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Editorial

La loi du « genre »

jeudi 17 novembre 2011 | Patrick A.

Faut-il y croire ? S’il faut donner crédit aux fuites, la composition du gouvernement serait quasiment achevée, et les questionnements ne porteraient plus que sur un ou deux maroquins sur lesquels on s’interroge s’ils reviendront à l’opposition ou à des membres du gouvernement sortant. Mais même pour ceux-là, on en serait au stade du donnant-donnant et non plus à l’inflation des revendications.

Plus grand chose ne s’opposerait à la proclamation de la liste finale, si ce 17 novembre n’avait pas le mauvais goût de tomber un... 17 novembre, soit à l’anniversaire du référendum constitutionnel de 2010 qui était déjà sensé nous sortir de cette crise politique. Pour certains augures et lecteurs d’horoscopes, il serait malvenu de faire supporter au gouvernement de tous les espoirs la même date d’anniversaire que ce funeste référendum. Pour paraphraser un célèbre ambassadeur, voilà un nouveau fait politique à prendre en compte.

Un autre fait que l’on peut d’ores et déjà anticiper est la déception assurée des tenantes et tenants de l’égalité des genres. Comme l’on pouvait s’en douter dès la semaine dernière, par pénurie de candidates présentées par les groupements signataires de la Feuille de route, Omer Beriziky ne pourra même pas approcher l’objectif pourtant relativement modeste de 30% de femmes au sein du gouvernement. Pour expliquer cette situation, les groupements politiques ne manqueront pas de trouver des excuses qui n’arriveront pas à masquer un évident manque de volonté politique pour aller à l’encontre des égoïsmes des personnalités masculines.

Cela est d’autant plus dommageable que des femmes politiques avaient tracé une voie pleinement cohérente avec l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Des personnes venant d’entités autrefois diamétralement opposées comme Lydia Raharimalala Toto, ancien secrétaire d’État de la HAT, Ihanta Randriamandrato de la mouvance Ravalomanana, Ramisandrazana de la mouvance Ratsiraka, Lalatiana Ravololomanana de la mouvance Zafy ou Elia Ravelomanantsoa de l’Escopol avaient fait bloc avec le mouvement Ainga 30-50 Hilaminana pour défendre le principe de représentativité des genres.

Pour leur part, bon nombre d’hommes semblent avoir une conception bien à eux du mot « genre ». L’on a noté un certain nombre de corps entendant choisir « leur » ministre. Ainsi, les militaires n’imaginent être gouvernés que par un militaire, les gendarmes gendarmés par un gendarme, et les policiers policés par un policier. Quant aux membres du Syndicat des magistrats, ils n’imaginent à la tête de leur ministère de tutelle qu’un juge ayant été approuvé par ses pairs, et ils n’imaginent sans doute même pas qu’un avocat puisse comprendre au moins aussi bien qu’eux les maux des institutions judiciaires.

La perception de la nullité des politiciens excuse en partie ces tendances au repli sur soi. Le mépris à l’égard du personnel politique est tel que l’on est enclin à leur dénier toute compétence, mais il serait dangereux de s’enfermer dans l’idée que seuls des spécialistes pourraient bien faire. L’un des plus grands économistes de tous les temps, Joseph Schumpeter, fut ministre des finances de l’Autriche (1919-1920). Il échoua lamentablement avant d’abandonner la vie politique et d’aller ruiner une banque. Omer Beriziky aurait intérêt à garder cet exemple à l’esprit : la période actuelle de partage ne doit pas faire oublier aux membres de son gouvernement que le tout se doit d’être supérieur à la somme des parties.

Et l’on ne peut que se dire que pour promouvoir cette vision holistique du monde, la présence de davantage de femmes ne ferait pas de mal.

8 commentaires

Vos commentaires

  • 17 novembre 2011 à 09:36 | elena (#3066)

    YES !!!
    D’accord à 55%:ce serait le pourcentage des femmes dans le monde !
    Mais après 60 ans,nous serions 70%
    Alors,les hommes vous n’êtes que de petites choses ?mais on vous adôôre !
    Vive les reines !

  • 17 novembre 2011 à 11:04 | niry (#210)

    L’article de M.Patrick est très consensuel, empli de bon sens et donc il n’y a rien à polémiquer dessus.

    Ah si ! J’espère juste que l’exemple extrême de l’économiste des années 20, ou l’échec du « gouvernement de techniciens » du Gal Ramanantsoa ne soient pas les 2 seuls arbres qui cachent la forêt des innombrables gens techniciens compétents dont notre pays dispose. Tout dépendait forcément du contexte à l’époque et/ou de la personnalité de l’individu en question. Si il faut se dire que les techniciens échouent toujours dans les gouvernements politiques, autant faire comme Berlusconi qui plaçait ses call-girls à la tête de ses ministères.. (rien à voir avec mon sincères désir de parité, hein !)

