Razafiarison René, doyen des sénateurs en clôturant son discours d’ouverture de la session parlementaire, doit être félicité. En six ans, il sera le premier responsable de ce pays à crier du haut d’une tribune officielle : « Vive la République ». Et oui, en six ans, nul n’a entendu ni le chef de l’Etat, ni le Premier ministre, ni les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, ni les ministres, ni les députés, ni les sénateurs, ni rien, ni personne souhaiter « longue vie à la République de Madagascar ». Faisant ainsi croire que la « chose publique » était le dernier de leur souci. La République fête cette année ses 50 ans. Née le 13 octobre 1958, ce fut sous la Première République qu’elle a été surtout célébrée. Sous la Deuxième République, ils ont plutôt troqué la République contre la Révolution. Depuis, personne ne crie plus « Vive la République ». A la place, les Révolutionnaires s’égosillent avec les « Vive le président respecté D.R. ». Sous la Troisième République, rien. Absolument rien. Sauf actuellement où ils ont inventé le « Homba antsika Andriamanitra ». Un grand bond vertical, sans catapulte, qui va de la terre au ciel : de la République dans laquelle les hommes se prennent en charge au Paradis où « Dieu » doit rester le seul maître à bord. Mais quel Dieu ?
Tout devient possible
Pourtant, sans la République, aucun dirigeant du pays, depuis la fin de la monarchie en 1896 jusqu’à aujourd’hui, n’aurait aucune chance d’accéder aux responsabilités. La République est ce système politique dans lequel même le plus humble des citoyens peut, normalement, faire valoir ses droits les plus élémentaires que sont l’Egalité et la Liberté. Prenons l’exemple de Philibert Tsiranana, le plus emblématique de tous les présidents malgaches. D’origine modeste, il est devenu instituteur, puis parlementaire avant d’accéder aux commandes de l’Etat républicain qu’est la République malgache. Dans un autre système politique, c’aurait été tout simplement du domaine de l’impossible. Mais avec la République, tout devient possible. Ceci dit, on ne saurait non plus imaginer la République sans la Démocratie. La vraie. Malheureusement aujourd’hui, la République et la Démocratie sont malades de ses républicains et de ses démocrates. Dès lors, il est plus que temps de (re)clamer avec le sénateur Razafiarison René : « Vive la République ! »