militaires du rang désoeuvrés de quitter l’armée avec dignité. Car le pire serait que les militants en uniforme viennent une nouvelle fois s’en mêler.

Même si la feuille de route n’en parle pas explicitement, il ne faudrait pas l’oublier.

17 commentaires

Vos commentaires

  • 25 février 2011 à 10:43 | Boris BEKAMISY (#4822)

    Une tres belle analyse de Patrick

    En effet, l’on oublie tres souvent que cette feuille de route objet d’un apre debat tient compte egalement d’une lecture synthetique des leçons tirées de la gestion de crise ou de la mediation de conflit effectuée en Afrique dont entre autres : la cohabitation kenyanne, zymbabweenne, ivorien et j’en passe.....

    Le mediateur se rend compte qu’une cohabitation n’est pas possible dans la situation actuelle à Madagascar et la CI ne veut plus continuer la liste de syndrome ivorien ou le syndrome zymbabween.

    Les evenements au Manghreb a été egalement determinant dans le revirement de la SADC/CI : continuer à soutenir un dictacteur n’a pas de sens si en afrique arabe le mondier entier soutient avec unanimités les revolutions contre les dernieres dictactures.

    Et Manandafy montre de plus en plus que sa senilité a eu raison de sa qualité d’analyste politique quand il a evoqué que le Conseil de Securité de Nations Unies serail l’entité qui va imposer dans le sens que Manandafy veut la sortie de crise à Madagascar.

    Nos vieux politicards (zafy, manandafy, ratsiraka) montrent de plus en plus leurs symptomes d’alzheimer politique

    Quand à l’issue de cette feuille de route , je trouve de plus en plus que la Mouvance Ravalomanana qui est maintenant contre le mur va finir par avaler cette feuille de route sous-pretexe d’un amandement minime qui ne changera plus l’esprit de cette feuille de route.

    Sinon , si les chefs de fil des trois mouvances ne signeront pas , je peux parier que les personalités connues de ces mouvances des ex_president finiront par entrer dans les structures de la transition en depit de cette non_adhesion de leur chef respectif

    IL ne faut pas s’etonner demain de voir Mamy Rakotoarivelo, Fetison Andrianirina ,Yves Aimée , Tabera et Rakotovahiny et consort de sieger au niveau de gouvernement sans la signature de Zafi-Ravalo-Ratsiraka

    L’annonce de leur participation effective à la reunion politique convoquée par Andry Rajoelina va dans ce sens.....

    • 25 février 2011 à 14:25 | meloky (#637) répond à Boris BEKAMISY

      Est-ce vrai que le syndrome a fait bcp de mal, car les vieux politicards ne pensent pas la retraite ; même « d’office » !!!

      Peut-t-il être recommendable pour ces vieux d’octroyer ou sanctionner leur retraite obligatoire !

    • 25 février 2011 à 18:03 | favalomanana (#5327) répond à Boris BEKAMISY

      votre analyse est pertinente l’ami.Je vous tire mon chapeau.Bravo(20/20)

  • 25 février 2011 à 10:57 | kakilay (#2022)

    Je crois que Patrick A. a bien posé le problème à résoudre, et l’ébauche de la sortie de crise dans les 4 derniers paragraphes.

    Reste à mettre en place la HCC de la feuille de route et la question de l’armée, de la police et de la gendarmerie, de l’information et de la justice.

    Est-il envisageable que ces dernières (étrange quand même qu’elles soient toutes au féminin comme la force, dans la langue française), soient sous l’ordre de cette HCC, agrémenté bien sûr d’un gentlemen’s agreement des deux parties qui peut être la charte des valeurs de Maputo.

    Admettre que c’est une transition pour la préparation des élections, et le gouvernement d’union nationale ( moins le ministère de l’armée, de l’intérieur et de la justice et de l’information) ne fait que gérer les affaires courantes. Mais tout cela a été dit.

    Et ne compliquons pas les choses avec les histoires de pouvoir régalien : nous sommes en transition.

    Rédiger le code électoral admis par tous.

    Reste alors à trouver l’Homme qui présidera cette HCC de la feuille de route... et peut-être qu’on n’a fait que déplacer le problème puisqu’il s’agit, sous une autre appellation et d’autres prérogatives « du premier ministre de consensus ».

    L’intérêt tout simplement est qu’il ne soit pas sous les ordres de l’exécutif ou fasse partie de l’exécutif et joue un rôle d’arbitre...

    • 25 février 2011 à 11:27 | mpitily (#1212) répond à kakilay

      Voilà, les points de vue commencent à converger ! L’enjeu pour les politiciens doivent être l’après-transition mais point la transition, donc Maputo et Addis Abeba ne faisaient que compliquer les choses.

