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dimanche 15 juin 2025
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Editorial

Léon XIV, un Pape élu grâce à Donald Trump

vendredi 9 mai | Ikala Paingotra |  2449 visites  | 15 commentaires 

Il y a une quasi-certitude : le contexte géopolitique international a très probablement joué un rôle dans l’élection du cardinal Robert Prevost pour devenir Pape. Si Donald Trump n’avait pas entrepris toutes les actions que l’on connaît depuis le début de son présent mandat, avec les résultats que l’on connaît également, le collège électoral du Vatican n’aurait certainement pas trouvé aussi important qu’un cardinal américain occupe le trône de Saint-Pierre. Dans le contexte d’un monde inquiet à cause de décisions politiques, économiques et sociales prises depuis la Maison-Blanche, la recherche d’une voix forte américaine a donc joué en faveur de celui qui était jusqu’à avant-hier préfet du Dicastère pour les évêques, l’institution vaticane chargée de la nomination des évêques dans le monde entier.

Une voix forte et courageuse

Donald Trump et son vice-président JD Vance se sont immédiatement fendus de messages de félicitations et se sont réjouis de l’élection d’un pape états-unien. Toutefois, on doute fort de la sincérité infinie de ces messages : le cardinal Prevost avait montré qu’il n’hésitait pas à critiquer ouvertement les occupants de la Maison blanche. Dans un environnement international où beaucoup de personnalités se taisent prudemment pour ne pas provoquer les réactions des imprévisibles dirigeants américains, il n’a pas hésité à s’en prendre frontalement aux orientations de ces derniers. En réponse à JD Vance qui avait exprimé une théorie de classification en cercles concentriques des personnes qui devaient bénéficier de notre amour, reléguant les étrangers loin dans les priorités, le cardinal Prevost a répliqué sèchement dans un tweet : « JD Vance a tort ». Le Pape Léon XIV sera donc une voix qui n’aura pas froid aux yeux pour s’attaquer aux orientations prises par le camp MAGA.

C’est certainement pour ce courage qu’il a été remarqué par ses pairs. En prenant en référence les scènes du fameux film Conclave, on peut aisément imaginer que son nom s’est peu à peu s’imposé lors des discussions que les cardinaux ont de façon formelle et informelle lors des Congrégations générales avant le Conclave proprement dit, et entre les différents tours de l’élection. A-t-il fait des prises de parole qui ont impressionné ses pairs ? On ne le saura jamais, pour cause de serment de secret prêté par les cardinaux sous peine d’excommunication. Quoiqu’il en soit, son nom n’était jamais cité parmi ceux que les médias considéraient papabile, ceux susceptibles de devenir souverain pontife. Une fois de plus, le fameux dicton « Qui entre pape au conclave en ressort cardinal » a encore fait ses preuves. Tagle, Sarah, Aveline, Parolin, Pizzaballa et tous les cardinaux « vedettes » poussés par leurs partisans dans les médias et sur les réseaux sociaux, ont échoué dans leurs ambitions (aussi tenté qu’ils en aient eu). On notera que le nouveau Pape n’a été créé cardinal qu’il y a juste un peu plus d’un an, le 30 septembre 2023. La longévité dans cette fonction n’est donc pas une condition sine qua non pour se faire adouber.

