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Editorial

8 mars 2014 : Encore un slogan – mais est-ce encore nécessaire ?

samedi 8 mars 2014 | Mireille Rabenoro

« L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour tous ».

Le thème proposé cette année par les Nations Unies, pour la Journée Internationale des Femmes, ressemble bien à un slogan.
Un slogan sert à marteler une conviction, le but étant que l’adversaire, à court d’arguments contraires, littéralement resy lahatra, finisse par reconnaître sa défaite dans cette joute oratoire.

« Que les femmes sachent qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent, il n’y a personne pour les en empêcher », a déclaré un auditeur sur une de nos chaînes radios, au lendemain de la cérémonie organisée par le Conseil National des Femmes pour récompenser trois personnalités qui ont contribué à l’égalité hommes-femmes : le Premier ministre Beriziky pour s’être battu pour faire accepter un record historique de neuf femmes au gouvernement, juste après la signature de la Feuille de route du 11 septembre 2011 ; Béatrice Atallah, présidente de la CENI-T, pour avoir favorisé la participation des citoyennes aux processus électoraux ; et Tabera Randriamanantsoa, alors ministre chargé du Travail et des Lois Sociales, pour avoir – enfin ! – aboli la discrimination contre les femmes employées dans le secteur privé, en alignant l’âge de la retraite des femmes sur celui des hommes.

Il n’y a personne pour empêcher les femmes d’être les égales des hommes ? C’est vrai, peu d’hommes à Madagascar oseraient se déclarer ouvertement hostiles à l’égalité hommes-femmes. Ce serait contraire à la culture malgache, telle qu’elle est véhiculée par une langue nationale d’où est absent le mot qui voudrait dire « Non » (selon les régions, pour exprimer notre désaccord – jamais notre refus ! – nous émettons une variété de sons longuement modulés, impossibles à transcrire, dans lesquels se perdent les aspérités d’un « Non » catégorique).

Et pourtant… La signature de la Feuille de route a été le signal du départ de la course effrénée des politiciens pour occuper les places dans les institutions de la Transition. Tous se prévalaient de deux principes posés dans la Feuille de route : le principe de l’équilibre entre les forces/mouvances politiques, et celui de l’équilibre régional. Personne n’a prêté attention à l’autre principe pourtant énoncé à plusieurs reprises dans la Feuille de Route – celui d’une représentation équilibrée des hommes et des femmes. En bons Malgaches, les leaders politiques auxquels nous avons rendu des visites de plaidoyer nous ont reçues cordialement ; mais sur la centaine de noms qu’ils ont proposés pour être nommés ministres, initialement deux (deux !) étaient des femmes.

C’était vers la fin de l’année 2011. Deux ans, une élection présidentielle et des élections législatives plus tard, où en sommes-nous ? La Feuille de route enterrée, avec son principe de représentation équilibrée hommes-femmes, un nouveau pilier est apparu : le passage du discours d’investiture du Président Rajaonarimampianina, où il s’engageait à respecter l’équilibre hommes-femmes, notamment dans la conduite des affaires publiques.

À voir les médias de cette semaine, le scénario est le même : la toile de fond du discours d’investiture s’estompe, tandis que les politiciens de tous bords se battent pour gagner le poste de Premier ministre. Comme en 2011, chaque faction politique roule des biceps, revendique la majorité à l’Assemblée Nationale pour s’attribuer le pouvoir de proposer un Premier ministre, selon la Constitution que chacun invoque. Comme en 2011, chaque faction politique affiche l’appartenance régionale de ses membres, se prévaut du souci de l’unité nationale pour tenter d’imposer telle ou telle personnalité issue de telle ou telle région.

Le Premier ministre ne sera probablement pas une femme. C’est au niveau de la composition du gouvernement que sera mise à l’épreuve la volonté du chef de l’État et du chef du gouvernement de mettre en œuvre le principe de la représentation équilibrée des hommes et des femmes. C’est à eux d’inciter les groupes politiques à présenter des femmes pour être nommées ministres.

Non, les femmes ne peuvent décidément pas faire ce qu’elles veulent : elles ne peuvent pas imposer que la moitié des membres du gouvernement soient des femmes, ce n’est pas prévu dans la Constitution actuelle ! Certes, personne ne les en empêche ; mais il reste beaucoup de barrières à neutraliser, beaucoup de facteurs favorisants à imaginer et à mettre en place. Cela, les femmes ne peuvent pas le réussir seules : il leur faut l’appui des hommes qui ont le pouvoir de les y aider, et surtout celui de l’ensemble de la société.

