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Editorial

« The Winner Takes It All »

mercredi 7 avril 2010 | Patrick A.

Reprenons la balle au bond avant qu’elle ne retombe et remarquons que l’intérêt du foot-ball est lié à la simplicité de ses règles qui arrivent cependant à laisser une place aux rebondissements.

Les règles de la politique malgache sont malheureusement un peu plus compliquées et changeantes, d’où un désintérêt certain des spectateurs. Bien que beaucoup de bonnes et moins bonnes volontés s’évertuent depuis plus d’une année à remettre un peu de bon sens dans ces règles, la partie de baolina an-tanimbary [1] a du mal à prendre meilleure forme.

Il ne faut cependant pas désespérer des joutes en cours. Début mai 2009, alors que la question militaire occupait le devant de la scène, j’affirmais que le Droit et l’intelligence devaient primer sur la force et abordais le sujet de la contribution des citoyens à l’organisation d’élections crédibles. Car même en étant parfaitement conscient que l’organisation d’élections libres et sincères dans un climat violent et passionné représentait un énorme défi, cette voie apparaissait comme la seule solution durable à cette crise.

Après 9 mois...

Petit à petit, cette idée d’élections rapides a fait son chemin, et ce au fur et à mesure que les autres options prouvaient leurs limites. Certes, savoir qui organisera les élections est un sujet très important ; mais savoir dans quelles conditions les élections auront lieu reste finalement encore plus primordial.

Y aura-t-il effectivement des élections en 2010 ? Difficile d’en être assuré, mais l’on peut néanmoins se placer dans cette hypothèse de travail. Une étape psychologique a semble-t-il été franchie lorsque mi-février 2010, Marc Ravalomanana écrivait au Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine « it is a great comfort to me that the international community is actively seeking a solution to Madagascar’s political crisis by pressing for free and fair elections and the restoration of a functioning democratic government » [2].

Quel que soit l’organe qui organise ces élections, quel que soit l’engagement de la communauté internationale, la circonspection restera de mise. Les mécanismes de résolution des conflits électoraux ont largement prouvé leur fragilité, et toutes les entités présentes ou futures impliquées dans l’organisation des élections auront encore à démontrer leur « indépendance » annoncée. On peut, on doit s’attendre à des conflits ; qu’il n’y en ait pas entre une CENI et certains chefs de région serait par exemple particulièrement suspect.

Comment limiter les risques ? Un moyen consisterait à dégonfler les enjeux. Autrement dit, à casser la mentalité « the winner takes it all » où les candidats qui arrivent en tête du scrutin peuvent quasiment tout rafler. Bien que chacun soit persuadé de gagner les élections, et que les gouvernants mettent toujours en avant l’efficacité d’une majorité homogène et forte, il serait largement temps de profiter des circonstances actuelles pour s’accorder sur le fait qu’une opposition organisée, responsable et lucide est nécessaire à la santé politique de ce pays. Autrement dit, il faudrait s’accorder sur des modes de scrutin contenant une dose adéquate de proportionnelle, voire, sacrilège, institutionnaliser certains postes de responsabilité réservés à l’opposition.

C’est en Grande-Bretagne que le statut de l’opposition est le plus institutionnalisé. À la Chambre des communes, la seconde force politique est considérée comme l’opposition officielle dirigée par un leader qui dispose à ce titre d’un rang élevé dans l’ordre protocolaire et d’une rémunération.

Espérons qu’on n’attendra pas encore 9 mois ou la résurrection d’Herizo Razafimahaleo pour en débattre.

Notes

[1baolina an-tanimbary : football joué dans les rizières asséchées, autrement dit rencontre désordonnée et d’un niveau médiocre.

[2traduction libre : c’est un grand réconfort pour moi que la communauté internationale cherche activement une solution à la crise politique à Madagascar en poussant à la tenue d’élections libres et régulières et à la restauration d’un gouvernement démocratique et fonctionnel

14 commentaires

Vos commentaires

  • 7 avril 2010 à 08:21 | diego (#531)

    Bonjour,

    MADAGASCAR n’est pas en état d’organiser une élection Mr. Patrick A. Et forcing ou pas la HAT ne sortira pas vainqueur d’une quelquonque élection.

    Puis organiser une élection pour quoi faire ???? et pour espèrer quel résultat ? Election veut dire TROUBLE pour MADAGASAR. Et notre pays n’a même plus une partie solide, forte, capable de gagner et d’être majoritaire pour gouverner !!! Alors élection, sans l’accord de tout le monde ne servira à rien, on va plutot s’enfoncer davantage dans la crise, que la FRANCE SOIT LA OU PAS....

    MAHITA NY JAMBA REHETRA RAHA MAHAVITA ELECTION IRERY LA HAT...on verra !!!!

