Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
jeudi 25 avril 2024
Antananarivo | 20h31
 

Tribune libre

Amnesty International

Les droits humains sont laissés de côté dans la résolution de la crise politique actuelle

mardi 7 juillet 2009

À la suite d’une mission effectuée à Madagascar, Amnesty International a appelé tous les dirigeants politiques malgaches et plus particulièrement ceux de la Haute Autorité de Transition (HAT) à veiller à ce que le respect et la protection des droits humains soient au centre de toute solution à la crise politique actuelle.

« Si des dirigeants politiques de différentes factions ont été impliqués dans les négociations visant à résoudre la crise politique actuelle, une attention insuffisante a été accordée aux violations des droits humains perpétrées à Madagascar, a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique à Amnesty International.

« La Haute Autorité de Transition doit de toute urgence mener une enquête indépendante et impartiale sur les homicides illégaux d’au moins 31 personnes par la garde présidentielle au cours de la manifestation du 7 février 2009 devant le palais présidentiel d’Ambohitsorohitra à Antananarivo. Des enquêtes similaires doivent également être ouvertes sur le possible recours à une force excessive par les forces de sécurité au cours des manifestations qui ont suivi et qui se sont soldées par des pertes en vies humaines et de nombreux blessés », a déclaré Erwin van der Borght.

Amnesty International appelle la HAT à impliquer les Nations unies et/ou l’Union africaine dans les enquêtes afin de s’assurer que celles-ci sont menées de façon impartiale et indépendante.

Au cours de sa visite à Madagascar, la délégation d’Amnesty International a fait part aux autorités de son inquiétude concernant l’établissement et le fonctionnement de la Commission Nationale Mixte d’Enquête (CNME), dont la création avait été décidée par la HAT. L’article premier du décret portant création de la CNME stipule que « c’est l’outil opérationnel à la disposition de la HAT pour l’exercice de son pouvoir judiciaire et de sécurité sur tous actes illégaux perpétrés avant, pendant et après la crise. » Depuis sa création, de nombreuses personnes ont été arrêtées, dont beaucoup ont fait état de mauvais traitements qu’ils auraient subi au cours de leur arrestation.

« Les allégations de mauvais traitements par la Commission Mixte d’Enquête doivent faire l’objet d’enquêtes immédiatement. Les autorités doivent veiller à ce que les personnes actuellement en détention soient jugées dans un délai raisonnable, dans le respect des normes internationales d’équité des procès ou remises en liberté immédiatement si elles n’ont pas été inculpées d’une infraction dûment reconnue par la loi », a déclaré Erwin van der Borght.

Amnesty International recommande à la HAT de dissoudre la CNME et de laisser le soin d’enquêter sur les infractions pénales au système judiciaire en place, notamment à la police et au bureau du procureur. Une telle action préservera l’indépendance de la justice à Madagascar et contribuera au respect et à la protection des droits humains dans le pays. La CNME est perçue par beaucoup comme un organisme politique et son image a été ternie par des accusations d’atteintes aux droits humains.

Amnesty International appelle également la HAT à s’abstenir de toute action qui risquerait d’empiéter sur la liberté d’expression. Des médias à Madagascar ont été fermés avant et après que la HAT soit entrée en fonction et au moins un journaliste, Evariste Ramanantsoavina de Radio Mada, a été arrêté chez lui le 5 mai par la CNME. Il a notamment été inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État et diffusion de fausses nouvelles. Le 20 mai, un tribunal d’Antananarivo l’a condamné à une amende d’un million d’Ariary (environ 385 euros) et a ordonné sa remise en liberté. Certains journalistes continuent de craindre pour leur sécurité et ont mentionné à Amnesty International qu’ils avaient reçu des messages et des appels téléphoniques de menace.

Dans le même temps, les médias ont la responsabilité de veiller à ce que leurs programmes ou articles n’enflamment pas davantage la situation à Madagascar et ne conduisent à de nouvelles violences.

