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Editorial

Fomba malagasy ?

mardi 10 août 2010 | Patrick A. |  2042 visites  | 3 commentaires 

Solution « malgacho-malgache » : personne, même pas les détracteurs, n’ose franchement remettre en cause le qualificatif, alors que les discussions politiques actuelles tournent autour de variantes de trois solutions venues d’outre-mer : les accords de Maputo et d’Addis Abeba, le rapport d’International Crisis Group préconisant des élections rapides et une ébauche de protocole d’accord franco-sud-africain.

Serait-ce dangereusement risquer de froisser l’orgueil national que de se demander si l’éventuel succès d’une formule « malgacho-malgache » devra tant que ça au génie national ? Car après tout, une conception large de la gastronomie nationale devrait inclure aussi bien le vary amin’anana sy kitoza que le lasopy sinoa et le Bonbon Anglais (marque déposée de The Coca Cola Company), mixtures que malgré leurs appelations, des habitants de Shenzen ou de Birmingham désavoueraient sans doute.

Profitons-en pour régler avec le sourire un différent avec un lecteur qui se gaussait d’un de mes collègues ayant utilisé dans un éditorial l’étrange expression « culture innée ». Séparer culture et nature n’a jamais été qu’une approximation d’aspirant philosophe, et l’observation attentive de certains singes (non, je ne parle pas seulement des rajakom-bazaha) le prouve bien. Chez les singes bonobo (avec qui nous partageons 99,4% de notre capital génétique), on observe des groupes qui se transmettent de mère en fils l’usage d’outils que d’autres groupes n’utilisent pas.

Une colonie de babouins du Kenya a permis de constater qu’il est bien difficile de séparer sélection naturelle à la Darwin et transmission culturelle. Des zoologues ont rapporté en 1996 qu’il régnait dans cette colonie un étonnant climat pacifiste. Les mâles se battent seulement d’égal à égal ; les mâles dominants s’accrochent moins à leurs prérogatives et les femelles sont moins souvent agressées. Ce climat ne peut pas être dû à une spécificité génétique : les mouvements de babouins étant continuels entre les colonies, tous les individus de la troupe sont régulièrement remplacés par de nouveaux venus.

Toujours est-il que ce comportement remonte à 1980, lorsqu’un dépôt d’ordures fut abandonné à proximité d’un campement de touristes de la réserve Masaï. Certains animaux vinrent s’y alimenter. Or ces ordures étaient infectées par le bacille de la tuberculose, et tous les babouins qui s’en nourrirent décédèrent. Cependant, à cause de la compétition que se livrent les animaux pour la quête de nourriture, seuls les babouins les plus agressifs avaient ingéré ces aliments intoxiqués et y ont succombé, tandis ce que les moins belliqueux ont survécu. Les scientifiques n’ont pas encore élucidé comment les babouins déjà installés apprennent aujourd’hui aux nouveaux arrivants à se comporter comme eux, toujours est-il que le trait de comportement pacifiste se transmet désormais au fil des générations.

Espérons donc avec un brin d’optimisme que la crise actuelle nous aura appris quelque chose, sans forcément « singer » ceux que nous regardons parfois et bien à tort de haut.

Pour en revenir au champ gastronomique évoqué en début d’article, on peut s’amuser de l’usage de termes comme « bonne cuisine naturelle », alors que d’un point de vue objectif rien n’est plus artificiel que l’art de la cuisine. Sans aller jusqu’à évoquer les prodiges réalisés aujourd’hui avec la « cuisson » à l’azote liquide, la liste de toutes les transformations physico-chimiques qui sont nécessaires pour arriver à une banale sauce vinaigrette laisse rêveur sur les démarches tortueuses de l’esprit humain dans sa quête de satisfactions. Qui peuvent tourner en frustrations, car l’un des grands mystères de l’existence est aussi d’expliquer les réactions diamétralement opposées de jeunes bambins malgaches et anglais seulement âgés de 12 mois face à une assiette de vary sosoa ou de porridge.

Tout cela laisse au moins aussi perplexe que la surprise des médiateurs internationaux face à la patience dont a fait preuve au cours de cette crise la population malgache, qui semble aujourd’hui encore attendre à quelle sauce elle sera mangée. Mazotoa homana ou bon appétit pour agrémenter nos Van Tan Mine ? Et les apprécierez vous style gorilla ou façon babouin ?

3 commentaires

Vos commentaires

  • 10 août 2010 à 12:32 | racynt (#1557)

    Mdr Patrick :-))), petite rectification , c’est « vary sosoa » mais pas « vary sosa ». Et t’as oublié les « lasopy composé » marque déposé des gargotes malagasy lol

    • 10 août 2010 à 14:33 | Bena (#2721) répond à racynt

      la bas, forte innondation ; ailleurs, coulée de boue mortelle ; ou encore feu de tourbière et de forêt incontrôlable ; ici, cela rend dingue tous les apprentis hommes et femmes politiques. c’est la faute au climat !!

      seul randrianatoandro reste lucide, il en a marre de la prison, donc il s’ajuste à la situation ....le pauvre !

  • 10 août 2010 à 22:03 | niry (#210)

    Attendons donc tous sagement que les plus excités meurent un-à-un physiquement ou politiquement.. Et apprenons aux générations futures, l’art du refus de la violence et de l’appât du gain facile. CQFD.

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