Du 20 au 25 novembre 2010, le centre culturel Albert Camus (CCAC) organise une semaine du documentaire, intitulée « Regards d’Afrique, le point de vue des lions… ». Ce titre vient du proverbe africain qui dit « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur ».
C’est donc du point de vue africain, et non occidental, que les documentaires projetés toute la semaine racontent l’Afrique, son histoire et son quotidien.
« Afrique, une autre histoire du XXème siècle »
Dans la série en quatre épisodes « Afrique, une autre histoire du XXème siècle », d’Alain Ferrari, on est bien loin de retracer « les effets positifs de la colonisation » que l’article 4 de la loi du 23 février 2005 voudrait voir reconnaître dans les programmes scolaires français. Au lieu du point de vue du colonisateur, c’est l’opinion de personnalités africaines que le réalisateur est allé chercher. On trouve dans cette série des interviews de plusieurs anciens chefs d’État : Abdou Diouf (Sénégal), Alpha Oumar Konaré (Mali), Joaquim Chissano (Mozambique), Frederik de Klerk (Afrique du Sud), Kenneth Kaunda (Zambie), Emile Derlin Zinsou (Bénin) ou encore Abel Goumba (République Centrafricaine).
Se prêtent aussi au jeu de l’interview l’ancien secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros-Ghali, et les intellectuels Jean-Luc Raharimanana (Madagascar), Kifle Selassié (Ethiopie) ou Wangari Maathai (Kenya).
Pour illustrer les propos ainsi recueillis, Alain Ferrari a utilisé des images d’archives et des reconstitutions issues de films, notamment de la filmographie du génial cinéaste sénégalais Ousmane Sembène, disparu en 2007.
Dans cette série, Madagascar occupe une place à part, tout comme le colonisateur français avait décidé un statut spécial pour sa colonie malgache, en marge des administrations de l’AOF et de l’AEF. Avec l’aide de l’écrivain Jean-Luc Raharimanana, Alain Ferrari a retracé l’histoire de ce pays, de Galliéni à l’époque actuelle.
Les autres films de la semaine
Outre cette imposante série, d’une durée totale de 6 heures, le CCAC a programmé divers documentaires relatifs au continent. C’est ainsi qu’on trouve un film sud-africain sur le Sida, « Wa n’Wina », de Dumisani Phakathi, un film franco-burkinabè sur les licenciements qui ont suivi les politiques de privatisation imposées par la Banque Mondiale, « La tumultueuse vie d’un déflaté », de Camille Plagnet, ou encore un documentaire sénégalais dans lequel Samba Félix Ndiaye interroge économistes, intellectuels et hommes politiques sur l’avenir du continent, « Questions à la terre natale ».