Complément d’information

Une délégation du secrétariat international d’Amnesty International a mené du 17 au 25 juin 2009 une mission d’enquête sur la situation des droits humains au cours de la crise politique actuelle à Madagascar. C’était la première visite d’Amnesty International depuis 2002. La délégation a réalisé des interviews de victimes d’atteintes aux droits humains et rencontré de nombreux représentants de diverses factions politiques, des membres de la société civile, des avocats et des représentants des médias. Les délégués ont également débattu de la situation actuelle des droits humains avec des membres de la Haute Autorité de Transition, notamment avec le président Andry Rajoelina.

Le 17 mars 2009, Andry Rajoelina, ancien maire de la capitale Antananarivo, est arrivé au pouvoir après que les militaires, auxquels l’ancien président Marc Ravalomana avait transféré son autorité, en eurent cédé la responsabilité à Andry Rajoelina. Andry Rajoelina a créé la Haute Autorité de Transition dont il est le président et a par ailleurs suspendu les activités du Parlement et du Sénat et mis en place un gouvernement. Le nouveau gouvernement n’a pas été officiellement reconnu par la communauté internationale, qu’il s ‘agisse des Nations unies, de l’Union africaine ou de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

6 commentaires

Vos commentaires

  • 7 juillet 2009 à 18:51 | Rivohanitra (#142)

    L’existence de la HAT est en elle même une négation totale des droits humains.

    A quoi bon en débattre ?

    Pour accéder au pouvoir TGV a manipulé sans aucune honte les jeunes et pauvres des bas quartiers.
    Le 7 février 2009 il s’est servi de leurs cadavres pour pousser Le Boucher de Iavoloha dehors.

    Comment croire à un seul moment qu’un pouvoir qui s’est constitué de cette manière pourrait à un seul moment retrouver une raison humaine ?

    Un pouvoir sanguinaire à sa base reste sanguinaire dans tous ses actes.

    Le tout est de raccourcir au maximum aujourd’hui cette période de transition qui est en elle même une période de terreur, terreur terrible pour les plus faibles.

  • 7 juillet 2009 à 21:04 | Joseph (#2102)

    Marrant le représentant d’Amnesty pour l’Afrique ! alors il y aurait donc des homicides légaux puisqu’il qualifie les assassinats d’Ambohitsorohitra d’ « homicides illégaux » ?

    Erreur de langage ou plutôt lapsus , qui vient du fait qu’à force de trier son café et de la fermer devant les exactions de Ravalomanana depuis 2002, Amnesty, comme les Verts Français, comme les Commerçants Libéraux Européens, Reporters sans frontières se dédouanent de leur complicité passée avec l’Empereur de Tikoland, en attaquant tous azimuths tout ce qui bouge, en mettant sur le même plan ce qu’ils appellent les FACTIONS, sans aucune nuance ni gradation !

    Ah ! comme c’est évident que tant Amnesty que d’autres organismes ou ONG, sont tellement issus du gros ventre repu des pays enrichis grassement par des siècles de colonialisme, qu’ils en portent les stigmates de leur esprit condescendant, méprisant et donneur de leçons jusque dans leurs invectives.

    Savez vous le poids péjoratif de ce mot FACTION ? la Révolution Orange serait donc un mouvement FACTIEUX au même titre que les criminels délinquants de droit commun du système Ravalomanana ?

    Et l’auteur de cet article qui ne l’a pas signé, à moins que ce ne soit que la reprise de la prose d’Amnesty (il faudrait le préciser), reprend lui-même le mot de FACTIONS.

    On dirait du Ndimby tout craché ! Cà va encore plaire à sa Cour de ravalomaniaques ce renvoi dos à dos des FACTIONS !

    Pauvres étrangers qui se permettent de confondre MUGABE et ses crimes multiples et d’une gravité extrême et le mouvement populaire Malgache de raz la bol qui a renversé de façon pacifique et légitimement un gouvernement de coquins et de spoliateurs !

    Là, Amnesty déçoit. On croirait du Human Rights Watch ! (Nul n’ignore que HRW est une officine des Américains)

    Voilà ce que m’inspire ce petit article.
    Amnesty ferait mieux d’aller en Birmanie, en Iran, au Tibet, à Guantanamo ou chez Mugabé pour exprimer ses injonctions inapropriées à Madagascar.

