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Editorial

Pour un État policé

vendredi 27 juillet 2012 | Patrick A.

Les forces du désordre ont fait des leurs ce mardi. Armes en main et en plein tribunal d’Anosy, des hommes du Groupe d’intervention rapide (GIR) de la Police nationale se sont opposés à la mise en mandat de dépot de cinq de leurs collègues. Ceux-ci sont impliqués dans la « bavure » ayant entraîné la mort d’un opérateur économique à Ankasina en Mai dernier.

S’indignant du comportement de ses hommes, le Directeur de la Police nationale déclarait qu’on n’avait jamais vu cela. Il semble qu’il ait eu la mémoire courte à ce moment là, car tout cela rappelle fortement le comportement des policiers de la ville de Toliara pendant l’affaire Michel Rehavana en décembre dernier. Le refus des policiers de livrer des suspects ou des condamnés à la Justice, sous le prétexte que ceux-ci sont également policiers, semble ainsi se généraliser.

Après de longues négociations, les 5 policiers suspectés ont finalement été remis à la Brigade criminelle puis conduits à la prison de Tsiafahy comme demandé par la Justice. Reste à savoir les suites disciplinaires et pénales qui seront appliquées à leurs collègues impliqués dans les événements, que l’on ne peut qu’appeler complices armés d’une évasion.

Dans une autre affaire, le fameux Remenabila est lui même un ancien membre du Resep, garde présidentielle de l’époque de la présidence de Didier Ratsiraka. De ce fait, et même si aucune preuve matérielle n’a été produite, les soupçons de complaisance ou de complicité dans cette affaire des anciens membres de ce régiment restés dans l’armée se font jour et se multiplient. D’autres anciens membres du Resep ont fait partie du noyau de militaires ayant déclenché la mutinerie du Capsat en mars 2009, mutinerie qui avait renversé le rapport de forces et au final permis à Andry Rajoelina de prendre le pouvoir aux dépens de Marc Ravalomanana. Que pensent aujourd’hui ces hommes et jusqu’où s’étend leur influence ?

La situation actuelle évoque par moments celle de ce même mois de Mars 2009. Au risque de réveiller la guerre de qualificatifs entre « coup d’État » et « lutte populaire », il me semble que la qualification la plus précise pour désigner ce qui s’était passé à cette époque là est « progressive perte de contrôle des forces de sécurité par le pouvoir exécutif ». Les explications de Marc Ravalomanana selon lesquelles c’était lui qui avait ordonné que les militaires ne tirent pas le 26 janvier 2009 pour réprimer les pillages n’ont jamais totalement convaincu. Difficile de ne pas se poser la question : s’il avait effectivement donné l’ordre de faire feu ce jour là, lui aurait-on obéi ? La réaction tardive des pompiers, gendarmes, policiers et militaires ce jour là ne trahissait-elle pas avant tout des négociations devenues obligatoires entre différents groupes avant que les responsables de l’ordre ne se mettent au travail ?

Apprentis sorciers

Avec les mutineries successives de la FIGN, du BANI et du RFI, Andry Rajoelina ne peut se prévaloir de maîtriser à 100% les forces de l’ordre. Certains de ces adversaires politiques rêvent encore d’en profiter. Qu’ils prennent garde cependant : les expériences de 1991 à 2012 prouvent bien que lorsque les responsables en place perdent le contrôle des armées ou de la police, ceux qui suivent ne le récupèrent jamais complètement.

Bien rares sont les hommes politiques qui aujourd’hui peuvent se prévaloir de ne jamais avoir joué les apprentis-sorciers. Un autre élément délicat pourrait cependant constituer un espoir, si le virage est habilement négocié. L’on sait que dans les trois ans, un tiers des fonctionnaires doit partir à la retraite. La situation dans les corps sécuritaires ne doit pas être complètement différente de celle des autres corps de la Fonction publique : il y a là un espoir de renouvellement si les prochaines autorités élues ont la légitimité et le courage nécessaires pour tirer profit de cette situation délicate. Cela coûtera sans doute cher, car toute réforme nécessite quelques moyens : il serait cependant dangereux de lésiner.

La discipline est la force des armées. Faisons tout alors pour que la discipline chez les dahalo ne devienne pas supérieure à celle des forces gouvernementales, sinon nous serions fort mal partis.

13 commentaires

Vos commentaires

  • 27 juillet 2012 à 10:57 | jansi (#6474)

    POlice vs Justice vs Ingérence politique dans les affaires de la justice
    SECES trompés par le ministère, SEMPAMA tres mal payés, Médecins en grève, Paramed mal payés, Etudiants en déroute, Militaires vs militaires, Remenabila, Bois de rose, contrats miniers, ministre suspendus pas suspendus, ministre démissionné pas quitté son bureau, PHAT têtu, DST dégagé, Corruption généralisée, pauvreté partout, Liste additive à l’ENAM, un DJ au pouvoir et j’en passe.
    Il faut en finir....