Notre société, nous aurons l’occasion d’en discuter, est encore largement réfractaire à l’égalité des femmes, bien que les individus le nient avec indignation. Alors oui, les slogans sont encore nécessaires, pour que des fractions de plus en plus larges de la société soient resy lahatra ; pour faire prendre conscience des bienfaits de l’égalité des femmes, par exemple, de ce que « l’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour tous ».

Mireille Rabenoro

23 commentaires

Vos commentaires

  • 8 mars 2014 à 09:48 | Isambilo (#4541)

    Qu’une radio puisse donner la parole à Tabera Randriamanantsoa à l’occasion de la journée de la femme montre que le chemin est encore long. Cet énergumène s’est déclaré scandalisé de constater que certaines femmes travaillant en Arabie Saoudite soient enceintes. Ce monstre ne s’est même pas posé la question si elles sont enceintes avant de partir de Madagascar ou à la suite d’une agression faite par un citoyen saoudien. Et c’est à un pauvre type comme celui-là qu’on rend hommage ?
    Et pourquoi il n’y aurait pas un premier ministre femme ? Je rappelle que c’est Ranavalona II qui a rendu l’enseignement obligatoire dans son royaume, aussi bien pour les filles que pour les garçons.

    • 10 mars 2014 à 11:22 | solo_bakaka (#6949) répond à Isambilo

      Entierement d accord avec vous, au sujet de ce MONSTRE,tres cher ISAMBILO.

      - Il ose etre scandalise que les femmes malgaches, vendues en Arabie Saoudite ou en chine, sans parler du Liban, soient enceintes une fois sur place, ALORS QUE..... :
      IL N EST PAS ETRANGER AU TRAFFIC DES JEUNES FEMMES MALGACHES !!!!

      - Et Malheureusement,il a l image de tous les politiciens gasy qui se sont succedes, ou actuellement aux pouvoir, dont le seul but est de s ’ enrichir par tous les moyens,quitte a vendre le pays ou brader sa jeunesse.

  • 8 mars 2014 à 10:00 | Isandra (#7070)

    « Une femme qui se croit intelligente réclame les mêmes droits que l’homme. Une femme intelligente y renonce. » dixit Colette

  • 8 mars 2014 à 10:24 | Paulo Il leone (#6618)

    Au delà des slogans, une chose de sure c’est qu’à Madagascar, les femmes portent très souvent le poids de la responsabilité d’élever une famille toute seule, le père étant parti « compter fleurette » à une autre.
    Beaucoup d’hommes Malgaches se comportent de façon irresponsable, et c’est à la femme que revient la charge de se débrouiller pour subvenir aux besoins du foyer et des enfants.
    Une femme PM* prendrait probablement sa responsabilité plus au sérieux que les nombreux candidats masculins qui postulent uniquement dans l’espoir de se servir !
    *exception faite d’une christine que je nommerai pas.

    • 8 mars 2014 à 11:06 | Isandra (#7070) répond à Paulo Il leone

      Comme vous même, vous êtes confus,...vous tout confondez,....l’inégalité et irresponsabilité,...le droit et devoir,....

    • 8 mars 2014 à 11:52 | Paulo Il leone (#6618) répond à Isandra

      Moi y en a tout confondre ? Moi y en a dire que les femmes n’ont pas besoin d’être les égales des hommes !
      Poser le problème comme étant celui de l’égalité c’est réduire la richesse de la personne humaine à des catégories banales.
      Ou alors il faut parler « d’égalité des chances » dans des des domaines précis tels que les salaires, des opportunités de promotion, d’accès à l’éducation dans les pays musulmans etc..) Sinon on glisse très vite dans les sables mouvants de la théorie fumeuse du genre.
      Heureusement que la femme n’est pas l’égale de l’homme ! ce serait du nivellement par le bas pour les femmes comme pour les femmes .

    • 8 mars 2014 à 11:52 | RAMBO (#7290) répond à Paulo Il leone

      Pour que le « mariage pour tous » ne prolifère pas à Madagascar, il faut bien marquer le différence entre un Homme et une Femme, Papa homme et Maman femme.

      La « théorie du genre » s’impose dans les pays dits "développés mais attention au copie/coller comme à l’investiture, Mr lePrésident, dans ce domaine !

