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Tribune libre

Lettre ouverte à la communauté internationale, via le GIC

lundi 31 août 2009

« PLUS JAMAIS DE PUTSCH RECONNU PAR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A MADAGASCAR »

Messieurs,

Qu’il soit annoncé d’entrée qu’en 2002, j’ai quitté volontairement mon pays suite à l’accession de Ravalomanana à la magistrature suprême. De près ou de loin, je ne voulais être mêlée à un régime qui est passé par la rue, dirigé par un putschiste… Réélu certes mais autoproclamé quand même. Si on m’avait dit qu’un jour je prendrais mon clavier pour relayer un appel émis par Ravalomanana, j’aurais été la première à ne pas y croire ! Et pourtant aujourd’hui, c’est mon devoir, et je n’ai que ma plume pour m’en acquitter.

Comme vous l’avez constaté, à Maputo 1, Marc Ravalomanana est venu en tant que Président de la République. Et une bataille juridique interminable aurait pu le maintenir dans sa position. Mais comme vous le savez aussi, plusieurs personnes ont fait appel à son patriotisme, ont évoqué ses responsabilités de Président justement : « Votre entêtement, même défendable à être Président, et votre désir de retourner vont empirer la situation de votre pays »… A la fin de Maputo 1, non sans peines, il a annoncé que dorénavant, il est un ancien Président. Oui, Ravalomanana, l’homme qui a régné sans partage pendant 7 années a lâché son siège. Mieux, au bout de plusieurs journées de tractations il a rassuré tout le monde que si c’était la condition pour que la solution voie le jour, il renonce aussi à son retour immédiat, et il ne participera pas à la transition !!!

L’honnêteté voudrait que malgré tout mon ressentiment, je dois reconnaître avec nombre de mes compatriotes, que ce jour là, il a fait beaucoup de concessions pour le bien de son pays, il est en train de réparer concrètement ses erreurs. Une attitude qu’on attend d’un Président.

Depuis Maputo 1, notre ancien Président Ravalomanana a émis un appel que vous semblez magistralement ignorer ! Reconnaissant ses responsabilités pendant les événements de 2002, il fait blocage sur la présidence de Andry Rajoelina, pour la simple raison que ce dernier y est aussi arrivé par la rue. Un putschiste de plus dans la triste histoire de la grande île.

Actuellement, sans l’aval de l’ensemble des quatre mouvances pourtant, la présidence de Andry Rajoelina et les revendications invraisemblables des « prostitués politiques » qui l’entourent, semblent acquis, à coup de tractations et de changements dangereux de définition du terme CONSENSUS. Messieurs, si jamais, cela était le cas, alors sachez que vous envoyez un message très clair à toutes ces personnes habituées à financer et à fomenter les putschs dans mon pays : « Allez-y, la communauté internationale vous reconnaîtra de toute façon ! ». Et mon pays n’aura plus qu’à pleurer.

Le principe de consensus que vous avez instauré, vous impose d’écouter et de considérer l’appel de notre ancien Président : « Plus jamais de Putsch reconnu par la communauté internationale à Madagascar ! ».

Je sais bien que ma voix ne vaut que le papier sur lequel j’écris, mais je vous en supplie, ne changez pas la définition de consensus et ne permettez pas qu’on piétine les efforts déployés collectivement à Maputo. Malgré une fatigue fortement compréhensible n’abandonnez pas à ce stade le peuple malgache.

Merci de m’avoir lue.

Bao, exilée volontaire

10 commentaires

Vos commentaires

  • 31 août 2009 à 08:15 | Noue (#2427)

    Que rajoute : Ne visez pas que votre intérêt mais la souffrance des Malgaches

  • 31 août 2009 à 09:29 | jules (#2904)

    Bonjour, vous avez totalement raison, votre demande est légitime. Le probleme est que vos hommes politiques ne sont que des racailles,qui se moquent du peuple malgache et dont l’unique but est de « faire du fric ». De plus au bout de la chaine ,il y a les amis bidasses qui decident, le DJ n’est qu’une marionette. La dictature militaire est là ,mais vous ne la voyez pas bien encore,mais elle est là. Dommage pour les malgaches, tristesse...

