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Antananarivo | 19h45
 

Editorial

En découdre ou patienter ?

vendredi 18 février 2011 | Patrick A.

Si l’annonce du retour de Marc Ravalomanana a constitué une surprise, les suites ont été banalement prévisibles. Entre les accents triomphalistes de certains de ces partisans qui imaginent d’ici samedi un soulèvement populaire aboutir à l’exil d’Andry Rajoelina et de ses soutiens, et les accents belliqueux du camp diamétralement opposé qui se délectent de l’idée de mettre le président exilé en prison, on se dit : « c’est reparti comme en 14 ». En relevant que tout ce petit monde se réclame de l’inclusivité et de la consensualité, un observateur pourrait d’ailleurs être tenté de voir quel sens donnent à ces mots les dictionnaires de langue française disponibles à la vente à Antananarivo.

Pour paraphraser mon illustre confrère, on ne peut plus être déçu de la tournure de cette crise dans la mesure où cela fait bien longtemps qu’on n’attend plus grand chose de bon de la classe politique malgache. Les efforts de la communauté internationale pour quêter un minimum d’apaisement apparaissent aujourd’hui bien vains si, deux ans après le début de la crise, le consensus se limite à rêver de mettre l’autre KO.

Je crains fort [1] que tous ceux qui, dans les deux camps, rêvent d’en découdre seront déçus. D’une part, la contagion à la tunisienne ou à l’égyptienne ne se décrète pas lorsqu’on a affaire à des populations qui ont déjà beaucoup donné. Le cas de l’Algérie est assez significatif. L’inertie risque de continuer à régner chez tous ceux qui estiment, à tort ou à raison, que l’histoire a suffisamment démontré qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner dans tous ces appels au « peuple ».

D’autre part, les autorités de la HAT n’ont aucune raison de laisser le calendrier être dicté par Marc Ravalomanana. Pour elles, la question n’est donc pas de savoir si elles peuvent arrêter celui-ci, mais bien de voir quel moyen aussi peu spectaculaire que possible elles pourraient utiliser pour le maintenir à l’écart. L’exemple de Manuel Zelaya est certainement dans pas mal d’esprits.

Après son renversement en juin 2009, l’ancien président Hondurien bénéficiait du soutien de la communauté internationale, dont l’ONU et l’Organisation des États Américains, ainsi que celui des États-Unis, du Venezuela et de la Colombie. Tous ont condamné la rupture de la légalité, appelé à la restauration du président démis et suspendu les concours financiers.

Après plusieurs tentatives, Manuel Zelaya est parvenu à rentrer dans son pays en septembre 2009, mais a dû trouver refuge à l’ambassade du Brésil. Une proposition poussée par le président du Costa Rica, Óscar Arias, et les États-Unis pour un retour de Zelaya à la présidence avec des pouvoirs très limités n’aboutit à rien.

La lassitude l’emporta. Les élections de novembre 2009 furent remportées par le candidat de droite, Porfirio Lobo Sosa. Ces élections ont été soutenues par Washington, mais n’ont pas été reconnues par le Mercosur et par bien d’autres pays. En Janvier 2010, au moment de l’investiture du Président Lobo, Manuel Zelaya partait vers la République dominicaine.

Un an après le coup d’État, le ministre hondurien des affaires étrangères affirmait avoir obtenu la reconnaissance de 50 pays. Le secrétaire d’État US Hillary Clinton, appuyé par les gouvernements sud-américians de droite réclamait la réadmission du Honduras à l’OEA.

La politique hondurienne ne fait plus les grands titres de l’actualité. L’opinion publique intérieure est pour sa part restée très divisée.

Notes

[1pure formule de rhétorique.

12 commentaires

Vos commentaires

  • 18 février 2011 à 09:18 | poiuyt (#584)

    Ainsi donc, il ne faut pas tenir rigueur contre un peuple ; il a beaucoup donné ; il a plus à perdre qu’à gagner. Patrick A reconnait semble-t-il que le peuple devrait. Est-il (peuple) capable de perspective ? alors non. Sait-il qu’il est redevable de la qualité de l’air qu’il lèguera à sa postérité ? alors non.

    Ainsi le malgache à Madagascar aura vécu mais pas tout le potentiel que lui proposait une existence humaine vraie. Où est l’indignité ? c’est pas humain ? Alors : Fuions ! Sauve qui peut ! sinon mourrons, mais « Raha maty aho, matesa rahavako » : c’est nul !

