La séance de questions-réponses à l’Assemblée nationale a pris, jeudi soir, des allures de mise en garde. Face aux députés réunis à Tsimbazaza et à des représentants de sociétés privées du secteur énergétique, le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Ny Ando Jurice Ralitera, a ouvertement brandi l’option d’une rupture avec certains fournisseurs si les accords liant ces acteurs à la Jirama s’avéraient préjudiciables à l’intérêt public.
D’un ton ferme, le membre du gouvernement a annoncé que l’État ne tolèrera pas des contrats qui fragiliseraient la compagnie d’eau et d’électricité et, par ricochet, les usagers. Selon ses explications devant les parlementaires, tout engagement jugé défavorable à la population sera interrompu sans hésitation. « Ces contrats seront résiliés s’ils désavantagent la population », a-t-il assuré, ajoutant qu’« il n’y aura pas de gêne pour rompre les contrats » si des clauses abusives étaient confirmées.
Le ministre a également confirmé que plusieurs audits sont déjà en cours sur les conventions conclues entre la Jirama, les producteurs indépendants d’électricité et les loueurs de groupes thermiques. Pour accélérer l’examen, une task force a été installée. Cette cellule de travail rassemble des représentants de différents ministères, ainsi que des membres issus du Bureau du Premier ministre et de la présidence de la Refondation. La mission est de disséquer les contrats existants, vérifier leur équilibre économique et identifier ceux qui comporteraient des dispositions excessives.
La charge la plus directe est venue de Fidèle Razarapiera, vice-président de l’Assemblée nationale. Le parlementaire a d’abord ciblé le contrat du directeur général de la Jirama, dont une partie des syndicats réclame le départ. Qualifiant cet engagement de « léonin », il a estimé que les termes, notamment le salaire du DG, ne correspondent pas à l’esprit d’équité attendu d’une société publique et a demandé au ministère d’en tirer les conséquences.
Un point majeur a toutefois limité le débat : aucun des contrats des fournisseurs n’a pu être présenté publiquement durant la séance. Sarah Razafindrangita, première responsable des affaires juridiques au sein de la Jirama, a expliqué que la divulgation officielle nécessite l’accord préalable des co-contractants. Elle a néanmoins indiqué que l’entreprise est disposée à les rendre publics si la décision ne dépendait que d’elle, laissant entendre une volonté de transparence sous réserve du cadre légal.
La rencontre s’est prolongée tard dans la soirée. Aux environs de 22 heures, Ny Ando Jurice Ralitera a sollicité l’Assemblée nationale afin qu’elle mandate des députés pour intégrer une commission mixte gouvernement-Parlement. Cette instance devra étudier l’ensemble des contrats des fournisseurs d’énergie. Le ministre a précisé que si un seul accord – ou la totalité – est reconnu comme léonin, il sera immédiatement mis fin à sa validité. Il a aussi évoqué la possibilité qu’une telle démarche ouvre la voie à une enquête parlementaire, si les conclusions l’exigent.
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