Contrairement aux déclarations des hauts responsables, les dernières élections communales ont été entächées de fraudes et des anomalies flagrantes. A preuve, des requêtes pullulent dans les tribunaux administratifs. L’ordre du président de publier, dès demain les résultats pourraient envenimer la situation.
Des voix s’élèvent dans la commune de Tranomaro, district d’Amboasary-Sud pour dénoncer les fraudes électorales et les irrégularités. Selon des témoins occulaires, les électeurs de cette localité ont voté, le 12 décembre dernier, sans carte d’identité nationale, bien que la loi exige le port de cette carte au moment du scrutin. Pire encore, des mineurs sont inscrits sur la liste électorale et ont pu voter normalement. Malgré l’opposition de certains candidats, le chef fokontany et le représentant local de l’administration n’en n’ont pas tenu compte.
Depuis hier, la situation à Tranomaro s’est aggravée. Les électeurs réclament l’ouverture d’une enquête plus approfondie afin d’éclaircir cette affaire. Parallèlement, des requêtes ont été déposées auprès du tribunal administratif pour annulation du scrutin du 12 décembre. Comme à l’accoutumée, ces requêtes risquent d’être rejetées par les juges électoraux. Par ailleurs, dans la commune rurale d’Amboditavolo, dans le district de Vatomandry, les électeurs ont observé un sit-in devant la commune après avoir constaté des fraudes massives lors des communales. Le chef fokontany a été pointé du doigt comme le principal auteur de ces fraudes. La situation risque également de tourner au vinaigre. Dans la capitale, le chef de l’Etat, lors de sa dernière visite à Toamasina, a quelque peu mis en doute la manière dont Andry Rajoelina a été élu à 63,32%.
Ordre présidentiel...
Le président de la République, Ravalomanana Marc a avancé la date du 19 décembre (demain) pour la proclamation officielle des résultats des élections communales du 12 décembre dernier. Aussi, des ordres émanant des ministères de la Justice et de l’Intérieur ont été donnés aux chefs de région, aux chefs de districts et aux responsables de la Commission pour le Recensement des Matériels de Vote pour faire parvenir les résultats au tribunal administratif, au plus tard hier. Mais cette célérité exceptionnelle de la collecte et de la publication officielle des résultats risque de compromettre la fiabilité et la sincérité de vote. Mathématiquement, les juges électoraux n’auront pas le temps imparti de statuer sur les requêtes envoyées par les candidats ainsi que les électeurs. Ils vont certainement renvoyer l’étude de ces requêtes aux calendes grecques. Autrement dit, elles seront classées sans suite, au profit des fraudeurs. Or, le chef de l’Etat n’a eu de cesse de crier haut et fort que la démocratie règne à Madagascar. Il a cité les dernières élections communales pour étayer sa thèse. Une déclaration d’autosatisfaction !
District de Maintirano : D’autres constats
Des preuves à l’appui, des électeurs dans le district de Maintirano ont dénoncé l’existence de fraudes massives. En clair, sur les 8 communes où les candidats « indépendants » ont décroché la victoire, les procès-verbaux électoraux ont été falsifiés. A citer les communes de Mafaijijo, Betanatanana, Andabotoka, Marohazo, Veromanga, Antsondrodava, Andranovao et Bebaboka Sud. Au total, des résultats dans 68 bureaux de vote ont été modifiés au profit du candidat « officiel ». Selon notre source, l’opération de falsification des P.V s’est déroulée au moment de l’acheminement des résultats des bureaux vers les commune.
Des cas concrets. Les délégués des candidats ont pu avoir des procès-verbaux de vote. Dans la commune de Mafaijijo (bureau de vote : EPP Antsohamaliniky), le candidat TIM a eu 41 voix, contre 50 pour celui de l’indépendant. Mais, en arrivant à la CRMV, quelle fut la surprise des électeurs. Le TIM a obtenu 184 voix et l’indépendant n’a eu que 11 voix. Dans la commune de Betanatanana (B.V EPP Betanatanana), selon le P.V dressé au bureau de vote, le TIM a 107 voix et l’indépendant : 86. Mais, un autre P.V a donné le TIM gagnant avec 574 et 15 seulement pour son adversaire. Et enfin dans la commune de Veromanga (B.V : Tsimahaboandro), selon le P.V entre les mains des candidats, le TIM a obtenu 29 voix contre 55 pour son adversaire. En arrivant à la CRMV, le TIM bat son concurrent avec 140 voix contre 4 pour le candidat « indépendant ».
Des plaintes pénales et requêtes
Devant ce hold-up électoral, les candidats autres que le TIM, ont déposé des plaintes pénales pour fraudes électorales et des requêtes auprès du tribunal administratif. Visiblement, les victimes ont pointé du doigt les chefs fokontany, certains membres des bureaux de vote, les délégués administratifs, les candidats ainsi que le chef de district et le chef de région.
Ainsi, ils demandent à tout prix des éclaircissements et des enquêtes au fond pour que la démocratie ne soit un leurre.
L’indépendant règne à Morafenobe
Rien ne va plus pour le parti présidentiel dans le district de Morafenobe. Dans les trois communes, à savoir Morafenobe, Beravina et Andramy, les candidats issus sous l’étiquette « indépendant » ont raflé la mise. A Morafenobe, Mme Nivo Michelle a décroché la victoire devant le poulain du TIM. De même à Beravina où Joseph Rakotondrabary a battu le candidat du parti présidentiel. La série noire du TIM continue dans la commune d’Andramy au profit de Saïd Ben-Djay.
A noter que dans la commune d’Ambatomainty, c’est un autre indépendant qui a gagné. Reste à savoir si les résultats ne seront pas truqués au détriment de la démocratie naissante de Madagascar.