  • 31 août 2009 à 12:05 | ikopa (#671)

    Vous parlez de « prostitués politiques ».C’est seulement sur ce point que je vous donne raison car c’est certainement là le vrai problème de la pratique politique à Madagascar.
    En effet, en calculant les partisans et membres des partis politiques qui se sont relayés au pouvoir depuis le PSD de Tsiranana, puis l’AREMA de Ratsiraka, le Herivelona Rasalama de Zafy, du TIM de Ra8, et maintenant les TGV-istes de Andry, il faut croire que :

    - soit la pratique politique dans notre pays est purement et simplement de la prostitution

    - soit que Madagascar compte le plus de politiciens dans le monde, pour alimenter en effectif tous ces nouveaux partis qui se créent une fois arrivés au pouvoir.

    Sinon que penser des militants politiques français ou americains si à chaque fois qu’il y a changement à la tête du pouvoir tout ce beau monde oublie leur appartenance à l’ancien pouvoir pour se faire baptiser au nom des interêts ésperés de la part du nouveau.

    Si nous ne trouvons pas un moyen à dicréditer voire à aviliser de telle pratique, la politique malgache sera toujours dominée par cet esprit honteux sans nom que tout le monde affectionne sans le cautionner

  • 31 août 2009 à 15:14 | mpitily (#1212)

    Si Ravalo n’était pas un ancien putschiste et si sa gouvernance était vraiment bonne et respectueuse de la démocratie, son appel serait crédible. Malheureusement, ...

    • 31 août 2009 à 19:43 | Ziry Onesime (#572) répond à mpitily

      Juste une question pour ce Monsieur Mpitily !
      Une personne, de surcroît un Président, qui ose dire et avouer ses erreurs, vous en avez vu ?...

      Si vraiment, il est un vrai putchiste, croyez-vous qu’il serait prêt à abandonner son trône pour un autre putchiste qui a conduit le pays à la déribe ? Admettons que sa gouvernance n’était pas vraiment respectueuse de la démocratie, pourriez-vous prouver qui ont été les dirigeants qui ont pu réaliser ce que Ravalomanana Marc a fait en 7 ans ?

      Et encore une dernière remarque : ne confondez pas SEVERITE/RIGUEUR et NON RESPECT DE LA DEMOCRATIE, cher ami !... car RAVALOMANANA a voulu faire abandonner au peuple malgache le culte de « SOAVALY TAPA-KOFEHY », ce qui lui a valu le titre d’être un dictateur ou un despote !... Et c’est ce qui est vraiment navrant à l’heure actuelle !

    • 1er septembre 2009 à 09:26 | mpitily (#1212) répond à Ziry Onesime

      On voit bien que vous êtes nouveau sur ce site donc vous n’aviez pas lu tout ce qu’on a écrit auparavant.

      Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai déjà commenté ce mea culpa plein d’hypocrisie et de piège (vous êtes tombé dedans) de Ravalomanana.

      1/ Il n’a jamais demandé pardon, il avait simplement dit que s’il avait fait des erreurs c’était du fait qu’il était un être humain et que s’il avait fait des fautes il en assumait la responsabilité. Jamais il n’avait prononcé le mot pardon ou « désolé pour ».

      2/ Quand on demande pardon, la première chose à faire est de reconnaitre explicitement et avouer ses fautes pour ne plus les refaire dans l’avenir ou aussi pour les réparer. Or, qu’a-t-il répondu à la journaliste de RFI à propos de son mea culpa et de ses erreurs ? « justement je ne comprends pas quelles erreurs ai-je fait, peut-être que je n’ai pas suffisamment payé les militaires ». Bref il a tout compris quoi.

