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Tribune libre

Politique

Pour une réconciliation réelle

samedi 11 juin 2016

En cette période où la situation politique se détériore, il pesait sur Madagascar une atmosphère lourde qu’il fallait absolument décrisper. Et, pas besoin d’un odorat développé pour sentir le malaise qui règne dans la classe politique malgache. Menace de coup d’Etat, menace d’arrestation d’opposants politiques, tentative de museler la presse, tous ces faits d’armes de ces régimes précédents refont de nouveau surface surtout que la présidentielle de 2018 plane déjà à l’horizon. En effet, deux ans après l’annonce de la réconciliation nationale par le Président de la République, la colombe de paix de ce régime ne s’est pas envolée plus loin que les frontières des partisans du parti présidentiel. Il y a lieu alors à lancer des signaux forts en faveur d’une réconciliation réelle entre malgaches et d’en finir à ses débats stériles qui freinent la relance économique. L’initiative et l’audace du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes, qui a ramené le sourire sur toutes les lèvres, doit s’avérer fructueuse. Cet acquis, le régime en place devrait le capitaliser pour renouer le dialogue entre malgaches en cette période où les partenaires techniques et financiers du gouvernement attendent du gouvernement en place les signaux d’une réelle stabilité.

Le pays s’enfonce davantage dans la paupérisation. Pourtant, la performance du régime actuel affiche des indicateurs de développement alarmants. Le libre accès de la population à des services sociaux de base reste un grand défi, alors que la corruption, qui prend davantage d’ampleur commence à se généraliser jusqu’à gangréner les services publics déjà de piètre qualité. Les pots-de-vin, en passe devenir malheureusement la règle dans le traitement des différents dossiers de services publics, menacent la bonne gouvernance et font sombrer de plus en plus de gens dans la pauvreté.

La corruption est un mal qui caractérise les pays en voie de développement et dont il leur semble difficile voire impossible de s’en débarrasser. Madagascar en est un parfait exemple. Les gouvernements successifs ont multiplié les déclarations d’intention à l’encontre de ce fléau mais force est de constater que rien n’y fait. La corruption, et dans une description plus large, le clientélisme et le népotisme, sont toujours rois et le sont plus jamais en ces temps flous.

Ces pratiques immorales ont toujours été présentes à Madagascar, mais elles se sont banalisées dans le pays depuis les évènements de 2009 à nos jours. L’augmentation des grosses cylindrées et des voitures de luxe en circulation dans les rues d’Antananarivo l’atteste, sans compter les grandes demeures qui poussent comme des champignons dans la périphérie de la capitale. Cela contraste cependant avec la masse qui s’appauvrit à vue d’œil et la disparition progressive de la classe moyenne. En résumé, les richesses du pays tendent à se concentrer entre les mains d’une minorité d’oligarques et de nouveaux riches proches du pouvoir. Ce phénomène de concentration a pour moteur la corruption.

La corruption surtout quand elle touche les plus hautes sphères de l’Etat comme c’est le cas actuellement, contribue à creuser le fossé entre les riches et les pauvres. Elle constitue ainsi un frein à la répartition des richesses qui devrait normalement se faire à travers les prestations sociales de l’Etat ou la mise en place des services essentiels qui assurent à la population un minimum vital avec en priorité l’accès aux soins, à l’éducation et à l’eau potable. Durant ce quinquennat, la population s’est tellement appauvrit qu’elle doit faire le choix entre manger ou se soigner convenablement. Manger ou éduquer ses enfants … C’est tout bonnement inconcevable dans un pays dont on loue les richesses naturelles.

La mauvaise gouvernance, qui n’est plus un simple fait d’actualité, portera aussi atteinte au service de sécurité, qui conduit à l’intensification des crimes organisés, aussi bien en ville que dans les zones reculées. Dire que Madagascar est aujourd’hui dirigé par son président est faux à bien des égards. Les diverses affaires relatées dernièrement dans la presse confirment l’existence d’une oligarchie politique qui sert avant tout ses intérêts avant celle de la population. La logique qui prévaut dans les sommets de l’Etat c’est de se servir tant qu’on est en place. Profiter du système. Les hommes politiques sont ainsi dictés par le seul appât du gain dans leurs prises de décisions.

Ce qu’il y a de pire dans ce qui passe en ce moment à Madagascar c’est que les dirigeants actuels donnent un mauvais exemple sur ce qui doit se faire. Si dans des pays occidentaux, le tandem luxe et politique est mal vu, dans la Grande île, c’est devenu une norme. On se souvient du scandale qu’a provoqué la célébration de la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 dans un restaurant chic de Paris (Il est d’ailleurs mis en cause pour le financement de sa campagne). A Madagascar par contre, les politiciens ont leurs quartiers dans les endroits les plus huppés. Ils ne se cachent pas. Loin de là, ils adorent exhiber leurs richesses au vu d’un citoyen qui … ne s’en offusque plus. Comme quoi les agissements du régime actuel tendent à renforcer cet aspect quasi-culturel de la corruption dans le pays.

Albain Rabemananjara, Président national du Club Développement et Ethique

7 commentaires

Vos commentaires

  • 11 juin 2016 à 10:10 | Isandra (#7070)

    « Ces pratiques immorales ont toujours été présentes à Madagascar, mais elles se sont banalisées dans le pays depuis les évènements de 2009 à nos jours »

    L’auteur voulait pretendre qu’avant 2009, les corruptions dans différents ministères, dans toutes les admistrations pour vos paperasses, depuis fokontany et dans tous les coins de la rue rackettees par les policiers, etc n’avaient pas existé. Ce genre de racourci fausse notre analyse dont le résultat s’éloigne des vraies réalités.

    Certes, les corruptions s’amplifient depuis 2009, à cause de l’affaiblissement de nos autorités provoqué par la crise et le gouvernement d’union nationale, il y a toujours de gens qui pofitent de la situation pour faire leur sale besogne. Mais, avant l’installation de la transition, la corruption se généralisait déjà, en tête au sommet de l’État.

    • 11 juin 2016 à 14:43 | Rakoto (#9043) répond à Isandra

      Arrêtez, mais arrêtez de constamment justifier ce coup d’Etat !
      Nous avons déjà été suffisamment intelligent pour ne pas sombrer dans la guerre civile et laisser faire pour ne pas envenimer les choses pendant cette période de « transition » (déjà le terme en lui même, montre à quel point nous faisons preuve de diligence envers cette période).
      Faut-il ENCORE vous rappeler qu’il s’en est fallu d’un cheveux pour que rien ne se produise après la partie de cache cache à l’Ambassade ... ?!

      Tolérance zéro pour tous les putschistes maintenant. À croire que les indices et l’effondrement pendant la période de transition n’a pas suffit pour certains. Mais allez bosser au lieu de jacasser ...

    • 11 juin 2016 à 19:41 | Bena (#494) répond à Rakoto

      il faut d’abord apprendre au vazaha ministre gilbert que le respect n’a rien à voir avec la reconciliation. quand on est à madagascar, il faut apprendre à vivre comme nous. r8 et ses pires ennemis radidy et tgv ne se sont jamais tournés le dos. ce n’est pas un simple technicien parachuté ministre qui va perturber la marche de notre société.

    • 12 juin 2016 à 01:03 | Zafimaro (#3479) répond à Isandra

      "Mgr Odon Razanakolona est actuellement en visite au Vatican, selon le site d’informations malgache News Mada. Il devrait aborder la question de l’économie du pays, préoccupante à plusieurs titres : chômage élevé, malnutrition, corruption... Il devrait aussi évoquer l’instabilité politique du pays, déjà dénoncée par les évêques de l’île un mois plus tot. La société sombre dans un climat de violence et de pauvreté. La population se trouve livrée à elle-même. La violence, le vol et l’exécution deviennent le quotidien des Malgaches », s’alarmaient ainsi les responsables catholiques de Madagascar dans un message adressé au gouvernement.
      Le Pape doit etre informe d’ URGENCE sur le role de coup d’etat organisateur que ce prelat a jouer en 2009. Ce prelat, au meme titre que la France, Rajoelina et Rajao est responsable de la pauvrete actuelle.

  • 11 juin 2016 à 10:26 | ratiarivelo (#131)

    Salama e !! Mba ovay @ny izay ny fijerinao ry Isandra a !!ra-Itpkly Basile (mitahy fa lasan-korazana) rehefa mba lazain’ny hafa hoe : tsy mety izao fijerinao***** dia manintsy IZY** fa ny Anao dia TENA fijery MIVILANA nama a !! Alefao alavitra ny Fijerinao fa aza hatao WAWAAAAAAAAAAA*** lavareny o ! mba hatsaharo @ny izay ity : Lela MENARANA e !! Sans rancune ! ary dia ho samy tsara !

  • 11 juin 2016 à 13:02 | rakoto-neutre (#8588)

    Vao ho ela isika vao afaka @zany kolikoly izany.
    Ny mpanome mandrangaranga ny vola ananany ny tompon’andraikitra misitraka fa kitapo latsaka ity, dia samy mahatsiaro fa mahavoa. Dia iza no diso ?

    • 17 juin 2016 à 09:39 | raoera (#8569) répond à rakoto-neutre

      Fifamelana faobe hoe ???? Raha ny tiana hambara no tantaraina dia lavabe tokoa fa amiko, AMBOPO FAHATEREZAN-TSAINA, TSY FAHALALAMPOMBA no antony tsy hahafahantsika miala aminy. ILAINA NY FANDEFERANA SY FANETRE-TENA. Na inona hatsangana eo na inona atao dia minenji-kaloka foana ! zaho amin’ny saina tsy miangatra dia midera an’i Radidy, manaja tena ! Tsy hoe nety tany Afrika Atsimo dia ety eto amintsika. Aza hadino fa tena manana toetsaina hafabe anie ny malagasy e. Ary izany mihitsy no hitakoa fa tsy mampandroso antsika : COPIER - COLLER, fa tsy mijoro amin’ny maha izy azy. Amiko aloha ilaina haverina ny « INSTRUCTION CIVIQUE » any andakilasy e.
      Ry havana ô, mila mitodika (tena mitodika fa tsy misary mitodika) amin’Andriamanitra isika ary hatahotra AZY.
      Fo sport e !

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