    • 18 février 2011 à 17:22 | Bena (#494) répond à poiuyt

      hier, lutter contre l’interdiction d’entrer de pierrot, aujourd’hui, lutter pour empecher r8 de rentrer !

      c’est la cause cotière, la cause merina ou la cause des id.iots tout simplement ?

    • 18 février 2011 à 20:59 | Tsy Mazava (#782) répond à Bena

      Les présidents (de toute institution) changent, mais les fonctionnaires restent, donc les choses ne changeront jamais de sitôt !!! Il ne faut pas rêver mes compatriotes....

  • 18 février 2011 à 09:40 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Patrick A,

    Pour MOI,Basile RAMAHEFARISOA:b.ramahefarisoa@gmail.com :

    « Le retour de Monsieur le Président Marc RAVALOMANANA n’est pas une surprise ».

    « Au contraire,c’est un voeux/souhait permanent »,mais sans l’armée de SADC.

    MADAGASCAR A BESOIN DE TOUS SES ENFANTS

    NON à l’EXODE ou à l’EXIL.

    MADAGASCAR AUX MALGACHES.

    Je répète,encore et encore,bienvenue et bon retour au « BLED »,Madagascar,Monsieur le Président Marc RAVALOMANANA avec votre famille et votre staff.

  • 18 février 2011 à 10:14 | mpitily (#1212)

    Merci Patrick pour ces informations pertinentes venues d’ailleurs que les malgaches ignorent ou ne suivent plus de près.

    Mais les Ravaloistes vont encore répliquer que Ravalo n’est pas Zelaya etc. alors que Ravalo = Tandja = Ben Ali = Moubarak = Zelaya, sans entrer dans les détails bien sûr. C’étaient tous des présidents élus lors d’élections douteuses, et qui ont profité de la reconnaissance complice et coupable de la CI et de la passivité de leurs peuples respectifs pour se comporter comme de vrais dictateurs et se tailler la part du lion dans les richesses voire se prendre pour le petit dieu de leurs pays.

    Pour justement éviter le mm sort que Zelaya, Ravalo joue son va-tout actuellement ! il est prêt à revenir au pays pour y foutre le chaos et essayer de récupérer son poste quel qu’en soit le prix à payer par le peuple. En voilà un soi-disant démocrate qui est prêt à utiliser des méthodes de voyous juste par esprit de vengeance.

    M. Ravalomanana, Madagascar ne vous appartient pas et les malgaches peuvent vivre sans vous ! si vous êtes un vrai démocrate, faites tout pour l’organisation rapide d’élections fiables et transparentes par la CI à Madagascar et attendez ces élections pour faire élire vos hommes et vos idées avant de retourner triomphalement au pays éventuellement.

    • 19 février 2011 à 08:35 | niry (#210) répond à mpitily

      ..et pourquoi aller voter M Mpitily si de toutes façons le président élu sera destitué 2 ans plus tard ?? car forcément, il va mécontenter des gens comme vous maintenant, comme moi peut être + tard. Il va de toutes façons faire partie de votre fameuse liste X = Ravalo = Tandja = etc.. Pourquoi appeler à des élections à chaque fois ?? Encore une fois, vous emballez ce putsch dans de belles intentions démocrates, alors que vous vous en foutez royalement de n’importe quelle constitution qui sera mise en place. Un vrai démocrate ne peut accepter cet état de fait, sauf menacé par les armes, bien entendu..

      Et de toutes façons, ayez un minimum d’honnêteté intellectuelle, votre liste = = = ressemble furieusement à du carotte = chou = navet = betterave = légumes..mais un navet ne sera jamais une betterave, mpitily (j’ose vous présenter des exemples très très simples et imagés, c’est plus compréhensif....). Sans rentrer dans les détails je dirai juste Ben Ali et Moubarak gouvernaient depuis + de 3 mandats consécutifs. Tandja voulait modifier la constitution pour se faire réélire une 3ème fois et pouvoir devenir aussi président à vie.
      A mon avis, vous avez juste peut être raison dans le parallèle simpliste Ravalo = Zelaya.

  • 18 février 2011 à 10:40 | da fily (#2745)

    Il y aura les 2 écoles messieurs : la raison voudra qu’on patiente et le coeur (gros) voudra les yeux plus gros que les bras.