    • 8 mars 2014 à 11:53 | Paulo Il leone (#6618) répond à Paulo Il leone

      dsl :) « ...pour les femmes comme pour les hommes. »

    • 8 mars 2014 à 11:59 | Paulo Il leone (#6618) répond à RAMBO

      Ce n’est pas moi qui vous contredirai sur ce point-là !
      Cela dit, la théorie du genre ne « s’impose pas... » des lobbies sociétaux ultra minoritaires sont en train de l’imposer de force (dsl pour le pléonasme) à la société française.
      Je vous conseille de lire l’article suivant paru dans le Point le mois dernier ; il est révélateur de l’enfumage idéologique en cours !

      http://www.lepoint.fr/societe/l-experience-tragique-du-gourou-de-la-theorie-du-genre-31-01-2014-1786513_23.php

    • 9 mars 2014 à 19:28 | ALEVANAR (#7003) répond à Paulo Il leone

      d’accord avec vous, les femmes portent très souvent le poids de la responsabilité d’élever une famille toute seule, donc l’éducation repose presque entièrement sur les femmes et pourtant rien ne change, les filles sont toujours aussi « soumises » et les garçons aussi « machos », en plusieurs décennies d’enseignement donc d’instruction, je trouve que rien n’a changé !

  • 8 mars 2014 à 10:33 | Turping (#1235)

    Même si le combat est loin d’être gagné :

    « L’émancipation économique et sociale des femmes et la promotion de la parité des sexes sont deux conditions essentielles à l’avènement d’un développement durable. En supprimant les obstacles qui empêchent les femmes d’accéder, au même titre que les hommes, aux dotations en capital humain, aux droits et aux opportunités économiques, la reconnaissance de l’égalité et de la parité permet d’enregistrer de meilleures performances économiques et d’améliorer les résultats obtenus sur le plan du développement. Si les femmes bénéficient d’une égalité d’opportunités, elles deviendront des acteurs économiques et sociaux à part entière, ce processus déterminant l’adoption de politiques plus inclusives. Améliorer la condition des femmes, cela aboutit aussi à investir davantage dans l’éducation de leurs enfants, leur santé et leur bien-être en général. Les données présentées ici concernent la démographie, l’éducation, la santé, l’emploi et la participation politique.... ».

    A Madagascar ,en Afrique ,dans les pays musulmans ,etc....la mentalité devrait évoluer car les femmes ne sont que des objets .....faisant parties des dévalorisations sur tous les plans .

    >Les Hommes alcooliques ,polygames ,violents ,sans respect et considèrent les femmes comme esclaves ,cette mentalité là est révolue au XXIème siècle....
    >Compte tenu de la population à Madagascar ,la proportion,la démographie de la génération « jeune » , il y a plus de femmes que d’hommes ,plus de sexes féminins que masculins .
    Les femmes restent un réservoir du dévéloppement humain ,réel tout en étant convaincu ,que l’homme sage ,humble reste toujours le chef de famille.

    La femme est l’avenir de l’Homme ,« Jean Ferrat ».
    Bon week end à tous et à toutes !

  • 8 mars 2014 à 11:31 | Mihaino (#1437)

    Ce papier de Mme/Mlle Mireille Rabenoro , bien écrit , doit interpeller aussi bien les femmes que les hommes !
    Il est évident que le 8 mars reste un slogan . Cependant , sans appartenir à tout mouvement féministe , je défends les droits et les devoirs de la femme et surtout sa liberté d’action dans tous les domaines . Nous pouvons remarquer qu’au XXè & XXIè siécle , les métiers détenus, voire monopolisés par les hommes auparavant sont exercés par les femmes ( Travaux publics, mécano, pilotes, armée, forces de l’ordre, chefs d’entreprise, magistrats, cadres supérieurs, enseignants chercheurs, chauffeurs de cars & camions etc, etc...). Inutile de rappeler les postes hautement politiques !!!( cf les Juppettes en France, qqs ministres malgaches , des femmes députés même si la parité n’existe pas encore mais les salaires & avantages sont les mêmes si je ne me trompe pas !).
    Une enquête récente ,vue à la télé , a encore montré qu’en France , à diplôme égal, à compétence égale , la femme touche les 3/4 du salaire de l’homme . Les tâches ménagères, l’éducation des enfants,la cuisine... reviennent encore aux 80% des femmes intérrogées . 60% des hommes enquêtés seraient prêts à aider leur femme à la maison ( cuisine,repassage, éducation, nettoyage, passer l’ aspirateur au moins ...).
    Un jour viendra où le changement de mentalité, de comportement , de culture ancestrale verra le jour et une journée consacrée pour le sexe masculin figurera sur le calendrier du futur !
    Wait and see ....

