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Culturel

KILEMA

« Je suis fier d’être malgache »

lundi 2 février 2009 | Arena R.

Clément Rasta, alias Kilema, un ex-musicien de « Cadence Bleue » et de Justin Vali Trio, est de passage dans le pays. Fier d’être malgache, il est l’un des rares artistes qui promeuvent la musique traditionnelle de la Grande île en Espagne. Il nous parle, de la musique et de la culture, de ses aventures. Il lance également un message vis-à-vis de la situation sociopolitique actuelle. Entretien.

Ça fait toujours plaisir de rencontrer un artiste malgache expatrié de retour au pays …

- Clément Rasta dit Kilema (-) : Ça fait aussi toujours plaisir de rentrer au pays, de passer un moment avec ses frères et ses sœurs malgaches. En fait, je suis arrivé depuis quelques jours. C’est une simple visite suivie d’une petite campagne de promotion de ma musique, notamment de mon troisième album, « Mena », sorti en octobre 2008 en Espagne. J’essaie, en effet, de distribuer quelques disques dans les stations radios locales pour qu’elles puissent partager aux malgaches la musique que j’ai déjà diffusée à travers le monde.

La dernière fois qu’on vous a vu sur la scène nationale, c’était en 1997, vous portiez encore le nom de Clément Rasta. Pourquoi l’avez-vous changé en Kilema qui signifie « Handicap » en français ?

- C’est ce que j’ai toujours expliqué aux gens. En nous mettant au monde, nos parents ne cherchaient pas loin pour nous donner un nom. Ils ont consulté un calendrier et choisi ce qui leur plaisait. Pour le mien, ils ont opté pour Clément qu’on prononce Kilema en malgache. Lorsque j’ai décidé de faire une carrière en solo, en 1997, j’ai choisi ce mot pour le nom du groupe. Ainsi, sonne-t-il vraiment exotique. Il est beaucoup plus malgache et plus africain. Donc, ça n’a rien à voir avec le désavantage physique ou mental.

Etes-vous en train de nous dire que vous êtes fier d’être malgache ?

- Oui, je suis fier de l’être. Je le suis beaucoup plus lorsque je monte sur les planches étrangères. En Espagne, par exemple, Kilema est le seul groupe qui porte haut la culture malgache. Nous jouons avec des instruments authentiquement traditionnels (marovany, kabosy, katsaha…). Nous chantons en malgache. Nous portons des vêtements malgaches… Outre les concerts, on se déplace dans les écoles espagnoles pour partager avec les élèves la culture et la musique du pays, parce que là-bas, la diversité culturelle est désormais à la mode.

Et vos racine antandroy ?

- Ecoutez, lorsqu’un citoyen de la Grande île arrive et s’installe à l’étranger, il reste un malgache. Il n’est plus antandroy, merina, betsileo ou une quelconque tribu. Il porte la casquette d’un Malgache. Moi, en spectacle, j’explique un peu en espagnol aux spectateurs le sens de nos paroles, de notre musique, l’histoire de nos instruments, et de temps en temps je leur donne un petit aperçu de la réalité à Madagascar : la faune, la flore et les beaux paysages…

Dernièrement, vous étiez à Toliara…

- Oui. J’ai rendu visite à ma terre nourricière. J’ai rencontré également quelques amis, artistes, qui m’ont posé des questions sur la stratégie à concevoir pour décrocher un contrat à l’étranger. Je leur ai tout simplement expliqué qu’il faut faire de la vraie musique, originale et qui relève de la tradition et culture malgache. Faire du tsapiky ou d’autres musiques commerciales qui font par exemple danser le bas ventre n’intéresse point les étrangers. J’ai déjà travaillé au ex-Hilton Madagascar à l’époque, j’ai beaucoup interprété Johnny Hallyday, Lionel Ritchie et d’autres standards. Lorsque je suis arrivé à l’étranger, je me suis rendu compte que ce n’est pas évident puisque je suis dans leur pays, et ils sont là devant moi.

Quand est-ce que vous allez vous produire à Madagascar ?

- Pour l’instant, il n’y a rien de prévu, bien que mes musiciens, surtout les deux espagnols qui m’ont toujours accompagné depuis dix ans, ont tellement envie de jouer ici. Je leur ai promis de contacter des producteurs et les centres culturels du pays. J’ai déjà rencontré Rajery qui m’a proposé de participer au festival Angaredona en septembre ou novembre mais nous sommes déjà pris. Nous avons une tournée en Suède à ce moment-là. L’année prochaine peut être.

Quel souvenir avez-vous retenu de la Grande île ?

- C’est ce qui se passe aujourd’hui dans le pays. C’est un souvenir. Cet événement, je dois le raconter à tous les Malgaches d’Espagne et d’Europe lorsque je rentrerai, parce que c’est l’actualité. Ça me fait vraiment mal au cœur de voir mon pays détruit ainsi. Moi qui suis malgache, partageant la beauté de ce pays, la richesse naturelle qu’il réserve, j’ai honte de ce qui se passe ici actuellement.

Si vous devez laisser un message pour les Malgaches et les politiciens…

- Oh, je ne suis pas politicien. Je suis un simple artiste. J’aimerai quand même leur dire de respecter le « fihavanana » national qui nous différencie de nos amis africains. Regardez, les Africains, ils n’ont pas froid aux yeux pour tuer les gens. Nous par contre, même si nous sommes parmi les pays les plus pauvres au monde, on n’a jamais connu un tel massacre. J’invite donc les protagonistes à garder leur souplesse. Du différend qui les oppose, le peuple est toujours victime.

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