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Economie

Zones franches

Le business entre en force

jeudi 6 novembre 2008 |  774 visites 
il n’y a aucune règle sur les tarifs

Des épiciers dignes de ce nom et des boutiquiers ambulants sans conteste débarquent dans les zones franches. Des ouvriers y ont percé un marché très juteux et réalisent plus de 50% de bénéfices dans la vente de marchandises générales et d’effets vestimentaires. Ils s’adonnent à ce business plus ou moins original depuis deux (2) ou trois (3) ans à entendre les employés de quelques industries textiles installées aux environs de l’Horizon Ivato. Leurs clients sont en fait leurs collègues de travail même. Presque chaque matin avant la rentrée de 7h, des revendeurs apportent des sacoches pleines de divers produits s’évaluant à plus d’Ar50 000 qu’il parvient à liquider avant la sortie à 20h.

A crédit

La vente à crédit est la condition nécessaire et suffisante qui rend leurs affaires fructueuses. Personne ne paye au comptant avec les prix fortement exagérés affichés. Presque quotidiennement, ces petits commerçants approvisionnent juste les autres ouvriers, ils notent dans leurs petits carnets le nom et l’immatriculation de chacun des acheteurs avec mention de la marchandise prise et de la valeur, le tout est totalisé puis défalqué d’abord sur l’avance mensuelle ensuite sur le salaire. Les ouvriers ne s’acquitteront de leurs dettes que les jours de paie, fixés au 15 et à la fin du mois, autrement
ils préfèrent acheter à l’extérieur à des prix convenables. Ces petits détaillants sont aux aguets le jour de la perception du salaire. Travaillant pour le compte d’une même société au même titre que leurs clients, ils ne les lâchent d’une semelle jusqu’à ce qu’ils n’obtiennent ce qui leurs sont dus lors des jours de payement convenus. Ils s’arrangent pour apporter de la monnaie vu que leurs collègues nantis de leurs rémunérations mensuelles remboursent avec des grosses coupures d’Ar50 000 et d’Ar10 000.

PPN

Le commerce intérieur des entreprises franches est spécialisé surtout dans la vente de produits de première nécessité (PPN). Le riz est l’un des denrées les plus prisées. Si normalement, un sac vaut Ar52 500, il se vend jusqu’à Ar90 000 en ces lieux. Il y a ici 71% de majoration. Dans les banales épiceries, une barre de savon Citron Plus coûte Ar3 000 mais dans les mûrs de ces industries textiles, elles sont cédées à raison d’Ar4500 sans marchandage. Une boîte de sardine revenant à Ar1200 est par ailleurs vendue à Ar2500 par les spéculateurs. Un sachet de spaghetti acquis à Ar1200 est en outre fourgué à Ar2500. Et encore, cette liste n’est pas exhaustive, il s’agit seulement des produits les plus demandés mais des prix encore plus incroyables sont affichés pour de multiples autres denrées.

Prix triplé

Le prix des cartes de recharge laisse rêveur. Il n’y a pas de prix conseillés qui tiennent. Les crédits de communication sont majorés de 50%. Les cartes d’Ar1000 y sont monnayées à Ar1500, celles d’Ar2000 sont cédées à Ar3 000. Néanmoins, les prépayés de plus d’Ar5000 ne sont pas en vente dans ces endroits. A priori, ces adeptes de l’achat à crédit n’ont pas pour habitude de les utiliser. Jean Marie, un employé de l’entreprise textile Kanto affirme avoir dû s’acquitter jusqu’à plus d’Ar12 000 de dette, rien qu’en de crédit de communication lorsque l’un de ses proches était décédé. Il dénonce la mesquinerie de revendeurs mais toutefois s’accorde à dire qu’ils l’ont aidé.

Monopole

Ces commerçants investissent également dans les effets vestimentaires, en l’occurrence féminins. Ils achètent des « body » à près d’Ar 2000 auprès de grossistes chinois. Une fois sur place, ce prix est carrément triplé et atteint les Ar 6000. Les collations se vendent également très bien. Avec le travail fatiguant, les ouvriers se bousculent sur les caca pigeon, les caca huettes et les biscuits. Pour illustration, un « Gouty petit modèle » y vaut Ar400 si cela devrait être le prix du grand normalement. Il y a ici une marge bénéficiaire d’Ar200.

En tout état des choses, il n’y a aucune règle sur les tarifs, les ouvriers concernés ne peuvent qu’acheter à prix d’or pour bénéficier d’un cycle d’échéance de payement qui survient tous les 15jours. Certains des dites sociétés disposent d’un cafétéria ou d’une gargote qui se font écrabouiller dans le mesure où ils ne peuvent pas vendre à crédit. Du coup, les revendeurs détiennent le monopôle.

Paradis fiscal

Les employés essuient jusqu’à Ar70 000 de dettes par mois. Ils s’acquittent d’environ Ar 10 000 avec l’avance sur salaire d’Ar 25 000 percevable le 15. C’est à la fin du mois qu’ils payent le reste. Des employés indiquent que certains d’entre eux gagnent mensuellement jusqu’à Ar 140 000 c’est pourquoi il se permettent de s’endetter de la sorte.

En principe, tous les produits y sont achetés sur commande. Le client les passe la veille ou quelques jours plutôt et son collègue commerçant apporte la marchandise dans les plus brefs délais. Le chiffre d’affaire qui circule dans telles entreprises textiles se chiffre à un minimum d’Ar 200 000 par marchand. Pour ce montant, l’un d’eux affirme gagner au passage environ Ar 100 000 de bénéfice. Quelques uns des spéculateurs collaborent avec des épiciers ou des grossistes de leurs connaissances. Ils se procurent à bons prix des marchandises commandées auprès de leurs amis patentés et versent l’argent en contre partie vers le 15 et la fin du mois. Epargnés d’impôts et de toutes accises, les biznessman des zones franches trouvent leur bonheur dans leur milieu de travail ; certes, c’est du tout bénef. Des ouvriers ne le voient pas de cet œil. « C’est le royaume des aveugle où les borgnes sont rois » lâchent-ils. Apparemment, le malheur des uns fait le bonheur des autres.

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