Victoire des progressistes sur les conservateurs

Le contexte géopolitique évoqué précédemment n’est pas le seul courant dans lequel le nouveau Pape devra apprendre à se mouvoir. L’Église catholique est également en proie à des débats profonds entre progressistes et conservateurs : pour ceux qui sont intéressés par ce sujet, nous invitons au visionnage d’une excellente vidéo sur Youtube qui présente ces tensions internes générées par les réformes menées sous le pontificat du Pape François. On attendra beaucoup de son successeur sur d’innombrables sujets : l’immigration, la défense des pauvres et des vulnérables, la place des LGBTQ dans la société, le mariage homosexuel, le mariage des prêtres ou encore l’avortement. Le Conclave a donc choisi un Pape progressiste, dans la lignée du Pape François. Cela n’est pas vraiment étonnant, quand on sait que 80% des participants au Conclave ont été nommés par le Pape François. Comme on l’a vu précédemment, Léon XIV a un passé d’engagement par les paroles et par les actes, tant dans le domaine politique que social à travers ses actions en faveur des pauvres, des femmes ou encore des travailleurs. Sera-t-il un progressiste modéré, ou quelqu’un qui va se maintenir dans la continuité de la volonté de réformes énergiques menées par son prédécesseur, mais qui ont fragilisé une institution somme toute conservatrice ? Le nom choisi est d’ailleurs un premier message du nouveau Pape, en référence à Léon XIII, un Pape populaire qui a été l’auteur de l’encyclique rerum novarum. Publiée en 1891, cette lettre a fixé la doctrine sociale de l’Église catholique. Selon le Vatican, « elle expose les principes de l’économie sociale chrétienne et dénonce les injustices du capitalisme et du socialisme ».

En élisant celui qu’il convient désormais d’appeler le Pape Léon XIV, le Conclave a donc fait un vote pour un chef spirituel mais qui sera éminemment politique. Sur le plan international, il offre au monde une voix qui osera mener un combat au nom des valeurs humaines, non seulement face à l’expansion de populismes dont on sait pourtant, par les leçons de l’Histoire, les directions où cela mène, mais également face à un capitalisme débridé et amoral. En outre, son élection redonne courage aux partisans du wokisme dont les dérives extrêmes ont éveillé un conservatisme, y compris au sein de l’Église catholique américaine dont certains prélats se sont « MAGA-isés », ce qui est loin d’être le cas du nouveau Souverain pontife.

Jamais sans doute les espoirs de voir le Saint-Siège jouer un rôle politique n’ont été aussi grands, dans un monde aux abois. Le monde se souvient que le cardinal polonais Karol Wojtyla, une fois devenu le Pape Jean-Paul II en 1978, a joué un rôle important pour mettre fin à la Guerre froide et a favorisé l’implosion du bloc de l’Est. L’élection est donc un encouragement pour la résistance au nom de ces valeurs d’humanité, urbi et orbi. D’ailleurs ses premiers mots en tant que Souverain pontife ont été en faveur de la paix et du désarmement.

Si la nationalité américaine du Pape est un élément qui a immédiatement fait la une de la presse mondiale, on note qu’il a aussi des ascendances italienne, française et espagnole. Plus important, il a également la nationalité péruvienne, y ayant exercé son sacerdoce très longtemps. Aujourd’hui, il y a donc au moins trois pays qui peuvent se réjouir d’avoir deux ressortissants à la tête d’États : les États-Unis, avec Donald Trump et Léon XIV ; le Pérou, avec Dina Boluarte et Léon XIV ; et la France avec Emmanuel Macron et Andry Rajoelina.

15 commentaires

Vos commentaires

  • 9 mai à 10:39 | Albatros (#234)

    Donald Trump vient de « décréter » que le Vatican sera le 52ème Etat des USA !.
     :-)

    @+

  • 9 mai à 10:52 | RATOVO (#10503)

    L’effondrement des fondements du christianisme va en crescendo . Il suffit de se rendre compte pour l’église catholique de la chute inexorable des baptisés à 35% . Le dogme sur l’exclusion de la prêtrise pour les femmes et le tabou sur le célibat des prêtres ont encore de longs jours . L’intransigeance sur l’avortement et l’accompagnement de la fin de vie restent des entraves sociétales bien ancrées . L’opulence séculaire du Vatican interpelle à ce jour . Depuis les révélations sur la tombe de Talpiot de Simcha JACOBOVICI documentariste et réalisateur Israélo-canadien , la bataille entre la science et la foi ne cessera de nous émerveiller . La nomination d’un pape est loin d’être un événement planétaire au 21ème siècle . La notion de racine judéo-chrétienne de l’occident sera mise au défi de l’épreuve du temps !

