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Gouvernance

Le SEFAFI accuse

« Des intempéries à l’effondrement »

mardi 10 mars 2015

L’Observatoire de la vie publique (Sehatra Fanaraha-maso ny Fiainam-pirenena) ne se lasse pas de faire part de ses constats. Il a publié le 7 mars, un communiqué limpide et perspicace à propos de la situation vécue par la population ces dernières semaines en raison des intempéries et de ses conséquences. Le SEFAFI intitule le communiqué en juxtaposant « intempéries et effondrement », c’est-à-dire les causes et conséquences. Mais on peut y trouver en filigrane un avertissement à l’endroit des dirigeants et des vrais responsables de la situation dans laquelle les contribuables et les petites gens sont réduits. Les temps sont en train de faire ses caprices et des glissements de terrain ici, des inondations par-là, des sommités (ceux qui sont en altitude géographique) se sont déjà effondrées et ont causé des morts d’hommes. Tout cela, en raison surtout de l’incapacité et incompétences des gouvernants successifs ou de leur manque de civisme et de vision du développement du pays.

Après avoir réclamé en vain la réalité de la transparence dans les financements des partis et dans les campagnes de propagande électorales, le SEFAFI revendique dans le communiqué en date du 7 mars 2015, un programme de développement urbain de la part des candidats aux prochaines élections territoriales dont les élections de maires.

Valis

Ci-après le communiqué


« DES INTEMPÉRIES À L’EFFONDREMENT »

La situation du pays est des plus critiques. Tandis que des pluies torrentielles s’abattent sur les Hautes terres, et notamment sur la capitale, certaines régions du Sud souffraient il y a peu de sécheresse et de famine. Le 5 mars 2015 au soir, le bilan provisoire du BNGRC (Bureau national de gestion des risques et des catastrophes) concernant l’inondation dans les régions Vakinankaratra, Analamanga et Alaotra Mangoro, fait état de 25 morts et de 88.253 sinistrés dont 39.122 déplacés ; le 3 mars, on comptait 581 habitations détruites, 1.598 habitations et 6.339 hectares de rizières inondés. Les pluies ont multiplié les nids d’autruche dans quasiment toutes les rues de la capitale, elles ont provoqué la rupture de nombreuses digues mal entretenues et, en ville, l’effondrement de murs de soutènement, des glissements de terrain et la menace d’éboulements de rochers. Les membres du SeFaFi s’associent au deuil des familles éprouvées et aux souffrances des victimes de pertes matérielles.

Les secours s’organisent tant bien que mal, le BNGRC semble être sur tous les fronts mais sa communication et son organisation manquent de clarté et ses réactions tardives et brouillonnes face à l’urgence font jaser les citoyens et les divers partenaires. Des initiatives citoyennes se sont donc mises en place pour porter secours aux sinistrés. La Croix Rouge est mobilisée, jamais les sapeurs-pompiers n’ont travaillé aussi dur. Mais hormis une descente sur terrain médiatisée le 28 février, l’exécutif est quasi-invisible. Pendant ce temps, le prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité atteint des sommets, ce qui ne peut qu’empirer pour les légumes et pour le riz, des centaines d’hectares de champs et de rizières étant inondés. Les catastrophes sont les bienvenues pour les spéculateurs (du riz avarié aurait-il vraiment été mélangé à de nouveau, et reconditionné pour être mis en vente dans la capitale ?), pour les détourneurs d’aides et pour certains partis ou groupements para-politiques en quête d’électorat.