  • 8 mars 2014 à 23:36 | joba (#1217)

    les femmes qui veulent être les égales des hommes manquent sérieusement d’ambition.

    • 9 mars 2014 à 14:01 | leclercq (#4410) répond à joba

      Déjà l’égalité entre l’ homme et l’homme est quasiment inéxistant , alors comment peut -on imposer absolument l’égalité entre deux êtres de deux sexes différents ? l’important c’est le respect de l’un envers l’autre , point barre comme dirait l’autre .

    • 9 mars 2014 à 19:54 | Paulo Il leone (#6618) répond à leclercq

      Vous avez raison !

    • 9 mars 2014 à 20:03 | ALEVANAR (#7003) répond à leclercq

      je suis d’accord avec vous, mais que veut dire respect ?
      il faudrait revoir beaucoup de lois à Madagascar pour que les femmes soient respectées et traitées en personnes responsables,
      l’école devrait être le moteur de ce respect, est ce le cas ?
      les femmes pourraient changer la vie, le veulent elles ?

  • 9 mars 2014 à 03:03 | Radepy (#7163)

    Mais après tout, les critères imposés dont l’élimination du sexe féminin à la Primature par le MAPAR et le HVM à la veille de la journée mondiale de la femme est un geste politiquement incorrect et stupide !

    • 9 mars 2014 à 12:35 | Radepy (#7163) répond à Radepy

      En effet, la déclaration et l’argumentation de Jean de Dieu M devraient faire réagir les femmes leaders du pays ... mais où sont elles ?

    • 10 mars 2014 à 02:23 | Radepy (#7163) répond à Radepy

      Ainsi, Beatrice A Présidente de la CENIT, une femme cultivée et imposante pourrait devenir le PM ... ou l’ex-ministre de la santé, membre du MAPAR.
      Nous donnerons le perchoir du sénat à un homme !

  • 9 mars 2014 à 09:28 | lanja (#4980)

    Miala tsiny fa ohatry ny mirefarefa foana ny ady hevitra isaky ny miresaka 8 mars , dridraina izany ny 8 mars mba ho be ny resy lahatra,RESY LAHATRA @ INONA ? misy zo tsy ananan ny vehivavy ? be ny sakana ? maivana be foana ilay resaka fa tokony tononina ny lalàna lany andro mifandraika @ izany ka tokony hovana, toa mifototra @ fandresena lahatra amina slogan fotsiny, tsy misy tena azo raisina ilay article , ary tokony mba ho lazaina fa tsy ampy ny mitaky fotsiny hoe tokony izao ny vehivavy sns , ny ataon ny vehivavy no manome lanja azy , ary amin izao fotoana izao dia efa misy tokoa ny lehilahy , izay tsy mandroso tsy miezaka , no songonanan y vehivavy, na eo @ fiaraha monina, na ao @ fianakaviana, aza adino fa nanana mpanjaka vavy isika ,any @ tany hafa angamba no tena voahitsaka ny zon ny vehivavy fa raha misy ny eto , dia izay no tokony hatao titre na article fa tsy slogan , indraindray ny vehivavy sasany ihany aza no toa tsy manaiky akory ny fitoviana , rehefa ny lehilahy no mitaiza sy mikarakara trano , ka i ramatoa no mandeha mitady , tsy dia betsaka loatra ny vehivavy no marisika ,satria toa tsy mety indray, fa izao , mety hampahomby vetivety ilay slogan raha gendarme sy polisy vavy no alefa misambotra an i remenabila ,mila miomana kely fotsiny fa mila miady any @ tany tsy misy rano, Tsy olana ny mandao ny tokan trano volana vitsivitsy.

  • 9 mars 2014 à 13:54 | bbernard (#6880)

    L’égalité homme/femme est une vaste fumisterie. Jamais la femme ne sera l’égale de l’homme pas plus que l’homme ne sera l’égal de la femme. La seule égalité qui puisse exister entre la femme et l’homme se situe au niveau des droits sociaux (salaires, accès aux métiers, etc). Là, je suis entièrement d’accord qu’il doit y avoir égalité de traitement.

    • 9 mars 2014 à 19:32 | ALEVANAR (#7003) répond à bbernard

      je me demande si les hommes ne font pas payer aux femmes le fait d’être tributaires d’une femme pour venir au monde, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, ils ont ont besoin d’une femme pour perpétuer l’espèce et ce n’est pas demain que les hommes pourront être « enceints »

    • 10 mars 2014 à 02:33 | Radepy (#7163) répond à bbernard

      Mais vous avez tout compris lool

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