Herintsalama Rajaonarivelo joue la carte de la fermeté

À peine nommé à la tête du gouvernement, Herintsalama Rajaonarivelo a signé une série d’instructions à l’attention des hauts responsables de la Primature et des ministères.

Le chef du gouvernement demande un inventaire exhaustif de tous les biens publics — matériels, mobiliers, véhicules, équipements informatiques — ainsi que des dossiers administratifs en instance pour préserver le patrimoine de l’État en attendant la mise en place complète du nouveau gouvernement selon un communiqué de la Primature hier. Aucune sortie de fonds, ni engagement budgétaire, ne sera autorisé, à l’exception des dépenses alimentaires, précise le communiqué.

Par ailleurs, tout haut responsable concerné par les passations de service et les audits de gestion se voit interdire de quitter le territoire national pendant trois mois, sauf autorisation spéciale de la Primature. Une mesure inédite, qui entend limiter les risques de fuite ou de disparition de documents sensibles.

Dans un second communiqué publié le même jour, la Primature annonce que toute personne reconnue coupable de détournement de fonds publics ou de ressources nationales sera poursuivie conformément à la loi et devra restituer les biens détournés, où qu’elle se trouve, à Madagascar ou à l’étranger. Cette initiative, selon le communiqué, s’inscrit dans la droite ligne de la politique de « tolérance zéro » annoncée par le colonel Michaël Randrianirina lors de son investiture devant la Haute Cour constitutionnelle, le 17 octobre dernier.

Une volonté affichée de se démarquer

Pour beaucoup d’observateurs, cette fermeté du Premier ministre vise à redorer son image et à dissiper les soupçons de proximité avec certaines figures controversées du paysage politico-économique, notamment Mamy Ravatomanga et Andry Rajoelina.

Dans un climat de méfiance généralisée, où les promesses de moralisation de la vie publique ont souvent été sans lendemain, le scepticisme demeure. Les déclarations d’intention ne suffisent plus : seule la mise en œuvre effective de ces mesures et la transparence dans les audits permettront de juger de la détermination réelle du nouveau chef du gouvernement.

La tâche s’annonce ardue. Entre attentes populaires, pressions politiques et dossiers sensibles à traiter, Herintsalama Rajaonarivelo joue gros : sa crédibilité et celle de la transition reposent désormais sur sa capacité à traduire ces textes en actes. A l’Assemblée nationale, lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire, le chef du gouvernement a justement demandé à ce qu’on lui accorde un peu de temps pour faire ses preuves. Une demande qui coïncide d’ailleurs avec la déclaration de certains politiques qui attendent entre autres la formation du gouvernement et les actions concrètes de celui-ci avant de la critiquer ou non.