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Tribune libre

De la sommation

jeudi 11 février 2010 | Georges Rabehevitra

Je reviens sur le massacre (sur ce mot, je pense que tout le monde est d’accord) du 7 février 2009, non pas sur les aspects de responsabilités, mais sur les aspects purement techniques de l’intervention.

Quelques jours auparavant, pendant des jours, les forces de l’ordre ont utilisé à tout va des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Bon, dans tous les pays du monde, c’est assez courant pour essayer de briser une émeute.

Première question

Pourquoi les forces de sécurité et la garde présidentielle n’ont pas du tout utilisé ces armes moins létales ? Peut-être qu’ils n’en étaient pas dotés ? Dans ce cas pourquoi, sur ordre de qui, par empêchement de qui ?

Lors de l’arrivée des cortèges à Antaninarenina, et si la « zone rouge » a été réellement franchie, quelles ont été les procédures à appliquer et appliquées, et qui les a dictées ?

En effet, normalement, dans des situations aussi critiques, après les sommations verbales d’usage, des tirs en l’air auraient déjà eu un effet bien dissuasif. Je vous assure, je l’ai déjà vécu en tant qu’ancien militaire. Même si vous êtes sur un théâtre d’opérations et en guerre, quand vous entendez des balles (surtout du genre calibre 7,62 mm) siffler au dessus de votre tête, par réflexe, vous vous mettez à l’abri ou vous vous couchez par terre pour essayer d’abord de rester en vie, avant d’envisager une éventuelle réplique. Bien sûr, l’histoire du monde a montré qu’il y a eu des braves qui au contraire, avançaient chemise ouverte, mais je vous assure, ces cas sont plus que rarissimes, même chez les plus fanatiques des talibans.

Deuxième question

Pourquoi les procédures de sommation n’ont pas été divulguées et diffusées avant ? Cette diffusion aurait permis aux meneurs des émeutes et surtout à l’ensemble des émeutiers (il n’y a pas d’autres mots) de franchir la fameuse « zone rouge » en toute connaissance de cause. Dans les procédures, j’inclue la matérialisation de la « zone rouge ».

Troisième question

Ne s’agissant pas de guerre entre 2 armées, procédures ou pas, pourquoi les officiers, dont le métier principal est de diriger les troupes, n’ont-ils pas tout simplement, au moins dans un premier temps, ordonné des salves de tirs en l’air, comme dernier avertissement, avant de délibérément tirer sur des individus ?

J’ai bien écrit au début de ce billet que, pour le moment, je ne cherche qu’à poser le problème sur les aspects techniques, sans chercher à définir des responsabilités.

Mon autre idée aussi est de m’adresser aux autorités du pouvoir actuel et futur. Il faut au moins se servir du passé pour essayer de ne pas faire la même erreur (avec des dizaines de morts, ce n’est quand même pas une petite erreur).

Il faut dès maintenant, actualiser et mettre en place toutes les procédures officielles concernant la protection des bâtiments publics en cas d’émeutes. Ces procédures doivent être établies comme des règles de droit, et comme nul n’est censé ignorer la loi, personne ne pourra dire, je ne savais pas. Avec des procédures claires et connues de tous, en cas de problème, il serait aussi peut-être plus aisé d’essayer de définir les responsabilités de chacun.

Pour chaque bâtiment public, les zones à ne pas franchir en cas d’émeute doivent être matérialisées pas des balises très visibles (genre bande en plastique jaune que l’on met sur des lieux de crimes, avant enquête de police)

Dès maintenant, il faudrait mettre en place un dispositif permettant d’enregistrer toutes les conversations radio échangées par les membres des forces de l’ordre. Bien évidemment, les accès à ces enregistrements ne pourront se faire qu’avec des procédures (encore et encore) claires, écrites et validées par toutes les instances administratives et judiciaires concernées. Ce sera une sorte de boîte noire dans laquelle tous les ordres et contre ordres venant des autorités des forces publiques seront consignés. Pour cette force publique, ce serait aussi un amas de preuve en cas d’accusation contre elle.

Bon, comme d’habitude, je me pose des questions, je pose des questions, je donne des avis, des propositions, juste pour participer car comme beaucoup de nos compatriotes, je voudrais vraiment que notre pays sorte de la spirale infernale de l’impunité en tous genres et de ces morts sacrifiés pour rien. N’en déplaise à ceux qui veulent les récupérer politiquement, pour moi, ce ne sont pas des martyrs mais des innocentes victimes de la bêtise des dirigeants politiques sans scrupules et des forces de l’ordre mal entraînées et donc incapable de retenir leur sang froid.

Dans un pays où l’impunité est de mise, c’est l’anarchie qui règne.

