Très serein, le nouveau maire confirme sa promesse d’un grand rendez-vous avec la population d’Antananarivo. Un « Noely am-pifaliana » ou un Noêl de réjouissance de la population de la capitale comme il le dit. En attendant, les commentaires vont toujours bon train dans la rue et sur les ondes de quelques radios privées. Il est vrai, note-t-on, qu’on n’est mieux servi que par soi-même. Il faut dire aussi que la presse n’a pas été offensive ou n’a pas sollicité le nouveau maire. Par ailleurs la comparaison de ce rendez-vous programmé par Andry TGV est inévitable avec le « Noelim-pandresena » de 2001. Tel qu’on connaît le nouveau maire toutefois, et considérant le taux avec lequel il a été élu, on peut s’attendre à ce que le stade de Mahamasina soit plein comme un œuf. Comptant aussi sur le savoir-faire de l’homme en communication, la population de la capitale peut-elle espérer être servi par des écrans géants dans les alentours du Stade municipal ?
À écouter les émissions matinales « Kidaona maraina » de Radio Tana et « Karajia » de Radio Don Bosco, l’élection de maire dans la capitale hante beaucoup d’esprits. Ces émissions sont saturées des propos et interventions relatives à la victoire « surprise » de Andry Rajoelina. La défaite de son concurrent direct, Hery Rafalimanana y est disséqué et tiré par tous les côtés. Les personnes qui interviennent au téléphone dans ces émissions expriment des soutiens au nouveau maire ou consolent l’ancien patron de la mairie.
Après les déclarations du chef de l’Etat à Toamasina comme quoi les Malgaches sont arrivés à matûrité en matière de démocratie, les décryptages des intervenants dans ces émissions se sont aussi attaqués aux relations entre l’Etat et le nouveau maire. Des craintes de blocages ont fusé autant que les rumeurs à propos des caisses de la municipalité. La presse a même fait écho de l’indispensable cohabitation ou de la collaboration entre le Maire et l’Etat.
Un silence studieux
Pendant ce temps, le premier concerné, Andry Rajoelina, observe un silence de cathédrale. Certains observateurs s’inquiètent surtout quand, avec la côte de popularité acquise, le nouveau maire porté par cette vague de nouvel enthousiasme et intérêt pour la chose politique dans la cité, laisse plutôt le régime, le parti au pouvoir, voire Marc Ravalomanana, occuper le champ médiatique alors que le nouveau maire est spécialiste de la communication.
Interrogé à propos de tout ce qui se dit à la radio, dans la rue et dans les foyers autour de la table, Andry Rajoelina qui prendra ses fonctions officiellement dans quelques heures, répond calmement comme à son habitude. « Je suis toujours là. J’étais intervenu sur VIVA, mardi soir. En tout cas, par rapport à tous ces commentaires que vous rapportez, sachez que je suis disposé et prêt à travailler avec tout le monde, sans exception. Avec ceux qui ont voté pour moi, qui m’ont soutenu mais aussi avec ceux qui n’ont pas voté pour moi. Je suis ouvert à tout le monde de quel bord qu’ils soient, des dirigeants étatiques ou non ». « En fait mon silence s’explique par le fait que je dois me préparer à cette prise de fonction, peaufiner les projets et travaux à entreprendre, caler aussi les relationnelles et penser sérieusement à la passation qui, en principe, se déroulera dans quelques heures », poursuit-il.