      Cette HCC ou CENI doit être présidée par un juriste international étranger désigné par la CI mais approuvé par Rajoelina et par Ravalomanana. Elle gérera directement tout le processus électoral et les fonds y alloués.

    • 25 février 2011 à 12:12 | poiuyt (#584) répond à kakilay

      Chers Kakilay, Boris, DaFily, Mihaino, Diego, Jipo, Che, Basile, et les autres,

      est-il possible d’avoir des opinions sur la question suivante :

      Pour quoi est-il besoin d’avoir une armée à Madagascar ? Madagascar n’a même pas à être neutre puisqu’il est insulaire et inoffensif ; la Suisse qui est frontalière a-t-elle une armée ? Contre les pirates, quelques brigades suffiraient puisque le pb va être mutualisé par l’ONU ; contre les dahalo, une gendarmerie juste améliorée conviendrait.

      Remerciements anticipés du poiuyt

    • 25 février 2011 à 12:50 | Boris BEKAMISY (#4822) répond à poiuyt

      La reponse de BEKAMS à la question de Poiuyt

      Madagascar a plus que jamais besoin d’une Armée forte pour les raisons suivantes

      1Des malagaches fanatiques n’hesitent pas à faire appel aux militaires de la SADC pour attaquer sauvagement la belle Ile de Madagascar et massacrer les malgaches

      2 Pour faire face aux mercenaires dangereux que certain dictacteur dechu ont recruté ou recrutera pour attaquer les malagaches et le reinsataller au pouvoir

      3 la lutte fratrice (comme aujourdh’ui) que les politiciens malgaches engagent pour conquerir le pouvoir merite d’etre arbitré par une Armée forte ( dernier rempart) sinon le chemin de la guerre civile tant revée un camp politique devient une réalité

      4 un eventuel President elu democratiquement et qui est juste, probe, democrate et qui fait preuve de reussite dans le developpement de Madagascar et qui n’a jamais fait de monopole economique (, d’abus, de spoliation des richesses ) sera fragilisée sans une Armée qui le protege.

      5 l’Armée contribue à la construction du processus de construction de la NATION en tant que symbole de l’unité nationale ou de l’Etat-Nation

      Ect.ect....

    • 25 février 2011 à 13:10 | kakilay (#2022) répond à poiuyt

      Tout bien réfléchi, je vous répondrai plus tard, le temps de laisser passer... la pollution.

    • 25 février 2011 à 17:20 | da fily (#2745) répond à poiuyt

      Poiuyt, voilà ce que j’en pense :

      - L’armée comme elle existe actuellement, ne sert ni le pays et encore moins ses habitants, faut-il encore le dénoncer ? Oui, et encore plus. Il faut conscientiser toute la population sur ces hommes en kaki qui veulent nous mettre tous au pas, au seul prétexte qu’ils sont du bon coté de l’AK 47 ! ça suffit ! et je ne voudrais pas les étalonner avec des militaires d’autres pays, je crains qu’ils soit défaillants sur toute la ligne. Ceci, faute incontournable, de n’avoir pratiqué les armes, que contre des civils désarmés et contre éspèce sonnante, misérable expérience en effet pour connaître sa valeur intrinsèque de militaire. Car de soldats nous n’avons rien vu, mais de mercenaires, nous en avons la confirmation. De toutes façons le vzer est dans le fruit, il faut éradiquer la maladie. Je crains que lme seul pesticide ne soit efficace, un bon bêchage en règle pour déraciner la chienlit serait salvateur.

      La reconversion que je propose est un redéploiement de notre armée sur le territoire, pour sécuriser les zones et assurer la continuité de l’état en matière de développement, car nos ennemis formellement identifiés sont la criminalité et le sous-développement. Une politique en ce sens sera le nouveau motif de maintenir notre armée, mais avec des objectifs différents et tangibles, la population ne pourra qu’adhérer à cette réforme qui mettra nos soldats à leur service. Une grande idée de service public qui mets en avant l’inclusion de toutes les entités administratives au service de la nation et de son peuple.

      Maintenant, venons-en à notre transition des acteurs provisoires durables. Il est admis que cette feuile de route n’en est pas encore à sa mouture finale, même si Simao et Chissano lassés de tant de tergiversations, voudraient bien que ce soit enfin Game over. Mais ce n’est possible de la valider tant qu’elle reste dans les grandes lignes intangibles sussurées par la hat, pour lui donner à elle et à son phat, toutes les latitudes qui pourraient déboucher sur des décisions arbitraires ou discutables. Donc, non de la part des 3 mouvances, est une réponse normale, si on cherche le fameux équilibre des pouvoirs. Point.

