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Société

Vie nationale

L’indépendance ou la fin du nationalisme idéologique

samedi 16 juin 2007 | Alexandre L.

Dans quelques semaines, les Malgaches fêteront le 47ème anniversaire de l’indépendance de Madagascar. L’événement interpelle les citoyens sur la signification et les enjeux réels de la République. Que nous apporte justement le fait d’être indépendant ?

Récemment, lors de retour d’un voyage à l’Ile Maurice, le président Ravalomanana a signifié que le nationalisme doit devenir une force mobilisatrice pour promouvoir le développement du pays. Et lors de ses critiques contre les compagnies pétrolières à Tolagnaro, il a réitéré sa volonté de défendre la souveraineté nationale qu’il juge, à tort ou à raison, bafouée par certaines puissances ou personnalités étrangères. Il semble même que le prêtre français Urfer ait fait les frais de ce retour de sursaut nationaliste chez les dirigeants.

Quoi qu’il en soit de ces considérations, il apparaît que l’idéologie nationale a du mal à mobiliser le pays et les citoyens de la République dans la recherche du bien-être collectif. C’est pour cette raison que le président lui-même a déclaré qu’il va « faire inculquer chez les compatriotes l’amour de la patrie ».

Aussi, il a même cité le cas du Japon qui s’est développé grâce à son nationalisme. Mais à Madagascar, ce même nationalisme semble figé dans un lointain passé et ne tourne pas vers l’avenir.

Lutte pour l’indépendance

Des intellectuels pensent que le nationalisme malgache date d’au moins du XIXème siècle. Ils citent les prises de position de Ranavalona 1ère qui s’est opposée aux Français et à toute tentative de pénétration européenne dans l’île. Toutefois, le nationalisme moderne dans sa version idéologique s’est surtout développé lors de la période coloniale. Il s’agit d’un nationalisme tourné vers le rejet du système colonial et pour l’avènement de l’indépendance. Et tout au long du XXème siècle, cette recherche de l’indépendance a marqué le nationalisme malgache. On se souvent encore des mouvements de 1971 et 1972 qui ont voulu combattre la persistance de certaines pratiques colonialistes.

De ces faits, il semble donc que la priorité du nationalisme malgache est l’autodétermination. Mais une fois que cette indépendance acquise, sa raison d’être aurait également disparue. Plus aucune revendication à mener.

Crises ethniques

Dès 1960, le nationalisme s’est affaibli car dépourvu de tout objectif à court ou à moyen terme.

Les tenants du néocolonialisme ont pu profiter pour rester dans le pays. Quelques mouvements d’humeur nationalistes se sont produits durant les 47 années d’indépendance. Mais finalement, force est de constater que pour la plupart du temps, ce n’étaient que des discours.

De cet affaiblissement est née la recrudescence des replis identitaires axés sur l’ethnie. Ce n’est pas par hasard que des tensions ethniques et interrégionales se multiplient dans le pays depuis des années. La nation a, depuis longtemps, perdu son caractère « sacré » à tel point que peu sont ceux qui sont prêts à se sacrifier pour elle.

Les conséquences de cette situation sont nombreuses pour ne citer que le népotisme, le favoritisme, le clientélisme, érigés en véritables méthodes de gouvernement. Le « chacun pour soi » l’emporte sur le devenir du collectif. Le reste de sentiment nationaliste que les Malgaches ont, c’est cette position ambiguë de la population vis-à-vis de la France et des Français.

En tout cas, le régime actuel a raison de vouloir réveiller ce nationalisme pour le bien du pays mais plus d’un restent sceptiques sur sa réussite. Le nationalisme idéologique et mobilisateur semble bien mort. Maintenant le défi, c’est de savoir comment le ranimer ? Une occasion se présente pour ce 47ème anniversaire de l’indépendance. Aux Malgaches de la saisir.

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