  • 7 avril 2010 à 09:39 | maminah (#2788)

    Lumineuse et porteuse, cette redéfinition d’une démocratie moderne, issue d’élections libres et transparentes mais surtout justes, qui tiennent compte des proportionnelles pour redistribuer les sièges.

    Quoi de plus moderne, en effet, que d’attribuer certains postes de responsabilités à des figures de l’opposition, qui ont fait leurs preuves en matière d’esprit d’innovation et de compétences réelles.

    Je me fais sans doute l’avocat du diable, puisque l’homme politique qu’est Sarkozy, du moins ce qu’il incarne dans les valeurs sociétales, est loin d’emporter mon adhésion. Mais le vent de modernité qu’il a insufflé dès son installation à l’Elysée, marquera sans doute définitivement la configuration de l’échiquier politique française. Les hommes d’Etat français, à l’avenir, mettront sans doute un point d’honneur à reconnaître CONCRETEMENT les mérites respectifs des élites, fussent-ils de l’opposition.

    Mais le calcul politique n’est pas non plus à exclure : récupérer les ressources de l’adversaire pour mieux l’anémier, et surtout enlever à ces personnalités un peu de leur capacité d’offensive, les rendre moins dangereuses en quelque sorte... C’est à ce titre que le mot d’esprit de Sarkozy prend tout son sens : « Moi, au moins, je sais exploiter mes adversaires ». A prendre dans tous les sens...

  • 7 avril 2010 à 11:18 | Patriote (#1382)

    Le principe de passer par les élections est acquis pour sortir de la crise actuelle. Toutefois, des zones d’ombre sont à éclaircir pour que ces élections soient transparentes et régulières.

    Qui peuvents’y présenter ? Qui les organise(nt) ? Qui votent ? Qui les contrôle(nt) ? Quel mode de scrutin applique-t-on (proportionnel, majoritaire, ...) ? Comment s’assurer que les résultats sortis des urnes ne seront pas altérés au final ? etc

    Nous devons être concrets !

  • 7 avril 2010 à 11:35 | lalatiana (#1016)

    Bonjour Patrick,

    La désinstitutionnalisation est telle, et les repères et valeurs sont tellement démolis, qu’il est largement illusoire d’imaginer qu’une simple élection ou une constitution bricolée qui plus est SOUS L’EGIDE des institutions internationales puisse donner miraculeusement naissance à une opposition organisée, responsable et lucide ...

    J’ai le sentiment qu’on se plante d’enjeux quand on dit « les institutions nous donneront la démocratie » ... Ce ne sont pas des institutions seules qui suffiront à redonner de l’espoir aux gens à court terme ... la méfiance est telle ...

    "[...] le monde sera ce que vous en ferez. Vous avez le pouvoir de responsabiliser vos dirigeants et de bâtir des institutions qui servent le peuple. Vous pouvez servir vos communautés et mettre votre énergie et votre savoir à contribution pour créer de nouvelles richesses ainsi que de nouvelles connexions avec le monde. Vous pouvez conquérir la maladie, mettre fin aux conflits et réaliser le changement à partir de la base. Vous pouvez faire tout cela. Oui, vous le pouvez. Car en ce moment précis, l’histoire est en marche.

    Mais ces choses ne pourront se faire que si vous saisissez la responsabilité de votre avenir. Ce ne sera pas facile. Cela exigera du temps et des efforts. Il y aura des souffrances et des revers.[...] . Cependant, le progrès ne viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions que vous prendrez, des actions que vous engagerez et de l’espoir que vous porterez dans votre cœur [...]

    [...] la liberté est votre héritage. À présent, c’est à vous que revient la responsabilité de bâtir sur cette fondation de liberté. Si vous le faites, nous pourrons, bien des années plus tard, [...] nous dire que c’est à ce moment-là que la promesse s’est réalisée, que la prospérité s’est forgée, que la douleur a été surmontée et qu’une nouvelle ère de progrès a débuté. " ...

    c’est kikadit ça ???

    • 7 avril 2010 à 14:08 | da fily (#2745) répond à lalatiana

      Barack Obama, lors d’une déclaration au peuple bolivien avant qu’ils se mettent minable lui et Morales au 1er round, après il lui a fallut se coltiner le collègue Chavez remonté comme un coucou slovène, venu en voisin bienveillant habillé de surplus soviétique !

      Non ?

    • 7 avril 2010 à 15:24 | maminah (#2788) répond à da fily

      Hourra !

      Le « Yes, we can » sous-tendait quand même en permanence le discours, n’est-ce pas da fily ?

      La question est dès lors de savoir à qui revient la charge de former cette « opposition organisée, responsable et lucide ». Est-ce une démarche personnelle de chaque citoyen, tirée de son expérience et de sa réflexion propres ? La responsabilité des staffs politiques ? La prérogative des institutions en place, par le truchement des médias publics et plus généralement de l’éducation ?