    Bref, des politiques, oui. Mais en ces temps de transition hasardeuse, il faut de vrais technicien(nne)s compétent(e)s d’abord au gouvernement... C’est mon avis, et je le partage.

    • 17 novembre 2011 à 11:54 | da fily (#2745) répond à niry

      bon sens et consensualité, en effet.

      Les techniciens sauront aider ce gouvernement, si ils s’en tiennent à l’application des consignes. Si le programme est clair, plannifié et si l’on y met l’organisation adéquate, pourquoi douter d’une quelconque réussite ? Celui de Ramanantsoa n’était qu’une transition bâclée avec une révolution qui couvait car les blessures du mai72 pas encore fermées, et des militaires qui se positionnaient déja en rafleur de mise et pour cause...tiens Radidy ????

      Mais bon, la réussite n’est pas garantie non plus par la technicité supposée des acteurs éponymes, loin s’en faut, mais s’en remettre encore à de notoires incompétents-politiques en la matière, qui ont mmontré leur limite, fait froid dans le dos, alors préférer des personnes qui ne plongeront pas dans la pratique politicienne en vue des élections est plus viable. D’ailleurs pour étayer effectivement l’éventuelle nocivité des techniciens supérieurs, mais selon les prérogatives qu’ils servent évidemment, Monti et Papadêmos, sont issus du vivier Goldman-Sachs grande banque américaine influente s’il en est et qui fait parler d’elle en ce moment. De là à affirmer que cette fameuse banque tient la Grèce et l’Italie dans sa main...beaucoup s’inquiète de cet état de fait.

      Par contre une vérité qui se vérifie de plus en plus : il nous faut plus de femmes aux postes-clés, sans retomber dans l’erreur de Manorohanta pour la défense, mais à l’extérieur, au commerce, l’environnement, la jeunesse, la fonction publique, la culture ou encore la santé, les femmes pourront amener leur indéniable sensibilité et réfléchie posture pour participer activement au renouveau politique. Elles ne sont pas toutes des Thatcher ou Imelda M. en herbe !

  • 17 novembre 2011 à 16:14 | ZOZORO (#5338)

    78 réactions pour Ndimby et 4 pour Patrick.

    Même entre messieurs A la différence se constate.

    L’édito en question contient de la matière mais c’est comme notre politique, c’est pas forcément ça qui attire la foule. Un DJ dépourvu de bon sens a plus de popularité qu’un ranjeva.

    Da fily (oui, j’insiste)

    Voilà pourquoi il faut penser comme un foza pour pouvoir comprendre.

    Bon courage les amis !

    • 17 novembre 2011 à 17:02 | da fily (#2745) répond à ZOZORO

      ça ne me gêne pas de penser comme fuza, mamba ou fosa...c’est quand même à la portée de qui veut.

      Ce qui est misérable est de croire que fuza est meilleur que ce qui avait avant lui...ça, c’est une escroquerie, surtout intellectuelle avant tout.

      Vrai, faut croire quel le « genre » d’aujourd’hui, fait moins travailler la machine à argumenter !

    • 17 novembre 2011 à 17:44 | Boris BEKAMISY (#4822) répond à ZOZORO

      Zozoro

      78 réactions pour Ndimby qui carresse Dada dans le sens du poil n’a rien de surprenant Zozoro si la 98 % des participants au debat ( si debat il y a )ne sont que des Nostalgiques de l’Assassin-Dictacteur et ses yaghourts pourris ....

      78 réactions pour Ndimby Oui Oui Oui ! Mais la participation de Boris Bekamisy y est aussi pour quelque chose ........

      Le nombre des réactions aux papiers publiés ici sur mt.com ne constitue pas un BON INDICATEUR pour mesurer la qualité des articles du mt.com

      Le 5 petites réactions obtenues par patrick ne font pas du tout ombrage à la QUALITE , PROFONDEUR et à la PERTINENCE des reflexions que Patrick propose ici ....Patrick a cette capacité de toucher la VERITE et que vous ne pouvez pas ne pas etre d’accord avec lui ....voilà pourquoi les thematiques et les reflexions qu’il propose ne font pas polemiques , ce qui explique cette statistique des réactions à son egard.

      Il faut aussi questionner les QUALITES des lecteurs ZOZORO....les malgaches et les lecteurs de mt.com n’apprecient pas beaucoup les articles traitant de sujet de fond de Patrick,ils preferent les banales legèrtés superficielles et les redites de Ndimby......

