Ndimby a fort justement cité cette citation de d’Albert Einstein : « La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent », qui devrait être méditée par toutes les parties prenantes à l’enlisement actuel.
Car cet enlisement trouve son fondement dans une logique d’escalade qui est profondément incrustée chez les principaux protagonistes. Andry Rajoelina est arrivé en politique essentiellement par réaction au rapport de forces économiques imposé par les proches de Marc Ravalomanana. À l’issue d’une longue passe d’armes, il est parvenu au pouvoir, mais pour rapidement reproduire les dérives de ses prédécesseurs et s’inscrire dans un nouveau rapport de forces qui allait finalement passablement remettre ceux-ci en selle.
Chacun clame aujourd’hui être le plus fort. En vérité, entre un pouvoir illégitime et une opposition peu crédible, la plupart des hommes politiques n’ont sans doute guère d’autre choix aujourd’hui que le mensonge, s’ils veulent assurer leur survie.
On peut se demander si, en adoptant des sanctions, l’Union Africaine n’est-elle pas en train de se laisser piéger elle aussi par une logique d’escalade. Il devient alors difficile de ne pas se laisser envahir par la crainte qu’au fond, il n’y ait rien à faire pour changer le système et que la marge de manoeuvre des dirigeants politiques, médiateurs et des simples citoyens dans cette crise ne soit devenue proche de zéro. Et l’on en vient à penser à une autre citation d’Albert Einstein : « Il est plus facile de briser un atome que de briser un préjugé ».
On reconnaîtra donc au moins à l’organisation International Crisis Group le mérite d’avoir osé briser un tabou en mettant clairement sur la table les problèmes de crédibilité des uns et des autres, y compris de la médiation internationale, et d’avoir reconnu que si l’idée de mettre en place une transition sur la base d’un partage des pouvoirs semblait séduisante au départ, elle semble aujourd’hui impossible à mettre en oeuvre sur des bases acceptées par les différents acteurs.
« La médiation devrait donc abandonner tout projet de mise en place d’une transition fondée sur un partage équilibré du pouvoir entre des forces politiques illégitimes qui l’utiliseront pour se renforcer et voudront la faire durer indéfiniment. Elle doit maintenant se concentrer sur la négociation d’un accord politique entre les quatre mouvances centré sur l’élaboration et l’adoption par référendum d’une nouvelle constitution, suivie de l’organisation rapide d’élections libres par une mission conjointe de l’Union africaine et des Nations unies, et le déploiement d’une mission internationale de police pour assurer conjointement avec la police malgache la sécurité du scrutin et la mise en place des institutions issues du processus électoral. Les mois qui viennent pourront ainsi être centrés sur les problèmes de fond – qui demanderont la recherche d’un consensus – plutôt que sur les postes respectifs des protagonistes, ce qui permettra de faire l’économie de luttes de pouvoir qui bloquent l’ensemble du processus de sortie de crise. »
Encore faudrait-il obtenir l’accord politique ainsi suggéré. L’instauration de ce qui pourrait apparaître comme un protectorat de fait des Nations Unies et de l’Union Africaine sur Madagascar risque notamment de ne pas faire l’unanimité et de susciter de longs débats.
Par ailleurs, la rédaction d’une Constitution est un exercice auquel plusieurs groupes à Madagascar se sont déjà essayés. Mais ce texte se heurtera à une forte opposition s’il n’aura pas fait l’objet de consultations sur un certain nombre de thèmes, entre autres et sans classement a priori :
- régime parlementaire ou régime présidentiel,
- État unitaire ou fédéral,
- pouvoirs respectifs de l’exécutif, du législatif et du judiciaire,
- âge des candidats aux postes de responsabilité,
- laïcité de l’État...
Qui tranchera sur ces thèmes ? Et qui tranchera sur l’ordre des élections qui devront suivre ?
Est-il donc possible d’espérer la réédition de la parenthèse miraculeuse de Maputo 1, où la méthode du « 4+4 » (quatre chefs de mouvance, plus quatre médiateurs internationaux présents aux discussions) mise en avant par Joachim Chissano avait permis de créer un climat qui n’avait cependant pas résisté au retour à Antananarivo ?
Sauf pression que l’on ne voit pas venir d’une authentique société civile, il est à craindre que l’ICG, bien qu’il recherche une désescalade, ne situe ses ambitions à des altitudes encore difficilement accessibles.
Vos commentaires
L’idée de l’ICG n’est pas mauvaise en soi. Seulement, elle part sur plusieurs idées arrêtées que les 3 mouvances auront tendance à accepter :
L’expédition des affaires courantes, c’est quoi exactement ? Si c’est ce que la hat fait actuellement, en changeant à tour de bras les responsables, qu’ils soient élus ou non et, à nommer leurs proches (sans vraiment parler de népotisme) dans tous les postes et, à dévaliser l’Etat Malagasy par la vente de leurs richesses, non, merci bien !!
Donc, causons, causons, les protagonistes en retiendront toujours quelque chose !!
Attention l’ ESCALE any ANKADY pour tous nous guette.
Excellent titre. Nous sommes dans une escalade (verbale pour l’instant) et on sent le sol se dérober sous nos pieds...L’ivresse des protagonistes nous gagne ! Le rapport complet de l’ICG décrit par le menu les faiblesses institutionnelles accumulées à Madagascar depuis des décennies. Il souligne à juste titre le prix fort payé par le pays à cause de ces manquements répétés.
Que faire comme dirait Lénine ? D’abord garder son sang-froid et non se contenter de rodomontades. Ensuite passer en revue les options qui restent (elles diminuent comme une peau de chagrin) :
1- la Charte de Maputo + Addis Abeba : la HAT fait un blocage mental dessus, une vraie allergie
2- la HAT organise seule les élections : ni les 3 mouvances ni la CI ne l’acceptent
3- confier l’organisation des élections à la CI : cela froisse les susceptibilités nationales mais signifie rebattre les cartes pour un nouveau deal.
L’intérêt des sanctions n’est pas de faire plier la HAT mais de démontrer l’impraticabilité de l’unilatéralisme. La réaction « nationaliste » est déplacée car la raison d’être d’un dirigeant quelqu’il soit est de préserver la liberté des citoyens de gagner leur vie honnêtement. C’est la responsabilité de tout pouvoir, de fait ou de droit.
Le problème ce n’est pas seulement la crédibilité des uns et des autres et de la médiation internationale, c’est aussi le contenu des Accords lui-même, en particulier des fameux articles 13 et 18 qui, s’ils sont soumis à référendum -pour tous ceux qui jurent qu’on n’a pas demandé son avis au vahoaka-, n’ont aucune chance d’être acceptés.Allez expliquer au peuple malgache que des gens ont été dépouillées illégalement de leurs biens par abus de pouvoir au profit de tenants du pouvoir sous l’ère ratsiraka et c’est l’état malagasy qui va dédommager !
Bonjour,
Bon éditorial Patrick.
Mon sentiment personnel est que l’UA et la CI doivent reconnaître leurs erreurs au lieu de sanctionner à tort et à travers. Leur liste de sanctionnés est complètement rocambolesque.
Comme je l’ai dit depuis le début, il est impossible de faire cohabiter des personnes qui se détestent foncièrement. L’erreur du GIC est là. Il faut dire que le lobbying du gourou/voleur auprès de l’UA a bien fonctionné. TGV a bien fait de mettre fin à ces voyages incessants, à ces réunions vides de tout intérêt.
Vivement des élections LIBRES et TRANSPARENTE contrôlées par la CI.
Cordialement.
Il vaut mieux être ivre que c. , ça dure moins longtemps ;)) ! Mais sans blague vuze, , TGV a tout intérêt à enliser cette transition car avec ses acolytes ils veulent gagner du temps comme l’avait dit hier Georges Rabehevitra dans son édito , c’est comme dans fort boyard, le but c’est de ramasser un max de tunes avant que le grand portail ne se referme. Tous les solutions proposées de part et d’autre ne leur convient jamais, ils veulent imposer leur volonté aux 3 mouvances et à la population, d’ailleurs c’est ce qu’ils ont fait depuis le début, imposer et non dialoguer .
D’ailleurs quand c’est Ra8 qui faisait des arrestations arbitraires c’est de la dictature et bizarrement quand c’est TGV qui le fait ce n’est plus de la dictature
Comme vous dites beaucoup de problèmes restent à résoudre. Le pays ne pourra pas se contenter de ces démocrates de pacotille, démocrates du bout des lèvres, patriotes pour un strapontin, salariés de la france en perdition... Croire qu’il suffit d’une élection bâclée pour remettre ce pays sur ses pieds, laissons cette idée simple aux champions des solutions petatoko... Il paraît qu’ils sont le peuple, une majorité à rechercher dans les méandres de leur rhétorique vaseuse et dont la qualité mauvaise n’a plus à faire ses preuves.
Ny vazaha mody miady, ny malagasy variana miady...
Et dites nous POUR QUOI ? En deux mots SVP...
Elections bâclées, un euphémisme avec nos capacitaires en non-droit. Brailler effectivement « fifidianana ihany » sans en penser l’organisation est suicidaire et petatoko de simples d’esprit.
Ivre de mensonges est la populace, saoûls de boniments sont les jeunes, donton’ny hoza-piainana daholo ny vahoaka tsy miray lovia @ ry hat izay mbola mameno izay daniny kibony.
Au fait, quand l’auteur parle d’escalade, c’est l’ivresse des imposteurs car pour le peuple ça ressemble à l’ivresse des profondeurs, des abysses.
Cette citation d’Einstein est à méditer urgemment par l’ U.A.Misaotra Tompoko.
Il faut que la CI tienne bon sur les sanctions encore quelques mois. On ne peut pas laisser le pays aux mains de gens deshumanisés pendant une décennie.
Les gens qui font leurs grèves séparément aujourd’hui, Dieu sait s’ils sont légions, chacun de leurs côtés, finiront par descendre dans la rue, en criant : « Y en a marre ! » tous ensemble. Aucun kalach ne leur fera plus peur ! ni aucun sarla.
J’ai le triste pressentiment que l’escalade va devenir une fusillade ? Je ne le souhaite pas car « ça suffit et plus jamais ça !! »
La population des 22 régions se réveillera tôt ou tard et rebondira à la verticale car elle a marre de cette politique de la HAT consistant à tourner en rond comme une toupie...Avant la chute, il y a le vertige ...
Quelle jolie image. Fusillade entre gendarmes, entre gendarmes et soldats, (on y était presque hier !), entre brigands et militaires, entre militaires et civils, . . . , entre soldats malgaches et casques bleus , entre ethnies, entre nantis, entre pauvres, entre civils pauvres et nantis, . . .
Il ne faudra pas dire que c’était à cause du tgv ! surtout pas ! il n’y était pour rien, c’est un innocent, incapable de nuire à une mouche, père de famille respectable !
S’ils sont humains, il devraient savoir où se trouve le bureau des objets volés ! (trouvés vont-ils dire !).
Nous sommes victimes de notre nationalité MAL GACHE. Ce n’est pas étonnant si FEU MANANA JAHAVANAY avait proposé JAHAVANAY au lieu de MAL GACHE.
Quel honte pour nous de faire des querelles stériles sur les forums avec notre incapacité de voir plus loin que le bout de notre nez.
Essayons de voir nos institutions dans 10ans, 20ans, 50ans, 100ans au lieu de palabrer inutilement car le temps passe vraiement très vite.
En s’appuyant sur l’article paru dans Courrier International, « Andry Rajoelina coule la Grande Île »,
http://www.courrierinternational.com/article/2010/03/19/andry-rajoelina-coule-la-grande-ile
et sur les symptômes inquiétants montrés par l’équipage HAT, spécialiste de la plongée en eaux troubles et en bas fonds, qui joue les pitres aux commandes du « Titanic Madagascar 2 », ne serait-il pas plus juste d’évoquer ici l’ivresse des profondeurs ? !?...
Extraits de « Narcose à l’azote »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Narcose_%C3%A0_l%27azote
La narcose à l’azote, aussi nommée ivresse des profondeurs, est due à l’excès d’azote et agit sur le système nerveux en entraînant des troubles du comportement. Cet effet a été découvert en 1930 par Hill et Mac Leod.
Causes
Une grande partie des narcoses surviennent lors de la plongée profonde. Elle débute vers 30 mètres pour certains et devient systématique à partir de 60 mètres [1]. La pression environnante augmentant, la pression partielle de l’azote augmente en application de la loi de Dalton.
Effets
La narcose entraîne des troubles du comportement qui diffèrent d’un individu à l’autre.
Dans les effets de la narcose on peut citer :
* euphorie,
* angoisse,
* retournement sur soi,
* discours intérieur,
* troubles de la vision et notamment vision à effet tunnel (le plongeur a l’impression de voir les choses au bout d’un tunnel),
* disparition de la notion de durée,
* sensation de dialogue intérieur, de solitude,
* lecture répétée des instruments de plongée sans interprétation correcte
* retard de réaction, signes répétitifs.
À partir de 60 m, tous les plongeurs sont narcosés y compris ceux qui, à cause de cette même narcose, prétendent le contraire et ne s’en rendent pas compte.
L’attitude à avoir face à un plongeur victime d’une narcose est de le faire remonter à une profondeur moindre pour faire diminuer la pression partielle de l’azote. Les effets se dissipent assez rapidement. Une narcose peut provoquer une amnésie et certains plongeurs ne se souviennent pas du comportement qu’ils ont pu avoir au moment de la narcose.
!!!
Dites, INFO
L’ivresse des profondeurs, est-ce que ça dure aussi longtemps que ça ?
Et, parmi les symptômes de cette ivresse, y-a-t-il mégalomanie, introversion, égocentrisme, exclusion d’autrui, schizophrénie, manie d’être victime de la persécution, autisme, surdité, verbes hauts, phrases sans fondements et destructrices, usage abusif de l’autorité mal acquise,... ?
N’y-a-t-il pas moyen de guérir cette ivresse rapidement parce que ... ?
Et, quelqu’un possède un caisson de plongée approprié pour en faire sortir « nos » ivres pour que cela n’empire plus ?
Et, Messieurs les journalistes, responsables de l’éditorial, parce que l’heure est maintenant dans l’utilisation des tribunaux et procureurs et substituts, pourquoi ne pas m’offrir un éditorial sur ce secteur malaimé mais, omniscient, omniprésent, omnipotent , omniemprisonnant sans discernement (la règle, c’est les autres est mieux vaut neuf coupables libres qu’un innocent emprisonné, chez nous, c’est le contraire, mieux vaut neuf innocents emprisonnés qu’un coupable libre !!!!) ?
oui, la narcose de la HAT se voit dans la « lecture répétée de la charte de Maputo sans interprétation correcte »...
Cher Patrick,
vous exagérez en parlant de mise sous protectorat de Madagascar, et Kotondrasoa en rajoutte en parlant de désarmer l’armée.
Sincèrement et objectivement, l’ICG nous propose là la meilleure synthèse de notre situation et la meilleure option de sortie de crise pour Madagascar et le simple malgache (majorité silencieuse).
Nos discussions d’hier ont permis d’établir que le peuple malgache a marre de la politique politicienne, il aspire à la résolution rapide de cette crise dans la paix, il est indifférent aux appels des différents politiciens. Le changement de gouvernement ou le partage du pouvoir n’est pas du tout la priorité ni le souci du simple malgache, donc ce ne devrait pas non plus être la priorité de la CI.
Je retiens surtout ces quelques phrases de l’ICG :
Franchement, que demande le peuple ? si au moins le GIC et les médiateurs y avaient pensé dès le début de cette crise, la 4è république serait déjà en place en ce moment et l’AGOA continuerait car les USA ne demandaient qu’une validation du pouvoir par les urnes.