Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
jeudi 28 mars 2024
Antananarivo | 15h07
 

International

Environnement / Développement

Sommet Rio+20 : Le combat des Africains

mercredi 30 mai 2012

(MFI / 29.05.12) Les Africains qui ne sont pas les principaux pollueurs de la planète mais parmi les plus fragiles face aux aléas climatiques se sont mobilisés pour le sommet Rio+20.

Le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, a été choisi par ses pairs comme porte-parole de l’Afrique à cette réunion. Faisant le bilan de ce qui avait changé depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992, et le sommet de Johannesburg, dix ans après, le chef d’État congolais, soulignant les enjeux de ces réunions, a déploré que peu de choses aient progressé par rapport aux objectifs fixés. « Au moins, a-t-il ajouté, avons-nous pris conscience que notre planète est réellement en danger et qu’il nous faut la protéger, la préserver ». Pour lui, il faut abandonner l’idée que l’économie et l’environnement sont antagoniques : « Nous savons tous que si nous ne parvenons pas à coupler ces deux termes, ce n’est pas une civilisation qui disparaîtra, mais toute trace de civilisation ».

Une position commune et unique

Le président congolais s’est aussi félicité de la prise de conscience africaine : « La bonne nouvelle nous vient d’Afrique, a-t-il dit. Les Africains font partie de ceux qui marchent en première ligne sur le chemin nouveau ». En vingt ans, en matière de développement durable, l’Afrique a réalisé des progrès importants concernant la gouvernance, la viabilité économique et environnementale, ainsi que la création d’institutions, a-t-il estimé en substance. En Afrique centrale, « la conscience des enjeux nous a engagés résolument dans la protection des forêts du Bassin du Congo qui constituent l’un des poumons de l’humanité. Dans cet ordre de préoccupations, mon pays, la République du Congo, a abrité en juin 2011 le premier Sommet des trois plus grands bassins forestiers du monde », a-t-il rappelé. Il s’agit bien entendu du Bassin d’Amazonie, du Bassin du Bornéo-Mékong et du Bassin du Congo.

« L’Afrique est déterminée à préserver la dynamique de développement dans laquelle elle s’est engagée, a-t-il poursuivi. Voilà qui justifie toutes nos impatiences et toutes les attentes que nous plaçons dans la prochaine Conférence de Rio. L’Union africaine considère Rio+20 comme une occasion supplémentaire susceptible de permettre à l’humanité de placer réellement, concrètement et définitivement le développement durable au cœur de ses priorités », a-t-il affirmé, précisant que le continent s’y présentera uni, parlant d’une seule et même voix, celle qui lui a été demandé de porter sur la base d’une position commune et unique.

Vers la création d’un Fonds vert ?

Une « Déclaration commune de l’Afrique » souligne par ailleurs les retards et les défaillances de la communauté internationale dans la tenue des engagements liés à la réalisation du développement durable en Afrique. Elle réclame la mise en œuvre de l’engagement des pays développés d’allouer 0,7 % de leur PIB aux pays en développement dans le cadre de l’Aide publique au développement et l’adoption d’une solution équitable et durable sur la dette des pays en développement en vue de son annulation totale et de l’accroissement des flux de financement concessionnels. Elle met l’accent sur l’appui technologique, le renforcement des capacités et le transfert des technologies, et réclame la création rapide d’un Fonds vert auquel les pays en développement auraient directement accès. Soulignant l’urgente nécessité que la voix de l’Afrique soit prise en compte dans toutes les institutions internationales et dans la gouvernance internationale, elle demande à l’Afrique de prendre aussi sa responsabilité dans la recherche des voies et moyens de son développement.

Un tableau effrayant si rien n’est fait…

Les Africains proposent que le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) devienne une Agence spécialisée des Nations unies, avec Nairobi, au Kenya, pour siège. Plusieurs rapports sur l’impact du changement climatique en Afrique et sur la vulnérabilité et l’adaptation du continent face à ces changements brossent un tableau effrayant si rien n’est fait. Basé sur des données issues de plusieurs organismes, il indique que la vulnérabilité du continent face au changement climatique est beaucoup plus forte qu’on ne le pensait. Il estime, par exemple, que 30 % des infrastructures côtières d’Afrique, y compris les aménagements humains le long du Golfe de Guinée et des côtes sénégalaises, gambiennes et égyptiennes, risquent d’être submergées. Le nombre de personnes menacées par des inondations côtières passerait ainsi de 1 million en 1990 à 70 millions en 2080.

Mais certains contestent « l’alarmisme » ambiant

Côté faune et flore, de 25 % à plus de 40 % des habitats d’espèces en Afrique pourraient disparaître d’ici 2085. Ces données sont réfutées par certains experts qui refusent « l’alarmisme » ambiant et contestent l’ampleur des dégâts à venir.

Les Africains comptent en tout cas sur l’appui de la Francophonie qui s’est aussi mobilisée. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) compte une majorité de membres africains aux côtés de pays plus riches comme la France, la Belgique ou le Canada. Ainsi plusieurs rencontres préparatoires ont eu lieu dont un Forum organisé en février dernier à Lyon.

La Déclaration du 13e Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de l’OIF à Montreux (Suisse), en octobre 2010, avait déjà réaffirmé la nécessité de renforcer la solidarité francophone face aux grands défis du développement durable, notamment la sécurité alimentaire, la désertification, le changement climatique et la diversité biologique. Comme l’a souligné le secrétaire général de l’OIF, l’ancien chef d’Etat sénégalais Abdou Diouf : « le Sommet de la Terre de 1992 à Rio a permis de jeter les fondations d’une action commune. Rio+20 est une nouvelle occasion de réfléchir au niveau mondial pour agir au niveau local et assurer notre avenir commun ».

Marie Joannidis

1 commentaire

Vos commentaires

  • 30 mai 2012 à 14:49 | efa ela (#4563)

    « Il faut abandonner l’idée que l’économie et l’environnement sont antagoniques »

    Est-ce si sûr, Monsieur Denis Sassou Nguesso ?

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS