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Editorial

25 images par seconde et complexité

lundi 28 février 2011 | Patrick A.

Si deux mois seulement se sont déroulés, 2011 a déjà été une année remarquable en matière de changements politiques rapides. Inspirés par les actions du peuple tunisien après l’acte désespéré d’immolation de Mohamed Bouazizi, des manifestants sont descendus dans les rues d’Égypte, de Jordanie, du Yémen, d’Algérie, de Lybie et même de Chine.

Les médias de langue anglaise, pour la plupart, ont été lents à couvrir les manifestations tunisiennes. Ils se sont largement rattrapés depuis, tentant de suivre le rythme imposé par la chaîne de télévision qatari Al Jazeera. Celle-ci, interdite de reportage en Tunisie, a été en mesure d’offrir une couverture 24h/24 et 7j/7 à partir de différents lieux dans toute l’Egypte. Cela en a fait le média de référence, regardé au sein même du bureau ovale à la Maison Blanche. Al Jazeera s’est également positionnée en prenant fait et cause, et ce de manière assez visible, en faveur des manifestants.

Plus que Facebook et Twitter, la télévision serait-elle encore l’élément clé du succès de la transformation d’une simple manifestation en révolution ? Elle reste en tout cas le vecteur de l’émotion et de l’indignation. Comment ne pourrions nous pas nous sentir solidaire, face aux images de ceux qui souffrent ? En permettant de renouveller quasiment en permanence le flux d’images, la télévision a amené les décideurs occidentaux à se mettre en phase avec leurs opinions publiques. Le sentiment, s’il était certainement sincère, n’est cependant pas forcément durable.

Mais toutes les « révolutions » ne bénéficient pas de ce niveau d’attention. Toutes n’ont pas la chance (ou plutôt la malchance) d’avoir un élément de répulsion aussi emblématique qu’un Mouammar Kadhafi. Qui a entendu parler de la colère qui vise Ismaël Omar Guelleh, président de la République de Djibouti depuis 12 ans ? Parle-t-on beaucoup d’André M’ba Obame, rival d’Ali Bongo qui s’est auto-proclamé président du Gabon et qui vient de sortir des locaux du PNUD à Libreville ? Et quel réseau de télévision est capable d’expliquer la complexité d’un combat comme celui des chemises jaunes et des chemises rouges en Thaïlande ?

La complexité d’une situation comme celle de Madagascar semble malheureusement hors de portée de la durée standard d’un reportage au sein d’un journal télévisé. Et notre pays, si lointain et si peu connu si ce n’est à travers un dessin animé, n’attirera jamais avec autant de force qu’une Révolution verte contre le gouvernement iranien, l’attention des publics américain et européen.

En soi, ce n’est pas forcément dramatique. Les révolutions comme les contre-révolutions peuvent se passer de soutien extérieur, et plus encore se passer d’un vague sentiment de sympathie s’exprimant à travers les médias dominants. Mais le risque existe que, passée la phase la plus « chaude », l’insoutenable légèreté de l’opinion ne prévale également au sein même de notre pays. On lit de ci de là beaucoup de reproches sur la « passivité » de la population malgache. Mais ceux qui font ces reproches peuvent-ils affirmer qu’engagement et profondeur des convictions vont chez eux bien plus loin que la simple émotion ? Qui parmi eux se sentent capable de dresser, ne serait-ce qu’en quelques lignes, les lignes idéologiques les séparant de leurs adversaires ?

9 commentaires

Vos commentaires

  • 28 février 2011 à 10:28 | Jipo (#4988)

    Finalement , « l’insoutenable legèreté de la nature humaine » a , ce point en commun : que quoi que l’on fasse ,c’est du blanc bonnet et son contraire, c’est hopeless, en ce cas à quoi bon s’engager, autant rester « docile » dire amen à tout ce qui se passe et tout ira bien ?

    • 28 février 2011 à 11:06 | abraxas (#5361) répond à Jipo

      insoutenable légéreté de l’être in memoriam Milan KUNDERA

      les médias ont besoin de nouveautés ....

      impassivité du peuple malgache certainement conséquence de la propension à se diviser et à fonctionner en « tribus » , en « clans »

      la seule évolution possible avant une quelconque révolution est que la faim gagne de plus en plus de ventres et là oui tout est possible

      le stock de mauvais riza acheté au régime birman est déjà épuisé non ?

    • 28 février 2011 à 11:13 | niry (#210) répond à abraxas

      excellente analyse pragmatique, Abraxas ! Je rajouterai qu’il faudra toujours un événement majeur pour débloquer cette situation. Le retour de Ravalo pourrait toujours l’initier. Mais seul un mouvement de masse de grande ampleur pourrait le concrétiser.. On en est loin..

    • 28 février 2011 à 14:11 | Newdep (#5157) répond à niry

      Niry

      Un movement de masse de grande ampleur pourrait concrétiser le déblocage de la situation. Oui, si c’est pour mimer l’Egypte ou la Tunisie, forcément ! Mais reconnaissez qu’après 2 ans de mouvement, c’est le 19 Février 2011, bravant d’éventuels lacry et autres menaces, que des centaines de milliers de partisans sont venus acclamés leur héros. C’est sans précédent ! Les bâtons dans les roues avec les NOTAM ont eu raison de leur bravoure, malgré eux ! Mais ça vient ! C’était d’une ampleur, déjà, devant laquelle l’autre camp restait sans voix..., il ne s’y attendait pas vu les désinformations orchestrées par les médias officiels et ceux à la solde de la HAT. Si bien que tout espoir est permis quant à pouvoir rameuté tout un peuple, mais éviter surtout de le qualifier de rien que des enfants du bon dieu !

