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Editorial

L’alternance, la vraie

vendredi 13 mai 2011 | Patrick A.

Des mouvements de grogne à l’Université rassemblant étudiants et professeurs. Un mouvement politique s’appelant Rodobe, mot que l’on peut traduire comme grande marche, qui annonce des descentes de rue, et qui reproche au régime en place une inféodation à la France. Pour faire bonne mesure, les plus superstitieux n’ont pu s’empêcher de remarquer que le jour tombait un vendredi 13... Tous les ingrédients auraient pu être réunis pour que la journée du 13 mai produise des étincelles comparables à celles de l’année 1972, où la répression des manifestations estudiantines avait dégénéré, suscitant une indignation générale obligeant peu après le président Tsiranana à céder le pouvoir.

Faisons pourtant foin des excès de sensationnalisme. Il est quasiment certain que les mêmes causes ne peuvent avoir les mêmes effets, et que le bilan de la journée qui commence sera d’une grande banalité. Si perturbations de la vie quotidienne il y aurait, elles risquent fort de ne pas dépasser le stade des embouteillages. Car les forces de l’Emmoreg et les décideurs politiques d’aujourd’hui sont bien plus prévenus des erreurs et fautes à ne pas commettre que les FRS de l’époque et le président Tsiranana. Le travail de dissuasion ou de persuasion du général Richard Ravalomanana a commencé depuis déjà plusieurs jours, et il s’est certainement accompagné de gros préparatifs de terrain. Entre répression aveugle de la liberté d’expression, ou exercice responsable et mesuré des responsabilités de sécurité, chacun est en mesure de choisir les qualificatifs qui lui conviendra, mais le résultat est prévisible.

Une certaine idée du 13 mai est en tout cas morte, même si aucun ancien étudiant en médecine n’est prêt à en signer l’acte de décès officiel. Elle était déjà moribonde, Monja Roindefo et Andry Rajoelina, puis Richard Ravalomanana, l’ont achevée ; et ce peut-être même sans que les auteurs de l’acte d’euthanasie s’en soient rendus compte. Il n’y aura sans doute qu’une poignée de nostalgiques à le regretter : même si Manandafy Rakotonirina affiche un profil de grand-père pas tout à fait tranquille, l’heure est venue de se féliciter qu’il ne suffise pas de vouloir rassembler quelques potes sur la place du 13 mai pour faire l’histoire de Madagascar.

L’année prochaine, comment seront commémorés les 40 ans du 13 mai 1972 ? Malgré tout, sans doute dans la dignité, et non sans raisons, car les idéaux de liberté et de justice de l’époque gardent toute leur importance aujourd’hui. Des raisons de manifester, il y en a aujourd’hui et il y en aura sans doute d’autres à l’avenir. Mais les attentes que les lanceurs d’appels à manifestations pourront avoir sur les effets de celles-ci ne pourront jamais plus être les mêmes.

Alors, le tam-tam actuel autour de la question de la « reconnaissance ou non reconnaissance » ne doit pas masquer un autre événement significatif de ce 13 mai 2011 : le départ de quelques membres d’organisations malgaches en matière d’observation d’élections pour aller suivre de plus près les scrutins locaux qui auront lieu en Afrique du Sud mercredi prochain. Faire comprendre à un Tsiranana, un Ratsiraka, un Ravalomanana, un Rajoelina ou à n’importe lequel de nos actuels politiciens prétentieux qu’ils n’ont de meilleur choix que d’accepter tout ce que disent les urnes, mais rien que ce que disent les urnes, voilà un combat qui continue à avoir complètement son sens. N’en déplaise à tous les va-t-en-guerre.

Réussir ce combat, c’est une vraie révolution. Début de réponse concrète on l’espère avant la fin du mois.

6 commentaires

Vos commentaires

  • 13 mai 2011 à 09:36 | N.R. (#2958)

    Les différentes crises que nous avons vécus depuis notre pseudo indépendance sont caractéristique d’une aspiration à un vrai changement pour ne pas dire une vrai indépendance. Malheureusement nos dirigeants successifs n’ont rien compris jusqu’à aujourd’hui.

    Inéxorablement, la fossé entre la base et les dirigeants ne cesse de creuser, avec une classe politique corrompue. Qu’est ce qu’on peut espérer dans une telle pagaille ?

    Notre société a perdu ses repères. Une consultation populaire dans ces conditions ne fera que calmer ce mal profond car ceux qui seront au pouvoir devront encore leur victoire volée à des puissances étrangères.

