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Interview

M Olivier Donnat Andriamahefaparany

« L’Etat a des rôles à jouer dans l’économie »

samedi 21 juillet 2007 | Alexandre L.

En marge de festival « FiestaMania » qui s’est tenu, il y a quelques semaines à Ambositra, le ministre des Mines, Olivier Donnat Andriamahefaparany a bien voulu répondre à quelques questions d’actualité. Il a notamment apporté d’éclaircissements concernant la place du pouvoir public dans la gestion de l’économie nationale.

• Tribune : Depuis le discours du président Marc Ravalomanana à Tolagnaro qui a interpellé les compagnies pétrolières, est-ce que vous ne croyez pas qu’il y a une contradiction entre le choix de politique économique, basé sur le libéralisme, et le fait que l’Etat intervienne d’une manière aussi forte dans la réglementation des prix, un rôle qui devrait être celui du marché ?

Donnat A. : « Certes, Madagascar a adopté comme politique économique le libéralisme. On le voit bien si on analyse notre Constitution. Elle est libérale.

Mais il n’a pas question de mettre en place un ultra-libéralisme. Autrement dit, il ne s’agit pas d’imposer à l’économie malgache ce qu’on appelle la loi de la « main invisible du marché ». (NDRL : il s’agit d’une théorie économique développée par Adam Smith selon laquelle les lois du marché, associées au caractère égoïste des agents économiques, conduisent à un résultat inattendu : l’harmonie sociale. Le marché a donc, selon cette vision, une vertu autorégulatrice en fonction de l’offre et la demande).

L’économie n’est donc pas laissée au seul diktat du marché et des seuls intérêts privés. L’Etat y a des rôles à jouer. Il doit être le régulateur de l’économie.

Pour revenir au discours du Président Ravalomanana sur les compagnies pétrolières. En fait, Madagascar vit dans une situation d’oligopole concernant les produits pétroliers. Les différentes compagnies importent les mêmes produits, empruntent les mêmes logistiques notamment en ce qui concerne le transport (par bateaux), utilisent le même canal de distribution par le biais de la Logistique Pétrolière.

La conséquence de cette situation est simple : la concurrence ne joue pas dans ce secteur. Ainsi, les différentes compagnies font ce qu’elles veulent.Et c’est là que l’Etat doit intervenir.

Car cette situation entre dans ce qu’on appelle « prérogatives de la puissance publique ». C’est pour éviter les abus que le Président est intervenu. C’est pourquoi, je trouve son discours légal et légitime ».

• M. Mox Ramandimbilahatra, Conseiller du Président, a suggéré la création d’une compagnie nationale pétrolière pour éviter justement les abus dans ce secteur et surtout la forte dépendance du pays envers les compagnies étrangères. Qu’en pensez-vous ?

« Vous savez, dans certains pays comme l’Ile Maurice ou l’Afrique du Sud, qui ont adopté également le libéralisme comme politique économique, existent des compagnies nationales qui œuvrent dans le secteur pétrolier. C’est uniquement au niveau de la distribution que le marché est libéralisé et est soumis à une concurrence. Et je rappelle que ces pays sont des pays libéraux et personne ne pourra dire le contraire. C’est pourquoi, je ne vois aucune contradiction entre libéralisme économique et interventionnisme de l’Etat ».

• Vous êtes le coach de Monsieur le Chef de Région d’Amoron’i Mania. En fait, le terme de « coaching » est largement puisé dans le jargon d’entreprise. Est-ce qu’il s’agit d’une stratégie qui s’inscrit dans ce que le président Ravalomanana a déclaré à Maurice selon lequel Madagascar sera géré comme une entreprise ?

« Je vois bien à quoi vous voulez faire allusion. On a beaucoup parlé de ce que certains appellent « Madagascar SA ». En fait, le rôle d’un coach, dans le sens managerial du terme, est celui de « conseiller ». Ce terme n’est pas vraiment adapté car il suggère une hiérarchie entre celui qui donne les conseils et celui qui en reçoit. Ce qui n’est pas le cas ici. Mais, en fait, je pense qu’en tant que coach, j’apporte au Chef de Région des conseils judicieux dans la mesure où je bénéficie d’un recul par rapport à lui sur certains dossiers. C’est ce recul qui est très important. Le deuxième rôle du coach est celui de faire un lobbiyng. Il est là pour donner au Chef de Région les ressources qui peuvent lui être nécessaires dans l’accomplissement de ces tâches.

Et pour revenir à votre question. En fait, il existe beaucoup d’études universitaires sur l’analogie entre gestion de l’Etat et celle de l’entreprise. C’est pour cela qu’on parle actuellement de « gouvernement d’entreprise » ou en anglais « corporate government ». En effet, dans le management moderne, l’objectif des entreprises n’est pas toujours commercial. Il peut être social. Et dans la mesure où le principal rôle de l’Etat est le développement, l’analogie se tient bien ».

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