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Antananarivo | 23h00
 

Communiqué

Groupe des Experts Nationaux (GEN)

Les élections vecteur et catalyseur de conflit et de crises politiques

jeudi 27 juillet 2017

PERSPECTIVES DE LA PREVENTION

A- ANALYSE DE LA CRISE

Les élections en 2018, dans le calme, la paix où les belligérants acceptent les résultats, c’est le souhait de tous les Malagasy.

La situation actuelle est alarmante et les risques de conflits sont bien réels. Dans une perspective de prévention, le GEN propose une réflexion approfondie afin de contourner, d’éliminer ou tout au moins d’atténuer toute source de tension liée au processus électoral.

La méfiance règne au sein de notre société :
- Méfiance vis-à-vis des autorités politiques qui n’engagent pas le pays dans une stabilité démocratique dans la mesure où l’aspiration à un second mandat y règne encore ;
- Méfiance vis-à-vis de l’appareil judiciaire qui ne démontre pas son indépendance et son impartialité, ce qui explique pourquoi la vindicte populaire fait tâche d’huile dans le pays ; la sécurité est dans un état incontrôlable et se manifeste par l’auto défense villageoise ;
- Méfiance vis-à-vis des nantis du pouvoir qui tirent les ficelles pour accaparer les marchés publics et exploiter les ressources naturelles ;
- Méfiance vis-à-vis des forces de l’ordre qui faillissent à leur engagement de protéger les personnes et leurs biens.
- Méfiance vis-à-vis de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) dont les avis et décisions actuels sont suspectés de partialité ;
- Méfiance vis-à-vis de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) qui manque d’impartialité parce que dépendante du régime et de la Communauté internationale ;
- Méfiance vis-à-vis des partis politiques qui ne s’unissent que pour renverser le régime en dérive et restent atomisés lors de la quête du pouvoir ;
- Méfiance vis-à-vis d’une frange de la Communauté Internationale qui prend le citoyen Malagasy pour des mineurs, établit et décide comme des tuteurs et parfois impose la route à suivre dans la conduite des affaires nationales (feuille de route) ;

En effet, le terrain est actuellement miné, sur le plan politique, économique, social et environnemental et l’explosion peut intervenir à tout moment ;

Pour réaliser des élections dont les résultats seraient acceptés sans discussion, il nous faut, à nous Malagasy, identifier les causes profondes des problèmes et les résoudre par nous-mêmes, par la concertation et le dialogue.

B- ANALYSE DES ACTEURS ET DE LEURS INTERÊTS

La réflexion part des constats de ce que le pays a vécu durant les quarante dernières années (1975-2015).
- Le parti au pouvoir monopolise et verrouille l’appareil étatique, prend des décisions unilatérales, pour l’opérationnalisation des institutions en charge de l’organisation des élections, ceci afin de rester au pouvoir éternellement, par crainte de vengeance et de représailles s’il y a alternance.

Et toute forme d’opposition est écartée voire réprimée.
- Le parti opposant au régime, convaincu de vaincre aux élections, face à la situation dans le pays, est exclu des prises de décision et n’est pas représenté dans l’organe organisateur des élections. Une contestation des résultats et du processus même est probable, source de tension politique grave (2002).
- Le citoyen électeur, source de la démocratie, souffre de la pauvreté et de l’inflation, est déconnecté de la vie nationale et n’est point consulté dans les décisions politiques.

Cette exclusion par le pouvoir aura un effet boomerang violent, selon les circonstances.
- La HCC, appareil judiciaire dont le jugement est définitif, non susceptible de recours, assure un rôle important dans la prévention de la crise, comme ce fut le cas du jugement prononcé à Mantasoa en décembre 2001.

Le risque majeur est l’instrumentalisation de la HCC sur la proclamation de la victoire et la non considération des recours aux contentieux électoraux des candidats adverses.

Mais actuellement, on assiste à une crise de confiance vis-à-vis de cette institution : Déchéance du PRM - Nomination du PM - Mandat impératif des députés - Chef de l’opposition………
- La composition de la CENI, organe de gestion des élections, fait l’objet de remarques pertinentes quant à son indépendance et son impartialité, le parti se disant de l’opposition n’étant pas représenté dans cet organe et certains des membres actuels ayant déjà occupé des postes politiques au sein du gouvernement ou des membres de parti pro régime.