  • 17 novembre 2011 à 21:11 | herbert leon (#5976)

    Les politiques ont montré tout au long de cette transition phase 1 leurs limites. Pour ceux qui sont au pouvoir, leur unilateralisme a conduit le pays dans l’abime où nous sommes aujourd’hui. Mais cela n’a pas empeché certains d’entre eux de se remplir les poches. Ils sont maintenant connus de tous, y compris à l’étranger. D’autres ont même fait l’objet de lettres de dénonciation ou de menace en cas de retour au gouvernement.

    Pour ceux de l’opposition, ils n’ont pas brillé non plus à cause de leur entêtement et leurs tergiversations, à tel point qu’il fut facile pour la HAT de les diviser en plusieurs sous groupuscules sans poids ni loi.

    Il faut envisager serieusement à faire appel aux technocrates. Nous sommes dans une transition où les orientations politiques sont claires et nettes (FdR). Il s’agit maintenant de monter des programmes de réalisation détaillés dans le temps et de les executer convenablement sans état d’ame. On n’a pas besoin d’un homme politique pour cela car tout est déjà tracé.

    Il est aussi faux de dire que les technocrates sont incapables de voir les dimensions politiques des choses. De plus, ces technocrates n’ont pas non plus de viseés politiciennes. Et de toute façon, il est tres facile de leur demander de faire des déclarations publiques de non participation aux élections à venir.

    L’objectif est la réalisation dans le temps des programmes d’action de la Transition basée sur la feuille de route à mieux expliciter par le PM. Les technocrates ne se neutraliseront pas comme l’ont prouvé tous ces politiques de tous bords.
    Et ne me demandez pas où sont les technocrates. En tout cas pas dans les états majors politiques et encore moins dans les bars biens connus de la Capitale.

    A bon entendeur, salut !

  • 18 novembre 2011 à 04:19 | NY OMALY NO MIVERINA (#1059)

    Je suis tout à fait d’accord à toutes thèses mais le vrai besoin de tous les partis et parties prenants c’est tout simplement préparer dès à présent l’après les élections, après la sortie de cette situation de transition.

    Des dictons malagasy disent très bien et dictent le comportement de nos politiciens :
    « Ny mahery tsy maody tsy ela velona »,
    « Velezo ny vy dieny mafàna »,
    ...

    Bien sûr que ce n’est qu’un gouvernement de transition, de gestion courante, d’organisation et non de décision. Ephémère de surcroît (1 à 2 ans).
    N’empêche, tout le monde veut anticiper cet avènemenent de l’après transition qu’il se bouscule au portillon pour s’y atteler.

    A ce jeu, normal que certains refusent « la mêlée » par dignité, des partis et parties ne respectent pas la procédure et présentent ses ministrables hors délais,...
    Face à cette cacophonie, à ce non respect, Mahazoarivo-Ambohitsorohitra-Iavoloha en plein accord, de bonne entente et volontaires perdent le nord et ne savent plus avec quels ministres ils peuvent avoir confiance et travailler.

    Il va de soi que la « Grande muettte » veut sortir de son silence dont certains n’attendent que çà.
    Une situation à éviter ... L’Armée ne fait pas de la politique (une manière de la diviser et de semer la pagaille, Le Gal Ramanantsoa en était victime ...)
    Idem, rien que des technocrates au gouvernement nuisent à son bon fonctionnement.
    Ce n’est pas seulement une administration, ce n’est pas une entreprise commerciale ou industrielle, loin d’un organisme financier et de l’assistance sociale ... Ce n’est pas fait pour SE SERVIR MAIS POUR SERVIR.

    Qu’on le veuille ou non, ce qui nous fait défaut c’est une identité philosophique, idéologique, historique et politique.

    Y a ni de Tsirananaisme, ni de Ratsimandravaisme, ni de Ratsirakisme, ni de Zafyisme, ni de Ravalomananaisme, ... Tout ce beau monde était au pouvoir mais n’a laissé aucun héritage poltique, économique, idéologique ... Aucune philosophie.

    Par rapport à La France (notre 1° fournisseur et client), elle a Jean JAURES, Pierre Mendès France, ...De Gaulle, Mitterrand.

    Nous, nous n’avons rien !!! De vrais orphelins avec des parents vivants qui ont abandonné le foyer familial de leur propre volonté et, « déchus de leur autorité parentale » de leur plein gré.

    Voilà l’image de nous Malagasy et de nos ex-présidents qui ont fui sans être poursuivis ... Un acte à la fois lâche et irresponsable.

    Entendons-nous bien : je parle de leurs actes et non de leur personne.

    « Andraso eo i Dada ! ».

    Et bon courage à Omer Beriziky et Rajoelina !

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