Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
vendredi 19 avril 2024
Antananarivo | 23h23
 

Répondre à un commentaire

29 avril 2021 à 10:52 | spliff (#5871)

Au sujet de la participation des karana à la vie politique malgache, il y a quand même matière à trier les patates... le fait de considérer la caractéristique “karana” comme pertinente en elle-même pour juger de leur légitimité à oeuvrer en politique est contestable, car d’abord (et par définition) discriminant par la race, mais aussi limitant à un trait qui ne définit pas entièrement les personnes de cette communauté qui souhaiteraient sincèrement servir.

Ceux d’entre nous (malgaches) qui ont la chance de connaître l’histoire lointaine de leur propre famille et d’essayer d’en porter certaines valeurs traditionnelles de sagesse, savent aussi que le rôle de base et historique des responsables des communautés aux différents étages hiérarchiques est bien celui du Service à la communauté. Par opposition à la pureté de la lignée et aux honneurs indus. Cela a toujours nécessité et supposé l’ouverture d’esprit à toute innovation qui ait pu présenter quelque utilité dans le cadre de ce Service à la communauté.

L’histoire de l’intégration sociale des karana à Madagascar n’est pas particulièrement un exemple de réussite éclatante à ce jour, mais il est clair qu’améliorer cet état des lieux serait dans l’intérêt de tout le monde. Cela demande une ouverture d’esprit de part et d’autres... et donc une ouverture à l’innovation dans les pratiques, pratiques dont les objectifs puissent être sincèrement définis pour un bénéfice mutuel, s’agissant en l’occurrence du sujet karana. Cela ne peut fonctionner entre autres choses que si l’ouverture va dans les DEUX SENS.

Il n’y a aucune raison qu’un karana intégré dans le tissu social malgache ne puisse pas participer à l’organisation du quotidien de la cité, s’il a quoi que ce soit de constructif à y faire valoir. J’ai connaissance personnelle de personnes dans ce cas dont l’inexploitation du potentiel est une perte.
Je me permettrais de citer le cas de l’ancien questeur du Sénat Mourad Abdirassoul qui est un pur produit du système de l’enseignement universitaire malgache, qui revendique sa double culture (karana / malgache) avec une fierté justifiée, qui parle un malgache académique impeccable, et qui a mis son esprit analytique très articulé au service de l’administration malgache contre la modeste rémunération en vigueur.
De cela on en redemande, ne serait-ce que pour l’exemple de ce qu’il est possible - en soi - que des honnêtes personnes, issues de cultures croisées dans un contexte sensible puissent apporter en termes de rapprochement, en constituant des moteurs dans l’amélioration des perceptions mutuelles.

Quant à Ylias...
Sa démarche pour la distribution des vaccins présentée comme généreuse aurait été tout aussi efficace sinon plus, voire moins coûteuse, si menée dans la discrétion, ou tout au moins avec une certaine sobriété.
Il convient de comprendre avant tout que la médiatisation de cette fameuse réunion à grands renforts de personnalités “de premier plan” n’a en soi aucune valeur ajoutée opérationnelle dans la conduite pratique de cette opération.

Sachant que le propre de l’altruisme authentique est d’être effacé, mais que cette médiatisation appuyée (operationnellement inutile) a tout de même eu lieu - par définition exclusivement pour les caméras - Ylias Akbaraly s’inscrit alors en cela dans l’instrumentalisation d’un contexte de détresse particulier pour mettre sa personne en avant. Exactement comme les pratiques standard “m’as-tu-vu” d’un Rajoelina. Les deux “tapent” à ce titre dans les mêmes codes comportementaux du besoin de l’exposition médiatique indue car moralement déplacée.

Donc une méthode qui permet objectivement de douter du caractère non calculé des motivations de ce geste particulier de la part d’Ylias, et par conséquent de ses motivations plus larges quant à sa relation au pouvoir en général : Pousser un agenda perso en instrumentalisant une situation de détresse sociale ne relève pas exactement d’une tournure d’esprit orientée vers le Service. Ceux qui Servent sincèrement sans besoin de retour sur “investissement” comprendront.

Cette opération médiatique d’Ylias est intéressante en ce que ce dernier s’y positionne comme un produit miracle à “placer” selon une méthode de com moderne en format aseptisé. Le produit (qu’il est) est donc placé au centre de la focale, de manière à être perçu en meneur de troupes et donneur d’ordres tout en dégageant une posture paternaliste implicite vis a vis de ses “invités / subordonnés”. Un travail de média / com particulièrement élaboré et plutôt clairement ciblé dans ce qu’il signifie ouvertement sans le dire explicitement.
Le problème est que ses “administrés” dans cette réunion sont entre autre des représentants de haut rang d’états souverains. Il bazarde, ce faisant, le respect de la hiérarchie symbolique des institutions en mettant sa personne en valeur aux dépends des institutions en question. On peut s’étonner qu’une personnalité supposée aussi pointue qu’Ylias s’abaisse à ce genre de pratique... En cela, il ne se démarque pas de l’ignorance tous azimuts à laquelle nous a habitué l’administration actuelle. Peut-être après tout qu’Ylias n’a pas la classe ni le niveau qu’on est tenté de lui attribuer a priori, et qui aurait éventuellement pu constituer la base d’un espoir raisonnable...

Pour finir, une personnalité aussi en vue et implantée dans la gotha du théâtre malgache n’évoque pas publiquement le sujet d’une présidence “karana” juste pour le fun... ceux qui doutent de ses ambitions auront probablement à revoir leur copie...

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS