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Editorial

Devoir de mémoire

jeudi 15 juillet 2010 | Patrick A. |  2213 visites  | 21 commentaires 

Le 14 juillet 1918, le navire Jemmah était torpillé. À son bord, un nombre important (mais que les archives de l’armée française ne permettent pas facilement de déterminer) de soldats malgaches.

De ces archives, on comprend que ces hommes étaient incorporés au sein d’un des régiments de chasseurs malgaches, composés de bataillons de tirailleurs malgaches. Le nom du navire et la lecture des journaux de marche et d’opération des unités incitent à penser que le torpillage a dû se passer quelque part entre Salonique et Monastir, sur le Front de Macédoine, au cours de la longue expédition menée entre 1915 et 1918 par les armées alliées contre les armées allemandes, ottomanes, austro-hongroises et bulgares.

L’opération militaire est aujourd’hui un peu oubliée par les opinions publiques des puissances belligérantes. Mais l’importance stratégique de l’ouverture de ce front oriental pour délester le front occidental n’est pas à sous-estimer. L’offensive voulue par les généraux Adolphe Guillaumat et Louis Franchet d’Espérey (surnommé « Desperate Frankie » par les Britanniques en raison de son énergie jugée exhubérante) a finalement abouti à la capitulation de la Bulgarie et à la liberation de la Serbie.

14 juillet 1918 : par sa seule date, le naufrage du Jemmah suffit à justifier que Madagascar ne soit pas oublié lors des célébrations militaires de la fête nationale française. Et même les plus nationalistes des malgaches ne peuvent, sous prétexte que les morts combattaient sous les couleurs de la France, négliger leur devoir de mémoire vis-à-vis de leurs compatriotes.

À mes yeux, les oppositions de principe à la présence de troupes malgaches sur les Champs Élysées doivent donc être considérées comme un épiphénomène dans une Histoire qui nous dépasse tous. Et la seule réserve significative que je pouvais avoir face au spectacle des troupes malgaches précédant hier un défilé militaire français tenait en une interrogation : pourquoi maintenant ? pourquoi si tard ?

Malgré les bombardements de Dresde et le massacre d’Oradour sur Glane, les troupes allemandes ont pu marcher à nouveau avec fierté sur les Champs Élysées bien avant que les armées des pays africains ne bénéficient de cet honneur. Et des soldats de l’OTAN (américains, français, britanniques et polonais) ont défilé cette année sur la Place Rouge, devant les russes Medvedev et Poutine, l’allemande Merkel et le chinois Hu Jintao, sans que l’on ait à considérer s’il y avait ou non un vainqueur et un vaincu de la guerre froide.

La logique aurait voulu que l’hommage rendu aux hommes d’Afrique n’ait pas attendu les 50 ans des indépendances africaines, et ait pu avoir lieu à l’occasion d’une année symbolisant davantage les deux conflits mondiaux. La justice aurait aussi commandé qu’il n’ait pas fallu un jugement obtenu à grand peine auprès du Conseil constitutionnel français pour qu’anciens combattants européens et africains soient également reconnus sur le plan financier.

Tout se passe comme si l’Europe avait eu tendance à confisquer pour elle la victoire, et que la « Force noire » avait figuré au rang des perdants... Pour relativiser, on en arrive à se demander si perdre serait tellement négatif ? Perdre, c’est aussi s’obliger à réfléchir, à penser, à comprendre... Le devoir de mémoire n’est pas forcément négatif, à condition que cette mémoire ne soit pas excessivement sélective.

21 commentaires

Vos commentaires

  • 15 juillet 2010 à 08:45 | bema (#828)

    Grand Merci pour ce devoir de mémoire que les médias doivent diffuser largement pour tous les Malgaches.Misaotra Tompoko

