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samedi 18 octobre 2025
Antananarivo | 12h55
 

Politique

L’écueil du coup d’État évité

samedi 18 octobre | Ikala Paingotra |  501 visites  | 12 commentaires 

La cérémonie de prestation de serment du nouveau chef de l’État a eu lieu hier devant la Haute cour constitutionnelle (HCC), en présence d’un large représentation nationale qui, au moins sur les photos, semble indiquer que la crise politique est finie : parlementaires, la classe politique, FFKM, corps diplomatique, représentants de la Gen-Z, et même quelques membres du gouvernement Ntsay, dont le ministre de la Justice et le sinistrement célèbre général de gendarmerie Rakotondrazaka, grand spécialiste de la répression des manifestations depuis des années.

La réalité juridique s’est donc alignée avec la réalité des rapports de force sur le terrain, et la Constitution (suspendue puis remise en selle) ainsi que la HCC (suspendue puis ressuscitée) ont donc permis de sauver cahin-caha les apparences de légalité constitutionnelle, et satisfaire ainsi les sourcilleux de juridisme. Les apparences sont sauves : officiellement, il n’y a donc pas eu de coup d’État, du moins, si l’on considère qu’une décision acrobatique de la HCC suffit pour blanchir un processus quelque peu tiré par les cheveux. Si on en fait un principe, alors il n’y a également pas eu de coup d’État, ni en 2002, ni en 2009 : à chaque fois, une décision de la HCC avait en effet blanchi le processus anticonstitutionnel en cours, si l’on considère que du point de vue de la Loi fondamentale, seule l’élection devrait être la voie vers le pouvoir.

À chaque changement de pouvoir hors-cadre constitutionnel, mpanongana et voaongana rivalisent de rhétorique pour influencer la perception cosmétique. Aux accusations de coup d’État émanant systématiquement du pouvoir déchu, les partisans du changement répliquent par des notions idéologiques : « légitimité vs légalité » (2002), « c’est le peuple qui reprend le pouvoir » (2009), et « prise de responsabilité » (2025). Comme disait toutefois Confucius, « Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté ». Rappelons donc ce qu’est un coup d’État, du point de vue de la science politique : une « tentative réussie ou non de conquête ou de reformulation du pouvoir politique de nature inconstitutionnelle ou illégale, fondée sur l’usage ou la menace de la force » (Hermet, G. et al. (2015). Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques. Armand Colin). Mais à Madagascar, qui se préoccupe de science politique quand il s’agit de faire de la politique ?

En fait, au-delà de l’aspect idéologique, éviter la qualification de coup d’État a un enjeu fondamental : un coup d’État est automatiquement l’objet de sanctions internationales. Il est donc essentiel d’éviter ce qualificatif, soit en tripotant les mécanismes pour qu’à un moment la HCC soit impliquée d’une manière ou d’une autre, soit en forçant le narratif par l’utilisation d’autres mots dans le but de rendre l’acte plus sexy. Mais comme le souvenir de 2009 nous le rappelle, le temps ramène toujours la crédibilité des paroles « révolutionnaires » à leur juste valeur.

Après avoir eu le mérite de mettre fin aux exactions brutales des bidasses à la solde de Rajoelina, puis « pris ses responsabilités », le colonel Randrianirina a réussi à déjouer l’écueil du coup d’État. Il a donc les coudées franches pour faire progresser le pays sur la voie du développement et de la démocratie, et on attend de voir comment va-t-il joindre la parole de son discours d’investiture aux actes de son mandat de deux ans. Les grandes puissances occidentales ont avalisé le nouveau pouvoir par leur présence à Ambohidahy, et la relation avec les bailleurs de fonds traditionnels devrait suivre cette voie. Seules l’Union africaine et la SADC continuent à ronchonner, mais leur avis est à ce stade une quantité négligeable. Enfin, les partisans de Rajoelina continuent à tenter de résister en coulisses, mais plus personne ne les écoute : les députés Mapar ont vu une hémorragie de leur effectif qui a voté pour la destitution, et les fameuses amazones de Rajoelina se sont tues sans aucun soutien pour leur ancien patron. Il faut donc reconnaître la loyauté de Marie Michelle Sahondrarimalala et Rinah Rakotomanga qui restent pratiquement les seules à encore défendre Rajoelina, même si la qualité des argumentations est loin d’être du même niveau.

