Et d’un !!!
La première fissure dans ce mur de l’impunité malagasy vient non pas d’Antananarivo, mais de Port-Louis. Et la tempête tropicale qui nous intéresse dans l’Océan Indien n’est pas Chenge qui approche Madagascar, c’est le cyclone Rableu qui nait à Maurice.
Mamy Ravatomanga, ce magnat réputé intouchable, omniprésent mécène et mentor jusqu’il y a peu du régime Rajoelina, a été interpellé par la Financial Crimes Commission mauricienne. YESSS !!! Motif : soupçons de blanchiment. Résultat : un séisme, un souffle d’air neuf qui pourrait prendre l’allure d’un tsunami dans une République trop longtemps asphyxiée par ses propres silences et ses compromis en forme de compromissions…
C’est peu dire que l’événement réjouit (RE YESSS !!!) … Et qu’il ranime un espoir presque oublié : celui de voir, enfin, un “intouchable” confronté à la rigueur d’une procédure judiciaire. Depuis des lustres, que dis-je depuis une éternité à Madagascar, les grands et gros poissons passent entre les mailles pendant que les lampistes remplissent les prisons. C’est d’ailleurs un grand et mystérieux savoir-faire malagasy : faire des filets qui ne gardent que le menu fretin.
Les procureurs se taisent. Les dossiers s’empilent, avec une certaine propension à faire curieusement descendre en bas de la pile les gros scandales qu’on oublie. Et Bing … voilà qu’un jet privé et des comptes troubles viennent, d’une île voisine, rappeler à tout le monde qu’un jour ou l’autre, la roue tourne.
L’arrestation d’un homme de cette stature, dans un système où l’argent et le pouvoir politique se confondent depuis trop longtemps, a valeur d’électrochoc. Et le fait que cette arrestation ait eu lieu hors du territoire national ne change rien — au contraire. C’est la preuve que la justice, quand elle le veut, peut s’abstraire des frontières et faire tomber les masques.
Ravatomanga n’est pas un simple “homme d’affaires”. C’est le pilier économique du régime, le financier des campagnes, le propriétaire des médias, l’ombre portée de l’État. Le symbole d’un système où les affaires se font et se défont autour du pouvoir, où l’État s’est privatisé à mesure de l’effacement de la morale publique.
Le voir arrêté, même provisoirement, c’est un peu comme voir le volcan de l’impunité enfin fumer. « Ca va leur p… à la g… YESS Encore ». Et cette fumée, disons-le, a une odeur grisante : celle d’une justice qui ose… Et celle d’une peur qui va peut-être changer de camp.
Mais le plaisir et l’émotion passés, vient le temps des questions.
Parce que si cette arrestation a valeur de symbole, elle doit interroger tout autant qu’elle rassure.
Tout d’abord sur sa portée réelle : s’agit-il du premier acte d’un grand ménage ou d’un simple épisode, calibré pour calmer l’opinion ? Les observateurs avertis savent que les “affaires” malgaches ne sont jamais isolées.
Ravatomanga, c’est un nœud de relations, un centre de gravité reliant politiques, militaires et entrepreneurs de l’ombre. Son nom revient dans les dossiers de marchés publics, d’importations opaques, de financements politiques. Le toucher, c’est inévitablement toucher les équilibres du système Rajoelina.
C’est aussi toucher à des accointances dans les cercles militaires qui, quand l’un contrôlait les sous, les autres contrôlaient la force … Ce contrôle a peut-être laissé voir ses limites… Mais sait on jamais … On a vu, et pas seulement dans les films noirs américains, des parrains mafieux tirer les ficelles de leurs réseaux depuis leur cellule dorée…
Sur le plan diplomatique, l’affaire ouvre aussi des perspectives inédites.
L’île Maurice n’agit pas en électron libre : pour qu’une telle arrestation se produise, il fallait probablement des signaux, des coopérations, peut-être même des pressions. Difficile d’imaginer la FCC lancer une telle opération sans coordination avec des partenaires internationaux — Union européenne, États-Unis … le Royaume Uni qui a encore en travers de la gorge l’affaire Romy Voos … Et dont l’ambassadeur vient si justement rappeler l’attachement du Royaume d’Angleterre à la lutte contre la corruption… Ou tout simplement Paris dont ne sait absolument plus décrypter le jeu trouble dans son « je t’aime moi non plus » avec les Rajoelina, Ravatomanga et autres opérateurs Karana ou pas …
Il y a peut-être là un message plus large, un avertissement discret adressé aux élites malgaches : la complaisance régionale a des limites.
Mais attention.
Le risque inverse serait de transformer cette bouffée d’air frais de justice en une nauséabonde et aveugle chasse aux sorcières..