14 commentaires

Vos commentaires

  • 11 février 2010 à 08:50 | dieg (#2041)

    Georges RABEHEVITRA

    Cette garde présidentielle dirigé par une société Sud-Africaine etait pour beaucoup dans ce massacre

    Ces responsables ont l’habitude de tuer des gens, à l’epoque de l’aparthied

    Ce sont des gens qui n’ont aucune valeur d’humanité ,ce sont des gens programé pour tué,

    Quand aux tananariviens,ils sont capâbles de se soulevés et reversé un président,est une chance pour Madagascar

    et ça fait peur aux président Africains,parce que chez eux on est président de père en fils et à vie

    • 11 février 2010 à 09:38 | GasyPatriot (#3781) répond à dieg

      Bonjour
      Est-ce que dieg a des preuves de ce qu’il avance ?
      Pour le « pseudo-soulevement » des pseudo-gens de tana : c’est exactement ce même technique qu’on a utilisé pour les mobiliser : raconter des bobards à ne pas en finir genre mercenaires, gri-gri de ra8,... sans aucune preuve. Et les pseudo-gens ont marché.
      Je tiens juste à rappeler à dieg que c’est pas ces gens qui ont renversé ra8.
      J’ai vu combien ils étaient vers fin février : une seule arcade presque pas pleine. Donc le rappel : c’est les militaires (payés) qui ont renversé ra8 et personne d’autres et c’est pour ça qu’on appelle ce qui s’est passé un PUTSCH.
      Pour l’article de Mr Rabehevitra, je me pose aussi la question : les trois barrages de l’EMMO-REG qui n’ont cessé de sommer « verbalement » les dirigeants disant hoe :« raha mihoatra an’ity ianareo dia hitifitra ry zareo... ». Est-ce que ça ne suffit pas pour dire que les règles de la sommation ont été respectées ?

    • 11 février 2010 à 11:22 | poiuyt (#584) répond à dieg

      Votre français est incertain aujourd’hui, Mr Rabehevitra.

      Difficile de suivre Diego ce jour, ainsi que Georges. Les putschistes avaient prévu, dans un plan établi de longue date, de faire fi de tout protocole. Le but était de verser du sang, en quantité, de gens affamés et donc intellectuellement diminués, pour en peindre le costume de SEM Ra8. Créer des faits à récupérer. Le comble pour le putschiste est son renvoi de la maison du journaliste mort, persona non grata ! Il est à rappeler que le coup a été pli en 3 mois, on parle de rouleau compresseur ; et Ra8, ainsi que Manandafy avaient publiquement accusé un pays. On peut imaginer que ce sont les SS US qui les ont informés. On peut penser que les expériences africaines et savoir faire antérieurs, au dépend d’autres peuples africains, ont permis au maître d’oeuvre de mettre le putschiste en assurance, pour avoir le toupet de mettre sa vie dans la balance, sinon on y aurait lu une certaine inconscience. « Ne vous faites pas de souci aucun ». Le pays en question, s’il ne peut pas être taxé de participation, il est tout au moins coupable de non assistance.

      Mal leur en a pris car ces jours-ci les passes-droits du tuteur s’avèrent insuffisants ; désormais.

    • 11 février 2010 à 12:09 | râleur (#3702) répond à GasyPatriot

      gasypatriot
      Georges R dit bien des tirs en l’air aurait suffi.

      Dommage. Les questions qu’ils posent sont techniques et tout le monde répond en termes de responsabilité au lieu de répondres sur ces uniquement sur ces aspects techniques

    • 11 février 2010 à 15:45 | râleur (#3702) répond à poiuyt

      poiuyt

      georges R dis bien que de tirs en l’air auraient suffi et je pense q’il a raison. Si vous entendez des balles sifflées au dessus de votre tête, vous vos mettez à l’abri. Il n’y pas besoin de tirer sur la foule.

      si on ne l’a pas fait c’est qu’il y avait de connivences de l’autre côté ?

      En analysant les boites noires des avions, on arrive facilement à faire une enquête. Il faut bien donc commencer, comme suggère Georges R, par répondre aux questions techniques

      je pense qu’il ne demande pas autre chose comme débat

    • 11 février 2010 à 15:50 | da fily (#2745) répond à râleur

      Technique, c’est vrai.

      J’en ai parlé sur un post de ce mardi 9/02/10 en réponse à l’édito. Je posais une question d’ordre technique d’ailleurs. Je me disais pourquoi pas de cordons avancés ( au moins depuis le LOUVRE), et pourquoi pas de moyens de dissuasion plus nombreux ce jour si particulier.

      Je rappelle que la foule était tellement galavnisée par un sentiment immense d’impunité depuis les pillages précédents. Le gros de cette foule voulait en découdre vraiment avec les forces de l’ordre, car « ON » leur avait affirmé qu’une partie de ces forces serait avec elle.

      Voilà la « technique » ou plutôt la stratégie des putchistes, ce jour-là.

