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Editorial

Miroirs

mardi 30 août 2011 | Patrick A.

Si les choses pouvaient toujours être simples, l’Union africaine aurait suivi la Ligue arabe et bon nombre de ses pays membres ; elle aurait rapidement reconnu comme autorités de la Lybie le Conseil national de transition. Jugeant la situation militaire encore instable et craignant une guerre civile à l’irakienne, le président sud-africain Jacob Zuma a dit : « nous ne pouvons pas dire que c’est la force qui est légitime maintenant ». L’organisation panafricaine appelle donc à la formation d’un « gouvernement de transition incluant toutes les parties, qui serait le bienvenu pour occuper un siège à l’Union africaine ».

En bonne logique cependant, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA aurait dû officiellement prononcer la suspension de la Lybie. Cette omission est comme un aveu en creux de l’inadaptation des procédures habituelles de l’UA et des divisions qui la traversent. Et si l’on reprend a contrario la phrase de Jabob Zuma selon laquelle « nous ne pouvons pas dire que c’est la force qui est légitime maintenant », l’on est alors tenté de demander à partir de quel moment la force deviendrait légitime à ses yeux.

Il est en tout cas difficile de ne pas voir dans la réaction de l’UA une large part de vexation face au manque d’égards des rebelles de Benghazi vis-à-vis de l’organisation panafricaine, à la médiation de laquelle ceux-ci avaient opposé une fin de non-recevoir. L’humiliation a été d’autant plus mal vécue que Mouammar Kadhafi était avec le sud-africain Thabo Mbeki et le nigérian Olusegun Obasanjo un des hommes clés de la fondation de l’Union africaine en 2002.

Si l’on devait carricaturer la situation libyenne à partir de l’exemple malgache, la solution libyanno-libyenne avec une « médiation » de l’OTAN a eu du mal à convaincre. Et inversement, l’on peut sérieusement se demander comment aurait évolué la situation de notre pays si la HAT n’avait pas usé et abusé de qualificatifs peu flatteurs envers les médiateurs africains. Ce sentiment de supériorité ne s’est pas vraiment dissipé à l’heure qu’il est, si l’on en juge par la présentation en forme d’ultimatum de la demande de fixation d’une date pour la signature de la Feuille de route.

Les États ont de la mémoire, les forces politiques pressées de prendre le pouvoir en ont beaucoup moins. Alors que la fin du mois d’Août approche et risque de continuer à n’apporter aucune réponse, la crise diplomatique n’en finit pas de prendre le relais de la crise politique.

8 commentaires

Vos commentaires

  • 30 août 2011 à 09:30 | hrrys (#5836)

    La crise malagasy n’est pas du tout similaire à celle de la Libye .
    Ce qui m’embête c’est que cette organisation ,qui est pour l’instant inutile ,
    n’ a même pas un pouvoir de décision ni de commandement .On attend toujours la position de la France ou les EU.Ces présidents Africains sont tous
    des dictateurs , des hommes de paille et en même temps soudoyés par les grandes puissances

    • 30 août 2011 à 09:57 | Ravao (#5319) répond à hrrys

      Bonjour,
      Nous sommes uniques au monde.Nous avons un paletot à plusieurs manches qu’on retourne selon les vents politiques et les envies de la France. Ce qui veut dire que ni l’UA ni la SADC ne viendront apporter la solution magique.Encore moins les solutions malgacho-malgaches. Il suffit que la France prononce un seul petit mot et tout s’arrêtera. Le fera-t-elle ? Si elle va le faire, ce sera à quel prix ?

    • 30 août 2011 à 09:59 | Ravao (#5319) répond à hrrys

      Bonjour,
      Nous sommes uniques au monde.Nous avons un paletot à plusieurs manches qu’on retourne selon les vents politiques et les envies de la France. Ce qui veut dire que ni l’UA ni la SADC ne viendront apporter la solution magique.Encore moins les solutions malgacho-malgaches. Il suffit que la France prononce un seul petit mot et tout s’arrêtera. Le fera-t-elle ? Si elle va le faire, ce sera à quel prix ?

  • 30 août 2011 à 11:22 | Madagascan (#1869)

    Khadafi a largement financé l’ANC de Zuma dans les années 80, et a longtemps contribué à hauteur de 25% au budget de l’UA.
    Pas étonnant que Zuma tergiverse concernant la Lybie.

  • 30 août 2011 à 11:58 | da fily (#2745)

    Le guide a été un camarade bien actif au sein du gotha dirigeant l’UA, les rebelles s’en souviennent, c’est pour celà qu’ils boudent et ne veulent pas entendre parler d’une médiation des pays africains. Le guide, dans son entreprise mégalomaniaque, a certes beaucoup financé des « causes » africaines, mais sa générosité n’avait pas la même portée dans son pays, la majorité ne voyait pas la couleur des pétro-dollars du guide suprême. Les chefs d’états africains, pour peu qu’ils véhiculaient l’image d’une grande afrique souveraine, pouvaient compter sur les subsides de Mouammar el Kadhafi, il savait se montrer opulent, demandez à Ravalomanana et Rajoelina, Becki en Afrique, voir même Berlusconi ou Sarkozy ailleurs.