Parce que les chaines de corruption à la Ravatomanga ne sont pas des édifices dont il suffirait de détruire le sommet : c’est chaine de valeurs (de non valeurs ?), une chaine de corruption qui traverse toute l’échelle sociale … C’est une liane parasite qui s’est accrochée et développée des racines au sommet de l’arbre… Du sommet de l’État jusqu’aux guichets les plus ordinaires.
Les réseaux de Ravatomanga — ses marchés, ses commissions, ses clientèles — traversent toutes les catégories sociales. Des ministres jusqu’aux petites mains des administrations locales, beaucoup ont profité, cautionné, ou simplement survécu en fermant les yeux.
Faire tomber un homme sans questionner la structure reviendrait à repeindre la façade d’un bâtiment dont les fondations pourrissent. Ca on sait faire. Il suffit de la visite d’une personnalité pour passer un petit coup de cosmétique et laisser les choses pourrir en dessous
Cette affaire devrait servir d’exemple éducatif, pas de défouloir collectif.
L’enjeu n’est pas de “faire payer” mais de comprendre comment un pays tout entier s’est habitué à l’opacité. Une justice stupidement et aveuglement vengeresse serait aussi stérile que l’impunité qu’elle prétend remplacer. La vraie victoire serait que cette arrestation déclenche un vrai sursaut moral — dans les administrations, dans les entreprises, et surtout dans les consciences.
L’arrestation de Mamy Ravatomanga ne suffira pas à purifier le système, mais elle l’ébranle. Elle éveille ce mélange de jubilation et de prudence, d’espoir… Et de méfiance et de crainte. Mais pour une fois, oui, on peut sourire. RE RE YESSS ENCORE UNE FOIS …
Parce qu’un symbole vient de s’effondrer. Parce que la peur a changé de camp. C’est peut-être le premier gros domino qui vient de tomber. Il aura peut-être des choses à négocier quant à déséquilibrer les autres dominos.
Et d’un. Qu’il y en ait d’autres — mais cette fois, avec discernement, justice, et lucidité.
ET ENCORE MERCI A LA JEUNESSE DE NOUS AVOIR OFFERT CE PLAISIR…
Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule). 24/10/2025
Les Chroniques de Ragidro
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Vos commentaires
Une histoire qui avait pris racine depuis 1994 avec, paraît-il, la collaboration d’un ministre de l’économie de l’époque et l’ancien PM en cavale...à partir de lessivage et ruissellement de fonds subsaharien venant des partenaires financiers du pays...
Pour profiter d’un vaste programme d’exonération d’importation d’un politicien arrivé par hasard au sommet à coup de trahison de son chef...
Et l’époque dorée des Foza de 2009...l’intelligence destructrice du type d’Al Capone tropical est à l’œuvre, tout passe entre ses mains, toutes les ressources des biens communs et les finances publiques, pour s’épancher dans la sphère des décisions politiques... En effet, beaucoup de politiciens ont reçu ses appuis financiers et logistiques, mais il a aussi les capacités pour détruire des politiciens gênant pour ses affaires et ses alliés politiques...
Il est devenu ainsi un redoutable machine impitoyable pour la capture des richesses du pays, pour la coordination des actions politiques en faveur de ses funestes desseins, pour l’organisation des missions de service public de l’administration...
En somme, l’homme à abattre pour ses victimes, l’homme à approcher pour les élites voulant prendre des raccourcis en brûlant des étapes, l’homme à éviter pour ceux et celles qui veulent garder la conscience tranquille...
Il est maintenant à terre, pas encore vraiment immobilisé donc peut être offensif, et toujours agressif... Avec ses tentacules s’étendant partout où l’argent et la politique ont des liens forts et dangereux...
Ses amis de la sphère politique veulent-ils finalement se débarrasser de lui ?
Est-ce que la sphère traditionnelle de capteurs de ressources composés des élites locales associées avec les indo-pakistanais veulent sa disparition ?
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@ Isandra
On attend avec impatience ta réaction , toi qui disait il y a quelque jours je cite « Certains même qui ose produire un faux mandat international contre Mamy R, afin qu’ils puissent le déposer au tribunal à l’île Maurice ».
Bon maintenant il faut dire qu’avec l’IA il est facile de tracer un Million de dollars qui bouge , même 10000 € de virement et c’est d’autant plus facile quand la CI demande des comptes (obligatoirement ça ouvre des portes ).
Un enquêteur Mauricien a expliqué le Process vous avez un Sumac de Virginie à faire tomber si vous ne prenez pas le courage d’arracher tout jusqu’aux racines extrêmes ce sera toujours le Bordel.
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