    • 11 février 2010 à 16:28 | râleur (#3702) répond à da fily

      da fily
      tout à fait d’accord avec vous sur cet aspect psychlogique de la foule. Sentiment d’impunité.

      N’empêche, des tirs en l’air, 30 mètre au dessus des têtes, auraient fait reculer tout le mpnde et aurait été mieux en guis de dernier avertissement.

      Cette option n’a jamais été prise. Toutes le forces de l’rofdre du monde font des tirs en l’air avant des tirs réels.

      Mal entrainés, officers pas à la hauteur ?

  • 11 février 2010 à 09:37 | kakilay (#2022)

    « Quelques jours auparavant, pendant des jours, les forces de l’ordre ont utilisé à tout va des gaz lacrymogènes ».

    Pas sûr de la chronologie. Pour m’être posé la même question, je crois que les gaz lacrymogènes sont arrivés bien plus tard. Ils étaient alors dits comme étant « offerts » par la sadc .A infirmer donc ou à confirmer.

    • 11 février 2010 à 11:29 | meloky (#637) répond à kakilay

      On est sure ! La SADC et ra8 ont les mains sales pour les affaires du 07/02/09. les gardes presidentielles ont seulement executé des ordres !

      Mais pourquoi ces pro-ra8 exigent autrement !!!!!

      L’esprit du fihavanana ne va pas bien cette fois-ci ! Car les malfaiteurs sont bien connus.

    • 11 février 2010 à 15:02 | Rasoa (#1122) répond à meloky

      et c’est qui « ON » ?

      Quand est ce que ce « ON » a-il mené ses enquêtes ?

      « ON » a excité les moutons avec de joints (pardon ! avec des foins) et ensuite « ON » les a poussé à l’abattoir parce que « ON » a besoin de viande - les grillades du 26 janvier ne suffisent pas. Excusez moi pour ces expressions mais c’est bien la vérité !

      Et aujourd’hui,

      « ON » aurait besoin de nommer UN COUPABLE pour montrer au monde entier que « ON » est en dehors de ce massacre et que « ON » se penche sur ce dossier sérieusement.

      Et si la SADC a joué un rôle aussi important dans ce jeu machiavélique - pourquoi la douce mère Francine n’a pas protégé les brebis avec ses moyens à elle ? je dirai que Francine y EST POUR QUELQUE CHOSE !!!!

      meloky ferait mieux de préciser qui est ce « ON » avant de dire n’importe quoi !!!

      Sinon des innocents seraient encore inculpés pour raison politique

    • 11 février 2010 à 15:27 | kakilay (#2022) répond à meloky

      Sûr de quoi ? Encore une phrase lancée pour les affamés...

    • 11 février 2010 à 17:03 | Bemakely (#2060) répond à kakilay

      Vous avez tout à fait raison. L’EMMO NAT, vers la fin de la règne Ravalo, n’a disposé et n’a utilisé des lacrymogènes qu’environ 10 jours avant la fameuse mutinerie du 8 mars 2009. Aux alentours du 7 février, les forces armées ont été plus que muet et tout le monde a laissé les TGVistes faire tout ce qu’ils veulent sur la place du 13 mai et ailleurs. La toute première résistance armée a été l’œuvre de la garde présidentielle le 7 février à Ambohitsorohitra, avec les résultats que l’on connaît. Les matériels anti-émeutes venant de la Chine ont seulement été réceptionnés à Mada vers la toute dernière semaine du mois de février, ce qui a conduit à l’abandon par Mgr Odon Razanakolona de son poste de médiateur en Chef. L’EMMO NAT, avec ces matériels anti-émeutes et les 150.000 FMG d’indemnité par personne par jour, a tenté de remettre de l’ordre et d’interdire toute manifestation sur la place du 13 mai. Ce qui a failli marché mais qui a pris brusquement fin après la mutinerie du 8 mars.

  • 11 février 2010 à 11:22 | Rainivoanjo (#1030)

    « dispositif permettant d’enregistrer toutes les conversations radio échangées par les membres des forces de l’ordre » : vous rêvez là ? Des dirigeants politiques -TOUS- incapables de penser qu’il faudrait par exemple des policiers pour faire traverser les piétons à certains endroits de la capitale et vous voulez qu’ils pensent à cela ? Beaucoup de choses peuvent être faites sans qu’il y ait besoin d’argent : il suffirait d’une meilleure organisation. Mais à part tenir des propos creux genre intérêts supérieurs de la nation et autres fadaises du genre élections libres et démocratiques- auxquelles eux-mêmes n’y croient pas, qu’est-ce qu’ils font concrètement ?

  • 11 février 2010 à 20:21 | jack-no (#1477)

    bonsoir,

    les meilleures preuves sont les vidéos et les photos qui circulent.

    jacques

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