    • 25 février 2011 à 19:37 | poiuyt (#584) répond à poiuyt

      Chers Mihaino, Basile, Diego, Jipo, Che, Betoky, Mekoky, GasyPatriote, Mpitily, et SURTOUT les autres , pourriez-vous donner votre avis chacun.

      Amitiés à Boris, Kakilay, et DaFily.

    • 25 février 2011 à 20:34 | Madagascan (#1869) répond à poiuyt

      La Suisse à une armée, très bien entraînée, et extrêmement bien équipée (et pas seulement de couteaux suisses).
      Je cite Wikipedia :
      "Tous les citoyens suisses de sexe masculin sont astreints à un service militaire qui constitue la base de la formation militaire de l’armée suisse. (...)
      Les codes suisses de construction exigent des abris destinés à protéger la population contre d’éventuels bombardements. Il existe un lit pour chaque Suisse dans l’un de ces nombreux abris. (...)
      Des fortifications permanentes sont établies dans les Alpes afin de pouvoir reprendre possession des vallées après une invasion éventuelle. Elles incluent des bases aériennes souterraines, les avions, les équipages et le matériel étant logés dans des cavernes."

      Donc oui, la Suisse possède une armée.
      Madagascar doit-elle posséder une armée ? Oui, mais l’armée malgache devrait se cantonner à un cadre d’intervention minimal : Le maintien de l’intégrité du territoire national, le libre exercice de la souveraineté et la protection de sa population et de ses ressortissants.

    • 25 février 2011 à 23:11 | diego (#531) répond à poiuyt

      Poiuyt,

      I am working, ce n’est pas safe de vous répondre tout de suite.

      A demain si vous le voulez bien, je me ferai le plaisir de vous dire ce que je pense de notre Armée.

      Mon père était MILITAIRE, je vais essayer d’être le plus neutre possible….

      A plus my friend…..

  • 25 février 2011 à 11:19 | mpitily (#1212)

    Merci Patrick de nous rappeler encore une fois la pertinence de cette proposition de l’ICG pour la sortie de crise à Mada.

    Eh oui, un an déjà qu’elle est sortie et c’est maintenant seulement que l’on commence à la considérer.

    Nous étions très rares à s’en enthousiasmer en 2010, la majorité se plaisait trop dans les querelles/polémiques et autres guerres de tranchées qu’une telle proposition pleine de bon sens, de relative simplicité et de sagesse ne la convenait point.

    Que du temps perdu depuis !

  • 25 février 2011 à 13:27 | betoko (#413)

    Une simple question que j’adresse à Ravalomanana, les GTT et les TIM . Pourquoi Ravalomanana a reigné sans partage quand il était au pouvoir, et maintenant qu’il est discalifié en cherchant toujours et encore à déstabiliser ,il est entrain de pleurer pour se faire entendre ?

    • 25 février 2011 à 13:51 | meloky (#637) répond à betoko

      Juste un élément de réponse : C’etait vraiment un coup de foudre qui c’est passé en 2009 ! Car ils n’arrivent pas à réaliser leur rêve de vendre Madagascar !
      Ils veulent adopter l’anglais pour qu’ils veulent rester éternellement au pouvoir, mais ils n’arrivent pas à changer leur mode de vol en main de fer...

      Maintenant la balle est encore dans l’air, donc ils veulent l’accrocher une fois de plus. Ils n’apprennent pas que le vent qui soufle actuellement dans le monde arabe n’est que la suite de la « vox populis » d’origine de dago (pourquoi pas de Madagascar !) !!!

    • 25 février 2011 à 17:44 | gasypatriot (#5253) répond à betoko

      Je ne suis ni TIM ni GTT ni Ravalomanana mais la réponse a ta question est evidente. D’abord, on ne dit pas regner car on est dans une république.
      Réponses :
      - parce qu’il a été elu par la majorité des Malagasy (ca s’appelle democratie)
      - parce que dans une republique, il n’y a qu’un seul president et non une presidence collegiale
      - parce qu’on est dans une transition : aucun des soi-disant dirigeants n’est elu par le peuple. Cette phase doit etre neutre pour avoir des elections libres et transparentes. Comme tu sais qu’il est impossible de trouver des gens neutres pour gerer la transition, donc il faut la gerer consensuellement et inclusivement ( partage de pouvoir). C’est logique non ?

    • 26 février 2011 à 09:06 | da fily (#2745) répond à gasypatriot

      HI ! concis, explicite, clair et ferme, donc imparable, j’en prends de la graine car un vrai avis de patriote comme on a besoin.

      Thanx gasypatriot, un grand moment pour ce qui ont oublié ce qu’est être lucide et honnête, du moins intellectuellement.

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