La loi n°2011–013 du 9 septembre 2011 portant statut de l’opposition et des partis d’opposition est claire. L’opposition est dirigée par un Chef de l’opposition officiel.

Le rôle de la société civile est déterminant dans la restauration de la paix et de la démocratie pour un développement de tout homme et tout l’homme. Actuellement, on assiste à des actions dispersées et inefficaces face à la situation alarmante du pays.

Les OSC sont des partenaires importants et indispensables à la réflexion pour éviter le chaos électoral.
- L’église a joué dans le passé un rôle de rassembleur et de défenseur des opprimés pour qu’il y ait verité dans le jeu démocratique et le respect des droits humains.

Elle est consciente de l’impact négatif de manifestations désastreuses comme ce fut le cas à Antsakabary – Befandriana Nord. Pourquoi ne pourrait-elle pas continuer à jouer ce rôle d’interpellation ?
- Au niveau de la Communauté Internationale : une crise post électorale est prévisible, mais une réaction timide de la C.I sur les imperfections et les soucis sur le devenir du pays nationaux restent à déplorer.

En d’autres termes, une véritable ingérence a été annoncée et imposée (feuille de route, sanctions internationales). La souveraineté nationale reste bafouée.

C- RECOMMANDATIONS STRATEGIQUES

En définitive, la récurrence des instabilités entrainées par les élections est un indicateur pour opérer, dans l’urgence, des réformes juridiques et institutionnelles.
Réformes des textes régissant le Code Electoral, la CENI, la HCC.

Dans cette optique, le GEN recommande des ASSISES NATIONALES, qui ne sont pas imposées par la Communauté Internationale, mais négociées par tous les acteurs politiques, les Organisations de la Société Civile, les syndicats, etc…..

Le GEN est disposé à être le leader de ces Assises, si les parties prenantes donnent leur accord.

Profitons de nos expériences du passé, pour réconcilier la nation avec elle-même, pour établir des réformes dans un consensus afin d’amoindrir les contestations.

Antananarivo, le 21 juillet 2017

Madeleine Ramaholimihaso, Bruno Rakotoarison, Charles Rakotonirina, Cocken Razafiarison, Hasina Rakotoson, Zafimandimby.


Groupe des Experts Nationaux (GEN)
Rue Rajakoba Augustin Ankadivato Antananarivo
E-mail : mrcabram@moov.mg
Tél : 22 663 99 Fax : 22 663 59

11 commentaires

Vos commentaires

  • 27 juillet 2017 à 11:32 | Eloim (#8244)

    Et pour conclure, mieux vaut adopter d’autre mode opératoire pour choisir nos dirigeants plutôt que se targuer à cette expression dite démocratique, l’unique voie que la CI accepte comme une issue démocratiquement convenable. Chez nous, chaque élection, toute une couleur de crise. Alors abandonnons cette voie qui engendre des conflits interminables et détruit tout le pays.

    • 27 juillet 2017 à 12:36 | Pericles (#8460) répond à Eloim

      Une « autre voie » au motif que la société malgache peine à vivre des élections démocratiques avec sérénité ? Pourquoi pas... mais que proposez-vous exactement ? Un coup d’état militaire ? Un coup d’état civil ? Une nouvelle monarchie ? Un tirage au sort ? Je ne comprends pas bien ce qu’apporte votre commentaire. Je préfère de loin une formule du philosophe Kierkegaard : « ce n’est pas le chemin qui est difficile mais le difficile qui est le chemin ».

    • 27 juillet 2017 à 14:50 | Eloim (#8244) répond à Eloim

      De par ma naïveté, je ne fais que blablater comme tous les autres forumists. Je n’apporte rien comme solution de substitution car il me paraît « difficile » de se débarrasser de la CI avec notre indépendance octroyée sous dépendance (dixit à maintes reprises Turping) , selon vos dires tout en se référant à la citation de ce célèbre philosophe. Je pense que c’est à travers des concertations de tout bord qu’on pourrait trouver ensemble la voie qui nous convient le plus au lieu de copier-coller ce que les occidentaux, prétendants détenteurs de ce socle dit de démocratie, considèrent comme la principale expression démocratique acceptée par nos PTF. Concertons d’abord pour établir quel type de démocratie voulons-nous adopter, ce qui nous convient le plus. Après, allons travailler les textes et faisons la restructurations des différentes organisations y afférentes en commençant par la réfection de la Constitution, les Codes électorales, ... Et on verra si nous allons nous entre-tuer comme avant.