L’ampleur de la catastrophe met tous les acteurs de la vie nationale devant leurs responsabilités. Il serait trop facile pour les dirigeants de s’en exonérer sous le prétexte fallacieux de « pluies exceptionnellement abondantes » ou de constructions illicites. Certes, les citoyens qui jettent leurs ordures dans la rue obstruent les égouts, ceux qui pissent contre les murs ou crachent des fenêtres des taxis-be empestent l’atmosphère ou diffusent leurs microbes, et ceux qui construisent leurs habitations aussi précaires qu’illégales au-dessus des canaux d’évacuation aggravent les inondations. Mais qui sont les vrais responsables ? Les agents de la CUA (Commune urbaine d’Antananarivo) qui ont octroyé des permis de construire de complaisance, les agents de l’APIPA (Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo) qui ont autorisé le remblayage de zones protégées, les fonctionnaires des Domaines qui ont fait du trafic avec les terrains domaniaux, les entreprises qui ont réalisé les remblais en cachette et, au premier chef, les maires et PDS qui se succédés à la tête de la capitale. Sans parler des autorités supérieures qui ont laissé faire - quand elles n’étaient pas complices.

Des leçons doivent être tirées de ce désastre, d’autant que ce sont les plus pauvres qui paient le prix fort de cette négligence collective. A quelques mois des élections communales, toute la politique urbaine du pays est à revoir. Serait-il scandaleux d’exiger des candidats–maire, surtout dans les grandes villes, qu’ils rendent public le projet d’urbanisme qu’ils comptent mettre en œuvre s’ils sont élus ? Si leur conscience civique, leur sens de l’éthique et leur courage politique n’y suffisent pas, un texte réglementaire approprié pourrait les y contraindre. Car il est inconcevable d’être candidat à une mairie sans avoir de projet pour développer la ville ! Cela permettra de sortir de l’improvisation à laquelle nous ont habitués les maires et PDS successifs de toutes les villes du pays. Récurer les canaux avant la saison des pluies, réparer les rues sans attendre qu’elles soient détruites, octroyer les permis de construire sur une base technique fiable et pas en échange d’une enveloppe, arrêter la corruption de la police municipale et l’indiscipline des chauffeurs de taxis-be, mettre en fourrière les voitures qui squattent les trottoirs, rendre les trottoirs aux piétons tout en recouvrant les caniveaux, contraindre les marchands à laisser la rue aux voitures : ces mesures de bon sens seraient-elles irréalisables à Madagascar ?

Il faudra aussi cesser de manipuler les opinions nationale et internationale. Crier au cyclone alors que rien ne menace, ou invoquer des dégâts cycloniques là où ne sont passées que des tempêtes tropicales, même fortes, c’est se moquer de la générosité des pourvoyeurs d’aide (qui ne sont pas dupes) et des citoyens (qui finissent par se lasser). A propos des récentes perturbations météorologiques, voici ce que dit un article informé, manifestement repris de source sûre : « Pour les hautes terres et particulièrement pour Antananarivo, les cumuls DJF2015 [Décembre 2014, Janvier et Février 2015 - ndlr] sont certes supérieurs à la normale mais pas exceptionnels. Ces précipitations ne sont pas d’origine cyclonique, mais dues à la persistance de la Zone de Convergence Intertropicale active plus de un mois sur Madagascar » (Midi-Madagasikara, 4 mars 2015). Notons quand même une évolution très positive : le 12 janvier 2015, alors que Chedza menaçait, le site web de la météo malgache, qui n’avait pas été actualisé depuis le 18 novembre 2014, parlait encore d’Adjali ; depuis lors, les services responsables semblent être à jour.

Il faudra aussi veiller à professionnaliser et à dépolitiser les organes de gestion des risques et catastrophes. L’actuel patron du BNGRC a été nommé le 17 octobre 2014, quasiment à la veille de la saison cyclonique, sur la base de critères clairement politiques, alors que son prédécesseur avait été nommé en mars 2013. Faut-il alors s’étonner que le plan de pré-positionnement, visible sur le site web du BNGRC, soit encore celui de 2013-2014 et que le BNGRC n’ait pas encore mis à jour son organigramme ? Face aux récentes catastrophes, qui étaient relativement de faible gravité, tous les partenaires de la coopération internationale attendaient un minimum de leadership national qui a fait défaut.

Par ailleurs, nous ne devons pas oublier nos voisins : le 2 mars, des inondations ont fait plus de 50 morts au nord de la Tanzanie. Comme Madagascar, la Tanzanie est membre de la SADC : cet organisme régional, prompt à sanctionner, ne devrait-il pas aussi faire preuve de solidarité ?

