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Opinions

Sortir le pays du gâchis et du marasme

lundi 22 juin 2009

Y a-t-il un espoir de reconstruire un Etat de Droit, d’élargir une réflexion et est-il possible que les tenants du pouvoir fassent aujourd’hui appel à des représentants de la Société Civile nationale et internationale ? Le bon sens, l’attente criante du Peuple, l’urgence des résultats concrets nous l’imposent. Des femmes et des hommes intègres, de bonne foi, de bonne volonté associés pour un projet qui puisse assurer le bon fonctionnement de la vie politique, de la vie sociale, la relance économique, le droit au travail, à l’éducation… pourraient-il préserver les Intérêts Supérieurs de notre Pays ?

J’ai encore en mémoire le cri de cœur du Père Pedro en date du 29 janvier 2009 qui écrivait : « Lorsqu’en politique, l’hypocrisie des apparences l’emporte sur la vérité, on en paie le mensonge … ! Les politiciens se bercent dans de paroles douces et creuses, seulement pour la forme et le plaisir du moment ! Les pauvres subissent, se taisent jusqu’au moment où ils explosent telle une soupape. Certains jeunes qu’on qualifie de bandits sont cependant tous des enfants du pays… Nous pouvons tous, dès maintenant, nous interpeller sous la forme d’une responsabilité collective : l’Etat, l’Eglise, la Société Civile, les artistes et les parents. Quand on sème l’égoïsme, l’indifférence, le chacun pour soi, le capitalisme sauvage, on ne peut récolter aucun progrès….. Il est temps de se demander ce que nous pouvons faire pour ceux qui n’ont plus rien à perdre… Ils se sentent étrangers à une communauté humaine et nationale à laquelle ils n’ont jamais été intégrés… Par ces faits, les jeunes attirent notre attention. Mais combien de vieillards, de femmes seules, d’handicapés n’ont aucun moyen d’exprimer leur souffrance ! Ils représentent pourtant la partie de l’iceberg immergée, invisible, des 70 % de pauvres !.... Sortons du sommeil, faisons notre travail avec un amour vrai qui débouchera nécessairement sur le partage, le respect et la dignité. Le temps est venu de commencer ce travail à long terme. La sagesse ancestrale s’en trouvera honorée. Et que tous ceux qui se disent croyants l’expriment par le concret de leur vie, de leurs actes et leur parole… »

Développement par et pour la société

Alors, il est important que tous ensemble, toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, ici à Madagascar ou ailleurs, nous puissions œuvrer pour l’émergence d’un noyau dur. Une société civile nationale, épaulée par des figures emblématiques internationales, bien structurée, reconnue et écoutée est un support capital pour faire repartir notre Tanindrazana sur la sortie de crise et sur la voie du progrès.

Et je voudrais prolonger ces réflexions par ce qui s’est passé à Washington le 23 avril 2009 et sur ce qui s’est dit à ce « 8 th Annual Global Philanthropy Forum ». L’exposé de Son Altesse Karim AGAKHAN, devant une audience très internationale et en présence de Madame Hillary Clinton, a été très remarqué. À l’aide d’exemples très ciblés et pris aussi bien au Mozambique, en Tanzanie, en Afghanistan, au Tadjikistan, en Egypte grâce à l’implication de ses différentes institutions (AKDN…), Son Altesse a fait le bilan de son engagement personnel dans les pays en voie de développement : « Le but essentiel du développement a été de créer et de soutenir des nations durables, des sociétés cohérentes qui soient bien gouvernées, économiquement pérennes, équitables dans le traitement de leurs populations, pacifiques vis-à-vis des autres, et sensibles à leur impact sur l’avenir de la planète ». Le constat qu’il dresse est sans complaisance sur la nature des pouvoirs politiques mis en place dans beaucoup de pays : « Aujourd’hui, environ 40% des nations membres de l’ONU sont considérées comme étant en état d’échec démocratique, incapables de répondre aux aspirations de leur population pour une meilleure qualité de vie. La récente crise économique internationale - ainsi que la crise alimentaire mondiale - a amplifié gravement ces problèmes »…

Priorité au monde rural

Et si, depuis un demi-siècle, on ne voit pas de résultats ou de progrès tangibles, c’est que le diagnostic initial est défaillant. « Le fait est que le développement économique des pays occidentaux s’est accompagné d’une urbanisation massive. Mais aujourd’hui, dans les pays d’Afrique et d’Asie où nous opérons, plus de 70% de la population est rurale... Des systèmes séculaires d’autorité religieuse, tribale ou clanique ont encore une influence énorme au sein de ces sociétés... Ces valeurs et traditions doivent être comprises, intégrées, mises en relation avec l’environnement moderne, de façon à pouvoir construire le développement sur ces bases... Ces forces anciennes sont parmi les meilleurs leviers dont nous disposons pour améliorer la qualité de vie des populations rurales. La construction d’une Nation peut nécessiter une autorité centralisée, mais si cette autorité n’a pas la confiance des communautés rurales, alors l’instabilité est inévitable. La réussite de la mise en place d’Etats Nations dépendra, comme cela a été le cas en Occident, d’un accès grandement amélioré pour les populations rurales majoritaires... Si cette analyse est bien pesée, alors il y a un besoin urgent d’un nouvel effort massif de développement en faveur des populations rurales. Une réflexion stratégique éclairée au niveau national doit être accompagnée d’un engagement profond au niveau local. La philanthropie internationale, les partenariats public privé et le meilleur de la connaissance humaine doivent être mobilisés... Comme la Banque Mondiale l’a reconnu dans sa récente étude sur la pauvreté, les préoccupations locales doivent être ciblées, en fournissant des routes et des marchés, en accroissant les compétences et les moyens des autorités villageoises, en travaillant à adoucir les inégalités sociales, et en améliorant l’accès aux services de santé et d’éducation. La définition réelle de la pauvreté est l’absence de ces éléments de qualité de vie pour les citoyens des zones rurales »…( intégralité du Discours de Son Altesse sur le site akdn.org).

Ces réflexions de la part d’un homme engagé dans la lutte contre la pauvreté, sur l’éthique du développement, sur les désarrois de la conscience contemporaine, sur les responsabilités qui incombent à l’homme politique devraient secouer tout individu patriote et les composantes de la société civile responsable et pragmatique, confrontés aux problèmes qui sont d’actualité chez nous en ce moment.

Nos réflexions et nos engagements doivent être clamés, les événements et les situations actuels, même s’ils nous troublent et nous désorientent, ne justifient pas un pessimisme généralisé. On ne doit pas se résigner et abandonner la recherche de la meilleure voie.

Cette crise aura eu le mérite de montrer que beaucoup de personnes, des nationaux et des sympathisants à travers le monde, souhaitent et désirent sincèrement que ce Peuple Malagasy puisse aspirer à une vie plus sereine, plus heureuse. Qu’à travers des liens authentiques, sincères, notre Fihavanana, avec nos valeurs spécifiques de l’insularité, nous puissions tous ensemble bâtir un projet pour un changement, une rénovation des mentalités. Pour adopter des meilleures attitudes, pour trouver des solutions aux difficultés quotidiennes et proposer des approches originales et efficaces pour le bien-être de la population. Il nous faut nous engager et tenter ainsi de sauvegarder l’avenir des futures générations. Qui a envie d’entendre sans cesse que Madagascar et son peuple sont les parias du développement en ce XXIe siècle ?

La société civile malagasy a un énorme devoir de responsabilité. Elle doit être écoutée, doit être capable d’envoyer des signaux de détresse et d’encouragements, pourquoi pas aux Autorités politiques, pour que celles-ci sachent que ces luttes pour les excès de pouvoirs, ces combats fratricides, ces crises politiques chroniques et ces débordements anarchiques n’apportent rien à la population laborieuse des villes et des villages.

Cette société civile structurée peut faire appel à des autorités emblématiques du pays comme le Père Pedro et tant d’autres qui sont animés de conscience morale, ainsi qu’à des figures internationales ou à des responsables de grandes fondations et les clubs de philanthropes…

Alors direz-vous, c’est encore de la nostalgie, je rêve éveillé, c’est impossible à réaliser… Non, c’est possible car je crois à la sagesse du Peuple Malagasy, un peuple tolérant, « nonchalant » mais très hospitalier, qui n’aime pas la violence et qui mérite de vivre en paix. Et je rejoins le père Pedro qui a écrit « Ceci est un voeu de tous ceux qui aiment Madagascar. La Paix de la Nation est entre les mains de chacun de nous ! »

Que vive Madagascar et son peuple.

Dr Nato Aimé - UPS XI –Orsay
Avec l’assistance technique de Patrick A.

3 commentaires

Vos commentaires

  • 22 juin 2009 à 09:03 | rafol (#415)

    ET OUI !..Il faut penser aux campagnes, à leur éducation, et les routes pour les désenclaver.
    Courage

  • 22 juin 2009 à 09:53 | Jeanmi (#838)

    C’est curieux, j’ai l’impression de faire école.

    Tout à fait d’accord, là aussi, y compris avec le nom du Père Pedro cité comme interlocuteur valide, mais il en faudrait aussi d’autres !

    Dans un post sur la Tribune de ce jour, j’ai cité aussi SEFAFI, CNOE et Syvain Urfer (qui peut renter, si ce n’est déjà fait).

    Qu’ils se réunissent et surtout qu’ils le fassent savoir !

    Eux, je les crois capables de prendre le problème par le bon bout !

  • 22 juin 2009 à 16:34 | rajery (#2199)

    Complet et pertinent...
    alors
    Encourageons les patriotes encore lucides,
    Osons les accepter sans concession,
    Ecoutons sans arrière pensée leur analyse et proposition,
    ...Et surtout ne tombons pas encore dans le vide…

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