    • 15 juillet 2010 à 19:16 | Tanindrazana (#3224) répond à bema

      Mr Patrick n’est ni le premier ni le dernier a ecrire sur notre histoire oubliee dans les archives de ce monde. Il n’est en fait que la continuation logique de ce reveil pour nous reveler notre histoire cachee par des annees de colonisation et de politique immature. En fait, je remercie Mr Patrick d’avoir, une fois encore, stimule cette ambition nationale. N’est-il pas grand temps de fouiller les archives de ce monde pour elaborer un meilleur recit de notre histoire ? Ou sont ils ces ecrivains, journalistes, historiens et ces grands academiciens ? Ou sont ils nos leaders politiques ? Ne sont ils pas suffisament sollicites depuis ? Ou faut il attendre d’autres coups d’etat ou des manifestations violentes pour realiser qu’en detruisant notre Palais, notre Radio (RNM) et d’autres edifices historiques et meme la maison du voisin, nous avions transforme en fumee notre richesse culturelle, nos valeurs morales et humaines. Un peuple sans histoire est un peuple sans repere. Il peut a n’importe quel moment se perdre et ne jamais revivre ou replonger dans le passe pour y degager ses valeurs. Ce sera un peuple acculture par son propre mefait et ignorance. Peuple Malagasy, reveillons- nous, cherchons nos reperes dans le passe et batissons un meilleur Madagasikara pour tous, sans exception et sans exclusion. Notr patrie est a nous tous et n’appartient uniquement a qui que ce soit.

  • 15 juillet 2010 à 08:57 | Rainivoanjo (#1030)

    « La logique aurait voulu que l’hommage rendu aux hommes d’Afrique n’ait pas attendu les 50 ans des indépendances africaines » : en politique internationale, il n’y a pas de logique évidente. Cela fait plus de 50 ans que la 2ème guerre mondiale est finie, il y a toujours des milliers de soldats etats-uniens au Japon ainsi qu’en Allemagne. Le défilé de quelques soldats de quelques pays d’Afrique voudra probablement faire oublier le fameux discours de Dakar.

  • 15 juillet 2010 à 09:04 | lalatiana (#1016)

    Pourquoi si tard ...

    Il est vrai que ça ne coûte quasiment plus rien de le faire ... Les anciens combattants ont pratiquement tous disparu ...

    • 15 juillet 2010 à 09:37 | Stomato (#3476) répond à lalatiana

      Pourquoi si tard ?
      C’est un peu la problématique du verre vide et du verre plein.

      Le rappel historique du dernier conflit entre l’Allemagne et la France, et la participation de soldats allemands a un défilé du 14 juillet devrait faire sens a ceux qui se posent la question pourquoi si tard.

      C’est en 1962 que Adenauer et De Gaule ont scellé le début de l’amitié franco-allemande. Soit 17 ans après la fin du conflit, et ce sans qu’il y ait eu de déclaration de paix entre les deux pays !
      Ce traité d’amitié a pu être conclu alors qu’il y avait encore des troupes d’occupation françaises sur le territoire allemand.

      Rien de semblable ne s’est produit avec les anciennes colonies françaises.
      On peut se poser la question du pourquoi il n’y a pas eu de réconciliation semblable durant les 50 années écoulées...
      Une des raisons est peut être la réflexion de Lalatiana : tout ramener a une basse considération de fric.

      Expliquer ce délai scandaleux par une simple considération de coût revient a nier la responsabilité des autorités des pays dont des ressortissants sont des anciens combattants.
      Et cette réaction m’étonne de la part d’un(e) malgache, j’ai toujours admiré les malgaches qui nettoyent avec autant d’énergie l’intérieur et l’extérieur des « vilany fotsy » qui servent a cuire les repas... conscients qu’ils sont que les marmites ont aussi deux faces inséparables.

    • 15 juillet 2010 à 09:48 | racynt (#1557) répond à lalatiana

      C’est complètement vrai Lalatiana mais au delà de l’aspect financier je pense qu’il y a quand même un brin de racisme d’où la façon de traiter inégalement les soldats africains des soldats français, parce que la logique serait que ce soit les africains qui défilent aux champs Elysée avant les allemands. Et comme maintenant le pouvoir de la fançafrique commence à se décliner en faveur de l’Amérique , de la Chine et autres pays émergents, il faut bien que la France trouve des moyens pour courtiser ce continent , et tout d’un coup leur mémoire ne devient plus sélective et le racisme n’a plus lieu d’être car les enjeux économique ont prix le dessus.

    • 15 juillet 2010 à 10:10 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à lalatiana

      "Les anciens sont pratiquement, tous,disparus.

    • 15 juillet 2010 à 11:09 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      il s’agit d’une simple rectification de lalatiana.

      Pour Moi,Basile RAMAHEFARISOA,l’HISTORE DE FRANCE commence à l’arrivée de de Gaulle au Pouvoir,en 1958....

      Pour le reste,je n’attache pas beaucoup d’importance.

