Deux mois après le mouvement populaire du 25 septembre, les Organisations de la Société Civile (OSC) tirent la sonnette d’alarme. Dans un communiqué daté du 27 novembre, elles estiment que l’élan né des mobilisations de la jeunesse et des citoyens, qui ont coûté au moins 22 vies, risque de s’essouffler. Les signataires disent constater une orientation politique qui reproduirait des pratiques passées, alors que la population attendait une rupture nette. Elles reconnaissent l’urgence d’assurer la continuité des services publics et certains engagements internationaux, mais refusent que cette urgence serve de justification à des méthodes jugées condamnables.
Les OSC dénoncent plusieurs « signes inquiétants de continuité ». Elles pointent d’abord des décisions majeures prises sans concertation, notamment la nomination du gouvernement et la présentation d’une Politique Générale de l’État sans consultation des forces vives. Elles s’inquiètent aussi de signaux envoyés sur des dossiers sensibles, citant l’intention évoquée par un Haut Conseiller de la Refondation de vendre des stocks de bois de rose pour renflouer les caisses de l’État. Une démarche qui, selon elles, contredirait l’embargo international de la CITES en vigueur depuis 2013 et risquerait d’avaliser des années de pillage.
Le communiqué évoque également la libération de détenus ou l’impunité de trafiquants politiciens sur des critères non transparents, ainsi que des violations de la Constitution, comme l’appel à recrutement de chefs de région qui devraient être élus. Pour les OSC, ces dérives posent une question centrale : le changement annoncé ne serait-il qu’un changement de visages ?
La société civile rappelle que Madagascar est entré de fait dans une Transition, issue d’une intervention militaire et d’une décision de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) rendant possible un cadre de deux ans. Mais elles jugent qu’une transition crédible exige des règles partagées : durée définie, structures inclusives, mécanisme clair pour refonder l’État et préparer des élections libres. Elle appelle les autorités à organiser immédiatement des consultations préalables pour encadrer la Transition, demandent au FFKM de clarifier sa méthodologie et son calendrier de concertation nationale, et exhortent citoyens et forces vives à rester mobilisés. Les OSC se disent prêtes à apporter un appui technique et concluent : « L’Histoire nous regarde. »
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