      Ratsiraka aussi a beaucoup fait pour ce pays, ne serait-ce que les routes nationales reliant Tana à Tamatave et à Majunga qui n’étaient pas bitumées auparavant. Et alors, ne fallait-il pas non plus l’enlever de la présidence ? Quelles sont alors les justifications du putsch de Ravalo en 2002 ?

  • 31 août 2009 à 23:04 | Albatros (#234)

    Bonsoir Bao,

    Très bonne analyse !!!.

    Juste une petite impression de ma part : Si Mr Ravalomanana ne souhaite pas que Mr Rajoelina prenne la présidence de cette nouvelle « Transition », c’est certainement qu’il connaît très bien Mr Rajoelina, et qu’il voit en lui son clone en plus jeune.

    • 1er septembre 2009 à 06:53 | Ziry Onesime (#572) répond à Albatros

      Monsieur Albatros, un peu d’analyse intellectuelle, s’il-vou-plaît !

      Croyez-vous qu’il y a vraiment une similitude entre RAVALOMANANA et Andry RAJOELINA tant du point de vue intellectuel, politique, diplomatique et stratégique ?

      Un peu de bon sens, cher ami : car si votre anayse se base sur ce point de vue assez « borné », je n’oserai pas douter de vos refléxions quand on va parler du fonds de cet imbroglio politique !

  • 1er septembre 2009 à 16:15 | rota rakotomalala (#2628)

    Moi j’ai quitté volontairement mon pays du temps de Ratsiraka...

    Et j’aurai voté et revoté pour Ravalomanana si j’avais pu...Mais maintenant il ne s’agit plus de cela.

    Merci de votre lettre qui j’espère sera lue par les personnes concernées...car nous, nous aurons beau écrire tout ce que nous voulons, s’ils ne sont pas lus par ceux qui le devraient...dia tsy misy antony....

    Vraiment cordialement...

  • 1er septembre 2009 à 17:15 | rota rakotomalala (#2628)

    Lettre de Jean-Luc Raharimanana, écrivain malgache

    Survie France : http://survie.org/Lettre-de-Jean-Luc-Raharimanana.html

    Nous vous prions de trouver ci-après une lettre ouverte de l’écrivain malgache Jean-Luc Raharimanana à Jacques Chirac, Président de la République. Nous vous la transmettons en toute solidarité avec le peuple malgache.

    C O M M U N I Q U E - Paris, le 25 juin 2002
    Le jugement de Chirac.