  • 27 juillet 2017 à 12:51 | Pericles (#8460)

    Juste un petit clin d’oeil amusé en lisant la première ligne de votre article. Vous souhaitez des « élections dans la paix » dans lesquelles « les belligérants acceptent les résultats ». Je vous suggère de parler plutôt de candidats car associer paix et belligérants c’est juste antinomique. Je vous rappelle que belligérant vient du latin belligerans c’est-à-dire celui qui est en guerre avec un autre (cf. De Bello Gallico, la guerre des Gaules, le récit de Jules César). Parlons plutôt de « candidats » ou de « parties en présence » ou des « partis politiques ».
    Cela dit plus sérieusement le reste de votre article dresse un constat malheureusement juste de la situation. Je suis un peu dubitatif quant à votre vision de l’action de la communauté internationale que je trouve plutôt sévère voire injuste, ou surtout potentiellement dangereuse si elle devait conduire à la bonne vieille pratique du bouc-émissaire (sur le registre « c’est pas de notre faute si on est dans une telle situation, c’est à cause de la vilaine communauté internationale qui ne songe qu’à nous piller ») pour finalement éviter de traiter les vrais problèmes internes sérieusement. Mais loin de moi l’idée de vouloir vous faire un procès d’intention, je vous fait juste part d’un risque de déviance (et les bavardages incessants sur les îles éparses en sont une bonne illustration).
    Quant à la société civile je forme avec vous le voeu qu’elle pourrait aider à cette réconciliation nationale que vous souhaitez, comme je l’espère beaucoup de malgaches. Cela dit je crains que la difficulté soit bien grande pour y parvenir, surtout dans les délais qui nous séparent encore des élections (il ne faudrait pas en faire un prétexte au respect des échéances électorales).
    Vous n’évoquez pas un autre problème majeur qui est la pédagogie et l’explication à la population dans un contexte dans lequel le niveau désespérant de l’éducation à Madagascar ne facilite évidemment pas l’appropriation d’une culture démocratique.
    Bon courage !

  • 27 juillet 2017 à 14:48 | punchline (#9673)

    Assises Nationales : bonne initiative, la démocratie quantitative c’est terminée, il nous faut une démocratie QUALITATIVE , donc LE FEDERALISME

    - dans l’article la bande à RAMAHOLIMIHASO disait : « Le GEN est disposé à être le leader de ces Assises, si les parties prenantes donnent leur accord. »

    prenez votre responsabilité Madame, n’attendez pas l’accord de nos belligérants en puissance, qui du reste sont corrompus , et n’accepterons pas une telle initiative

    • 27 juillet 2017 à 15:28 | Eloim (#8244) répond à punchline

      Est-ce qu’il est possible de faire semblant d’oublier le passé ? Une question cruciale qui refait vivre la crise de 1991 où les Tabera et Lecacheur brandissaient leurs points de vue sur ce qu’ils appellent le « FEDERALISME » dont l’opinion n’arrivait pas digérer car cette théorie dissimulait son fond ethno-tribalisme (?). C’est ce mauvais souvenir, tout être humain « malgache »animant le sentimentalisme, n’accepte pas l’idée de la division ou de la séparation. Pour illustrer, tout a commencé avec les provinces autonomes de l’Amiral Rouge qui a véhiculé d’une façon ou d’une autre la division pour fuir l’organe Central de décision du pays. C’est dans cet esprit là qu’on arrive pas à bien inculquer le peuple malgache sur quelle imagination on établit un schéma type de ce mode de gouvernance tout en préservant l’unité du pays, un Madagascar indivisible ?

    • 27 juillet 2017 à 15:54 | punchline (#9673) répond à punchline

      @ELOIM/ si Mr RATSIRAKA est la 1er personne par qui tu as appris le FEDERALISME, c’est ton problème.
      cette personne n’a rien de fédéraliste, il avait accaparé tous les pouvoirs
      la preuve :
      - en 1991, il a parlé du fédéralisme, car il était au point de perdre le pouvoir
      -en 1998 : revenu au pouvoir, il n’en avait plus touché mot

      regardez en inde, au bresil, e, allemmagne, aux USA des pays ou les tensions identitaires restent quotidiennement vives, ce pays sont toujours fédéralistes depuis des dizaines voire des centaines d’années