      Cette question est essentielle et va de pair avec la « civisation ou républicanisation » du citoyen, pour qu’on n’ait plus à l’avenir à courir le risque de confondre des manipulations de foules à la « volonté du peuple ».

    • 7 avril 2010 à 15:40 | lalatiana (#1016) répond à da fily

      Presque, ami da fily ... Presque ...

      mais vous le saviez déjà ... :-)

      Obama : discours d’Accra devant le parlement ghanéen . Juillet 2009

      tiens ... c’était 3 semaines avant Maputo ... y’en a qui n’ont pas d’oreilles et qui ont entendu « Yes, We Can’t »

    • 7 avril 2010 à 19:33 | maminah (#2788) répond à lalatiana

      Lol !

      En même temps, ceux qui ont l’ouïe ( ou la bonne foi) défaillante auront beau jeu d’invoquer la manie des Américains d’avaler les mots et de nasiller, qui fait qu’on confond facilement le « can » avec le « can’t ».

  • 7 avril 2010 à 12:45 | Mandimbisoa (#2104)

    Antso avo ho an’ny mpiandrakitra ny « tribune Madagascar »,

    Tompoko,

    Efa andro vitsivitsy izay no nanamariako sy ny sasany tamin’ny forumistes teto fa tsy mandeha amin’ny laoniny intsony ny fanomezana ireo kitana amin’ny hevitra eto amin’« TM »,afaka manome fanazavana ve ianareo ny amin’izany ?
    resaka fahasimbana(technique) ve sa resaka fahasomparana ? raha ohatra mantsy ka ny fanohanana olona voasazy no mahazo kitana betsaka nohon’ny toro-hevitra sy vaha-olana ho an’ny firenena dia tsy hitako loatra ny hanasivana ny kitana ...

    Manatena valiny avy aminareo tompon’andraikitra

    Misaotra Tompoko

    • 7 avril 2010 à 16:04 | métisse1000 (#1973) répond à Mandimbisoa

      Tena marina tokoa ny anao Mandimbisoa fa io no efa nolazaiko teo aloha hoe misy zavatra hafahafa eo amin’ilay fanomezana kintana, nitsimbadika tampoka tampoka teo ny isa, tsy fantatra hoe nahoana, fa misy zavatra tsy miady mihitsy ao...

  • 7 avril 2010 à 16:00 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Vous parlez de foot Patrick ... mais il est ou le ballon ????

    • 7 avril 2010 à 16:39 | Rasoa (#1122) répond à Rakotoasitera Fidy

      Hitan’i Rakotoasitera Fidy ?

      Jereo ange ny sarin-dry gendarme Bruno sy ilay gendarme ao amin’ny FIGM matavy be iny e (tsy tadidiko intsony ilay anarana) !

      Ao anatin’ny kibon-dry zareo ilay ballon !!!!

    • 7 avril 2010 à 18:39 | diego (#531) répond à Rakotoasitera Fidy

      Oh Rakotoasitera Fidy oo !!!!

      Quelle frappe !

      Foot sans ballon ? Invention de la HAT et son CHEF. Il paraît que la France va s’essayer à ce jeu....bonne chance !

  • 7 avril 2010 à 19:53 | violety (#3681)

    Vous nous rappelez feu Herizo (paix à son âme) à juste titre. Effectivement, parmi tant d’autres idées qu’il a proposées à la classe politique malagasy, avec son parti, figurait « le statut officiel de l’opposition avec un Chef reconnu comme tel, style anglo-saxon ». Sans risque de se tromper,si son « Ethique Politique » acceptée et signée par tous les partis en 1999, a été suivie, SURTOUT par l’Arema qui était au pouvoir à l’époque, il n’y aurait pas eu les crises de 2002 et 2009. Réflexion à posteriori diront certains, peut être , mais ce qui est certain c’est qu’à ce jour (Avril 2010), tout le monde parle : d’élections transparentes, crédibles...., de la mise en place d’une vraie CENI, du bulletin unique,de la création de la Haute cour de justice, d’un nouveau code électoral, où il n’y aura plus délivrance d’ordonnances etc.... du statut de l’opposition,du financement des partis,de la règlementation des pré-propagandes, des propagandes,des sanctions allant jusqu’à l’élimination immédiate des candidats qui utilisent la puissance publique etc...,en fait tout ce qui a été dit dans l’Ethique Politique d’Herizo et du Leader Fanilo. On a perdu 10 ans avec 2 crises très graves. Est ce qu’on va encore faire « fausse route » cette fois-ci ? Ce serait une injure à cet Homme Politique qui est parti trop jeune, à qui on a dit de son vivant qu’il était « trop en avance sur son temps ». Où sont ses héritiers au sein du Leader,et ceux qui étaient séduits par ses idées et qui l’ont suivi pendant son bref parcours ? Réveillez vous pour qu« IL DORME EN PAIX », vous ses chers amis et ses sympatisants en particulier.

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