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12 commentaires

Vos commentaires

  • 18 octobre à 10:43 | RATOVO (#10503)

    C’est une gifle monumentale pour le tyran sanguinaire cette présence remarquée des représentations diplomatiques à cette investiture . Le président de la HCC une marionnette de Rajoelina n’a pas raté l’occasion de s’illustrer avec un discours faux et hypocrite . Ce colonel à la tête du pays n’est pas charismatique contrairement à l’autre avec son visage d’ange qui n’est en réalité un vrai démon « devoly lava rambo » . La page d’un régime voyou , corrompu et mafieux est désormais tournée . On ne donne pas carte blanche systématique aux nouveaux dirigeants . La vigilance sera de mise .

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    • 18 octobre à 12:32 | Randria (#11652) répond à RATOVO

      Exactement : le nouveau re ?gime se doit de re ?pondre ?aux attentes de la Nation et vite. Sinon, le mays se retrouvera a nouveau dans le chaos. Je reitere ce que j’ai deja dit que la justice doit lancer des mandats d’arrets internationaux a ? tous les fuyards avant qu’il soit trop tard. Le DJ a la nationalite francaise et la France n’extrade pas ses ressortissants. Il faut regarder plutot aux Emirats Arabes Unis.
      Aussi, l’Etat malgache se doit de recuperer un bien mal acquis de 27 000 000 d’euros achete dans les beaux quartiers de Paris.

    • 18 octobre à 12:45 | bekily (#9403) répond à RATOVO

      Randria
      Fake ou non
      La fortune de Rajoelina serait estimee a 1milliard d’euros !
       Fruit de CORRUPTION ET DE SPOLIATION DE L’ETAT MALGACHE.

      MANDAT D’ARRÊT INTERNATIONAL JUSTIFIE

    • 18 octobre à 12:54 | Maestro (#7313) répond à RATOVO

      @ Ratovo

      On ne donne pas carte blanche systématique aux nouveaux dirigeants

      Tout à fait d’accord avec vous. Nous aussi ne serait ce que dans cette espace de discussion , non constructive désolé de le dire et j’en sais quelque chose , on se doit d’arrêter de toujours tirer vers le bas. Il faut qu’on soit force de proposition pour dire ce qu’on va entreprendre pour faire avancer le Pays car actuellement on passe notre temps à baver sur les échecs des autres. Comme dirait mon ancien instructeur tout de suite on casse la porte on avance et vision 360.
      Le MoraMora il va falloir y mettre un terme.

  • 18 octobre à 10:49 | bekily (#9403)

    Hihi

    PRESENCE
    =
    SOUTIEN DE FACTO

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  • 18 octobre à 11:15 | Inglewood (#6780)

    Les travaux du droit restent l’un des plus grands chantiers de la République de Madagascar.
    cf. Fed
    Il y aurait beaucoup à dire : Quand vous voyez un président de la cour constitutionnelle valider (sans jeu de mots : de plein droit) la candidature d’un citoyen français à la magistrature suprême d’un autre pays, le droit devient tordu. le fameux recevable et non valide. Sic !
    Aujourd’hui, on surfe sur le contenu/contenant/ on attribue arbitrairement/ contourne /un mécanisme juridique du coup d’Etat.
    Demain est un autre jour on trouvera une autre exercice pour un autre centre d’intérêt.
    serait-ce le sens de votre article ?

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    • 18 octobre à 12:31 | bekily (#9403) répond à Inglewood

      BIEN SUR
      Mais
      Entre autres
      A HIÉRARCHISER

  • 18 octobre à 11:42 | rakotobe (#7825)

    Seul les vrais fauteurs de troubles sont absents, les 2 chefs d’orchestre de la mafia vita gasy que sont RAJOELINA et son hypocrite alter égo NTSAY C.

    Avec tous les honneurs et respect aux victimes du mouvement de la contestation .

    On peut dire que le transfert du pouvoir est passé comme une lettre á la poste, ce coup ci à Madagascar.

    DU PROGRÈS, dans ce domaine

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  • 18 octobre à 12:19 | kartell (#8302)

    L’ambiguïté de cette communauté internationale ( patchwork de pays, plus ou moins fréquentables !) résulte avec le constat, accablant, du soutien, indéfectible, mais, jusqu’à quand ? d’un fuyard qu’elle avait condamné et mis en demeure de rester le processus démocratique de son pays, voici, deux décennies, déjà..
    En fermant les yeux et en crachant au bassinet malgré les nombreux détournements et les projets bling-bling, imposés et sans concertation sérieuse, localement, elle avait offert une image de complicité avec les faussaires !..
    Elle, qui, hier, avait osé valider son second mandat, alors, même que les conditions de son élection furent des plus douteuses, en préférant la triche dans un calme précaire que le jeu de la démocratie dans les turbulences !..
    Bref, il semble que le fugitif ait fait jouer son petit carnet d’adresses pour ameuter tous ceux qu’il avait flagornés lors de ses multiples voyages en assistant sur un strapontin aux raouts, orchestrés par cette communauté internationale de l’inefficacité et des ronds dans l’eau..
    Cependant, il faudrait tout de même se méfier de son action de nuisance vis à vis des nouveaux maîtres du pays, sous forme d’aides gelées et autres crocs-en-jambe dont elle use avec les plus faibles..
    Difficile d’imaginer qu’au motif d’avoir nettoyé les écuries d’Augias, le nouveau pouvoir puisse être sanctionné, d’office, d’autant que cela pénaliserait, un peu plus, encore, une population au seuil de la survie !.
    En tournant une nouvelle page de son histoire, bégayante, le pays vient de claquer la porte d’un régime, sans avenir et d’un président, sans envergure, reste à savoir si cette porte s’est définitivement fermée ou si elle risque, dès, demain, de voir, certains y mettront le pied entre la porte pour qu’elle ne se ferme !..
    Sachant que le retournement de veste comme celui des morts est culturellement, endémique, espérons que cet ieme départ prendra une autre tournure, en remettant au goût du jour le fameux wait and see, on évitera, déjà, de croire aux miracles !..

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    • 18 octobre à 12:41 | bekily (#9403) répond à kartell

      De toute façon
      Il y aura offre de bon sevice à visée plus ou moins obscure.

      Au gouvernement de faire attention
      OU METTRE LES PIEDS.
      Les armes ne sont pas forcement égales.

      Voilà pourquoi
      il lui est indispensable d’être entouré de
      TRES BONS CONSEILLERS TECHNIQUES
      CHEVRONNÉS ET EXPÉRIMENTÉS .

      EX
      R.RANJEVA

      Ou ZAFIMAHOVA SERGE SURTOUT
      grand observateur
      et TRES FIN ANALYSTE de la VIE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE MALGACHE

  • 18 octobre à 12:39 | Isambilo (#4541)

    J’insiste : ce n’est pas un coup d’état parce que ceux qui détenait le pouvoir se sont envolés.
    Il y a donc eu vacance du pouvoir et les plus préparés, les plus opportunistes ont saisi l’occasion.
    Ce fut le cas à la mort de Radama. C’est Ramavo qui a su saisir l’occasion.

    Répondre

  • 18 octobre à 12:49 | bekily (#9403)

    Il a été POUSSÉ à déguerpir quand même ...

    Mais le pays sait rapidement rentrer dans normalité du droit nternational.

    Même de manière un peu bancale
    NOUS Y ARRIVERONS
    A ce jour des étapes sans faute

    Répondre

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