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Editorial

Excès répressifs

vendredi 27 mai 2011 | Patrick A.

Aujourd’hui devait se dérouler au tribunal d’Anosy le procès opposant la société DTS, propriétaire de la marque Moov, à Brice Samsoudine pour « diffamation et injure ». Ce procès n’aura pas lieu : à l’issue de tractations que les parties n’ont pas voulues commenter, DTS a retiré sa plainte.

On peut se sentir soulagé de cette issue. Mais aussi frustré, car on a l’impression qu’en la circonstance, le rapport de forces l’a emporté sur le rapport de droits. Que l’on ne s’y trompe pas, DTS/Moov semble être le plus grand bénéficiaire d’un arrangement, car le fournisseur d’accès s’était fourré tout seul dans un mauvais guêpier : en continuant sur la voie judiciaire, il courrait le risque non seulement d’amplifier la désapprobation publique, mais aussi de perdre un procès largement médiatisé.

Tout laisse d’ailleurs croire que l’accord négocié entre avocats inclut l’engagement formel du blogueur de ne pas intenter à DTS un procès pour entrave à la liberté d’expression, procès qui n’aurait pas été complètement immérité. Et s’il n’est pas absurde que Brice Samsoudine fasse des excuses à DTS, cette dernière ne devrait-elle pas aussi lui en faire ? Car DTS aurait pu et dû chercher un arrangement avant, et pas après tout ce raffut. Plus dérangeant encore, il est à craindre que le retrait du texte litigieux [1] amène certains à penser qu’il suffira désormais d’agiter les avocats pour censurer complètement des textes qui, même s’ils ont des défauts par ailleurs, n’ont rien de diffamatoire. On se gardera donc d’affirmer qu’il y a là une grande victoire de la liberté d’expression.

Big Brother ? (photo de Rodrigo Sepúlveda Schulz)

À la toute petite échelle de l’internet malgache, cette situation est d’autant plus navrante qu’elle coïncide avec la tenue d’une réunion du G8 qui évoque la régulation d’Internet. Et ce après la mise en scène d’un évènement dénommé eG8 dont les conclusions avaient été préparées d’avance, selon une fuite obtenue par le New York Times. On a vu à ce eG8 un Nicolas Sarkozy se livrer à un de ces exercices de rhétorique qu’il maîtrise dangereusement bien. Après quelques propos convenus sur le rôle bénéfique d’Internet, il n’a pas cessé de plaider pour un « Internet civilisé », c’est-à-dire un Internet régulé par les gouvernements avec l’appui des grandes firmes. Au point qu’un Eric Schmidt, directeur général de Google, était obligé d’objecter : « L’Internet est la plus grande force pour le bien dans le monde. Nous ne devrions pas avoir une régulation prématurée, car il y a des solutions techniques à ces problèmes. Sarkozy a envoyé le mauvais message en disant qu’il devrait travailler avec nous sur ces sujets ». Et de souligner que l’internet bougeait plus vite que n’importe quel gouvernement, qui plus est, plus vite que l’ensemble des gouvernements.

Le cyberespace n’est pas un huitième continent sur lequel les États doivent aujourd’hui planter leur drapeau. Il n’est pas à civiliser, car depuis sa fondation, c’est un espace de civilisation. Il l’est nécessairement parce qu’il est construit et habité par des hommes et des femmes, et les gouvernements et quelques grosses firmes ne peuvent à eux seuls parler en son nom.

« Le cyberespace rend possible des Place Tahir et des Puerta del Sol. Nous ne pouvons nous permettre de perdre ces futurs ». (Yann Leroux)

Notes

[1D’autres textes de Brice Samsoudine relatifs aux difficultés de connexion du mois de Mars restent cependant en ligne, et ne semblent pas touchés par la transaction.

4 commentaires

Vos commentaires

  • 27 mai 2011 à 10:54 | vuze (#918)

    Patrick,

    Vous le savez aussi bien que moi. DTS a sûrement préféré casquer une grosse somme au lieu d’en venir au désastre qu’ils risquaient... Comme vous dites, ils ont analysé l’affaire avec du retard...

  • 27 mai 2011 à 12:16 | niry (#210)

    Moov c’est de la meeeeerd.....

  • 27 mai 2011 à 12:33 | kakilay (#2022)

    Moov, incapable d’offrir une bonne carotte à ses abonnés, a voulu brandir le bâton de la justice...

    Et qui a dit que le net n’avait aucune influence à Madagasikara ?

  • 28 mai 2011 à 07:52 | ikoto (#4912)

    Jusqu’ici on ne parle que de Moov, moi qui suis abonné à Blueline connais aussi des « désagréments » tels que la coupure de la connexion pendant des heures durant la journée, quand vous téléphonez les responsables de Blueline ils s’empressent de vous rassurer que tout va s’arranger au plus tôt, pourtant il n’en est rien, je suis souvent obligé de quitter mon ordinateur. Paraît-il que ces coupures ne dépendent pas de la volonté de Blueline mais de Telma qui reste son fournisseur d’accès !

    Vous voyez, moi qui suis allergique à la « Justice » malgache et qui suis encore novice en matière de procédure je me contente de reste coi pour ne pas m’attirer encore plus de désagréments ! Devant toutes ces « défaillances » les entreprises telles que Moov, Telma, Orange, Blueline imposent leurs normes et leurs lois !

    ikoto

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