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Editorial

Délit d’opinion ?

vendredi 22 juillet 2011 | Patrick A.

Les replatrâges se suivent et s’amplifient dans les finances publiques de tous pays. La zone euro a annoncé hier soir un deuxième plan d’un montant total de 158 milliards d’euros pour éviter la faillite de la Grèce.

109 milliards d’euros de prêts viendront de l’Europe et du Fonds monétaire international. Les choses paraissent plus inhabituelles si l’on considère les 49,6 milliards d’euros qui proviendront d’une contribution du secteur privé. 12 milliards d’euros consisteront en un rachat de dette sur le marché et 37 milliards viendront d’une « contribution volontaire » des banques créancières. Une certaine confusion règne d’ailleurs autour de la durée de l’effort que devra consentir le secteur privé. Celui-ci apporterait jusqu’à 135 milliards d’ici à 2020, selon une association de banques.

Cette contribution « volontaire » des créanciers privés calmera-t-elle durablement les marchés ? Il est à craindre que leur nervosité va se prolonger car, sur un autre front, la querelle sur le plafond de la dette des États-Unis n’est pas encore éteinte. Cette dette atteint déjà les 14 300 milliards de dollars, mais cela ne suffit pas. Selon certains sources, il faudrait jusqu’à 2 500 milliards de plus d’ici à l’année prochaine. Et démocrates et républicains marchandent pas à pas le montant du relèvement et la nature des mesures d’économie à faire.

L’agence de notation Moody’s souligne avoir toujours jugé le risque d’un défaut américain comme très faible, car le Congrès avait jusqu’ici et à de nombreuses reprises, autorisé une hausse de la dette, ce depuis des dizaines d’années et le plus souvent sans grande controverse. Mais dans le cas présent, elle a prévenu qu’elle pourrait être amenée à baisser la note AAA des Etats-Unis. Les deux autres agences, Fitch et Standard & Poor’s, ont lancé des avertissements similaires.

Agences de notation : thermomètres défaillants ou mal utilisés

Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch : ces trois agences de notation sont accusées de tous les maux. Elles n’avaient pas vu les risques des crédits immobiliers aux États-Unis avant 2008, elles réagiraient aujourd’hui de manière excessive et empireraient la situation en provoquant une hausse du coût de la dette des pays en difficulté. En Europe comme aux États-Unis, la question de leur régulation est au centre de l’actualité.

Sur le fond, il y a là de quoi choquer. Le métier de ces agences n’est pas si différent de celui de l’éditorialiste : donner une opinion. Au nom de quoi pourrait-on les museler ? Si elles se trompent, il devrait d’abord revenir à leurs clients de les sanctionner en allant dépenser leur argent ailleurs.

Le problème ne résiderait-il pas plutôt dans des normes comptables qui obligent les entreprises privées à comptabiliser des risques encore très hypothétiques au même titre que des pertes et profits réels ? Et qui décrètent que le calcul de ces risques hypothétiques ne peut se faire qu’à partir des analyses des trois agences agréées ? Il devient alors extrêmement difficile de tenir une opinion autre que celle de ces agences, puisque l’on est alors forcément démenti par les sacro-saints chiffres comptables [1].

En économie comme en politique, il semble y avoir des problèmes de thermomètres. Normal alors que la nervosité se prolonge.

Notes

[1Et comme les agences risquent plus de reproches pour des excès d’optimisme que lorsqu’elles se montrent un peu trop prudentes, le cercle devient particulièrement vicieux...

6 commentaires

Vos commentaires

  • 22 juillet 2011 à 11:48 | niry (#210)

    Là où je suis d’accord avec vous Patrick, c’est qu’on a accordé et on accorde trop d’importance à ces agences de notations. Dans un monde de la finance, où l’on s’accroche à tout et n’importe quoi pour avoir la moindre info prédictive, les néogourous moody’s et S&Po ont bien trouvé leur filon, leur créneau et se sont tous autoproclamés diseurs efficaces de bonne aventure.

    Après..comment comprendre votre édito du jour qui compare avis d’agence et avis d’éditorialistes, Patrick ? Faut-il augmenter la crédibilité de nos éditorialistes au même niveau que la fausse crédibilité actuelle des agences de notation ? ou bien faut-il abaisser la crédibilité des agences de notation au niveau de la considération raisonnable qu’on accorde à nos éditorialistes. (Nous savons pertinemment que vous - ou Ndimby - n’êtes pas la voix de Dieu..)

    La réelle différence entre une agence de notation et un éditorialiste finalement, c’est que, pour l’attribution d’une note (ou une appréciation) plus élevée ou moins élevée, l’agence de notation, à elle seule, peut entraîner la panique des marchés, et donc d’énorme fuite de capitaux... tandis que vous...

    (..allez, c’était pour vous taquiner, un peu..)

  • 22 juillet 2011 à 12:07 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Pour Moi,

    « ILS » ont sauvé l’euro .Point barre !!

  • 22 juillet 2011 à 15:58 | Jipo (#4988)

    Bonjour , on pourra dire que lorsque Leiman & brocher s’est écroulée , elle avait été classée AAA pas les agences de notation , qui tiennent particulièrement compte de la frilosité ou son contraire des dirigeants .ces agences de notations mettent la pagaille sur les marchés financiers , qui y arrivent très bien tous seuls .
    Quand au 2ème plan pour la Grèce , pourquoi ne mettons nous pas à l’ index son responsable le tristement célèbre strauss khan ? pourquoi une deuxième plan ! le premier était - il caduque ? date de péremption périmée ? et si toutes ces éminences , n’arrivent pas à sortir un plan de sortie de crise cohérent , et qui tienne la route , qui nous dit que ce deuxième plan sera le bon et définitif ?, à partir du moment ou le plan est appliqué , et qu’il ne marche pas , c’est que les responsables du plan sont incompétents , et avec le salaire qu’ils palpent !!! , comme au gouvernement Grec : un devoir de résultat devrait leur être imposé , avec des sanctions en primes , en cas d’échec et non des primes lors des échecs .Et comment imposer un résultat à un gouvernement , quand ces spécialistes n ’ y arrivent pas eux même
    Non ce n’est pas l ’euro qui est sauvé , mais bien la Grèce , mais pour combien de temps ? surtout quand on voit se pointer les futurs prétendants ,qui vivent au dessus de leurs moyens , et ils ne sont pas les seuls ! notre tour viendra , de quoi se frotter les mains de ces joyeuses perpectives ...
    On va bientôt pouvoir vivre de plans, en plus de crédits ( ce qui est déjà fait ) .

    • 22 juillet 2011 à 16:08 | Jipo (#4988) répond à Jipo

      lire Leiman Brothers .

    • 22 juillet 2011 à 17:24 | Stomato (#3476) répond à Jipo

      Non, lire LEHMAN BROTHERS.

      Eh oui ,c’est presque aussi compliqué que des noms malagasy. :-)

    • 22 juillet 2011 à 18:34 | Jipo (#4988) répond à Stomato

      Stomato Bonsoir , j’ai des problèmes avec la correction automatique , qui parfois rectifie des noms sans vous en avertir par le sous ligné rouge , mais quand meme + facile que vos noms , comme le texte ci-dessus envoyé 3 fois , indépendamment de ma volonté vous pouvez vous en douter , merci pour le rectificatif .

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