      Le gaullisme est un pragmatisme.Nul ne sait ce qu’avait dit ou fait le Général aujourd’hui.

      De quelle idée de la France ,ses successeurs ont pu justifier leurs décisions ????

      Pour de Gaulle,les « FRANCAIS »,sont avant tout,un Peuple Européen de race blanche,de culture grecque et latine et de religion chrétienne.

      Da Gaulle,prophète de la société multiculturelle ???

      Quelle blague !!

      C’est pour la raison « INVERSE » qu’il a donné l’indépendance aux colonies.

      Ceux qui prônent l’INTEGRATION ont une cervelle de colibri,même ils sont très savants.

      Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre.Agitez la bouteille de mélange.Au bout d’un moment,ils se sépareront de nouveau.

      « Pour ceux qui se posent des question sur ma nationalité malgache,Basile RAMAMAHEFARISOA croie de Gaulle ».Point barre !!

      Sa première décision en 1958,fut de mettre en oeuvre un plan de rigueur aussi énergétique que libéral - assorti d’une bonne dévaluation - pour remettre en ordre les finances publiques menacées de fallites.

      En 1964,il a pris une décision,pour raison de « PROFINALISATION » de l’armée française il a fait faire le choix aux ressortissants Africains et Malgaches de réintégrer leur armée nationale ou opter la nationalité Française.

      Pour dire à lalatiana,qu’une fois rentrés au pays,tous les anciens combattants ne sont plus « Français ».Point final.

      Basile RAMAHEFARISOA

      b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 15 juillet 2010 à 11:14 | lalatiana (#1016) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      euuuuh .... j’hésite ...

      Non je confirme ... Intransitif ... mais « ont disparu » ...

    • 15 juillet 2010 à 12:13 | lalatiana (#1016) répond à Stomato

      Expliquer ce délai scandaleux par une simple considération de coût revient a nier la responsabilité des autorités des pays dont des ressortissants sont des anciens combattants. Et cette réaction m’étonne de la part d’un(e) malgache, ...

      euhhh ... J’ai pas compris, stomato .. Vous pouvez m’éclairer, svp ...

      Je ne nie quant à moi la responsabilité de personne ... C’est l’hypocrisie et le cynisme qui m’agacent ...

    • 15 juillet 2010 à 12:31 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      rectification d’un terme :

      « PROFESSIONNALISATION » non profinalisation
      (toutes mes excuses)

      ok !!lalatiana pour « ont disparu » (leur droit) n’est-ce pas !

      Ok !!la discussion est close.

      Cordialement !!

      Basile RAMAFEFARISOA

      b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 15 juillet 2010 à 12:57 | racynt (#1557) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      C’est vrai Basile, on leur a donné le « choix » de soit rentrer dans leur pays d’origine ou d’accepter la nationalité française mais personnellement je vois ça plutôt comme un« chantage » : si ils voulaient recevoir les même pensions que les français, ils étaient obliger d’accepter la nationalité française. Et j’ai deux grands oncle qui ont été anciens combattants à l’époque, l’un d’entre eux à accepter de recevoir la nationalité française et à vécu en France par la suite tandis que l’autre l’a refusé par fierté d’être malagasy .

    • 15 juillet 2010 à 13:39 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à racynt

      racynt !!

      Je suis au courant de tous les problèmes de nos « anciens » des « Guerres » ;

      Un autre petit détail concédé par certain « Gouvernement français » :

      « Possibilité d’obtenir facilement la nationalité française pour les »Petits enfants" des anciens combattants de la première ou la deuxième guerre.

      Non pour l’Indochine ou l’Algérie.

      Je suis partisan de la coopération France/Madagascar dans la proportion de 50/50.

      Les Malgaches ont un « effort » à faire et je suis confiant pour l’avenir.

      Cette crise 2009/2010 peut être un atout pour les Malgaches souhaitant un vrai changement pour (à) Madagascar.

      Basile RAMAHEFARISOA

      b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 15 juillet 2010 à 14:28 | Rasoa (#1122) répond à lalatiana

      Et oui !

      On dit : .... « ont disparu »

  • 15 juillet 2010 à 12:58 | Rabe (#3378)

    « À mes yeux, les oppositions de principe à la présence de troupes malgaches sur les Champs Élysées doivent donc être considérées comme un épiphénomène dans une Histoire qui nous dépasse tous »

    Ca n’engage que vous !

