Le bureau de l’UNICEF à Madagascar a fait appel à l’expertise du Professeur Pierre-André Michaud pour mener un plaidoyer en faveur de la santé et du développement des adolescents et des jeunes à Madagascar. De nationalité suisse, le Professeur P-A Michaud est une personnalité très connue dans le milieu de la recherche scientifique, académique et universitaire internationale. Il est notamment professeur à l’Université de Lausanne en matière de santé des adolescents, de médecine sociale et préventive, et de médecine et psychiatrie pénitentiaires.
Mission à Madagascar
Du 3 au 7 mai 2010, la mission du Professeur Pierre-André Michaud à Madagascar sera ponctuée par des séries de rencontres avec tous les acteurs et partenaires techniques des secteurs de la santé, de l’éducation, de la jeunesse et de la population, en marge de la tenue d’un atelier de plaidoyer et de sensibilisation avec les partenaires techniques.
« À Madagascar, malgré l’importance des jeunes dans la population totale, les services qui leur sont dédiés restent insuffisants et parfois peu adaptés à leurs besoins, alors que la contribution et le rôle potentiel des jeunes dans le processus de développement socio-économique d’un pays ne sont plus à démontrer ». C’est la vision de Bruno Maes, représentant de l’UNICEF à Madagascar. C’est pourquoi il a fait appel à un expert, dans l’objectif de mieux asseoir un plaidoyer en leur faveur, de nourrir la réflexion autour des adolescents et des jeunes et de renforcer les capacités techniques pour une approche multidisciplinaire.
5 760 000 adolescents et jeunes
Selon la statistique de l’UNICEF, Madagascar compte actuellement près de 5 760 000 adolescents et jeunes âgés de 10 à 24 ans, soit 32 % de la population totale. Ce poids démographique de la jeunesse malgache doublera d’ici 2025 (Étude sur les adolescents dans l’Océan Indien, ODEROI, 2008). Malgré les efforts des intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux en matière de santé de la reproduction des adolescents, les données concernant les jeunes restent préoccupantes : 74% des jeunes de 15 à 19 ans et 63,1% des jeunes de 20 à 24 ans n’utilisent aucune méthode contraceptive ; le taux de prévalence du VIH SIDA est relativement faible (moins de 1%) tandis que le taux de la syphilis est de 2,1% pour les adolescents de 15 à 19 ans et 5,5% pour les 20 à 24 ans selon l’étude démographique de santé III (EDS III 2003-2004).
En 2006, l’enquête de surveillance comportementale a révélé que 39,3% des jeunes filles et 32,8% des jeunes garçons ont eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans (2006 BSS). Par ailleurs, l’abandon scolaire demeure élevé et constitue un facteur aggravant le mal-être des jeunes. Un besoin apparent d’éducation alternative se fait ressentir. Au niveau institutionnel, les programmes d’éducation civique et citoyenne sont encore en veilleuse si bien que 10% seulement des jeunes ont la notion de civisme (enquête UNFPA 2008).
Aspects de la vie
Au vu de ce contexte, il faut s’assurer que les jeunes auront les capacités, les compétences, les valeurs et l’expérience nécessaires pour pouvoir négocier les multiples aspects de la vie, devenir économiquement indépendant, être à même de se protéger de l’exploitation et des abus, éviter les comportements à risque et participer positivement dans leur communauté et leur famille.
L’UNICEF affirme vouloir continuer de mener un plaidoyer pour des programmes qui assurent que les droits des adolescents soient mis en avant à tous les niveaux et qu’ils soient effectivement mis en application. L’UNICEF fera également le plaidoyer pour qu’un large réseau d’acteurs clés s’engage auprès des adolescents pour l’atteinte de changements durables. P-A Michaud tiendra une conférence le 6 mai 2010 pour présenter à la presse les résultats de sa mission à Madagascar.
Médecin responsable d’une unité multidisciplinaire de santé des adolescents, et d’une structure de soins ambulatoires accomplissant environ 4 000 consultations par an, le Professeur P-A Michaud est également à la tête d’un groupe de recherche sur la santé des adolescents et coordonne un réseau européen de formation en médecine et santé des adolescents. Vice-doyen de la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne, il a, à son actif, diffusé plus de 130 publications et plus d’une centaine de revues scientifiques. Il a également été lauréat des prix Marc Durfour Award en 1977 et Millar Award for Innovative Approaches in Adolescent Medecine, en 2007.
Recueilli par Rakotoarilala Ninaivo