      Newdep.

    • 28 février 2011 à 17:09 | da fily (#2745) répond à abraxas

      oui, le monde même s’il avance, n’a pas beaucoup changé, les mêmes échos de peuples en devenir, demandeurs de plus de justice, d’équité car c’est de ça dont il s’agit. La rapidité de diffusion des faits vécus et leur large impact a eu raison des canaux traditionnels souvent mis sous coupe par les pouvoirs autocrates.

      Pour l’impassibilité du peuple malagasy (je pense que c’est ce qu’à voulu dire Abraxas), on doit y adjoindre quelques tiraillements et une certaine fatalité entretenus par nos dirigeants, peu regardants sur l’éthique. Ra8 n’est peut-être pas encore le sombre assassin spoliateur voleur dans la tête de certains de nos compatriotes, et Andry est encore le porte-étendard intact et sauveur dans la tête de certains(peut-être pas, mais c’est un fait). Dualité et versatilité de l’opinion malagasy, où l’on peut encore déceler encore la prépondérance du coeur. Toutes les élections ont été basées sur ce thème : faire vibrer le coeur de la masse.

      Notre complexité à nous est là, peut-on changer ? Pas forcément, et pas obligatoirement non plus. Pourquoi vouloir changer ce qui n’a besoin d’être, et ne pas vouloir appliquer ce qui marche ailleurs ? Une question qui peut se poser en quiproquo, mais que devraient mâcher ceux qui ont décidé de se poser en élite dans ce pays.

  • 28 février 2011 à 14:18 | mpitily (#1212)

    Plus que jamais TSZRRR !

    Comme oncle Georges semble avoir abandonné ce mouvement, je propose à Patrick de prendre le relai.

    C’est fou de constater que pour les Ravaloistes, la seule solution possible et imaginable est le retour de leur dada à sa place perdue ! sommes-nous vraiment damnés pour n’espérer qu’en ZRR et R ?

    Notre seul salut vient de Dieu chers compatriotes. Lui seul peut faire de Madagascar un pays prospère et des malgaches un peuple heureux ! Tournons-nous vers lui, il saura renouveler de fond en comble nos hommes politiques.

    ZRR& R et leurs sbires sont trop habitués à l’ancien système pourri par la cupidité et par l’égoïsme que je les vois mal incarner ce changement plus que nécessaire.

  • 28 février 2011 à 15:57 | Ramarolanoana J (#1663)

    « l’insoutenable légèreté de la nature humaine », c’est ce qui a permis à tgv d’accéder au pouvoir. Et ce n’est que maintenant que beaucoup regrette d’avoir rendu encore plus difficile une vie qui l’était déjà suffisamment du temps de R8. En effet, ce n’est que maintenant que bcp se rendent compte qu’il ne suffit pas de détruire et de remplacer le président pour que tout aille mieux. En fait, il faut travailler bcp.

  • 28 février 2011 à 16:00 | abraxas (#5361)

    si Dieu a créé le monde, il l’a abandonné ensuite à ses causes segondes

    l’homme fort actuel est trés croyant , il prie sans doute Dieu et Mammon

    l’ancien homme fort visviat avec Mammon et priait Dieu aussi

    je pense que nous devons nous aider afin que le « Ciel » nous aide

    il est nécessaire d’agir , non de discourir à perte de temps

    cela est aussi notre suffisance , de s’imaginer que les kabars interminabels sont signes de sagesse.....

    et puis entre nous , nous savons que notre pays ne dispose d’aucun d’Homme d’Etat digne d ece nom, visionnaire et désintéressé tant des honneurs que du quand dira-t-on national ou international, un homme ou une femme , pourquoi pas..., qui pense à 2 ou 3 générations en avance

    et là oui, « Dieu » peut lui souffler à l’oreille certaines idées dans sa « vision »

    Amen

  • 28 février 2011 à 22:49 | Zafimaro (#3479)

    Tohizo ny adalanareo izay te ho FAT, fa misy farany ny zavatra rehetra.
    Ianareo rehetra tsy te ho FAT kosa, miraisa hina kokoa. Jereo ny anaovan’ny mpanohitra an’i dadatoa n’ i Domelina ao Lybia ... fa tena fisaka !
    Ary rehefa tonga ny fotoana, tadidio ireo te ho FAT dia « amboary » tsara amin’izao.
    Hono hoy aho ry OMAR maimbo, amboa razana, « Efa nampisotron’ny CAPSAT pipi iny ny filohan’ny FJKM taminy 2009. Filohampiangonana inona ny hinana caca aminy coup d’etat manaraka ? »

    Madagascar bars another former president from returning home
    Feb 26, 2011, 10:46 GMT
    Antananarivo - Madagascar has barred another former president from returning home, the Madagascar Tribune reported Saturday, just a week after banning deposed president Marc Ravalomanana from reentering the country.
    All airlines flying to Madagascar had on Friday been told not to give passage to Ravalomanana’s predecessor Didier Ratsiraka, 74, the paper reported.
    After 20 years of rule, Ratsiraka lost power in 2001 presidential elections to Ravalomanana. Eight months later he went into exile in France. He had already announced in November that he intended to return to his home country.
    Ravalomanana was in power for seven years before being ousted in March 2009 by a 34-year-old DJ, Andry Rajoelina, after weeks of protests and help from mutinous soldiers.
    Rajoelina, who remains internationally isolated, has consolidated his dictatorial presidency with the help of paramilitary forces, well paid military confidantes and an unscrupulous justice ministry.

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