    Le peuple malgache, depuis décembre 2001, tente de faire reconnaître au monde entier son désir profond de changement après 25 ans de dictature. Vingt cinq ans où le Capitaine de Frégate, Didier Ratsiraka, sorti de Saint Cyr, s’autoproclama Amiral, et cadenassa les espoirs, étouffa dans le sang toute contestation. Madagascar souffre. Madagascar est meurtri. Les médias français parlent d’une centaine de victimes depuis le début de la crise mais a-t-on compté ceux qui ont succombé à cause des barrages asphyxiant les villes ? Impossibilité d’acheminer les médicaments dans un pays déjà pauvre en infrastructures sanitaires. Impossibilité de joindre les centres médicaux. Impossibilité de recevoir ou d’envoyer les produits de premières nécessités (carburant, nourritures, eau dans certaines régions…). Les femmes, les enfants tombent comme des mouches. Des maladies comme la peste et le choléra reprennent vie. La famine s’installe.
    Ratsiraka parle de démocratie, de second tour qui n’a jamais eu lieu. Mais comment écouter un seul instant ce discours quand pour faire valoir sa « légalité » et sa « légitimité », il sabote son propre pays ? Bombardements de ponts desservant les régions ( une demi-douzaine à ce jour), tentative de destruction et endommagement de la plus grand centrale d’énergie du pays (Andekaleka). Comment écouter ce discours quand il arme des miliciens et égorge ceux qui le contredisent ? Rien que pour cela, il aurait été déclaré inéligible et criminel dans un autre pays.
    Et pourquoi une Nation comme la France continue-t-elle à soutenir un tel personnage ? Quel est l’intérêt de la France dans un pays aussi pauvre ? « Au nom de la Démocratie, nous répond-on, le processus électoral n’est pas allé au bout, Marc Ravalomanana s’est auto-proclamé Président ! ». Après recomptage des voix, il apparaît que ce dernier a bel et bien remporté les élections mais la France persiste dans son idée, fait concocter un plan de sortie de crise par des Eyadéma, des Sassou Nguesso, des Omar Bongo, grands animateurs du Club Françafrique, tous des criminels en puissance et amis de Ratsiraka. Comment s’étonner alors de ces sommations péremptoires de l’OUA et du Quai d’Orsay : Les Malgaches doivent travailler sur les « modalités spécifiques pour les arrangements de transition basés sur l’esprit de l’accord de Dakar et les consultations ultérieures ». Traduction brutale de l’esprit de cet accord : deux co-chefs d’Etat, un gouvernement fifty-fifty, l’oubli des crimes du dictateur.
    Le peuple malgache a fait son choix par les urnes et l’a exprimé une fois encore par des manifestations pacifiques saluées par le monde entier. Ratsiraka y répond par le crime. La France par le Jugement de Salomon : coupez Madagascar en deux ! Ratsiraka est prêt à le faire. Le jugement aurait pu tomber sauf qu’à la place de Salomon, nous n’avons que des politiques prêts à tout pour protéger leur « pré-carré africain ».
    J’appelle le peuple et les élus français à se désolidariser de cette politique. Pour que la France ne soit pas un sujet de honte pour le monde entier.

    Chirac : « Madagascar n’est pas mûr pour la démocratie » jeudi, 27 juin 2002

    Survie France : http://survie.org/Chirac-Madagascar-n-est-pas-mur.html

    Communiqué, le 27 juin 2002

    Les principaux pays occidentaux et l’Union européenne ont, par la participation de leurs représentants aux cérémonies de la fête de l’indépendance, reconnu la légitimité du président Ravalomanana, élu par les Malgaches. Sauf la France, qui s’accroche à un schéma illusoire de « coprésidence » avec l’ex-dictateur Didier Ratsiraka, confit en corruption, recruteur de mercenaires et de miliciens, saboteur de ponts, affameur de son propre pays.
    À défaut de coprésidence, l’Elysée et le ministre des Affaires étrangères qui en est issu, Dominique de Villepin, voudraient imposer dans l’exécutif malgache des personnalités ratsirakistes comme l’ancien ministre des Finances Pierrot Rajaonarivelo, prototype des tares du régime rejeté par les Malgaches. C’est comme si, pour reconnaître le gouvernement Raffarin, Madagascar exigeait un important ministère pour Jean-Marie Le Pen !
    Paris n’a jamais dénoncé en Didier Ratsiraka le commanditaire des recrutements de mercenaires et l’organisateur du blocus du pays. L’exécutif français justifie sa position caricaturale par celle de l’OUA, dominée par un club d’autocrates qu’inquiète la revendication démocratique malgache. La position élyséenne est du même ordre que celle qui prévalut en 1997, quand la France fut la dernière puissance occidentale à soutenir Mobutu – allant, dans son « acharnement thérapeutique », jusqu’à favoriser l’embauche de mercenaires français et serbes.
    Le chantage est explicite : « Si vous ne vous pliez pas à nos oukases, nous bloquerons toute aide internationale », une aide dont Madagascar a cruellement besoin après six mois d’immenses dégâts causés par la folle obstination de Ratsiraka.

    Il y a 55 ans, la France a massacré quelque cent mille Malgaches. Aujourd’hui, pour préserver l’influence néocoloniale de ses réseaux françafricains, elle serait prête à plonger dans la famine et le chaos un peuple qui a eu le seul tort de réclamer la démocratie. Il est urgent qu’un grand nombre de Français signifient leur refus de cette option scandaleuse et absurde.

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