Que faut-il en conclure ? Les intempéries ont servi de révélateur à un effondrement général. Et ce ne sont pas les campagnes annuelles de mendicité qui redresseront la situation, mais une planification holistique, des constructions aux normes, un entretien régulier, l’élimination de la corruption et la gestion dépolitisée des risques et catastrophes. Avec le concours de nos partenaires et amis, en mettant à contribution les compétences nationales qu’il s’agit de fédérer, il faut sans attendre, procéder à une évaluation sans complaisance puis à une réactualisation de tout notre système de gestion des risques et catastrophes[1].

Antananarivo, 7 mars 2015

15 commentaires

Vos commentaires

  • 10 mars 2015 à 12:17 | Isambilo (#4541)

    Planification holistique. C’est à dire ? Ne brûlons pas les étapes. Commençons par apprendre à nettoyer les canalisations d’abord.

  • 10 mars 2015 à 12:50 | LE VEILLEUR alias L’EVEILLEUR (#1331)

    « le SEFAFI revendique dans le communiqué en date du 7 mars 2015, un programme de développement urbain de la part des candidats aux prochaines élections territoriales dont les élections de maires. »

    Une « belle » photo de la situation à Madagascar de la part de la SEFAFI. Bravo.

    Dans un pays en voie de sortir de l’eau/de la sècheresse comme Madagascar, nos seules ressources propres sont ses habitants qui veulent s’en sortir. Avec ses savoirs faire multicentenaire enfouis/oubliés/sous-estimés/...

    - Quand est-ce que nous allons favoriser le dialogue/ l’écoute démocratique pour gouverner chaque ville avec ses habitants ?

    - Les resolutions issues du processus de reconciliation vont-elles favoriser le dialogue/ l’écoute démocratique pour gouverner chaque ville avec ses habitants ?

  • 10 mars 2015 à 14:30 | olivier (#7062)

    Si toute la société civile de ce pays était comme le SEFAFI..
    Comprendre : DIRE LA VERITE SANS FAUX SEMBLANTS - SANS HYPOCRISIE - SANS NIAISERIES (...) SANS INTERET RELIGIEUX ou ETHNIQUE

    ALORS J’aurais du respect pour cette société...

    Mais..comme par hasard..chaque article du SEFAFI publié sur ce forum ne fait guère recette...

    A croire que la vérité n’intéresse pas grand monde, au sein des GRANDS FORUMISTES...

    Et néanmoins petits zommes

     :)

    • 10 mars 2015 à 14:45 | Isambilo (#4541) répond à olivier

      Heureusement que vous êtes là pour rehausser le niveau.

    • 10 mars 2015 à 14:47 | olivier (#7062) répond à Isambilo

      Un post touchant...teinté d’émotion..

      MERCI !

       :)

  • 10 mars 2015 à 14:34 | riennevaplus (#8859)

    la SEFAFI est là depuis 2001, presque 15 ans, elle fait part de ses observations, de ses analyses, de ses doutes ? Le prochain communiqué qu’ils devraient publier devrait être « Misy mihaino ? » (Est-ce que quelqu’un écoute ?)
    De toute façon, même si j’avoue que la SEFAFI a de bonnes idées, l’heure n’est plus à l’observation mais à l’action.

    • 10 mars 2015 à 14:53 | olivier (#7062) répond à riennevaplus

      Détrompez vous ami !

      Des gens aux idée saines...c’est justement ce qui manque ici !

      Quoique l’action soit effectivement URGENTE !

      JAPON - FRANCE - CHINE - UE ..

      Il payeront ces kons là...

      Tout cela n’empêchera pas :
      - embarquements de bdr
      - remise en route de Tiko sans payement des arriérés fiscaux
      - achats de 4*4 pour des puutes
      - tout le tralala habituel..

      En fait, je ne voulais pas y croire, mais effectivement nous touchons aux limites de l’acceptable...

      Planquez vos PRADO Messieurs les GRANDS FORUMISTES..

      OR

  • 10 mars 2015 à 15:47 | riennevaplus (#8859)

    Ce n’est pas les idéés saines qui manquent, croyez-moi. Si on s’exercait à faire une synthèse éclairée des posts rien que sur ce forum depuis l’éléction du PRM et qu’on les transformait en PGE, ce serait déjà mieux que ce que le PM a proposé devant l’assemblée mais il nous faut un exécutif qui a des c..uilles, qui a la rage de réussir et qui n’a pas peur de tout reprendre depuis le début car tout est à refaire à Mcar.

    Voici quelques questions :
    - quand le calendrier scolaire sera aménagé et que les périodes cycloniques seront des périodes de vacances pour les enfants ?
    - quand l’Etat pourra comprendre que faire le tour du monde pour amadouer les bailleurs de fonds est inutile et qu’il faut trouver sur place les fonds nécessaires au développement ?

    - Quand aura-t-on un gouvernement qui osera même en période éléctoral déloger les marchands et vendeurs de voitures sur les trottoirs de Tana, faire déplacer à jamais les véhicules qui stationnent tout au long de l’année sur ces mêmes trottoirs (notamment, 67ha, Ampefiloha,...), sanctionner réellement ces vieux taxis qui tombent en panne ou en panne sèche partout ou leur donner un plan de financement pour acquérir de nouveaux véhicules,...

    - est-ce qu’un jour le gouvernement comprendra qu’il faut déplacer ailleurs qu’en centre ville les centres d’intérêts des Tananariviens pour désengorger Tana ? Il suffit de rouler 30 km hors de n’importe quel PK Zero pour trouver de vastes territoires transformables en ville quitte à déplacer les ministères, les stationnement de taxibrousse,...

    (liste non-exhaustive svp)

    • 10 mars 2015 à 16:14 | olivier (#7062) répond à riennevaplus

      ouep

      je ne parlais pas d’idées saines comme les votres...

      je parlais de PERSONNES.

      J’aime bien vos idées, mais n’oubliez pas que je suis un vazah...Alors .. ;

       :)

  • 10 mars 2015 à 16:56 | ATAVISME PREMIUM (#8774)

    Trop carré ,trop réalistes pour les esprits tortueux et mystiques d’ici !
    Ca fait trop vazaha !impossible à admettre que ce sont des gasy qui écrivent cela !
    La brume des cerveaux des chasseurs cueilleurs sera encore longue a disperser !

    • 10 mars 2015 à 17:04 | olivier (#7062) répond à ATAVISME PREMIUM

      Tu m’étonnes...

      AYRTON !

       :)

    • 10 mars 2015 à 18:09 | ATAVISME PREMIUM (#8774) répond à olivier

      Senna me va bien !!

  • 10 mars 2015 à 21:03 | justice_sociale (#3810)

    Merci sefafi,
    Que des leçons doivent être tirées et que la discipline soit respectée par tous,
    Les candidats potentiels au municipal et les gouvernants de ce pays doivent vous entendre

  • 11 mars 2015 à 02:35 | MAHITSITENY (#8793)

    « BE RESAKA OHATRAN’AMBOSITRA KANEFA TSA MAHALEO AN’AMBOHINAMBOARINA » !

    Io no azo amintinana an-dRa-SEFAFI !

    Mitatatata lava izao kanefa tsy misy apoaka !

    Mba inona izao ny nataon-dRa-SEFAFI nanoloana ireny tondra-drano sy tra-boina ireny ???

  • 11 mars 2015 à 10:33 | plus qu’hier et moins que demain (#6149)

    Assalaamo alaikoum

    Une société civile d’élite comme le SEFAFI ne se contente pas seulement de jouer au médecin après la mort mais s’adonne également au retournement des morts : Cet observatoire ne fait que réécrire à sa façon les diagnostics et les critiques formulés par le commun des mortels depuis belle lurette par média interposé.
    Est-ce son rôle ? Non et 3 fois non car il devait être une force de proposition objective pour corriger les errements du passé et orienter l’avenir du pays dans la bonne direction.

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