Après la mort de son époux voici quelques jours, l’écrivain et femme engagée, Charlotte Rafenomanjato, s’est également éteinte. Agée de 72 ans, Charlotte Rafenomanjato a mené une vie probablement bien remplie. Sage-femme d’Etat de profession, elle est à la fois écrivain et se dit tout naturellement engagée. Elle ne s’empêche pas quand elle le veut et quand elle estime que c’est son devoir, de se ranger aux côtés des hommes politiques ou de soutenir des mouvements d’émancipation du peuple. En tout cas, interviewée en son temps par Madagascar Tribune, elle a avoué qu’ « un écrivain, qu’il le veuille ou non, est déjà engagé ». Et elle poursuit comme pour préciser ou pour satisfaire la curiosité du journaliste : « si vous voulez parler de politique, je suis observateur ; si vous pensez social, je suis plus qu’attentive ; je vis intensément dans notre société ». Bref, c’est la lucidité, la pertinence et la perspicacité, mais aussi l’attention féminine que Charlotte incarne en elle-même.
En tout cas, elle écrivait aussi bien dans la langue de Molière que dans sa langue maternelle, le Malgache. À noter que Charlotte Rafenomanjato affirme que « la langue française est une composante à part entière des ouvrages littéraires malgaches ». Et nombre de ses oeuvres, notamment des pièces théâtrales malgaches écrite initialement en français, sont traduites en anglais et jouées par des acteurs américains. Tel fut le cas de la pièce théâtrale intitulée « Le Troupeau » qui l’a mené à New-York, aux Etats-Unis. Sans parler de sa présence sur la scène internationale, notamment dans les moments difficiles que la langue française a connu dans le pays. Elle a porté haut le flambeau du pays en 1986 quand elle a remporté le « 2e Prix du Jury » lors du concours théâtral inter-africain, édition 1986, grâce à la pièce intitulée « Le prix de la paix ».
Adhérant à plusieurs associations, elle est, pour ne citer qu’une seule en ces temps où l’on parle de plus en plus de francophonie, membre de la Société des Ecrivains d’expression française de îles de l’Océan indien.
Quelques-unes de ses oeuvres
Le Prince de l’étang, 1988
La Pétale écarlate, édition SME, 1990
Le Troupeau, 1992
La marche de la Liberté, 1992
Ravalomanana Marc, de Président de la rue à Président du palais, 2002
Sang pour sans, Vie pour vie, édition SME, 2003