    Quelle naïveté manifestent-ils de croire que dans une période de reprise en main d’un pays qui était devenu la propriété privée d’un petit Clan, la Justice allait devenir du jour au lendemain indépendante, alors que la Constitution et TOUS les textes de Lois étaient constamment bafoués par le Président-Pdg et ses « élus » !

    C’est bien des idées d’occidentaux gavés de moyens de payer grassement leurs fonctionnaires et magistrats et d’une myriade de contrepouvoirs(acquis grâce à leur niveau de vie, issu de quoi ... de leur supériorité ou des pillages aux XIX° et XX°siècles des richesses Africaines, d’Amérique du Sud, d’Indonésie etc ...?) de croire que les Juges peuvent être indépendants du jour au lendemain en sortant d’une dictature qui multipliait les délits d’ingérence, les appropriations de biens publics, achetait les consciences, qui avait mis la corruption et le népotisme au rang de fonctionnement normal de toute la société Malgache...

    Les donneurs de leçon, retroussez vos manches et allez là où çà souffre vraiment des exactions des militaires, des tortures des disparitions.

    Vous faites pitié de vous en prendre à Madagascar. Son armée a donné au Monde une leçon de moralité en menant l’éviction d’une dictature avec un minimum de dégats humains.

    Honneur à l’Armée Malgache !

    • 7 juillet 2009 à 22:41 | Rivohanitra (#142) répond à Joseph

      Ce que dit Saint Joseph sur Ravalomanana, les ONG et Amnesty ne peut être contesté par une personne qui recherche effectivement la vérité.

      Oui Ravalo est aussi un sanguinaire qui a réussi à faire peur à un autre sanguinaire qui maîtrisait le pays avant 2002. Par contre en quoi cela peut-il innocenter TGV et consort de leurs actes de violence ?
      Au nom de quelle révolution orange de mes...fallait-il conduire en les dupant ces enfants des bas quartiers qui se sont faits tirés dessus comme des mouches ?

      Comment en toute honnêteté peut-on accepter ces images de planteurs de barrages à peine sortie de l’adolescence que des militaires sensés protéger ont jetés et replongés dans l’eau sale en guise de sanction de zaza maditra ?

      De quels neurones sont faites vos cervelles et de quel tissu est fait votre coeur pour justifier par ces mots le sacrifice de ces enfants pauvres pour l’ascension des riches et le confort de la mafia malgache ?

      Quand une mafia remplace une autre mafia, je pense que seule la vermine peut justifier le tour de passe-passe, pas le peuple qui souffre, pas ces gens qui vivent de la sueur de leur front et qui depuis l’avènement de la HAT se retrouvent sans travail, plus démunis que jamais.

      Si rien dans tout ce qui a été dit ne justifie le retour du dictateur, pourquoi vouloir pour autant maintenir la terreur à l’état brut ?
      39 adolescents brûlés vifs et quelques autres cadavres retrouvés calcinés dans d’autres magasins de la capitale un peu plus tard, une vendeuse de journal dénommée Haja à la cervelle éclatée par quel camp ? On ne peut dire.

      Mais enfin si Amnesty réagit à tout ce spectacle que personne ne pourrait totalement décrire, tellement c’est horrible, ce n’est certes pas pour protéger RAVALO, ce serait plutôt par respect de ces mamans des quartiers d’Antoamadinika et d’Isotry qui se retrouvent tous les jours au chevet de ce fils qui a cru (s’est vite désillusionné) à la démocratie, argument principal du train de la mort à grande vitesse, celui qui pour le moment n’a pas encore envie de se retenir, celui que tout ce spectacle n’émeut point.

      Non, Joseph, cette HAT de transition qui n’a pas de raison d’existence à part la voracité de quelques gros ventres, parfois issus tout droit de la diaspora, doit disparaître le plus rapidement possible pour laisser la place à un État de droit(s).

  • 7 juillet 2009 à 21:23 | Joseph (#2102)

    Ce à quoi j’ai oublié de préciser qu’Amnesty est bien présente à peu près partout, ce qui est à son honneur sauf pour dénoncer les financement mafieux et les ventes d’armes qui engraissent les capitalismes occidentaux et leur assurent la main mise sur les minerais et autres babioles bien juteuses.