    Alors, une « vraie alternance » dites vous ? Elle ne pourra se réaliser qu’avec une réforme de nos règles démocratiques.

  • 13 mai 2011 à 09:40 | Jipo (#4988)

    La vérité sortant de la bouche des enfants, en l’occurence des grands enfants, ceux qui travaillent ou le veulent ,pour un rappel à l’ordre, aux plus anciens moins sages, ne serait pas une première , et ce voeux prémonitoire de Patrick, de se tansformer , doucement mais surement en réalité, avec l’aval des anglo-saxons, of course why not.

  • 13 mai 2011 à 10:02 | ZOZORO (#5338)

    Pour moi la grande ligne c’est la dernière ligne.

    Patrick a raison, il faut encourager le peuple à espérer ou ne pas perdre espoir (pour la version zozoro).

    Et pour Jipo, quand je parle d’armes, c’est pas forcement les uzis et les mitrailleuses comme eux vont surement faire un jour fatidique. L’offensive pourrait être institutionnelle, des blocages administratifs, ou une révolution paysanne... Misikim-ponitra en Malgache.

    C’est un peu une démarche à la Paul RABARY vous voyez. Mais une révolution ne se fait pas sur MT.

    Aux armes mes concitoyens.

  • 13 mai 2011 à 11:52 | da fily (#2745)

    Alternance, mot savoureux porteur d’espoir et de changement. C’est d’ailleurs avec ce mot que tant de personnes on emboité le sillage de Rajoelina. Qu’en est-il de cette alternance, la vraie ?

    Si Patrick donne le ton, à raison, pour ne pas donner une trop grande importance à ces mouvements d’humeur treizemaitistes (après tout il est modérateur), il en va quand même d’un réel ras-le-bol général qui frise la rupture. Ce n’est pas que la grande majorité ne veuiile pas d’élections, mais surtout avec les dirigeants actuels il est impossible de penser 1 seconde à de VRAIES ELECTIONS dont les résultats pourraient être fiables.

    Halte ! ce n’est pas parce que les scrutins antérieurs se sont déroulés de manière floue, discutable ou partisane qu’il faudrait, une énième fois, laisser les tenants se dédouanner d’un prévisible fiasco ! halte !

    Mais à ce que je sache, le Rodobe à Andranomena n’a pas eu à déplorer ni de blessés, ni d’incendies, ni de pillages ? Alors il faut quand même rendre aux manifestants ce qui leur revient : manifester leur ras-le-bol, leur fatigue et leur colère (contenue) devant tout ce simulacre de « nouvelle démocratie » et surtout d’imposture arrogante. Et, bien que nous en ayons débattu il y a quelques jours sur l’étranger, nous sommes encore en présence de la même démarche que les TGV, juste en opposition ici : « se tourner vers les USA pour qu’ils interviennent sur la question qui brûle ». Chacun pense fourbir sa stratégie avant la confrontation majeure du 20 mai, en vue certainement d’acquérir le plus de légitimité possible. La lutte pour la légitimité a pris le dessus sur la légalité, voyez comme les lignes bougent.

    Je voudrais dire qu’à la différence des précédents 13 mai, celui-ci fédère et rassemble une assez grande partie de frustrations, la fronde n’est pas seulement pour le plaisir de fronder, les aspirations sont plus profondes, vitales et palpables, et surtout légitimes. Bien sûr, les cris des va-t-en-guerre dont parle Patrick, ne sont que des sirènes dont il faut savoir interpréter le chant, l’appréciation qu’on devrait en faire est qu’on sonne l’alerte, une limite a été atteinte, il faut ECOUTER, hein ! là-haut ! tendez l’oreille ! Mais demander à un troupeau d’autistes de comprendre un appel au secours, le message risquerait d’être plutôt pris pour un appel à la bataille !

    La seule bataille qui vaille, est de faire déguerpir ce pouvoir de fait pour qu’il y ait véritable alternance. Il faut que ceux qui se sont accaparés le pouvoir dégagent de là, qu’il fasse place nette pour le vrai changement, ce n’est quand même pas au peuple qu’on doive exiger ce changement alors qu’il voit tous les jours que tout change en pire et qu’on se fout les yeux-dans-les-yeux de sa poire ! Qui doit être exemplaire ?

    • 13 mai 2011 à 12:59 | maminah (#2788) répond à da fily

      Les lignes bougent... Espérons-le.

  • 13 mai 2011 à 14:27 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Faire déguerpir ce pouvoir se fera par les urnes

    Et ceux et celles qui croient que NOUS avons peur d’une éventuelle éléction
    présidentielle à Madagasikara se trompent lourdement

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