    • 9 mai à 13:05 | Inglewood (#6780) répond à RATOVO

      @ RATOVO

      Je n’irai pas aussi vite en besogne comme vous le faites ; ce n’est que mon humble avis.
      Deux Hommes ont changé la phase du 21 ième siècle : Jean Paul II et Nelson Mandela.
      Je vous laisse à vos réflexions.
      Cdlt,

  • 9 mai à 11:59 | SABATA (#11782)

    Mathieu 16 :

    16 Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

    17 Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.

    18 Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.

    19 Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »

  • 9 mai à 12:09 | Isambilo (#4541)

    Je ne pense pas que Trump ait joué un rôle quelconque dans cette désignation. Les catholiques ont une connaissance très longue de l’histoire de l’humanité et ne vont pas s’intéresser à ce qui est ponctuel.Trump ne sera au pouvoir que pendant 4 ans tout au plus. Le Vatican lui survivra.
    François (Rafra pour les copains) y a joué un rôle fondamental, et bien avant sa maladie mortelle.
    Leon XIV ne se revendique pas comme nord-américain. C’est un Américain (de l’Alaska à la Terre de feu), un missionnaire qui connaît se qu’est la pauvreté dans le Pérou profond. Et ce que sont les indigènes du Pérou (il y a eu le courant indigéniste au Pérou au début du XXe siècle). Ce n’est pas l’occidental classique.
    Mais c’est aussi un catholique qui veut préserver ses valeurs fondatrices : le foetus a un statut d’être humain, même s’il peut avoir des défauts) ; Sodome n’a pas sa place dans l’église, etc. Et la femme doit rester à la marge, mais pas trop quand même.
    Je souhaite qu’il fasse mieux que François qui a snobé en permanence l’Europe des riches.

    • 9 mai à 13:42 | Base to top (#11732) répond à Isambilo

      Isambilo,

      Ce que certains disent ici, c’est que ce n’est pas Trump qui a usé de ses influences ou lobbying pour faire élire pape un américain.

      Très probablement, c’est pour contrer les idées et méthodes de Trump qu’un américain ait été élu, pour faire un contre-poids ou un contre-pouvoir, même si c’est vrai que Trump ne sera là que pour 4 ans, alors qu’un pape l’est pour tout le reste de sa vie (vu son âge, il sera là potentiellement pour 4 présidents américains).

      Il a donc été élu, très probablement, grâce à Trump à la maison blanche pour faire un contre-pouvoir.

    • 10 mai à 15:25 | bekily (#9403) répond à Isambilo

      C ’est un BINATIONAL
      YANKEE et PÉRUVIEN (sa dernière nationalite)
      d’ origine multiple : française, italienne (par son pere) et espagnole, mulâtresse et haïtienne( par sa mère )....

      Feu Franciscus à bien préparé son coup !
      Ne serait ce que les 80 votants nommés et conditionnés par himself.....

      En tout cas par ses précédentes prises de position publique : IL NE DOIT RIEN A TRUMP , bien au contraire....

      Trump esperait plutôt le prélat de New York ,
      un bon blanc catholique !

    • 10 mai à 15:30 | bekily (#9403) répond à Isambilo

      Isambilo
      C’est un AUGUSTINIEN AFFIRME.

      Et nous savons ce que SAINT AUGUSTIN pense des femmes dans l’évangile....

  • 9 mai à 12:25 | Vohitra (#7654)

    Le nombre de chrétiens, de toutes les dénominations, augmente ou diminue dans le monde aujourd’hui ?

    Et quel(s) rôle(s) le christianisme joue et assume dans le contexte géopolitique mondial du moment ?

    Est-ce-qu’on commence a reconnaître actuellement qu’il existe un pouvoir de l’ombre, très puissant, qui agisse et manipule dans les finances et politiques mondiales ?

    Quel est le dernier refuge dans l’acte décisionnel de préservation de la vie humaine ? La religion ou la Nation, ou les deux a la fois ?

