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Reportage

Ilakaka

Exploitation du saphir : le début de la fin (3/4)

jeudi 21 juin 2007 | R. L.

L’exploitation du gisement de saphir à Ilakaka a fait rêver plus d’un. Mais l’eldorado risque de les décevoir en analysant les perspectives économiques.

Les retombées fiscales sont sans aucun doute très limitées. Les dépenses somptuaires et de prestige d’un certain groupe de personnes montrent que des revenus importants peuvent être dégagés de cette activité.

Les gouvernants de ce pays ont fait un rêve et voient déjà un futur proche où toutes les pierres sorties d’Ilakaka seraient taillées par des centaines de milliers de petites mains malgaches et vendues à des riches acheteurs venus de New York ou de Genève. Antananarivo détrônerait Bangkok ou Colombo. La valeur ajoutée se ferait ainsi à Madagascar plutôt qu’en Thaïlande ou au Sri Lanka. Plusieurs déclarations tonitruantes dans ce sens dans les journaux nationaux ont pu impressionner. Elles n’ont cependant qu’une portée démagogique. Elles ne font que montrer à la face du monde que nos dirigeants ont une méconnaissance totale du marché des pierres précieuses et ignorent tout des enjeux de l’activité minière. La sincérité avec laquelle nos dirigeants affirment vouloir mettre en place une telle politique peut prêter à sourire. Dans un monde global, la naïveté et l’incompétence n’ont jamais permis à un pays de jouer dans la cour des grands. Sur un marché de près de 5 milliards de dollars, la tentation est grande de tirer les plans sur la comète.

Un potentiel énorme

Madagascar a, certes, une carte à jouer sur des marchés de niche. Des pierres naturelles, pas forcément de valeur mais sélectionnées avec soin, taillées à Madagascar et vendues sur certains marchés européens et américains, peuvent rapporter des plus-values extrêmement juteuses. L’administration aurait un rôle prépondérant dans l’accompagnement, la facilitation et la promotion de cette activité. Ce marché qui n’a rien d’embryonnaire aujourd’hui, va prendre de plus en plus d’importance. Ceci n’est pas une vision. C’est juste la tendance du marché. D’autres segments de marché peuvent sans aucun doute être explorés et développés.

Il faut cependant laisser à César ce qui appartient à César. La plus grosse part de la production d’Ilakaka doit aller à Bangkok. Laissons aux Sri lankais le négoce des grosses pierres à risques. Il ne sert à rien de vouloir réinventer l’eau chaude.

Ilakaka est aujourd’hui à l’image même de ce pays ; un énorme potentiel que nous n’arrivons pas à mettre en valeur. Il pourrait devenir un modèle pour l’ensemble du pays. Cet actif relève d’un patrimoine commun au peuple malgache. De par son potentiel, il pourrait devenir la base extrêmement dynamique d’un vivier d’entrepreneurs florissants et de personnes formées et compétentes qui peuvent essaimer à travers le pays. Pour le moment, cela relève plus d’une chimère que d’un éventuel devenir.

Un appui aux exportateurs mécanisés est indispensable. La détaxation du carburant, réclamés par les exploitants, pourrait devenir un outil d’aide à la professionnalisation de ce secteur.

La profession gagnerait à être plus transparente. En effet, ce manque de transparence incite à remplacer l’information quantifiée par des supputations. Les signes extérieurs et les dépenses somptuaires aiguisent les appétits des interlocuteurs issus de l’administration, tous les opérateurs miniers étant perçus comme des milliardaires à qui il faut soutirer de l’argent.

(A suivre)

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