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Tribune libre

Un texte du Président de la Banque Mondiale

Une croissance toujours plus élevée, moins de pauvreté et de faim dans un monde incertain

mercredi 22 septembre 2010

Au cours de la dernière décennie, la volonté manifeste d’éradiquer la faim ainsi que la pauvreté extrême a été constamment placée au cœur des efforts déployés par la communauté internationale pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement adoptés en 2000. Jusqu’à l’émergence des crises alimentaire, énergétique et financière de ces deux dernières années, les pays en développement avaient progressé dans l’atteinte de cet objectif, progrès réalisés certes à différentes vitesses selon les pays.

En 1981, 52 pour cent des habitants des pays en développement se trouvaient en situation de pauvreté extrême ; en 2005, ce taux était de 25 pour cent. Jusqu’à l’avènement des crises, les efforts déployés par les pays et leurs partenaires commençaient ainsi à porter leurs fruits, la pauvreté diminuant sensiblement en Asie de l’est, en Amérique latine, en Europe centrale et de l’est.

Cette amélioration n’a cependant pas été partagée par tous. L’Afrique subsaharienne maintient son retard dans l’éradication de la pauvreté. Les taux de malnutrition ont chuté, mais pas assez rapidement pour atteindre l’objectif d’éradiquer la faim en 2015. Trop de personnes à travers le monde continuent de souffrir des conséquences de la faim, de la pauvreté ou restent vulnérables face à celles-ci. Le manque d’emploi et un accès difficile aux services et aux opportunités économiques les accablent davantage.

Les crises ont rendu la situation encore plus difficile. La Banque mondiale estime que 64 millions de personnes supplémentaires ont sombré dans la pauvreté extrême en 2010 (vivant avec moins de 1,25 dollar par jour). D’ici 2015, 1,2 million d’enfants de plus âgés de moins de cinq ans risquent de décéder, 350 000 écoliers supplémentaires risquent de ne pas achever le cycle primaire et environ 100 millions de personnes en plus risquent de rester privées d’accès à l’eau potable.

La crise alimentaire de 2008 semble appartenir au passé. Mais elle n’a pas disparu. Pour la première fois de l’histoire, plus d’un milliard de personnes se coucheront tous les soirs le ventre vide.

Nous devons donc redoubler d’efforts pour cibler notre assistance envers les pauvres et les plus vulnérables.

Les investissements effectués tout au long du cycle de la chaine alimentaire visant à augmenter la productivité agricole ainsi que la production ne vont pas seulement contribuer à diminuer la famine. Ils contribueront également à diminuer la pauvreté ; en effet 75 pour cent des personnes pauvres des pays en développement se trouvent en zones rurales, et la plupart dépend de l’agriculture comme unique moyen de subsistance.

Les pays à faible revenu doivent se doter de programmes de filets sociaux de meilleure qualité afin de protéger leurs habitants les plus pauvres. Ces pays doivent également continuer à leur donner les moyens suffisants pour développer leurs aptitudes afin de leur permettre d’occuper des emplois mieux rémunérés et de sortir du piège de la pauvreté.

La nutrition doit faire partie intégrante de ces programmes de filets sociaux. L’objectif d’améliorer la nutrition peut avoir de nombreuses conséquences positives du fait de son lien évident avec la mortalité infantile et maternelle, l’éducation et la santé. La Banque mondiale travaille avec le Programme alimentaire mondial et l’UNICEF afin d’améliorer le rapprochement entre nutrition et programmes de filets de sécurité tels que les cantines scolaire et le programme « vivres contre travail ». Au travers de ces partenariats, nous espérons pouvoir faire évoluer les connaissances portant sur les suppléments nutritionnels et d’autres moyens d’améliorer les régimes alimentaires des populations pauvres.

Le redressement de l’économie mondiale est inégal et incertain, de surcroît sans l’assurance d’un regain nécessaire de l’emploi. Nous devons rattraper le retard et accélérer le rythme pour éradiquer la pauvreté. Les pays en développement offrent de nombreuses opportunités d’investissements avec des retours sur investissement non-négligeables susceptibles de créer une nouvelle source de demande mondiale.

Le potentiel de croissance n’est pas limité à quelques marchés émergents. Des politiques de meilleure qualité ont amélioré les performances de croissance ainsi que les opportunités dans de nombreux pays à faible revenu, y compris ceux d’Afrique subsaharienne, qui ont enregistré une croissance annuelle de six pour cent au cours des cinq dernières précédant la crise.

Améliorer les compétences des personnes est essentiel pour leur offrir des perspectives et des opportunités d’emploi. Ceci est fondamental au moment où les pays émergents font face à de graves défis démographiques – avec un nombre record de jeunes demandeurs d’emploi en Afrique et au Moyen-Orient et une main d’œuvre qui se réduit en Europe orientale et en Asie centrale et orientale.
Mettre l’accent de façon efficace sur les travailleurs – en les employant tous et au meilleur de leur productivité - est vital.

En conséquence, les pays devront disposer de systèmes qui renforcent les compétences en aidant les plus jeunes tout au long du développement de la petite enfance en mettant l’accent sur la nutrition, la stimulation et les qualités cognitives de base ; qui assurent qu’une fois à l’école, les filles et les garçons pourront apprendre- grâce à des normes claires, des enseignants de qualité, des ressources suffisantes, et un accent porté sur les résultats et sur la performance dans l’ensemble du système scolaire ; qui développent les qualités pertinentes recherchées par les employeurs à travers l’ enseignement supérieur et les formations professionnelles ; et qui encouragent l’entreprenariat et l’innovation.

La relance dépendra également du rebond du secteur privé. Les entreprises investiront et créeront des emplois en fonction des perspectives économiques. Les pays devront favoriser un climat d’investissement et des affaires plus attrayant en établissant des règles claires, en mettant en œuvre des réformes régulatrices, et en mettant à la disposition des petites et moyennes entreprises et des personnes démunies des financements pour leur permettre d’investir .

Les pays doivent également s’efforcer d’améliorer la gouvernance et de lutter contre la gangrène de la corruption. Les gouvernements, en collaboration avec les partenaires au développement, doivent évoluer rapidement et créer plus d’opportunités. Et tout particulièrement, l’élargissement des possibilités pour les filles et les femmes puisque les économies ne seront pas efficaces en discriminant contre la moitié de leur population.

Alors que la communauté du développement fait le point sur les progrès des Objectifs du Millénaire pour le développement à l’ONU cette semaine, nous devons regarder au-delà des chiffres, en tirer un enseignement et faire le point sur nos efforts à ce jour. Nous avons besoin d’investir dans ce qui fonctionne et corriger ce qui ne remplit pas son rôle. Et ce faisant, nous devons toujours garder à l’esprit qu’au final, ce travail est de responsabiliser les personnes. L’esprit humain peut accomplir des choses étonnantes. Nous avons besoin d’en donner l’occasion à chacun.

Robert B. Zoellick, président du Groupe de la Banque mondiale

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