  • 9 mai à 13:30 | rakotobe (#7825)

    Une illusion chimérique,

    « Il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, à Cesar ce qui appartient à César »

    L’Église n’est pas un instrument politique des progressistes ou des conservateurs , ni des « identitaires » ou des « universels »

    Même si JD Vance et et Trump obnubilent et parasitent le monde politico mediatiquepoli

    Les cardinaux qui étaient en conclave ne sont pas tombés de la dernière pluie, ils ont voté en leur for intérieur.

    L’Eglise ne peut pas être « progressiste » , comme toute religion , elle est conservatrice de par leur histoire et doit le rester pour se conserver.

    Il est vrai que tous les Papes ont eu leur regard sur leur époque depuis Vatican II, periode d’ouverture de L’Église.

    L’Église ne peut pas se retourner contre elle-même, sous peine de mourir dixit Benoit XVI, qui a développé en son temps le thème de l ’AMOUR, alors que celui du Pape François est la MISÉRICORDE, coeur même du message chrétien.

    L’Église ne transformera pas ses doctrines, ses raisons d’être sous peine de s’auto détruire

    On comprend bien que, dans le monde tumultueux dans lequel on vit actuellement , la société civile manifeste le desir d’avoir un leader charismatique. Comme les politiques ont desir d’entendre d’avoir une Voix impartiale.
    C’ est dans ce sens que le Pape François était très à l’écoute.
    Gageons que les futurs Papes notamment le Pape Leon XIV , ne décortiqueront pas ce que le Pape François a entamé.

  • 9 mai à 16:10 | Jacques (#434)

    Trump hypocrite comme tout bon politique. Déclarations élogieuses, certes, à l’endroit du nouveau pape Leon XIV alors qu’il avait souhaité quelques jours plus tôt l’avènement de Timothy Dolan (Cardinal de New York) qui avait des des positions quelque peu similaires à celles du vice-président américain.

    • 9 mai à 17:39 | rakotobe (#7825) répond à Jacques

      Quel que soient les dires de JD Vance ,le contre-révolutionnaire nouveau converti au christianisme.

      L’Église restera imperméable à toute tentative d’instrumentalisation, qd bien même si influence il y a, cela restera à la marge.Et c’est heureux ainsi.

      Les dogmes religieux persistetont, les principes doctrinales perdureront incluant le précepte de la DIGNITÉ HUMAINE.

      Mais les dédaigneux conservateurs Vance, Trump, S.Banon V.Orban, le cardinal R.Sarah n’auront pas leur revanche.

      Le Pape est mort, vive le Pape !

    • 9 mai à 17:56 | bekily (#9403) répond à Jacques

      Léon XIX est certes NÉ AUX USA,
      de père Français (donc ex migrant)
      et de mère italienne ( donc ex migrante)
      Il est censé etre AMERICAIN PAR DROIT DU SOL.....au moins.

      MAIS
      Il a migré au Pérou,
      et y vécut au moins 15 ans,
      IL A PRIS LA NATIONALITÉ PERUVIENNE !

      Je me demande d’ailleurs pourquoi les médias blancs catholiques tiennent à dire qu’il EST Américain !!!
      IL EST PERUVIEN !!!!

      Par ailleurs,
      il avait déjà eu des paroles acerbes contre la politique migratoire de Trump...

      Ce pape ne seraJAMAIS ni de loin , ni de près
      l’ « ami américain » de Trump !!!!
      Nationalité s’il a REJETEE !

  • 9 mai à 19:34 | Isambilo (#4541)

    Base to top ,
    Je maintiens mon idée. La présence de Trump actuellement n’est que ponctuelle. L’église catholique a une vision à long terme parce qu’elle a ses propres priorités et ses propres problèmes.
    Et le nouveau pape connaît mieux le Pérou que les Etats Unis.
    François l’a mis sur les rails.Et n’oublions pas que beaucoup d’électeurs ont été désignés par François.

  • 10 mai à 12:11 | Lemisaina (#11578)

    Mettre Radomelina à la fin de l’éditorial a tâché la beauté de ce dernier. Mais heureusement que ce n’est qu’un éditorial !

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