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Pas de décollage africain sans État de droit

lundi 15 juin 2015

Après avoir été qualifiée de continent perdu, l’Afrique a eu une bonne presse ces derniers temps. Certes, les revenus sont en hausse et donc le niveau de vie est en amélioration. Mais, le continent peut-il avancer sur la voie de la prospérité ? D’évidence, cela dépendra en grande partie de l’évolution des institutions africaines. La croissance à long terme nécessite le bon fonctionnement de l’état de droit qui assure, de manière rapide et fiable, la sécurité des personnes et de leurs biens. Malheureusement, l’Afrique a encore un problème avec l’État de droit.

Le nouveau millénaire a été particulièrement bon pour l’Afrique. Alimentée par une progression de la liberté économique et une forte demande mondiale de ressources naturelles, l’économie africaine a connu une croissance d’environ 5% par an en moyenne. Entre 2000 et 2013, le revenu par habitant corrigé de l’inflation a progressé de 1469 $ à 2002 $, soit une croissance de 36%. Suite à cette hausse des revenus, plusieurs autres indicateurs importants du bienêtre humain se sont améliorés. Le score de l’Afrique dans l’indice de développement humain des Nations Unies est passé de 0,43 en 2000 à 0,49 en 2012. Il est cependant beaucoup trop tôt pour parler d’un véritable décollage africain, encore moins du siècle de l’Afrique. L’un des principaux problèmes de l’Afrique reste la faiblesse de ses institutions, qui sont à leur tour une condition sine qua non pour une croissance robuste à long terme, et une hausse soutenue du niveau de vie.

Les recherches universitaires montrent que les pays ayant des institutions faibles sont capables de réaliser une croissance rapide amis ne peuvent pas maintenir cette croissance de manière soutenue à long terme. En d’autres termes, les périodes occasionnelles de forte croissance sont généralement suivies par d’autres périodes de stagnation économique ou pire de périodes de récession. Les pays avec des institutions solides, au contraire, sont beaucoup plus susceptibles de maintenir des taux de croissance élevés au cours de périodes plus longues. C’est l’existence d’une économie relativement libre qui constitue la clé de la réussite du Botswana où, entre 1960 et 2013, le revenu par habitant a augmenté de 1 751%. En Afrique, il n’a augmenté que de 150%.

Le problème est que l’Etat de droit en Afrique s’est dégradé au cours des dernières années. Ces forts taux de croissance n’ont pas empêché son érosion, accompagnée d’une aggravation de la corruption.

Prenez l’Afrique du Sud, qui possède la plus sophistiquée et la deuxième plus grande économie du continent. Le président Jacob Zuma a fait face à 783 chefs d’accusation de corruption liés à un contrat d’armement. Son conseiller financier et intermédiaire sont allés en prison. Zuma a cependant été disculpé de toutes les accusations de corruption seulement trois jours avant qu’il soit de nouveau intronisé Président. Depuis lors, de nouvelles allégations de corruption ont proliféré. La plus flagrante est surement celle liée aux dépenses de grosses sommes d’argent, aux frais des contribuables, dans l’aménagement de sa résidence privée. Zuma aura t-il un jour à répondre de ses actes ? Probablement pas, car l’un de ses premiers actes, une fois en fonction, a été de supprimer les « Scorpions », l’agence de lutte contre la corruption de l’Afrique du Sud.

On peut prendre aussi le cas de la Zambie, que le magazine The Economist a qualifié de l’un des « meilleurs élèves » de l’Afrique au cours de la dernière décennie. En 2012, Rajan Mahtani, un homme d’affaires politiquement connecté, aurait utilisé de faux certificats d’actionnariat afin de prendre le contrôle du Zambèze Portland Cement Company, d’une valeur de 160 millions de dollars, au détriment d’investisseurs italiens, qui ont ensuite été étrangement déportés de Zambie pour « une menace à la sécurité nationale ». Les propriétaires d’entreprises Antonio et Manuela Ventriglia ont finalement réussi à revenir à la Zambie après une grande décision de justice et repris le contrôle de l’usine. Antonio Ventriglia dit : « Pendant des années, nous avons subi des pertes de plus de 100 millions de dollars en raison de la corruption, mais maintenant, heureusement, il semble que l’Etat de droit soit de retour. Je plains les petits hommes d’affaires qui ont à faire face à l’intimidation et le vol sans avoir recours à une justice rapide et efficace ».

