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Tribune libre

Lettre des lecteurs

La malgachisation, qu’est-ce à dire ?

lundi 29 septembre 2008

Pourquoi parler de langue merina alors qu’elle appartient à l’ensemble des habitants de Madagasikara. Notre langue s’est amélioriée au fil des siècles. Elle évolue grâce à la réflexion de nos penseurs. Elle a été couramment parlée par les gens des Hauts-Plateaux, les Merina, les Betsileo, les Sihanaka et les Bezanozano. Avec persévérance, ces ethnies ont beaucoup écrit et parlé en améliorant, chaque fois que nécessaire, les vocables courants et les règles grammaticales que l’on voit dans d’innombrables publications. Depuis longtemps le christianisme a évangélisé la majorité des Malgaches. La prière, le sermon, le prêche et les cantiques en langue commune, et non en latin, ont initié les fidèles à l’unification du malgache. Le contact avec les prêtres et les pasteurs a facilité la vulgarisation de notre instrument de communication. Les textes sacrés permettent, à force de répétition, même aux illettrés qui ne sauront pas écrire, de chercher les pages et les versets de la Bible, des cantiques ou des psaumes qu’on doit citer par coeur. C’est ainsi qu’ils arrivent à comprendre notre littérature véhiculée dans tout le pays. La Bible, surtout protestante, subit à presque chaque édition une refonte des mots et de la grammaire. Elle permet donc de corriger le malgache parlé et écrit qui ne retient pas les termes archaïques et les néologismes, par exemple : Antaisala, devenu d’antesala ; tinapala au lieu de tapala ; décidé ou fracturé ; magniry, désirer, différent, paraît-il de maniry, bourgeonner. Nos octogénaires et nos chercheurs savent bien que la Bible d’autrefois ne ressemble guère à celle d’aujourd’hui. Dans les écoles, on récitait les morceaux choisis de nos écrivains. « L’Opération transistor » a constitué un des grands travaux du Président Tsiranana Philibert, qui s’était opposé au régionalisme. En bon enseignant, il a cherché à hisser les côtiers au niveau des habitants des Hauts-Plateaux. Son opération a porté un grand coup aux dialectes dont la grammaire laissait à désirer. Désormais la langue officielle s’infiltre partout jusque dans le fin fond de la campagne et atteint les athées et les animistes. La majorité des Malgaches parle depuis longtemps la langue moderne ou la langue littéraire ou la langue nationale ou la langue faussement appelée « merina ». Néanmoins nous devrions sauvegarder les différents accents et interjections du parler, selon les affinités des régions. Toutefois, les vocables et la grammaire de la langue pour tous, existeront à jamais parmi les patrimoines les plus précieux de la Nation.

Il s’avère que le malgache reste inutile dans nos relations avec l’étranger. Nous n’en disconvenons pas, mais il sert de ciment qui lie l’unité nationale. Quoi qu’il en soit, le monde entier l’a reconnu comme langue vivante et on continue à l’enseigner dans de nombreux grands pays. Ce serait donc une grande perte de ne pas l’utiliser parmi les natifs de Madagasikara. Les rares personnes qui préconisent la lutte contre « l’impérialisme merina sous toutes ses formes » et qui cherchent à remplacer notre langue commune par un hypothétique « malgache universitaire » ne changeront jamais l’histoire linguistique merveilleuse du malgache qui s’enrichira de plus en plus de l’empreinte française et anglo-saxonne. La « révolution » du 13 mai 1972 du pays et celle du 13 décembre 1972 de Toamasina, qu’il vaut mieux appeler régressions, auraient ressemblé au tapage de l’année folle des contestataires du mai 68 français, à ceci près que chez nous, la mise en pratique des revendications faisait dérailler surtout l’enseignement du malgache. Leur souffle a libéré les réclamations et les jets du coeur (torapo) ainsi que la mise en chantier pour des décennies des langues primitives, c’est-à-dire l’expression bouillonnante des dialectes locaux. Sur la côte, nous nous trouvions confrontés à cette embardée effrénée de nombreuses matières enseignées. Voici un enfant qui se trouvait ballotté entre les enseignants de différentes ethnies qui changeaient à chaque classe. Il devait apprendre, au cours de ses études, le sakalava, le betsimisaraka du nord, l’antemoro et l’atandroy anciens. L’enfant transpire de la tête et des mains devant les cours de langues. Finalement, il ne saura maîtriser ni le malgache, ni le français, ni l’anglais jusqu’à sa sortie des écoles supérieures ou de l’Université, tant et si bien que, pendant quelques années, selon l’ordre venu d’en haut du régime, l’admission au baccalauréat ne demandait que 6/20 de moyenne générale. Nous disons alors qu’ « on a agressé notre langue littéraire », si nous pouvons le dire ainsi. Le plus important reste à amener les enseignants à se plier aux règles de la langue moderne et à exceller en français, notre toujours deuxième langue officielle.

C. T. Ambolokandrina

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