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Tribune libre

Opinion

Au nom de l’humanitaire ?

mercredi 10 décembre 2008 | RAW

Au nom de la formule politiquement correcte de « mission humanitaire », les dirigeants occidentaux préparent l’opinion pour une attaque ou une invasion contre le Zimbabwe le rebelle. Ces temps-ci, la communauté occidentale parle beaucoup du Zimbabwe. Elle parle de la crise alimentaire dont souffre le Zimbabwe comme si c’était le seul pays en crise. Elle constate et déplore des maladies et en particulier l’épidémie de choléra qui y sévit. Elle accuse le président Mugabe d’être à l’origine de tous ces maux. Et au nom d’une opération de secours auprès de ces Zimbabwéens dans la misère, la France et les autres dont la Grande-Bretagne, ancienne puissance colonisatrice, préparent et encouragent toute la communauté internationale à envahir sinon à lancer une offensive contre le Zimbabwe pour déloger Robert Mugabe.

« Mugabe doit partir », selon Nicolas Sarkozy

Quel pourrait être le résultat d’un tel envoi de troupe étrangère au Zimbabwe ? N’est-ce pas une déclaration de guerre contre un petit pays africain indépendant ? Quand bien même crise il y a au Zimbabwe, n’est-ce pas aggraver la situation économique et sociale dans le pays ? En tout cas, personne n’est sans savoir que la Grande-Bretagne et les pays occidentaux ont, depuis l’indépendance du Zimbabwe, mené une guerre économique contre le régime de Robert Mugabe. La situation actuelle résulte du blocus en tout genre imposé par la Grande-Bretagne et les pays occidentaux contre Harare qui a nationalisé les terres des fermiers blancs.

Comment se fait-il que le président français, Nicolas Sarkozy qui déclare urbi et orbi que Robert Mugabe doit partir ; qu’il faut le faire partir ? Ce que ces dirigeants occidentaux ont oublié ou feignent d’ignorer c’est que jusqu’à preuve du contraire, Robert Mugabe a encore derrière lui ses partisans qui constituent au moins cinquante pour cent des électeurs. Doit-on aussi les faire partir ou provoquer un exode de population comme au Rwanda à l’époque ? N’est-ce pas aux Zimbabwéens de corriger Robert Mugabe s’il a fauté ? Au nom de quelle entité le Premier ministre kenyan se permet-il d’appeler la communauté africaine à renverser Robert Mugabe et à envahir le Zimbabwe ? En tout cas, on se souvient du nombre de morts en une journée lors des dernières élections kenyanes.

Qui sera la prochaine cible ?

Ce dont il ne faut pas méconnaître c’est que, jusqu’à maintenant et en dépit des fautes de Mugabe, l’ensemble des pays africains le soutient directement sinon tacitement. Toute l’Afrique comprend très bien que le Zimbabwe est constamment, depuis dix ans, en lutte contre des campagnes de déstabilisation et de subversion politiques dont le but est de punir les leaders africains trop indépendants à l’égard de l’Occident.

Et si l’Occident réussit, qu’adviendra-t-il des autres leaders qui se montrent trop forts et trop indépendants ? On craint que peu de temps après, il y ait un autre leader et une autre nation d’Afrique, victime d’une telle manœuvre. Dans une époque pas trop éloignée, on appelait cette politique la colonisation pure et simple. Aujourd’hui, dans la mondialisation et la lutte contre la pauvreté, il faut considérer les sensibilités et l’évolution des mœurs et on parle de « mission humanitaire ». C’est politiquement correct. Si cela n’est pas la préparation d’une invasion de l’Irak bis en Afrique, Dieu que ça lui ressemble !

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