La connivence entre les hommes d’affaires et politiciens corrompus d’une part, et la faiblesse de l’Etat de droit faible, d’autre part, posent de sérieux défis à l’avenir de l’Afrique. Il est difficile de voir comment les entreprises productives peuvent se développer et comment l’économie africaine peut croitre en taille et en sophistication, en l’absence de règles claires, prévisibles et applicables.

Marian Tupy , analyste pour le Cato Institute - Article initialement publié par le Cato Institute. Traduction réalisée par Libre Afrique

Article publié en collaboration avec www.libreafrique.org

9 commentaires

Vos commentaires

  • 15 juin 2015 à 14:35 | alika_méchant (#6222)

    Il faudra aussi dire aux Européens et aux Nord-Américains que la période coloniale c’est fini hein.

  • 15 juin 2015 à 14:57 | plus qu’hier et moins que demain (#6149)

    C’est une vision assez simpliste du décollage Africain.

  • 15 juin 2015 à 15:34 | Paulo Il leone (#6618)

    L’état de droit étant un concept « génétiquement » étranger à l’Afrique [ET à Madagascar], le titre porte en lui la réponse : PAS de décollage africain avant les calendes grecques* !

    *au plus tôt, et dans le projections les plus optimistes !

    De plus, à Mada vous z’ avez pas besoin de l’état de droit, z’avez le « fihavanana » ce mythe pour demeurés !

    • 15 juin 2015 à 18:28 | MAHITSITENY (#8793) répond à Paulo Il leone

      Hi !Hi !Hi !Hi !

      OK PAULO !!!

      J’ajoute :

      A MADAGASCAR, CE N’EST PAS « ETAT DE DROIT » ;

      Mais

      « DROIT DE L’ETAT » !

      Que d’autres Lisent avec les lunettes de marque « fihavanana » :

      « DROIT A L’ETAT »

      Essayez ces lunettes et vous verrez la même chose !!!

      Cordialement

    • 15 juin 2015 à 19:05 | Paulo Il leone (#6618) répond à MAHITSITENY

      Exact !

      D’ailleurs, la célèbre fable de Rakoto le Fontainier commence ainsi : « Le droit du plus fort est toujours le meilleur ... et c’est ce qu’on vous montre depuis l’indépendance » !

      à tchao à +

  • 15 juin 2015 à 16:22 | Razaka (#7817)

    . . . . . . .
    . . . . . . .

    # # # Même si les Pays d’Afrique (Madagascar compris) avaient été Colonisés pendant des siècles, la Faute N’EST PLUS CELLE des Etrangers ex-colonisateurs. Car il y a plutôt un CHANGEMENT DES RAPPORTS DE FORCES à faire par l’AFRIQUE même, pour une Géostratégie Globale en perspective.
    Ex : CELUI QUI MAITRISE LA GOUVERNANCE DES MATIERES 1ères DOMINERA LE MONDE # # #

    °°°°°° Par exemple, les Occidentaux sont toujours en Mission de longue durée en Afrique. Il n’y a que le nom de celle-ci qui change : Epervier – Serval – Barkhane et d’autres qui se sont implantés récemment en 2007, comme US AFRICOM dont le 1er Vassal n’est autre que L’OTAN.
    ** Et comme par hasard, cette force de coalition se concentre dans tout le SAHEL !
    Le SAHEL est justement une vaste Zone de l’Afrique riche en Pétrole, en Uranium ainsi que d’autres richesses minérales.
    ** C’est toujours la Gestion Contrôlée du Chaos organisé qui perdure sous forme de Pyromane/Pompier.
    Et c’est ainsi qu’une nouvelle géographie politique s’émerge vers d’autres Frontières (dans tout le sens) qui s’étend des Riches Pays du Golfe, d’Israël en passant par l’EU et récemment du Mexique au Canada : CUBA étant nouvellement intégré dans le LOT.