    Si nous devions parler de réconciliation nationale, c’est demain qu’il va falloir montrer jusqu’où cette idée peut-elle aller et si elle tient la route ( pas celle de Simao !). Madagasikara ne gagnera rien dans l’affrontement, si par mésaventure ce serait le chemin, car c’est un paramètre à prendre sérieusement en compte. On a encore en mémoire les furieux, payés et motivés par la seule destruction se prenant pour les justiciers du peuple ! Il faudra des trésors, que dis-je, une montagne de sagesse et de fihavanana, pour que les protagonistes ne tombent dans la provocation facile, même si elle est attendue.

    Pour le reste, c’est l’EVENEMENT national, même le plus populaire des artistes internationaux ne peut mobiliser autant l’attention en ce moment. L’incrédulité, encore perçue, se dispute à une espèce d’excitation qui chauffe tout le monde. On est plus à l’affût de ce qui arrivera à Marc Ravalomanana à son arrivée, qu’au message de son retour. Le pays attend, qu’on soit zanak’i dada ou fozaorana, et les autres ( qui se disent de plus en plus souvent ni-ni sur cette toile), encore dans cet attentisme béat avec pour unique devise « wait and see » ? Le train revient en gare, mesdames et messieurs, celui qui se prenait pour un TGV n’a pas convaincu sur sa vitesse de croisière, revenons à des moyens plus réalistes, faut-il encore rappeler le lièvre et la tortue ?

    • 18 février 2011 à 12:31 | poiuyt (#584) répond à da fily

      Comme expliquez-vous, DaFily, que cela fasse un tabac à Tana aussi, que les milices de joel laissent les journalistes se réunir tranquillement, sachant que c’est Ra8 qui convoque ? Impuissance ? ou toute puissance (de l’impunité) ? ou autre chose ?

  • 18 février 2011 à 11:12 | Jipo (#4988)

    La situation ressemble de + en + à la cote d’ivoire avec deux presidents plus qu’à ceux d’afrique du Nord.
    Ra valomanana offre à son peuple la possibilité de choisir, et ce à ses risques et c’est tout à son honneur.
    Que le meilleur gagne , plutot qu’avoir deux présidents comme en cote d’ivoire ou rien en va, , la sortie de crise est là , et celui qui y mettra des obstacles en sera seul responsable .Pour le moment ce n’est pas celui qui revient., d’ou laposition inconfortable de « lacheté », pardon la HAT .

  • 18 février 2011 à 12:28 | kakilay (#2022)

    Etre tout simplement fidèle à ses convictions : car elles sont souvent les dernières et ultimes conseillères...

    « Les grandes décisions se prennent au bord de l’abîme »

    Si la solution était dans le binaire, on n’aurait pas besoin d’un stratège. car tout stratège agit, réagit, anticipe contre le stratège d’en face...

    et c’est celui qui est imprévisible qui l’emporte souvent.

    • 18 février 2011 à 12:54 | poiuyt (#584) répond à kakilay

      Les réactions de masse sont illogiques, imprévisibles. Beaucoup de sondeurs s’y sont trompés, mais la plèbe est manoeuvrable. Les putschistes de formation et de conseils françafriques le savent parfaitement ; ils ont éprouvé leurs techniques partout en Afrique, et connaissent bien les mentalités des peuples africains et malgache. Ils ont toujours su que le coup d’état n’était pas plié. On peut imaginer déjà que des gens dits des-basses-terres seront enrôlés à la tache par ramarosahona demain. Il ne faut pas dire qu’ils feront des morts, sinon les gens ne viendront pas. On connait de rasarla, le colonel désavoué, que des bandes avaient été formées pour entraîner la foule de miséreux pendant le coup d’état.

      La misère est que le méchant peut s’organiser, les autres sont quasi démunis ; le peuple impalpable.

    • 19 février 2011 à 08:28 | Eleonore (#5039) répond à poiuyt

      Pour les techniciens comme moi, l’ideal aurait ete qu’ils laissent Ravalomanana rentrer, qu’on le mette en residence surveillee pas en prison vu son statut de President, qu’on fasse un autre jugement parce qu’il a ete juge par coutumace. Selon les resultats de son tribunal, il pourrait satisfaire ou non aux criteres du Presidentiable.... Mais bon, je reve evidemment... Que Madagascar coule ou survive, ce sera le choix des Malagasy dicte par les Grands de ce monde. L’histoire Ravalomanana est desormais close.

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