    • 27 juillet 2017 à 16:39 | Eloim (#8244) répond à punchline

      Je ne suis pas contre le fédéralisme. Mais historiquement, ceci revêt des mauvais souvenirs d’une crise assez sanglante du pays. C’est pourquoi, ce type de régime reste méconnu par le malgache.
      Donc, pour ceux qui ont des ferveurs ayant des bonnes stratégies pour inculquer le peuple malgache ce qu’est le fédéralisme, le vrai comme ce qu’on rencontre ailleurs, son avantage et son efficacité pour bien gouverner le pays, sachez éviter à tout prix de parler des sujets ethniques, comme des verbes « tabous ».
      Je n’ai pas l’habitude de me référer sur ce que les autres ont fait. Plutôt, je me réfère surtout sur moi-même, ce que j’ai fait ou ce que j’ai bâti. Chez nous malgache, tout est question de mentalité parfois même l’on est tombé dans le sentimentalisme profond où la raison pourrait être déphasée. C’est la raison pour laquelle chaque crise laissant des lésions reste difficilement oublier et impacte parfois sur la gestion de l’avenir du pays. C’est cet ombre reflétant la rémanence des lésions qui est à l’origine du blocage de tout avancement de n’importe quelle relance, des non-résolus qui s’amassent dans les fonds des tiroirs de chaque dirigeant successif du pays. Tout ceci nécessite l’effacement totale de toute sorte de mésententes par voie de la réconciliation nationale, la vraie afin d’aboutir à un nouveau départ, main dans la main entre les malgaches dont l’objectif n’est autre que le développement du pays.

  • 27 juillet 2017 à 17:11 | ETHAN (#9769)

    hello

    Si l’on veut essayer un development inclusif pour l’intérêt de tout le Peuple malagasy et dans l’état actuel des termes, Madagasikara n’est pas prêt pour adopter le Fédéralisme.
    Une ou deux régions vont plus ou moins réussir, mais le reste ira de mal en pire. J’espère ne pas avoir raison. Alors je clame encore l’Unité du Pays, si c’est possible.

    = > D’autres parts, si les Ministères tel la Justice, l’Intérieur et la Défense ne peuvent pas avoir une bonne transversalité pour leurs meilleures coordinations, alors il n’y aura jamais l’état de Droit.
    Cela signifie, l’inexistence (dans un avenir proche) d’une élection démocratique, Fondamentale Socle de toute Governance.
    Il manque ce Fédérateur leadership (donc un Président) qui peut appliquer une Vision claire pour être à la hauteur du redressement du Pays. Cela pourrait être possible avec une autre Constitution en adéquation avec les réalités malagasy, telle que sa conception ne devra plus être le monopole des experts Juristes. Sa rédaction doit faire l’objet d’une consultation décentralisée !! Et même s’il existe ce Féderateur, il risque fort de se faire couper la tête !!
    C’est tout un Paradigme qu’il faut réviser, vers le pragmatisme (par exemple). … … …

    = > Donc / On peut parler de tout ce qu’on veut, mais le vrai fond du problème est aussi ailleurs.
    Enfin la majorité des ex-colonies n’avaient pas pu capitaliser certains acquis qui pouvaient être de bonnes bases du moins économiquement, pour se développer autrement.
    C’est du gâchis total et malheureusement en perspectif évolution vers le pire.

  • 27 juillet 2017 à 17:51 | dirk_cab (#6503)

    Bonjour,

    Tout ce que vous dites est bien beau.

    Juste une question : peut-on encore parler de constitution , de démocratie, de fédéralisme à une assemblée de « primates » ?

    La théorie est ce qu’elle est , la pratique en est toute autre...

    « Les généralités intellectuelles sont toujours intéressantes, mais les généralités morales ne signifient absolument rien. » (Wilde).

  • 1er août 2017 à 15:06 | M.Brillant (#9963)

    Tout-à-fait d’accord avec vous GEN, mais une entité importante doit être partie prenante dans ces assises à hauteur de ce qu’elle représente démocratiquement dans le pays, c’est l’Eglise dans tout son ensemble (Fiangonana zokiny + Fiangonana zandriny selon les termes même des responsables chrétiens). Comme vous l’aviez bien dit : « L’église a joué dans le passé un rôle de rassembleur et de défenseur des opprimés pour qu’il y ait verité dans le jeu démocratique et le respect des droits humains. » Bonne initiative. Merci.

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