    • 27 juillet 2012 à 11:13 | Bétôle (#2207) répond à jansi

      En bref : la situation est grave.
      Les solutions que vous proposez ?

    • 27 juillet 2012 à 11:26 | intrus (#6296) répond à Bétôle

      Erreur bétôle, il ne faut jamais poser cette question à Jansi... sauf si c’est de la rhétorique car la réponse est déjà toute faite et est prête à être copier.

      Un indice ? du genre neutre, technocrate et tout le tralala habituel pour finir avec Raymond...

      Erreur bétôle.

    • 27 juillet 2012 à 15:30 | RAMAHEFARISOA Basile (#6111) répond à Bétôle

      vous ne connaissez pas la solution de jansi !« R-Z »

  • 27 juillet 2012 à 11:09 | ASSISE (#1505)

    MT : « La discipline est la force des armées. Faisons tout alors pour que la discipline chez les dahalo ne devienne pas supérieure à celle des forces gouvernementales, sinon nous serions fort mal partis. »

    Discipline « bordélique » très prochainement.

    En dehors, l’armée fait ce qui lui semble bon à son sens, plutôt « barbare/sadique/inhumain. . . » C’est un corps, disons presque solidaire car le risque de dislocation est déjà là (hiérarchie, commandement, caserne), elle réagit par instinct, humeur (selon ce qui se passe dans la tête).

    L’armée, c’est à l’image de la politique des années d’après la nouvelle indépendance, l’ancien PADESM. C’est le « fruit » de la révolution (une « famille » dans le sens large du terme : enfants, neveux, cousins patern/matern, copains, amis proches) qui aujourd’hui pourrisse sur son arbre et au fil du temps le consommateur (peuple) s’en dégoûte de son état.

    Dans la traque de Remenabila par exemple, elle a réussi un repli stratégique (pourtant armé jusqu’au dent, hélico en plus), maintenant elle pense repartir avec une autre stratégie (lance missile, MITA be tsy lanin’ny maba, batterie anti-aérien) alors que d’habitude des grenades lacrymogènes leur suffisent pour réussir leur mission (ce qui leur a manqué dans la première mission Esira je suppose)

    • 27 juillet 2012 à 11:36 | intrus (#6296) répond à ASSISE

      Puisqu’il sait voler le remenabila ?

      Pour le repli stratégique... LOL.

  • 27 juillet 2012 à 13:26 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Ne nous taisons quand meme pas sur ce qui s’est passé à Antsiranana
    Des hommes en treillis ont assassiné un jeune couple de karana

  • 27 juillet 2012 à 18:37 | kakilay (#2022)

    Je l’attendais avec impatience... et il est venu.
    Merci Patrick...

    Car une banalisation, une normalisation de la loi du plus armé est en train de se jouer sous nos yeux. Quand l’inadmissible voudrait se faire acceptable ou respectable... et les uns voudrait nous croire faire que le coup de force de mars 2009 n’y est pour rien. On a vu même sur ce forum des constitutionnalistes, candidats pour être conseillers du celui qui n’y connaît rien, pour nous dire qu’il faut accepter le verdict du terrain. Que je me posais la question si nous sommes sûr de parler entre démocrates ?

    Alors quoi ?

    Il faut accepter (le « faut » renvoie-t-il à un impératif scientifique ou une obligation morale ?) donc l’attaque d’une prison par des policiers, le kidnapping et la mort d’un magistrat : realpolitik oblige. Et le coup de force de mardi n’est que la suite pathétique que le coup d’état couvait en son sein. Oui, rajoelina était déjà dans le fruit.

    Car la force, sans le droit, est barbarie. La démocratie, contre tous les pleureurs de la République, n’est pas le n’importe quoi que l’on peut voir à la sortie des boîtes de nuit. Ce n’est point parce que tout le monde a le droit de parler que tout le monde a raison. La démocratie dans son acte de naissance est accompagné par le Lycée, l’Académie... des écoles pour tout dire. Elle accompagne ce qu’on a pu appeler « le miracle grec ». Entre Sparte et Athénes ou Jérusalem : il faut choisir. L’instruction obligatoire est un acte politique. C’est la distance qui sépare ceux qui s’agenouillent devant le « ce qui est » et ceux qui pensent que le politique n’a de sens et ne rime à rien sans le « ce qui devrait être ». Et ce sont les mêmes, leçon bien apprise et mille fois répétée pour être se faire passer pour un penseur politique, pour nous dire que « gouverner, c’est prévoir ».

