Le secteur de la microfinance à Madagascar a connu un développement dans toutes les
provinces et atteint plusieurs régions. Cependant, son impact sur le niveau de vie de tout le monde, notamment ceux des paysans reste mitigé du fait d’un manque de garantie.
Les paysans marginaux n’ont pas la moindre chance de bénéficier des microcrédits. Faute de garanties à offrir pour l’octroi des prêts, la plupart des paysans restent à l’écart. Seuls les gros propriétaires et les moyens exploitants qui pratiquent les embouches (gavages) bovines, ont la chance d’avoir des crédits de la part d’une entreprise de microfinances et en devenir membres, selon une étude récente. La même étude montre qu’une structuration du monde paysan est par conséquent nécessaire au sein d’une zone ou d’une région. Ce qui peut se concrétiser par le regroupement d’éleveurs dans des associations, dans des syndicats de groupes ou encore dans des mutuelles de crédits. A ce stade de l’organisation du monde paysan, les techniciens s’adressent non plus uniquement à des individus, mais à des groupements car le crédit agricole peut jouer un rôle capital dans le développement du pays, à condition de s’inscrire dans une véritable politique à long terme. Celle-ci suppose par conséquent d’importantes réformes de structures : lutte contre l’usure et le métayage, réforme agraire, mise en place de nouveaux circuits de commercialisation pour raccourcir le circuit entre producteur et consommateur et donc en supprimant les intermédiaires.
Roue de secours
Mettre en place des pâturages permanent, faire des cultures dérobées derrière le riz en saison sèche, et surtout avoir une parcelle de manioc, source glucidique non négligeable dans la production de graisse (bœuf, porc…) figurent parmi les efforts que doivent fournir les paysans. Ce sont là des techniques qui demanderont de sérieux efforts de vulgarisation et des moyens financiers adéquats. Sans cette modification, le paysan ne peut augmenter son cheptel compte tenu des superficies dont il dispose. Par conséquent, le microcrédit constitue pour lui une roue de secours pertinente. Car ses disponibilités en unités fourragères ne lui permettent dans la majorité des cas que d’emboucher un seul boeuf par an. A moins qu’il s’embauche comme métayer d’un grand propriétaire de bovins. D’autre part, l’amélioration de la productivité, grâce à la mise en œuvre d’un système de crédit adéquat, favorisera dans l’avenir l’expansion d’autres spéculations animales ; l’élevage et l’embouche de porcins, l’aviculture, la production laitière. Le développement de l’embouche dans le cadre d’un système de crédit adapté à cette catégorie de clientèle devrait tenir compte de cette évolution probable.
Recueilli par Felana