« Le financement du développement en Afrique : rôle des bailleurs de fonds non traditionnels » tel est le thème central de la réunion des gouverneurs des banques centrales africaines auprès de la Banque centrale et du Fonds monétaire international qui s’est tenu les 01er et 02 août dernier à Nouakchott, capitale de Mauritanie. Ces bailleurs non traditionnels sont généralement les institutions financières arabes, les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, etc.).
Le président de la Banque islamique de développement (BID), le gouverneur de la Banque de développement de la République Populaire de Chine, de hauts responsables de l’Union européenne (UE), de la Banque mondiale, du FMI et de la Banque africaine de développement (BAD), de la Banque arabe pour le développement économique et social, en plus des ministres des Finances ou gouverneurs de Banque centrale de 36 pays dont Madagascar, parmi les 53 membres du Groupe Afrique « African Caucus » seront présents à cette rencontre.
Tout en se réjouissant de la contribution des partenaires « non traditionnels », les participants les exhortent toutefois « à respecter des critères minima de transparence » afin que leurs financements correspondent « aux besoins réels de l’Afrique ».
Les bailleurs de fonds traditionnels de l’Afrique, notamment le FMI, la BM et les pays occidentaux, sont également appelés à revoir les conditions à respecter, les « conditionnalités » liées à l’emprunt, compte tenu des crises alimentaire et énergétique que traverse le continent.
« Nous ne pouvons que rester fermes dans les conditionnalités, mais il s’agira pour nous, ensemble, de réfléchir à une adaptation de ces conditionnalités aux cas des pays en crise », selon le directeur général du FMI, le Français Dominique Strauss-Kahn, à Nouakchott qui promet donc plus de souplesse pour l’octroi de prêt. Haja Nirina Razafinjatovo, ministre des Finances et du Budget de Madagascar se félicite de la décision du Fonds d’inclure plus de flexibilité dans ses pratiques, faute de quoi il privera l’Afrique de financements essentiels à son bon développement.
Miroir aux alouettes
M. Strauss-Kahn a également mis en garde contre les conséquences à long terme d’un surendettement de l’Afrique, notamment par des investissements concessionnels utilisés pour le financement de « mauvais projets » qui se traduisent généralement par de « mauvaises dettes » qui sont à payer un jour, quelles que soient les conditions favorables qui les caractérisent.
« Dans sa mission visant à garantir la stabilité financière internationale, le FMI s’intéresse forcément aux conditions suivant lesquelles les capitaux des bailleurs de fonds non traditionnels participent au développement du continent africain », a déclaré le directeur général de l’institution, Dominique Strauss-Kahn. Le problème, c’est que la Chine ou les pays du Golfe ont tendance à prêter à des taux d’intérêts plus difficiles pour les pays africains que le FMI ou la Banque Mondiale. Nous sommes donc là pour les conseillers et pour leur dire de se méfier de ce miroir aux alouettes ! »
Actuellement, la Banque de développement de Chine totalise un montant de 3 milliards de dollars d’investissements contractuels en Afrique.
Selon lui, l’Afrique a besoin d’investissements en faveur de l’agriculture, surtout pour irriguer plus d’espaces agricoles car "4% seulement des terres sont irriguées en Afrique contre 39%, notamment, en Asie du Sud-Est. Sur les quinze prochaines années, l’Afrique va avoir besoin de 35 milliards de dollars d’investissements par an pour financer son développement. Les bailleurs traditionnels ne peuvent plus suffire.
Recueilli par Léa Ratsiazo