    Prévoir quoi ? Ce qui n’est pas encore... Oui, gouverner est un acte intellectuel : penser à ce qui n’est encore. Et ce sont les mêmes qui chantent aussi cette notion de « volonté politique ». Et à les entendre, ces éternels apôtres du realpolitik, il faut accepter ce qui est. Ah oui, que les résistants avaient tort de ne s’être pas agenouillée devant la puissance émergente du moment. Couchez-vous par réalisme politique ! Si les présidents n’étaient que les comptables de ce qui est, pourquoi élire et demander « un projet de société » de la part des candidats. Car la réalité est une, sa vérité unique... erreur : la vérité appelle déjà la réflexion, conceptualisation. Oui, pourquoi ne demanderait pas t-on à un nouveau-né de gouverner puisque la réalité se « donne » à voir sans effort et travail intellectuel. Oui, entre 35 et 40 ans, il n’y pas de différence... et par régression on arrive vite à zéro.

    Eh oui, si la voie des armes est la seule qui compte (sans le rariny sy ny hitsiny, ni le légal et le légitime), alors tous ces bidasses ont raison. Foutaises : pourquoi je fais encore appel à la raison ? C’est elle qu’il faut mettre en prison, c’est d’elle dont on voudrait se passer.

    J’aimerais bien les entendre dire que la démocratie peut se passer de la raison. Oui, celle qui pour nous autres est une conquête et non une « raison mora » à la portée de n’importe qui. Oui, osons le dire : la conquête de la raison est progressive, n’est pas congénitale ni héréditaire, même si on peut hériter ou voler d’un kalach. On peut être un taré et posséder ou avoir les kalachs de son côté.

    Loin de moi l’idée de nier la force : mais cette dernière « devrait être » du côté du droit. Doit-on accepter et démissionner devant « la loi du plus armé » ?

    Car avouons-le :
    le chemin le plus court... et le plus mora pour imposer ses désirs (et je n’ai pas dit la raison) : sont les kalachs.

    Mais d’autres prétendent qu’il faut avoir le génie de rajoel et ses fans ... pour le comprendre.

    • 27 juillet 2012 à 19:53 | poiuyt (#584) répond à kakilay

      quand le poiuyt sème ses 3 balles, c’est en baragouinant le langage des putschistes, le seul patois que ces gens comprennent. Quand est-ce que les ados malgaches aimeront les langues étrangères ? Ceux qui doivent prendre les armes sont matés

      faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais. Mdr

      un acte révoltant que diable a été fait par joël aujourd’hui ; jusqu’à quand doit-on . . .

      ( vous aurez tous compris que c’est à prendre au 2nd degré )

    • 27 juillet 2012 à 20:47 | da fily (#2745) répond à kakilay

      hi kaky,

      on est plutôt dans un « état babakoto bananier ».

      Pas plus tard que cet aprèm, encore un policier qui se croît investit de mission divine, derechef ils remettent Lalao Ravalomanana and family dans un avion pour Bangkok !

      mais quelle menace Nom de Dieu peuvent représenter la femme et les brues de Ravalo ? HEIN ?

      Je crois que je vais finir par adhérer à la faction radicale de poiuyt, celle des « balles libres » !

    • 27 juillet 2012 à 21:17 | poiuyt (#584) répond à da fily

      Madagascar n’appartient pas aux putschistes ; il ne se passerait toujours rien, à Tana ? la masse critique n’est toujours pas atteinte ; il faudrait quoi

      mais çà viendra, tous les équilibres instables tombent spontanément, c’est expérimental. Continuons à faire la liste des exactions des joël ; on la lui lancera, à la figure ... pâle

  • 28 juillet 2012 à 02:40 | el che (#344)

    Un pouvoir qui pren manu militari une nation ne peut indéfiniment maintenir l’ordre. En effet, quel crédit peut-on apporter à un état putschiste ? De quelle légitimité peuvent-ils se prévaloir pour être à même de donner l’exemple ? Peut-on rétablir le droit et la justice, quant on ne repspecte pas soit-même ces derniers ? Telles sont les questions.

    Madagascar nage dans le désordre et le chaos, et plus personne ne semble maitriser le mal. Rajoelina lui-même parle de risque de guerre civile,car la situation lui échappe. Des chefs de guerre naissent ici et là, et tiennent tête au pouvoir central. Cette désobéissance lattente de bandes armées sont le signe précurseur de l’avénement d’un non-état de droit.

    En effet, en situation normale, il eût été facile de stopper net les trouble-fêtes dans leurs entreprises en les révoquant, et en suspendant immédiatement leur solde en attendant leur jugement. Aucun agent de l’état ne peut sous peine de sanction immédiate sortir du rôle dont il est assigné. Si tel n’est pas le cas, c’est que l’état craint un embrasement général.

    Aujourd’hui il appartient au peuple de redresser la situation en demandant la démission général de ces dirigeant illégitimes, et de réclamer haut et fort des élections libres et transparentes, sans qu’il y ait des sélection préalable des candidats

  • 28 juillet 2012 à 07:49 | RAMAHEFARISOA Basile (#6111)

    « J’ai honte,je me retire temporairement du forum ».
    Basile RAMAHEFARISOA
    1943
    b.ramahefarisoa@gmail.com

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