- Me Willy Razafinjatovo, alias Olala : « le problème de leadership affaiblit l’opposition »
Me Willy Razafinjatovo alias Olala figure parmi ces opposants qui brillent actuellement par leur silence. A-t-il décidé de se retirer de la politique pour se consacrer uniquement à sa profession d’avocat ? Interview.
• Madagascar Tribune : Me Olala, on ne vous entend plus actuellement. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
Me Olala : « C’est vrai qu’on ne m’entend plus depuis un certain temps. Mais, ce n’est pas parce que je me suis retiré de la politique. Dans mon âme et esprit, je reste dans l’opposition au régime en place. Malheureusement, vous ne me voyez pas lors des réunions organisées par les entités de l’opposition. La raison en est qu’on ne m’invite pas ».
• A vous entendre, on a l’impression que vous avez des problèmes avec vos collègues de l’opposition ?
« Pas du tout. Seulement, je reproche à l’opposition ce problème de leadership qui affaiblit apparemment ses actions contre le régime en place. Par ailleurs, il faut dire que tant que cette opposition ne dispose pas des moyens financiers suffisants, elle ne peut pas jouer son véritable rôle ».
• Vous parlez du problème de leadership au sein de l’opposition, qu’est-ce que vous proposez pour résoudre ce problème ?
« D’abord, les opposants devraient mettre de côté leurs ambitions personnelles. En premier lieu, l’essentiel, ce n’est pas de désigner qui doivent être les chefs ou les leaders de cette opposition, mais de rassembler toutes les forces pour des actions communes en vue de la prise de pouvoir. Si vous me demandez là des solutions, je propose le dialogue, voire la réconciliation. Comment pouvons-nous inviter les dirigeants au dialogue et à la réconciliation nationale alors que nous, au sein de l’opposition, nous ne pouvons pas dialoguer entre nous et nous réconcilier ? »
• Le parti au pouvoir a fait presque cavalier seul lors des dernières élections, est-ce le signe de l’agonie de l’opposition ?
« Cela peut être traduit de cette façon. Mais, permettez-moi de vous rappeler que si l’opposition n’a pas officiellement participé à ces élections, c’est parce qu’elle savait à l’avance que ces élections seront truquées. Ce n’est pas à vous de faire connaître que des résultats ont été inversés lors des dernières Législatives et communales. Je ne peux pas injecter des millions ou des milliards là où je n’ai aucune chance de gagner ».
• Mais, on a l’impression que le régime en place reprend sa puissance avec ce désistement de l’opposition ?
« Il se donne cette idée de force et de puissance, mais en réalité, c’est une fausse illusion. Pouvez-vous me donner le pourcentage des électeurs qui ont voté lors des dernières communales ou régionales par rapport au nombre des inscrits dans la liste électorale ? C’est pour vous dire que les élections jusqu’ici boycottées par l’opposition ont été boudées par les électeurs. Or, on ne peut rien faire sans l’adhésion massive de la population. J’en profite pour réitérer mon appel au dialogue à l’endroit des dirigeants. Il faut ce dialogue pour impliquer tout le monde dans le processus de développement. Mieux vaut tard que jamais ».
Propos recueillis par RAJAOFERA Eugène
