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4 juillet 2020 à 12:35 | mangina vazaha (#10958)

Très bon édito assez sensé. La modestie et le déploiement de moyens en adéquation avec la réalité du pays sont probablement de rigueur.


Je voudrais rajouter que la peur de cette pandémie m’a aussi contaminé (sans toutefois tomber malade). Jusqu’au jour où je me suis intéressé aux statistiques (suisses puisque c’est là que je vis) et me suis posé la question : qui décède, dans quel proportion ? Et les autres maladies ? La grande majorité des décès se compte pour des personnes de plus de 65 ans avec un pic et une moyenne entre 83 et 85 ans (réf : https://www.corona-data.ch). 


Les statistiques suisses pronostiquent chaque année le nombre de morts attendues dans une certaine fourchette (+-100 par semaine en zone grise). Elles distinguent les gens de plus de 65 ans du reste de la population (2 classes d’âge). Ces chiffres sont publics, récupérables sous forme de tableaux pour tableurs (réf : https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/sante/etat-sante/mortalite-causes-deces.html). Ils sont aussi présentés de manière graphique sur le site https://www.rts.ch/info/suisse/11249808-le-coronavirus-provoque-un-pic-record-de-mortalite-en-suisse.html (chaîne nationale de radio télévision). On voit qu’en 2015 et en 2017, deux vagues de grippes ont touché tout aussi sévèrement le pays. On voit aux derniers résultats qu’à la sur-mortalité imputable au Covid suit une sous-mortalité. Mon calcul a donc consisté à sortir la différence cumulée entre la moyenne de morts attendus et ce que l’on observe (toutes causes confondues), et j’arrive à une valeur de 220. Nous devrions avoir 29334 décès depuis le début de l’année et nous n’en avons que 220 de plus. Si cette sous-mortalité de 110 par semaine se confirme, dans les 15 prochains jours nous seront pile-poil dans les clous. Cela signifierais que les personnes décédées du Covid sont mortes 3 à 6 mois trop tôt. Ce n’est pas réjouissant, mais cela permet de relativiser. Pour les moins de 65 ans, il n’y a aucune sur-mortalité significative depuis le début de l’année. Pourtant, 1965 personnes sont décédées du Covid, donc 75 fois plus qu’à Madagascar. Il y a eu 32’000 cas déclarés et les tests sérologiques sur un échantillon de population révèle un nombre 10 fois supérieur, soit 4% de la population.


La politique à appliquer, les résultats dépendent étroitement du pays : rien n’est facilement extrapolable. La Suisse a demandé un confinement volontaire, sans contrainte policière et cela a permis de maîtriser la première vague alors qu’une seconde semble s’annoncer depuis que tout a été ré-ouvert (frontières, boîtes de nuits, restaurants, commerces,…). Un second confinement sera à éviter pour préserver l’économie et le port du masque obligatoire dans les transports publics vient d’être décidé. Les hôpitaux n’ont jamais été débordés, à tel point qu’il a été possible de recevoir des cas graves venant de France. L’engorgement des hôpitaux aurait conduit à davantage de morts mais cela aurait été probablement des prématurés de quelques mois venant s’ajouter aux sinistres statistiques.


La Suède a gardé envers et contre tout une politique très ouverte, tablant sur une immunité collective tardant à venir. Le nombre de morts relativisé à la population est proche de l’Italie et de la France. Ils subissent sans répit la première vague mais curieusement, le nombre de morts est en baisse alors que la pandémie ne faiblit pas. Mon interprétation est que ceux qui étaient faibles et âgés (avec des piluliers longs comme le bras) sont décédés. Les suédois connaîtront probablement l’immunité collective avant qu’un vaccin ne soit trouvé. La pandémie aura opéré sa sélection naturelle sur des gens âgés déjà atteints de multiples autres syndromes.

La Chine a appliqué sa politique dictatoriale et bien qu’ayant déclenché cette pandémie, elle compte une proportion de cas négligeable. Les étudiants malgaches en Chine auront pu juger de la bienveillance relative du pays hébergeur, se voyant enfermés de force avec des livraisons de produits de première nécessité dont les prix explosent et dépassent leurs modestes budgets. Les statistiques chinoises même si elles sont sujettes à caution ne devraient pas être totalement utopiques.

Madagascar a la chance d’avoir une population jeune et les plus âgés ont moins d’embonpoint que les européens. Les chiffres annoncés sont certainement en dessous de la réalité mais restent anecdotiques.


Ma dernière question en préambule était et les autres maladies ? En Suisse, (réf : https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/sante/etat-sante/mortalite-causes-deces/specifiques.html#par_text) les maladies cardio-vasculaires (21042 décès en 2017) et le cancer (17295) sont le problème. Suivent les cas de démence (6500) et les maladies respiratoires (4649). La pollution et les particules fines ont tué 2.3 fois plus de gens que le Covid. Pourtant le taux de particules fines est de 4 µg/m3 alors qu’à Tana il peut se situer à 60 avec des pics à 360 µg/m3 (réf : http://www.midi-madagasikara.mg/societe/2018/05/05/pollution-de-lair-a-antananarivo-taux-trois-a-six-fois-plus-eleve-que-les-valeurs-recommandees-par-loms/).


Je suppose qu’à Madagascar, le paludisme, la peste et peut-être les maladies liées à la pollution sont bien plus graves que le Covid. Le jour où le nombre de morts pour chaque cause sera affiché avec autant d’empressement par les médias, je pourrai dire que cette pandémie est représentée de manière équitable. Et ce catastrophisme est universel.

Veloma daholo

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