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Editorial

Air Madagascar : turbulences confirmées

mercredi 20 avril 2011 | Ndimby A. |  6520 visites  | 67 commentaires 

À travers un communiqué mis en ligne sur son site, l’Union européenne a officiellement annoncé le 19 avril 2011 qu’Air Madagascar fera partie de la prochaine mise à jour de la liste noire des transporteurs aériens faisant l’objet d’une interdiction d’exploitation dans son espace aérien.

Selon ledit communiqué, « La Commission européenne a adopté aujourd’hui la 17ème mise à jour de la liste des compagnies aériennes interdites d’exploitation dans l’Union européenne. (…) Tous les transporteurs aériens certifiés au Mozambique font dorénavant l’objet d’une interdiction d’exploitation dans l’UE, de même que deux aéronefs spécifiques d’Air Madagascar en raison de manquements graves appelant une action ferme. (…) Afin de garantir l’absence de tout risque pour la sécurité lié aux activités de certains transporteurs aériens, la Commission, avec le soutien unanime des membres du comité de la sécurité aérienne, a décidé d’imposer des restrictions d’exploitation dans deux cas. Tout d’abord, elle a imposé une interdiction d’exploitation à tous les transporteurs aériens certifiés au Mozambique (…). La Commission a également imposé des restrictions d’exploitation aux deux aéronefs de type Boeing 767 exploités par Air Madagascar compte tenu de manquements non résolus en ce qui concerne leur exploitation et leur surveillance. ».

La Conférence européenne pour l’aviation civile (CEAC), l’instance européenne chargée de contrôler le niveau de sécurité de tous les appareils desservant l’Europe, a contrôlé sur le tarmac de l’aéroport Charles de Gaulle (Paris) en janvier 2011 un des appareils B767 de la Compagnie nationale malgache, comme le sont régulièrement tous les appareils se posant sur le sol européen. L’inspection détermine alors une anomalie qu’elle qualifiée de « grave » et de « problème de sécurité majeur » au niveau d’une trappe du fuselage. Quelques semaines plus tard, le contrôle du second B 767-300 de la compagnie malgache laisse également apparaître un certain nombre de manquements aux règles européennes de sécurité.

Le seul point de consolation dans ce communiqué est qu’Air Madagascar fait partie des dix transporteurs aériens « autorisés à exercer leurs activités dans l’UE tout en étant soumis à des restrictions d’exploitation strictes et à des conditions ». Autrement dit, Air Madagascar peut continuer à vendre des billets d’avion vers l’Europe, mais devra utiliser des appareils autres que les deux B767 blacklistés. Il ne reste donc plus à Air Madagascar qu’à louer un appareil pour continuer à opérer vers l’Europe, et continuer éventuellement d’exploiter ces deux aéronefs vers l’Asie. Cela comporte cependant des impacts dans la confiance des passagers et des assureurs, car l’image d’Air Madagascar va en prendre un sacré coup. C’est une situation qui va entrainer des surcoûts importants et imprévus pour la Compagnie, et donc en grever encore plus le budget. De plus, les conditions léonines des contrats de location telles qu’expliquées par Andry Rajoelina lors de son talk-show de dimanche dernier vont causer de lourdes dépenses, même en cas de non-exploitation des avions.

Il y a deux ans exactement, je publiais Air Madagascar : bientôt les ailes brisées ?. Même si j’eus aimé avoir tort, force m’est de constater que ce que je prévoyais dans cet article d’avril 2009 commence à devenir une réalité. Premièrement, le coup d’État ne pouvait que mener Air Madagascar vers la catastrophe. Deuxièmement, à la mode habituelle des irresponsables et du régime hâtif, la recherche de bouc émissaire est en marche. Marc Ravalomanana et les Allemands de Lufthansa qui avaient dirigé la Compagnie nationale ont donc été désignés d’office par Andry Rajoelina. Mais est-ce que c’est Marc Ravalomanana qui était le mécanicien de ces avions depuis deux ans ? Sont-ce les Allemands qui ont manqué de rigueur dans les plannings de maintenance ? Cette fuite en avant à travers des accusations fallacieuses pour se défausser de sa propre culpabilité n’est pas étonnante, et est bien conforme à la mentalité de certains de nos compatriotes sans éducation et sans instruction. Les responsables du régime hâtif feraient donc mieux de cesser de se ridiculiser en cherchant à rejeter sur d’autres la responsabilité de leurs propres turpitudes, insuffisances et incompétences depuis deux ans, et de chercher intelligemment des solutions. Car on n’a jamais vu une autruche de mauvaise foi raisonner avec l’acuité de jugement nécessaire. Mais bon, le comportement actuel des hâtifs sur ce dossier est une preuve supplémentaire que le ridicule ne tue donc toujours pas.

En fait, les problèmes actuels d’Air Madagascar ne montrent que trois choses.

D’abord, l’impact économique du coup d’État sur la vie des entreprises. Les problèmes actuels d’Air Madagascar sont en fait un résultat quasiment mathématique. Crise financière internationale + crise financière nationale = impact sur le tourisme = impact sur la trésorerie d’Air Madagascar. Maintenant, la Compagnie nationale traverse des zones de turbulences qui émeuvent tous les malgaches. Mais cela ne doit pas faire oublier le sort des entreprises pillées par les gros bras, de celles qui ont fermé, des autres qui ont dû laisser partir leurs employés en chômage, ainsi que de ceux qui ont investi dans le tourisme et l’hôtellerie en prévision du Sommet de l’Union africaine et celui de la Francophonie ?

Ensuite, le manque de compétence de Roland Ranjatoelina, ancien d’Air Madagascar nommé à la tête du Ministère des transports, et qui n’a même pas été fichu de faire en sorte que la maintenance se fasse correctement depuis deux ans, avec ou sans Lufthansa. Il faut saluer son limogeage du gouvernement lors du dernier remaniement. Mais une question également se pose : qu’en est-il de la compétence réelle de ces cadres malgaches actuellement en charge d’Air Madagascar et qui avaient tout fait pour provoquer la rupture du contrat avec Lufthansa afin de devenir calife à la place du calife ? Ce n’est pas tout de demander le gâteau et de le manger, encore faut-il savoir le digérer : comme on dit au pays de Gbagbo, qui avale une noix de coco a confiance en son anus.

Enfin, quand on entend toutes les explications fallacieuses d’Andry Rajoelina pour mettre sur le dos d’autrui (« ce n’est jamais de ma faute, c’est toujours celle du voisin ») la responsabilité, on ne peut que se rendre compte une fois de plus que grande gueule ne rime pas toujours avec la performance. Comme disait Rama Yade, « Je me suis longtemps méfiée de l’engagement politique, en particulier des beaux parleurs qui ne sont pas toujours là pour assumer ». Surtout quand ça va mal. Car il est également bien connu que « La victoire a cent pères, mais la défaite est orpheline » (John Fitzgerald Kennedy).

Le jour où les putschistes commenceront à assumer leurs propres erreurs, on aura effectivement changé quelque chose dans ce pays. Faut pas rêver. Mais en tous cas, l’initiative curieuse de célébrer le cinquantenaire de la Compagnie nationale dans une boite de nuit au début de cette année ne lui aura pas porté chance.

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