    Pour moi, c’est l’ultime insulte que renik nous envoie, car l’histoire se resume comme suit :

    1- renik nous a colonisé (tuer, accaparer nos ressouces,...) pendant 60 ans

    2- nos braves hommes ont ete envoyé au front pour defendre renik

    3- renik a jete (nifirany) comme des malpropres nos hommes après la guerre

    4- par ce defilé renik a divisé la République (non invité car putschiste) de son armée (invitée car putschiste)

    Ce qui veut dire que renik va gerer (commandement, euros, formation, promotion,...) l’armée gasy.

    Ce n’est pas fini, vous verrez prochainement comment renik met en pratique ses strategies pour cette ingerence.

    Au fait, indépendance c’est quoi ?

    • 15 juillet 2010 à 13:45 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à Rabe

      Rabe

      Entre le « choléra » et la « peste »,que choisissez-vous ???

      Une chose à ne pas oublier RABE,quand un étranger vient chez « NOUS » c’est qu’il n’a pas réussi chez « LUI ».Point final.

      Basile RAMAHEFARISOA

      b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 15 juillet 2010 à 14:05 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à Rabe

      Rabe

      voici la position officielle de Monsieur le Président Français SARKOZY

      « L’objet de cette rencontre est de célébrer la force de liens que l’histoire a tissés entre nos Peuples.Et la force de cette rencontre,c’est de construire ensemble notre avenir ».

      Source le Figaro du 14/07/10

  • 15 juillet 2010 à 16:05 | Stomato (#3476)

    @ Lalatiana : La décision, tardive autant à votre avis qu’au mien, n’est absolument pas due a des considérations économiques.
    Le gel, ou cristalisation, du montant des pensions versées aux anciens combattants résulte d’une loi de finance du 26 décembre 1959.

    (De nombreux procès ont été intentés, notement par des combattants marocains, et se sont soldés par la revalorisation annuelle de la pension ayant subi le gel. Autrement dit d’une année sur l’autre le plaignant avait une micro augmentation, mais pas l’alignement de sa pension sur celle de ses frères d’armes français.)

    L’ennui d’un état de droit c’est que l’on y applique la loi.
    Et pour modifier une loi il faut du temps et la volonté (politique) de la changer.

    Il semblerait que seules environ 30.000 pensions seraient encore versées, dont 10.000 a des personnes encore vivantes, le reste étant versées aux ayants droits.

    Je vais vous faire grâce des raisons qui ont fait que la France a cessé de verser leur pension d’anciens combattants à des malgaches pendant plusieurs dizaine d’années, ce serait un peu hors sujet !

    @ Rabe : « Au fait, indépendance c’est quoi ? »

    Portez des bretelles !

    • 15 juillet 2010 à 20:25 | Basile RAMAHEFARISOA (#417) répond à Stomato

      Attention !!

      Il s’agit d’un projet d’alignement des « pensions » alors attendons que la loi soit votée et le décret d’application soit publiée dans le J.O.

      La crise financière touche tout le « MONDE ».

      Basile RAMAHEFARISOA

      b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 15 juillet 2010 à 22:50 | Stomato (#3476) répond à Basile RAMAHEFARISOA

      C’est bien ce que laissais entrevoir en filigrane...
      La loi pour changer a besoin de temps, et le temps est écoulé, en plus de la volonté politique.
      Et cette dernière est présente.

      Je ne me fais pas trop de soucis pour le volet économique, les sommes qui seront versées aux anciens combattants seront déduites des sommes promises auparavant au titre des aides diverses aux différents pays.

      La période où l’on pouvait avoir le beurre, l’argent du beurre, la crémière et la fille de la crémière est belle et bien finie.

  • 16 juillet 2010 à 10:27 | racynt (#1557)

    Entre autre , si les soldats africains ont été traités à l’inégal de leur frère d’arme français ,c’est qu’il ne faut pas oublier qu’à l’époque on était en plein dans la colonisation et que les pays africains cherchaient leur indépendance, alors le fait de les traiter inégalement aux français c’était une manière pour les autorités de les dévaloriser. Et la France savait notamment que la plupart de ces soldats africains refuserait la nationalité française puisque ce serait perçu par leur compatriote comme une traîtrise envers eux et un non respect à la mémoire de ceux qui ont été tué en luttant pour leur indépendance.

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