    Mais les lybiens ont fait sans l’UA, il faut dire que l’appui de l’OTAN a vite fait basculer le rapport de forces, gageons que l’UA n’aurait pas eu la même décision de s’impliquer jusqu’à attaquer les positions kadhafistes, le guide a été un partenaire fiable pour l’UA, elle ne pouvait décemment participer à l’éviction d’un de ses piliers. Les rebelles en connaissance de cause sont quelque peu distants envers cette UA qui se retrouve acculée au mur, en constatant que le régime jamahyirien a vraiment pris fin et qu’il va falloir composer avec cette transition qui s’annonce.

  • 30 août 2011 à 16:06 | mpitily (#1212)

    C’est la preuve supplémentaire que l’UA et la SADC ne sont pas des médiateurs fiables et honnêtes pour résoudre les crises en Afrique. Les présidents africains se moquent éperdument des intérêts des peuples et même de la démocratie. L’assemblée des présidents de l’UA et la SADC ressemblent plus à une association de malfaiteurs (qui s’auto-protègent) qu’à autre chose.

    Ces gens là se discréditent d’eux-même. Il faut être fou pour continuer à leur faire confiance. Que le GIC opte désormais pour l’ICG pour remplacer la SADC dans la résolution de la crise malgache.

    A bas l’UA et la SADC (actuelles) et vive l’ICG.

  • 30 août 2011 à 17:41 | hash (#3452)

    C’est toujours aussi bon de suivre les pérégrinations de nos fabuleux commentateurs (pour certains c’est de l’ironie et pour d’autres un sincère compliment).

    Ah ces africains, ces noirs, ces sauvages, qu’est ce que l’on entend pas ????
    Bref, si il est vrai que l’UA n’a aucun poids face à la communauté internationale (CI) et que certains pays se plaisent à moquer d’une façon ou d’une autre. Elle n’en reste pas moins une assemblée de pays qui sont des partenaires potentiels à ménager. N’en déplaise à certains !

    Concernant le parallèle Libye/Madagascar, je dirai qu’il serait plus intelligent de regarder du côté opportunités que proposent ces pays.
    Si la CI est au chevet de la Libye, c’est que la contre partie pour laquelle les pays se bousculent au portillon (ouverture de l’ambassade anglaise et française+premières signatures de contrats).
    Ce qui n’est pas le cas à Madagascar, certains diront haut et fort que les richesses « potentielles » (je déteste ce mot, cela reste toujours potentiel, lol) du pays attirent aussi des convoitises. Et bien ils se mettent le doigt dans l’œil. La seule chose digne d’intérêt pour la CI à Madagascar, c’est le corridor maritime (80 % des marchandises mondiales transitent par là). Madagascar n’étant pas une nation belliqueuse, ou n’en n’ayant pas les moyens (pas de flotte maritime), alors on fait peu de cas d’un problème qui récurrent (50 ans de crise) pour lequel les protagonistes se foutent éperdument de sa résolution ou non.
    Bien à vous. ;o)

  • 30 août 2011 à 22:35 | sevane (#2781)

    Le continent africain, par la voie de l’Union africaine, a freiné des deux pieds lorsqu’il était question d’intervention en Libye. Pas une seule fois, les dirigeants africains n’ont condamné les agissements du dirigeant libyen. Par contre, ils n’ont pas hésité à critiquer vivement les opérations de l’OTAN.
    Les raisons officielles (celles qui sont donc les moins proches de la vérité) avancées par les Etats africains est que cela risque de déstabiliser la région et également de déclencher une guerre civile. Les pays africains sont inquiets d’un Occident qui pense qu’il peut intervenir où et quand il le souhaite.
    Mais les raisons moins officielles sont, avant tout, des raisons économiques. En effet, les pays africains sont redevables. Ils ont « une dette historique envers la Lybie qu’il serait difficile de ne pas honorer ». Le régime de Kadhafi a financé à coups de millions de pétrodollars un très grand nombre de projets. Certains de ces projets d’ailleurs se développent encore et risquent d’être stoppés. La Libye y a financé certaines fins de mois difficiles. Il a aussi été le plus gros contributeur de l’Union africaine (qui va payer maintenant les fonctionnaires d’Addis-Abeba ???)
    Politiquement, la manne pétrolière de Kadhafi a permis d’armer des rebelles et de mettre en place des régimes tels que ceux de Mugabe ou de Compaoré. Et en Afrique du Sud, le « Guide » a été un des grands soutiens de l’ANC, le parti qui est aujourd’hui au pouvoir.
    Enfin, ces pays craignent la suite. En effet, la liste des Etats africains en froid avec les droits de l’homme est plutôt longue … Qui sera le prochain sur la liste ?
    Cela dit, avec ou sans l’UA, il y a de fortes chance que le CNT finisse par s’imposer. L’UA sera dans ce cas encore moins crédible, n’ayant pas pu s’imposer lors de ce conflit.

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