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Tribune libre

Point de vue

Réflexions sur le changement

lundi 10 septembre 2012

Le passé doit mourir, le passé est mort ! La longue marche vers le changement commence. Le changement, c’est maintenant et non demain ou après-demain ou à la saint Glinglin. Avec les élections capitales qui se profilent, le changement est devenu une urgence majeure. Comme une construction en béton armé, tout véritable changement dépend de la qualité de son soubassement. De ses fondations dépendent la stabilité, la pérennité ou l’enracinement d’une culture politique et partant, du développement. Il n’y a pas de développement sans démocratie et pas de démocratie sans développement, proclamait Mitterrand dans son célèbre discours prononcé à la Baule, le 20 juin 1990. Ce discours était censé mettre fin aux dysfonctionnements d’une démocratie (à l’africaine) biaisée par les intérêts personnels des politiciens, qu’ils soient au pouvoir, qui y aspirent ou veulent en tirer profit par personne interposée. Les élections qui vont venir n’est pas un choix entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, ni un règlement de comptes ni encore moins, une course vers une table ouverte à tous les appétits. La démocratie n’est pas un rideau de fumée pour cacher l’inavouable, mais un instrument au service de la Nation et de l’intérêt général des citoyens. On s’inquiète déjà, au vu de la résurgence du culte de la personnalité qui a toujours été « le problème de ce pays », que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Et l’on craint qu’après quatre années d’une de nos fameuses crises cycliques, on n’en revienne aux origines et reparte de nouveau à zéro. Qu’est-ce qui bloque actuellement la sortie de crise ? Deux hommes politiques dont les ambitions, bonnes ou mauvaises, animés ou non des meilleures intentions du monde, tiennent le pays en otage. Paradoxalement, ils sont eux-mêmes pris aux filets d’une nébuleuse composée d’hommes de l’ombre qui vivent de leur proximité des palais ou pire, d’hommes de main qui vivent à leurs crochets et ne se battent que pour leurs propres intérêts. Le phénomène de la girouette politique n’a pas d’autres explications. C’est ce qui a toujours perdu Madagascar et ses chefs d’État.

Faute d’avoir osé le changement, Philibert Tsiranana, Didier Ratsiraka, Albert Zafy, Marc Ravalomanana sont tombés plus à cause de leurs satellites que de leurs conceptions « particulières » de la démocratie. Chaque élection ramène les mêmes têtes et perpétuent les mêmes pratiques. Andry Rajoelina souffre, pour l’instant, d’une déperdition d’image et toujours, par les agissements des satellites qui infestent le sérail. Les leaders politiques ne peuvent échapper aux virus satellitaires, leurs accompagnateurs naturels, mais qui manœuvrent souvent à leur insu. Comme au Vatican où d’aucuns se prévalent d’un « désir » du pape, des individus, partout et à Madagascar, manipulent les responsables publics ou pressurent les citoyens opérateurs pour satisfaire de présumées exigences présidentielles. Le danger est là. Les poissons-pilotes orbitent toujours autour des gros poissons. Le danger sera qu’ils ne les poussent à se transformer en requins pour vivre des prédations de leurs héros devenus la terreur des mers. À Madagascar, on préfère l’appellation de « crocodiles » pour désigner les politiciens qui cherchent le pouvoir pour le pouvoir, n’en serait-ce que des miettes, pour se transformer rapidement en squales, bourreaux, oppresseurs et affameurs de leurs propres concitoyens. Ce sont leurs prédations qui sont à la source des crises institutionnelles et des conflits internes, car la trahison et l’alliance contre nature font partie des moeurs. Le chef ne s’en rend toujours compte que trop tard, quand le « coup » est réussi et n’a que les yeux pour pleurer quand ses « amis » s’en vont suivre un autre requin. Que reste t-il du Tim ? Combien de poissons pilotes de Ravalomanana évoluent actuellement dans le sillage de Andry Rajoelina ? Combien des poissons-pilotes d’autres requins, nagent-ils dans les eaux troubles de la nébuleuse UDR-C ? Ils ont lâché leur homme, ils n’hésiteront pas à lâcher le successeur. On attend de découvrir le vrai visage que va montrer le parti TGV. Mais les abus de monopole politique du PSD, de l’Arema, du Tim ou dans une moindre mesure, de l’UNDD, font partie intégrante de notre histoire politique. Ils sont à la source des revendications de plus en plus en plus nombreuses et persistantes, pour un renouvellement de la classe politique. Quelles que soient leurs bonnes intentions, Marc Ravalomanana et/ou Andry Rajoelina doivent alors donner la preuve qu’ils ne sont pas enchaînés par les vieux démons de notre passé politique et qu’ils sont vraiment les hommes qu’il faut à la place qu’il faut pour changer Madagascar par de nouvelles mœurs politiques.

Le changement constitue le principal enjeu des prochaines élections. Ce n’est pas une question de personnes. Le NI…NI par bien de côtés, et quoiqu’on dise, représente une importante avancée contre le culte de la personnalité. Le culte du messie politique est dépassé. Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina ne sont pas les seuls leaders politiques de Madagascar, disait fort à propos Marius Fransman, médiateur en chef dans la crise malgache et mandaté par la SADC. La sortie du vice-ministre sud-africain n’est pas très diplomatique, car elle reflète l’irritation ou l’exaspération de l’organisation régionale devant une crise qui ne s’éternise qu’à cause d’une question de personne. Pourtant ce n’est pas faute de savoir que toute inféodation est toujours très dangereuse pour l’avenir d’un pays. Les politiciens sont en première ligne pour s’en rendre compte, à moins qu’ils ne trouvent leurs intérêts dans le naufrage de la nation. Quel changement attendre de politiciens qui ne jurent que pour une personne, même si cela doit mener le pays à la ruine et à la catastrophe. Au lieu d’avoir les yeux fixés sur les intérêts du pays, ils s’obnubilent sur le sort et les intérêts de leur héros et, surtout, sur les prochains bénéfices qu’ils tireront de la victoire. Ils pourraient être une amnistie, l’impunité, un siège électoral, un fauteuil gouvernemental, municipal, régional ou des espèces sonnantes et trébuchantes, des marchés publics, un monopole ou une sinécure confortable. Le culte de la personnalité rend des ministres irresponsables, fait régner la gabegie dans les administrations ou fait exploser le phénomène des criminels à col blanc. Comme disait un de ceux qui se définissent comme les enfants de la Première république, la politique est une science qui s’apprend. Non ! La politique ne s’apprend pas, il est dans le sang de tous les citoyens qui veulent un pays mieux géré pour l’intérêt général. La politique est un pendant obligé du patriotisme pour que la nation ne tombe pas aux mains de voyous et d’arnaqueurs professionnels. C’est tout cela qu’il faut expliquer au peuple. Le changement commence par une éducation à la citoyenneté. Il faut ouvrir les yeux des citoyens et dire la vérité sur l’engeance politicienne. C’est le premier devoir des vrais hommes politiques. À la veille des élections, le changement est à ce prix.

Le Collectif Pour le Changement

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