    °°°°°° en Géo Economie toute forme de Monopole FAUSSE la Concurrence et INHIBE le développement réel et inclusif d’un Pays surtout celui qui est toujours dominé
    Mais ce même Monopole tue aussi la Démocratie presque déjà inexistante au détriment des Faibles (ici à l’échelle mondiale).
    ** Les décisions de Politique général d’un Pays deviennent localement impossibles, car elles sont dictées de l’Extérieur pour assoir les Intérêts des Puissants Dominateurs.
    ** L’absence de Souveraineté Nationale dans beaucoup de Pays, surtout en Afrique en général, Madagascar compris, en est un Exemple flagrant tout au long de l’Histoire. Les instabilités politiques en Afrique étaient toujours d’actualité. It isn’t a Roll Of the Dice ! ! ! !

    °°°°°° Madagascar doit travailler son Développement avec les Pays d’Afrique AUSSI. Pourquoi ?
    Car en Afrique notamment subsaharienne comme à Madagascar, les Matières 1ères sont encore abondantes. Elles n’attendent qu’à une coopération mutuelle et solidaire, pour leur exploitation en faveur des Peuples qui y vivent.
    Où sont tous ces Présidents et Intellectuels Africains et Malgaches pour fonder une véritable Union Africaine, dans le but enfin de développer une Commerce régionale inter africaine ??
    ** A partir des Partenariats bien conçus et ficelés par avance, pourquoi ne pas coopérer avec les BRICS ?? Pourquoi pas aussi une Coopération avec les 4 Dragons d’ASIE ??
    Même si l’on doit rester très vigilent et faire très attention avec la CHINE !!

    # # # Tant que les Dirigeant Africains n’ont toujours pas conscience que les Corruptions et leur Cupidité sont les pires ennemis de toute leur Génération, ils peuvent attendre quand la poule aura des dents pour un chagement vers un Etat de Droit digne !!
    Un exemple l’Afrique devrait même se passer du IMF (International Monetary Found), avec Qui, les dettes ont ses Envers !!
    Des Pays ont quitté l’IMF, ils se sont industrialisés petit à petit et sont devenus Emergeants, mais pour cela ce n’est pas comme ce qu’il est actuellement que Madagascar pourra suivre leur trace !!

    • 16 juin 2015 à 10:37 | vatomena (#7547) répond à Razaka

      Pour l’instant ,les richesses de l’Afrique ne sont pas humaines ,elles sont naturelles ;si l’Afrique survit c’est grace à son sous sol ,aux richesses minières ;Si pas d’extractions minières ,pas de port ,pas de route ,pas d’energie électrique,pas de devises ;les investisseurs étrangers ne viennent pas et le pays vit à l’antique .Les chiffres indiquent pour l’Afrique un accroissement du Pib de % par an ,et ,pourtant des millions d’Africains attendent sur les rivages de la Méditerranée un passage vers la vieille Europe pourtant en crise .La pauvreté africaine vient s’ajouter à la dépession européenne . Au « temps béni des colonies »,Lafricain trouvait à vivre chez lui ,dominé peut etre ,mais le ventre plein ......

    • 16 juin 2015 à 12:22 | kartell (#8302) répond à vatomena

      L’état de droit, c’est une illusion de paradis pour toute l’Afrique, jamais atteint, toujours désiré mais sans faire aucun effort !....
      A Madagascar, les pouvoirs successifs ont toujours montré beaucoup de mauvaises volontés à s’en rapprocher préférant les carambouilles installées dans les cuisines du pouvoir plutôt qu’à l’installation d’un système donnant au citoyen une protection au sein d’un quotidien bien difficile....
      L’état de droit, c’est celui qui empêcherait les corruptions massives, les présidents déchus de trouver refuge à l’étranger pour y vivre confortablement mais c’est aussi l’interdiction aux battus de se représenter et d’empoisonner une vie politique bien compliquée....
      Bref, c’est un ensemble de choses et de comportements qui n’ont pas droit de cité dans un pays qui préfère le pire ou mieux....
      Être indépendant, ce n’est pas faire ce que l’on veut sous prétexte qu’on est maître chez soi, d’ailleurs qui a mis fait à l’esclavage au pays ?
      Les leçons du colonialisme n’ont jamais été tirées, on a repris le cours des choses là où on les avait laissées juste avant d’être colonisés préférant s’en remettre à nos querelles personnelles en conservant le plus glauque plutôt que de s’ouvrir à un monde tolérant et généreux....
      On en voit, aujourd’hui, ce résultat, triste et qui ne cesse de bégayer dans la tourmente de plus en plus présente.....

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