    Les puppets qui dirigent l’Afrique au nom des occidentaux, croyez vous qu’il tiendraient cinq minutes au pouvoir sans les armes fabriquées dans les pays du Nord ?

    Alors c’est bien beau de défendre des individus emprisonnés et torturés, il FAUT continuer, mais allons AUSSI tous manifester devant les Parlements des pays qui fabriquent des armes et actionnent les marionnettes de ce grand Guignol Africain.

    Mr Amnesty a t-il bien dîné au Sheraton ou au Colbert ? Faudrait penser à aller voir chez Mugabé si la soupe y est aussi bonne et la critique aussi aisée qu’à Tananarive !

    Tana aura vraiment vu un défilé autant inédit qu’ininterrompu de donneurs de leçons et d’hypocrites de tous les pays !

    Manque plus que la venue de Johnny le froussard, ou du Cirque Obama et de Mickey en personne pour rabaisser encore davantage le Peuple Malgache.

  • 7 juillet 2009 à 21:41 | Hajabe (#2600)

    - 1) Ceux qui ont représenté l’armée malagasy au plus fort de la crise sont les pires caricatures de ce que devrait être une vraie armée digne de ce nom.

    - 2) Des « chefs » ou plutôt des lâches ? Des « mutins » ou plutôt des brutes sanguinaires assoiffés de vengeance et de pouvoir ?

    - 3) L’armée malagasy a, hélas , beaucoup à apprendre .En particulier de ses voisins africains . En Côte d’Ivoire, le général Philippe MANGOU met l’accent sur le fait que : « La mission de l’armée est de : servir, protéger et défendre les institutions de la République et non pas de faire de la politique . »

    ..."avant que n’intervienne la crise ivoirienne que nous connaissons actuellement, à l’époque déjà, un journal de la place avait divisé la Côte d’Ivoire comme elle l’a été plus tard, lors de la crise. Personne n’y a eu à redire. Et aujourd’hui, nous avons des politiques qui font référence à ce qui s’est passé à Madagascar et qui lancent des appels, sous forme voilée, à l’Armée. Quand il dit : « faisons comme ce qui s’est passé à Madagascar », moi je vous demande : « à Madagascar, quels sont ceux qui ont fait partir le président élu ? ». C’est bien l’Armée.

    Donc , nous avons réagi pour dire à cet homme politique que l’Armée ne fera pas comme à Madagascar. Notre mission est de protéger les institutions de la République. Et le président est une institution de la République."

    Nord-Sud (Touré Moussa)

    Madagascar en retard de 20 trains et montré du doigt comme l’exemple « de ce qu’il ne faut surtout plus faire au 21ème siècle » .
    Quelle honte pour un tgv orange-rouillé et déjà déraillé !

  • 8 juillet 2009 à 07:57 | hafatra (#1895)

    Tsikera kely ho an’ny mpanoratra : Ny lohateny dia tsy mifanaraka amin’izay voalaza ao anaty lahatsoratra.
    Tsy adino na navela ny zon’olombelona fa mbola hita miharihary eny :
    1-Matoa tonga malalaka tsy misy nanakana ny amnesty dia satria misy tokoa ny finiavana hihaino ny tsikerany , na ny vahoaka na ny mpitondra dia mila izany tsikera izany daholo.
    2-Mamporisika antsika rehetra koa ity fikambanana ity hanao famotorana mikasika ny vono olona nitranga,ary miantso antsika hanasa ny F.M. handray anjara amin’izany.
    Mandalo fotoan-tsarotra anefa ny fanajana ny zon’olombelona nohon’ny toe-draharaha mitranga.
    Maneho ny ahiahiny ny amnesty(fa tsy manome lesona akory !) ary rariny tokoa izany, soa fa misy ny fikambanana toa azy hampahatsiahy antsika rehetra fa tsy maintsy hajaina ny zon’olombelona , satria ny olona no eo afovoan’izao rehetra izao.

    Ny tsikera azo atao aminy kosa dia nahoana no tsy hita ny fanaraha-maso sy ny tsikerana talohan’izao 2009 izao, nankaiza izy ireo tamin’ny tsy fanajana ny zon’olombelona nisy teo amin’ny firenena ?

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS